Nos élus Provinciaux

mardi 23 septembre 2014

Trois décennies de luttes

1984-2014 : le FLNKS célèbre demain à Nouville son trentième anniversaire. L’expérience politique du Front est marquée de divers combats. De la lutte armée à la négociation des accords et la gestion de collectivités. Regard sur une page de l’histoire du pays.
De la revendication nationaliste sur les barrages, à la célèbre poignée de main, et la campagne des législatives 2012, le FLNKS est passé par tous les combats en trente ans.
Photos Archives LNC/ Le Mémorial Calédonien

Le 24 septembre 1984, le sigle FLNKS apparaît à la lumière. Paraphée par des « indépendantistes kanak », des « non-Kanak anticolonialistes », mais aussi des « syndicats », des « associations » ou des « églises », une charte précise ce jour-là les « objectifs du peuple kanak » engagé dans « une lutte de libération nationale pour faire triompher ses droits ». Trente ans se sont écoulés et la finalité institutionnelle du Front demeure, mais l’axe du combat a évolué dans sa forme : de l’indépendance kanak et socialiste pure et dure, à l’accession du pays à sa pleine souveraineté. Imprimée dans tous les magazines du monde, l’image saisissante d’Éloi Machoro brisant l’urne de Canala dépeint la conviction absolue liée à cette période. La stratégie du FLNKS a été corrigée après une prise de conscience que l’histoire de la Nouvelle-Calédonie ne se résumait plus à un bras de fer entre le Français blanc et le Kanak colonisé. L’affaire est désormais bien plus complexe. D’ailleurs, lors des réunions ordinaires ou dans les campagnes électorales, outre les aspirations du peuple kanak, le pays est pris en considération avec toutes ses composantes. « Fondamentalement, la vision de l’indépendance a changé, s’est mue parce qu’à partir du moment où l’on accepte les autres, il faut pouvoir répondre à leurs besoins de vie, gérer la vie de la cité que l’on veut commune », analyse un responsable politique.

Souffle. Le leader charismatique Jean-Marie Tjibaou a apporté, à une heure déterminante, une autre dimension, un autre souffle, le choix du dialogue. Une option forte qui survivra après sa mort. Le passage du rapport guerrier à la logique des scrutins a placé le FLNKS dans l’arène du pouvoir et, par ricochet, dans l’apprentissage de la gestion communale, provinciale, territoriale, et même internationale avec, par exemple, le Groupe Fer de Lance. Les élus de cette sensibilité ont leurs moyens et leurs credo. Comme la formation des jeunes ou encore le développement local. « Nos parents l’ont décidé, indiquait un des fils de Jean-Marie Tjibaou, Jean-Philippe, l’an dernier à Ouvéa : à un moment, il faut qu’on arrête les fusils et qu’on prenne les stylos. » Au cours de ces trois décennies de conflits et d’accords, l’avis sur le lien avec la France a également évolué. De la rupture nette à la construction d’une relation privilégiée. Pour des questions historiques, démographiques et économiques. Ce point crucial anime aujourd’hui les débats au sein des quatre partis du Front.

Empoignades. Si le FLNKS a gagné en maturité et en respectabilité, les tempêtes internes n’ont pas épargné la coalition. Les empoignades entre l’Union calédonienne et le Palika sont connues et régulières. Pour certains, les divergences sur la nature du projet de société à mettre en œuvre dans le pays indépendant en sont la source. Pour d’autres, la question du leadership et les chocs d’ego génèrent les coups de tonnerre. Les deux opinions ne sont d’ailleurs pas incompatibles. Mais jusqu’où ? Néanmoins, la force de l’unité a été démontrée aux élections législatives de 2012 ou aux provinciales dans le Sud cette année. Les groupes de pression, comme certains militants aiment encore à les appeler, ont réussi à se caler derrière un discours unique. La sortie de l’accord de Nouméa constitue pour le Front de libération à la fois un enjeu capital et, pour lui-même, un test élevé.

Repères

Nouville en fête
A l’occasion de son trentième anniversaire, le FLNKS réunira ses dirigeants demain, mercredi 24 septembre, à Nouville chez les Bétoé :
De 8 heures à 9 heures : accueil des délégations et coutume.
De 9 heures à 9 h 30 : lever des drapeaux.
De 9 h 30 à 10 h 30 : ouverture officielle de la commémoration des trente ans du FLNKS. Vernissage de l’exposition par le bureau politique du Front.
De 10 h 30 à midi et demi : discours des officiels.
De midi et demi à 14 heures : repas partagé.
De 13 heures à 21 heures : programmation artistique et culturelle : musique, danse et sculpture.


Quatre composantes pour un sigle
Le FLNKS n’est pas un parti, mais la communion de quatre organisations politiques : l’Union calédonienne et le Palika, les locomotives, ainsi que l’Union progressiste en Mélanésie et le Rassemblement démocratique océanien.


A la présidence
Les présidents du FLNKS ont été : Jean-Marie Tjibaou (1984-1989), Paul Néaoutyine (24 mars 1990-9 décembre 1995), et Roch Wamytan (1995-2001). Depuis le 22 décembre 2001, le FLNKS est dirigé par un bureau politique collégial. Ce bureau politique est composé de huit membres, soit deux représentants de chacune des composantes.
 

"Notre drapeau, notre compagnon"


« Kanaky est en train de naître ! Que notre drapeau soit notre compagnon maintenant… » Les mots de Jean-Marie Tjibaou, prononcés à La Conception le 1er décembre 1984 lors du premier lever des couleurs indépendantistes, n’ont jamais quitté la tribune du FLNKS. Choisi au moment du gouvernement provisoire de Kanaky et de la naissance du FLNKS, le drapeau se veut « de terrain, réunissant les forces de l’ensemble des régions », d’après l’Union calédonienne. Selon la synthèse des travaux des commissions œuvrant du 22 au 24 septembre 1984, « le drapeau de la République de Kanaky a été décrit : de trois bandes horizontales dont les couleurs sont, de bas en haut : le vert qui symbolise la terre des ancêtres, la richesse du sol et l’espoir, le pays ; le rouge qui symbolise le sang versé dans la lutte, le socialisme et l’unité du peuple ; le bleu qui symbolise le ciel et le Pacifique environnant, la souveraineté dans le Pacifique du pays kanak ; vers la hampe, un disque d’or qui représente le soleil sur lequel s’inscrit en noir la case avec la flèche faîtière et son toutoute. » « Présent sur tous les fronts pendant les Événements, de 1984 à 1989, ce drapeau est désormais arboré dans les manifestations ou sur les bâtiments officiels », a écrit l’historienne Christiane Terrier. « Et sa légitimation comme drapeau unitaire du pays a toujours été une constante de la revendication indépendantiste ». En juillet 2010, sous les yeux du Premier ministre, François Fillon, les étendards tricolore et kanak se sont élevés, ensemble, dans le ciel du haut-commissariat.