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lundi 8 septembre 2014

Nickel : Après Djakarta, Manille envisage aussi un embargo et veut son "Usine du Nord"

Comme l'Indonésie ? Une proposition de loi menace d'interdire les exportations philippines de nickel. Elle demande la transformation sur place des minerais. Et la construction de nouvelles usines de nickel qui serait imposée aux sociétés multinationales.
Container de ferronickel calédonien SLN25 dans l'usine d'acier inoxydable Aperam de Charleroi. © Alain Jeannin

Le sénateur Philippin Paolo Benigno Aquino, auteur de la proposition de modification de la loi minière précise : " nous voulons attirer les investisseurs, créer plus d'emplois et offrir un meilleur niveau de vie pour le peuple..." Le projet obligerait les compagnies minières étrangères à transformer sur place, dans de nouvelles usines métallurgiques, le minerai extrait aux Philippines. Avant d'exporter le métal de ferronickel notamment vers la Chine. Il vise également à modifier certaines dispositions du code minier philippin de 1995, qui autorise la détention à 100 % des mines locales par des multinationales.
Un membre de la chambre des représentants, Erlpe JOHN Amante souhaite lui aussi que les compagnies minières internationales soient obligées à traiter sur place le minerai de nickel. L'une de ses plus proches collaboratrices, jointe au téléphone, nous précise : " il est clair que l'exemple calédonien de l'usine du Nord ( Koniambo Nickel KNS ) nous questionne. Nous aimerions obtenir des multinationales la construction d'usines où les philippins seraient majoritaires."

Premier exportateur mondial de minerai de nickel 

Depuis l'embargo indonésien début 2014, les Philippines ont renforcé leur place de premier exportateur mondial de minerai de nickel. Les producteurs chinois sont ses premiers clients pour alimenter leurs fours électriques qui produisent un acier inoxydable bon marché, mais de moindre qualité si on le compare à celui produit par les européens Aperam ou Thyssen. Reste qu'un éventuel embargo philippin sur le nickel prendrait du temps, et encore plus la construction de nouvelles usines. Dans ce laps de temps qui pourrait courir jusqu'à l'horizon 2020, des dizaines de milliers de mineurs philippins perdraient leur emploi. Et la bataille juridique à venir contre les multinationales, pour le contrôle des mines existantes, serait longue et incertaine. Ronald Recidoro, porte parole de l'industrie minière des Philippines est opposé à un éventuel embargo de son pays sur le nickel : " ce sera comme en Indonésie où des milliers de mineurs ont perdu leur emploi avec la fermeture des mines, conséquence de l'embargo s'il était décidé". 

 Des conséquences incalculables

Un éventuel embargo philippin sur le nickel, comparable à celui de l'Indonésie, aurait des conséquences incalculables sur le marché du nickel qui entrerait dans un cycle de déficit et de flambée des cours. Ce serait un mauvaise nouvelle pour la Chine, mais pas pour le Japon et la Corée du Sud qui ont renouvelé leurs accords avec les mineurs calédoniens du nickel. Quoi qu'il en soit, l'annonce d'un possible embargo philippin a enflammé le cours du métal au LME. Et celui des producteurs de nickel et d'acier inoxydable européens. Eramet-SLN, mais aussi Aperam et Thyssen en ont profité. À Londres, les analystes du nickel ont anticipé les conséquences de ce qui n'est encore qu'une proposition de loi de Manille.