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vendredi 26 septembre 2014

Cupidité europèènne : certains pays membres de l’UE achèteraient du pétrole de l’Etat Islamique (EI)

Alors que nous indiquions récemment que du pétrole du Kurdistan est exporté depuis janvier vers la Turquie, laquelle assume pleinement ses relations économiques avec cette région d’Irak, affirmant même haut et clair destiner ce pétrole au marché international, selon Anadolu news agency, c’est désormais ana Hybášková, ambassadrice de l’Union européenne en Irak qui vient d’affirmer lors du Comité des Affaires étrangères du Parlement européen que certains pays européens avaient acheté du pétrole à « l’Etat islamique » .
Néanmoins, en dépit des questions pressantes de certains députés européens désireux d’en savoir plus, cette dernière a refusé de divulguer la liste des pays impliqués.

En août dernier, le site d’information « Jutarnji List », cité par l’agence de presse Reuters, indiquait quant à lui qu’un pétrolier transportant du pétrole brut du Kurdistan irakien, contenant 80.000 mètres cubes de brut, était entré dans le port croate d’Omisalj. Ajoutant qu’il s’agissait de la quatrième cargaison d’une telle envergure de brut en provenance du Kurdistan irakien, chargée dans un port de Turquie, à destination de la Croatie.
L’ambassadrice a par ailleurs déclaré que les tankers chargés du pétrole acquis auprès de l’Etat Islamique étaient arrivés dans plusieurs pays membres de l’UE, exhortant l’Union européenne à faire pression sur Iran, Kurdistan et Turquie en vue de faire stopper ces transactions.
Toujours selon Anadolu, Jana Hybas-Kova a ajouté que les contrées européennes qui alimentaient en arme les forces de Peshmerga en vue de soutenir leur combat contre l’Etat islamique ne se coordonnaient pas entre elles. Précisant que jusqu’à présent, il n’existe aucune garantie permettant de confirmer ou infirmer que l’Etat Islamique ou les terroristes kurdes se seraient emparés de ces armes.
L’ambassadrice a par ailleurs souligné la nécessité de développer un cadre juridique international via l’OTAN pour lutter contre l’EI, tout en mettant en garde sur les conséquences néfastes de tout éventuel soutien à l’indépendance du Kurdistan, déclarant qu’un tel mouvement serait susceptible d’engendrer l’effondrement complet du Moyen-Orient.
En ce qui concerne tout particulièrement l’achat de pétrole, précisons que selon David Rigoulet-Roze, spécialiste des questions énergétiques au Moyen-Orient, s’exprimant sur TV5Monde, du pétrole du Kurdistan est exporté depuis janvier, via des camions citernes vers la Turquie. Autre alternative en dehors de la voie maritime : depuis mai 2014, un pipeline ayant pour destination le port turc de Ceyhan permet également de fournir la Turquie en hydrocarbures. Laquelle assume pleinement ses relations économiques avec cette région d’Irak.
Le gouvernement du Kurdistan a en effet décidé d’octroyer des concessions pétrolières à des entreprises étrangères (Exxon Mobil, Chevron, Total) sans l’aval de Bagdad, avec l‘ouverture d’un oléoduc partant de Tak Tak (raffinerie dans la région d’Erbil), d’une capacité actuelle de transit vers la Turquie de 100 000 barils jour, pouvant atteindre à terme 400 000 barils jour.
Certes, l’intervention militaire américaine qui a débuté le 8 août dernier a officiellement pour objectif de protéger les minorités religieuses du Kurdistan irakien, massacrées par les djihadistes de l’Etat islamique. Néanmoins, certains analystes soulignent que cette partie de l’Irak s’avère être particulièrement riche en pétrole, puisqu’elle constitue le deuxième pôle exportateur d’Irak.
Après être rentrés à Qaraqosh, et avoir massacré les populations chrétiennes, les miliciens de l’État islamique d’Irak ont accru leur pression sur les champs de pétrole du Kurdistan. Toutefois, ils pourraient se heurter, au sud du gisement de Kirkouk, aux populations yézidies. Lesquelles, de culture et de langue iranienne, viennent de recevoir l’aide logistique et militaire des États-Unis et de la Grande-Bretagne.
Cette région, située autour de la ville d’Erbil, disputée entre les Kurdes et l’ l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL), suscite un intérêt particulier.  Si l’on superpose la carte des gisements pétroliers du nord de l’Irak et celle des minorités, on s’aperçoit que le foyer yézidi, situé au sud de Kirkouk, pourrait constituer un territoire tampon susceptible de protéger les gisements pétroliers du nord contre les appétits de l’EIIL.
En août dernier, le site Atlantico indiquait pour sa part que le pétrole et les produits dérivés sous contrôle de l’Etat islamique étaient revendus à prix réduit sur le marché noir local, en Irak et en Syrie (à un prix variant entre 25 et 50 dollars le baril contre un prix sur le marché de plus de 100 dollars).
Le site indiquait alors que ces produits étaient également utilisés par l’EI pour ses propres besoins, tout en ajoutant que l’EI contrôle également les routes de contrebande et de transit du pétrole vers la Jordanie, la Turquie et l’Iran (via le Kurdistan).
« En raison de la complexité et souvent de l’opacité des réseaux de distribution, ces pays pourraient en effet devenir les clients involontaires et indirects de l’Etat islamique, s’ils ne le sont pas déjà » affirmait par ailleurs le journaliste d’Atlantico. Lequel ajoutait «à terme, on ne peut pas exclure que du carburant vendu par des intermédiaires de l’Etat islamique ne soit commercialisé aux Etats-Unis et même en Europe ».
Le site French.irib – qui, soit dit en passant, reprend allègrement une grande partie de nos articles en bafouant toute notion de droit d’auteur et de déontologie – indique pour sa part que des rapports avaient déjà accusé la Turquie d’acheter et de transporter le pétrole vendu par « l’Etat islamique » et par le Front al-Nosra.
Selon les rapports, les services de renseignement occidentaux seraient capables de suivre les livraisons de pétrole des terroristes de l’EI se déplaçant à travers l’Irak et la Turquie. L’organisation terroriste contrôlerait quant à elle onze champs pétroliers dans le nord de l’Irak et dans la province syrienne de Raqqa (ville du centre du pays).

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