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vendredi 19 décembre 2014

Ateliers sur le suicide des jeunes en Nouvelle Calédonie


Samedi 18 octobre 2014 tribu de Xepenehe
Atelier jeunes hommes
Les personnes présentes à l’atelier sont venues pour comprendre le problème du suicide et trouver des solutions.
* Premier constat : c’est déjà bien d’en parler. Etre là et pouvoir en débattre ensemble, c’est déjà une bonne chose.
* Deuxième point : donner une définition du mot suicide. Le mot pour dire suicide existe en drehu (hno jua). Si le mot existait avant la colonisation, c’est que c’est un problème ancien. Par contre, il y a eu une forte évolution ces dernières années (années 2000). La problématique est récente.
Quelles sont les raisons liées au suicide ?
1. Les gens n’ont plus peur de rien. Ils n’ont plus peur de la mort, ce qui peut pousser à différentes conduites pouvant être dangereuses et pousser au suicide.
2. En même temps, ils ont peur d’affronter la vie. Avec des difficultés liées au travail, à la société, au couple. Les jeunes se mettent en couple très jeunes, des séparations peuvent avoir lieu.
3. Solitude du jeune et manque de partage. Le problème de la solitude est lié à la culture kanake, dans laquelle on ne s’exprime pas toujours, on n’ouvre pas toujours son âme et son cœur, et on garde pour soi. La société kanake autour n’aide pas. Face aux autorités coutumières, on ne peut pas forcément dire ce qu’on pense. On affronte les autorités religieuses, les vieux, les papas, les mamans, les grands frères. Les jeunes de l’atelier ressentent une impossibilité de dire leurs problèmes à qui que ce soit. Quand ils ont des
problèmes, ils préfèrent les garder pour eux. => Dérive drogue et alcool, on n’a plus peur, et on peut franchir le pas plus facilement. Les jeunes de l’atelier considèrent que c’est tout l’environnement qui fait qu’on ne peut pas parler et qui pousse aux conduites addictives (drogue, alcool, kava) et éventuellement au suicide.
4. Les différences intergénérationnelles, en particulier les événements des années 1980. Un intervenant né en 1975 a expliqué que, adolescent dans les années 1980, face aux événements pour l’indépendance du pays, on lui disait que c’était lui qui allait porter le message, faire des études, représenter et être l’avenir du pays. Il y a eu plus de jeunes qui
partaient sur Nouméa ou en métropole pour faire des études, et il y a donc eu plus de coupure avec la culture. Il y a aussi une pression assez tôt, puisque le jeune représente l’avenir du peuple. Et par conséquent, plus de difficultés face à l’échec : Comme dans la culture, non seulement on ne peut pas en parler mais en plus on se retrouve porte-drapeau, on sent qu’on n’a pas le droit d’échouer, et on se retrouve au final dans une sensation d’échec encore plus grande.
5. La culpabilité est omniprésente parmi ceux qui restent. Le regard extérieur est fort. La tribu est une grande famille, on est très proches. Donc quand une personne se suicide, il y a une forte culpabilité pour ceux qui restent, de ne pas avoir joué le rôle du grand frère, du cousin, du papa. Cette difficulté du rôle peut aussi être en lien avec les départs sur Nouméa, la Grande Terre ou hors du territoire. Dans ces départs, on se coupe du lien avec la tribu, on est loin, et au retour 5 ou 10 ans après, on n’est plus en phase avec les jeunes restés ici, et le lien est quelque part rompu. Les jeunes expriment un sentiment de culpabilité à cause de ça.
> Face à ces problèmes, la solution n’est pas à l’extérieur, elle est ici, en interne. Les solutions proposées :
* Il faut faire un pas vers les autres, ce qu’on ne sait pas toujours faire.
* Les réponses ne viennent pas des institutions, de la commune, de la province, de spécialistes. Tout le monde peut accompagner.
Pour conclure, il faut noter que des personnes plus âgées dans le groupe on dit à la fin de l’atelier qu’elles étaient en opposition avec ce qu’avaient dits les jeunes.
Atelier des enfants
6-11 ans
Représentations du suicide chez les enfants. Les thématiques suivantes sont ressorties, comme causes du suicide :
* Cigarettes
* Alcool
* Cannabis
* Faire des bêtises
Quand on a demandé aux enfants comment on faisait pour se suicider, les réponses des enfants étaient plus précises. Moyens pour se suicider :
* Pendaison
* Se tuer : avec le couteau
Avec les adultes qui étaient présents, nous nous sommes en suite questionnés pour essayer d’aller un peu plus loin. Même si les enfants ont des représentations du suicide, les adultes se posent des questions :
* Dans les tribus, là où la vie communautaire est encore d’actualité, on se demande pourquoi on rencontre des phénomènes suicidaires, en particulier chez les jeunes. La vie communautaire devrait nous permettre de partager et dire les choses.
* Pourquoi le suicide existe-t-il, alors que nous avons nos traditions coutumières ?
Les explications proposées :
* Changement de repères
* Mais aussi, on a l’impression que :
o Les jeunes n’écoutent plus les aînés, les vieux. L’écoute ne fait plus partie de l’actualité de la vie communautaire.
o Les comportements ont changé.
o Banalisation du mot suicide. On le dit facilement maintenant. Il suffit qu’il y ait un conflit entre deux personnes pour qu’on évoque le suicide. Cf. les chansons du chanteur Itra qano de Bethela.
Résultat : dans nos tribus, les gens sont démunis face à cette situation (parents, coutumiers, institutions, etc.).
Propositions :
* Dédramatiser l’image de la profession de psychologue. Actuellement, le psychologue est associé au fou et au malade. On refuse d’aller voir le psychologue car on croit que c’est pour les fous.
* Informer la population sur le rôle du psychologue. Le psychologue doit présenter son image et dire qu’il ne travaille pas forcément avec les malades et les fous, mais qu’il travaille avec tout le monde et que son rôle est d’être à l’écoute.
* Faciliter le contact entre le psy et la population en mettant en place des espaces de parole, des lieux d’écoute dans les tribus, dans les institutions scolaires, etc.
* Créer de véritables réseaux de partenariat, avec tout le monde, y compris avec les associations. L’équipe de foot, le club de boulistes de la tribu, se sont aussi des partenaires.
* Encourager les initiatives des jeunes dans la création artistique pour s’exprimer (musique, théâtre, danse, sport, médias jeunesse, etc.). Les jeunes ont aussi besoin de décrire ce qu’ils veulent, dans quelque chose qui leur appartiennent. Les journaux actuels sont écrits pour les adultes, il n’y a pas de média pour les jeunes.
* Sensibiliser dès le plus jeune âge par rapport au thème du suicide.
Ateliers femmes mariées
Beaucoup plus de questions que de réponses autour des causes du suicide des jeunes.
* Un sentiment de peur
* Il y a eu des questions autour de la recherche identitaire.
* Beaucoup ont souligné que chacun peut être une personne ressource. On peut être amené à être sollicité par des jeunes.
* La question centrale : qu’est qui a changé ?
On constate que quelque chose a changé, mais on se demande quoi :
o Mode de vie ?
o Place de la femme ?
o L’espace pour le jeune, dans ce monde actuel ? Quel espace est offert au jeune pour s’exprimer ?
o La communication ?
o Qu’est-ce qui a changé de la structure de la famille ? de la communication dans la famille ?
o La tradition/modernité
Le temps était insuffisant pour traiter un sujet aussi difficile. Il faudrait refaire une autre journée sur le suicide des jeunes et sur le mal être des jeunes.
* Les jeunes sont inscrits entre deux mondes :
o Appréhension maman
o Problème de la place des jeunes
Adoption : le jeune ne trouve pas sa place dans sa famille adoptive. Conséquence : souffrance de part ses manques de repères, d’amour, il faut se sentir « aimé ».
Manque de communication
Accompagnement nécessaire de l’enfant dans sa nouvelle famille : l’échange es important
Dans la souffrance l’Humain cherche un sens.
La dévalorisation de l’enfant à l’école : les bulletins scolaires, l’humiliation,…
Atelier des papas et des pépés
Constat : avant, il y avait moins de suicide. Maintenant, il y en a de plus en plus.
Face à ce constat, remise en question :
* la responsabilité adulte : il y a de multiples organisations autour de l’enfant (scolaire, religieuse…)
* Responsabilité société : addictions, alcool, kava… Tout ce qui tourne autour du problème de la jeunesse.
* Place de l’enfant, qui semble au cœur du problème du suicide.
o Quelle est la place qu’on accorde à notre propre enfant dans la famille (y compris les relations avec les frères et sœurs, les parents, les cousins) ? L’adulte a la responsabilité de se demander si, en tant que parent, suffisamment de temps est accordé à l’enfant dans la famille.
o La place de l’enfant dans la tribu : les papas accordent-ils un moment pour parler de la souffrance de nos enfants ? Il se trouve que certaines organisations dans la tribu donnent une place au jeune et à l’enfant. Mais on se pose la question de savoir si cette place existe vraiment. Par exemple, l’école du dimanche existe, mais l’enfant investit-il vraiment cet espace ?
o La place de l’enfant dans la société : accorde-t-on bien une place à l’enfant dans la famille, l’école, la tribu, et, en général, dans le pays ? Au niveau de la religion, on n’entend peut-être pas assez l’enfant. Au niveau de la coutume, peut-être encore moins. Les papas se demandent si c’est la différence d’âge qui fait que l’enfant ne parle pas assez. Il y a des référents coutumiers dans les cérémonies coutumières, et dans ces moments-là, l’enfant et le jeune se retrouvent soit dans les cuisines, soit un peu à côté, et il ne peut pas prendre la parole.
Questionnements des papas et pépés : Comment vit l’enfant dans sa famille ?
* Communication, écoute :
Pour ramener le débat dans sa tribu, il faudrait sans doute que chacun s’exprime sur sa façon de vivre avec son propre enfant. Est-ce qu’il aborde vraiment les problèmes concernant son adolescent ? Est-ce que le temps de partage autour de la table de la cuisine et autour du feu se pratique toujours ? Est-ce qu’on ne serait pas plutôt pris à droite et à gauche, ce qui ferait qu’on n’accorderait pas de temps pour cet enfant-là ? Par exemple, il arrive qu’un jeune pose une question à ses parents, mais comme ceux-ci sont trop occupés par le travail à eika ou ailleurs, ils lui répondent
à la hâte, et pas comme le voudrait l’enfant. Le problème c’est que cet enfant reste avec cette réponse donnée. Le temps d’écoute est peut-être écourté et l’enfant n’a pas entendu ce qu’il voulait entendre de son papa. Alors il construit son image dans sa tête.
Pourquoi cette communication est rompue : est-ce que c’est les enfants qui n’écoutent plus ? ou bien est-ce que ce sont les papas qui n’arrivent plus à transmettre et à s’adapter aux jeunes ?
* L’évolution des formes de l’habitat :
Avant, on vivait dans la case, où il n’y a qu’un seul espace où tout le monde dort. Maintenant, dans les villas, l’enfant a sa chambre et ne dort plus avec ses parents. Il y fait donc un peu ce qu’il veut. Un papa a par exemple rapporté en plaisantant qu’il ne savait pas ce qu’était la tablette d’une enfant de 8 ans, soulignant ainsi le grand décalage entre cette tablette et le niveau de connaissance des papas concernant le high-tech. Cette enfant va alors vivre avec sa tablette dans sa chambre et communiquer avec elle-même. Le fait que l’enfant soit pris dans cette tablette ne serait-il pas un élément perturbant pour l’enfant ?
Un papa a fait remarquer que la plupart des enfants à Lifou sont sur facebook et ils y écrivent leurs difficultés. Mais il n’y a pas de parents pour encadrer ça et pour apporter une réponse. Cet espace de liberté est à la fois salutaire pour les jeunes, et en même temps dangereux car personne ne le contrôle. Peu de parents et d’éducateurs vont voir ce que leurs enfants écrivent sur la page facebook. Une maman a souligné qu’il fallait que les enfants gardent cet espace de communication pour eux.
Un papa a proposé de mettre en place internet à la maison commune pour que les jeunes expliquent facebook à leurs parents.
Après les événements, les papas se sont partagés la province, ont fait leur politique et ont laissé tomber les jeunes. Il n’y a plus personne pour s’occuper des jeunes. Parfois on leur distribue des instruments de musique, maintenant des ordinateurs, mais on ne forme pas des jeunes à animer tout ça. Il n’y a pas suffisamment de psychologues et d’assistantes sociales pour gérer les difficultés. D’autant plus qu’il est difficile pour une assistante sociale d’entrer dans les tribus.
* Les rythmes de vie :
o Rythme de vie scolaire : l’enfant prend le bus à 6 heures du matin, va à l’école et quand il revient à 17 heures, il est fatigué, maman cuisine, papa revient peut-être du kava, et on n’a alors plus le temps de discuter. Est-ce que l’école ne prendrait pas trop de temps à nos propres enfants ?
o Enfant-parent : L’enfant a-t-il le temps de discuter avec ses parents comme autrefois ? Maintenant, entre l’école et les organisations religieuses et coutumières des parents, on n’a plus le temps, et l’enfant ne trouve pas sa place. Quand l’enfant pose une question, le parent donne une réponse furtive car il est préoccupé par l’organisation de ce qui se passe en dehors de la maison.
Les parents n’ont plus de temps à accorder à leurs enfants, pour diverses raisons : maman est au bingo, papa est au nakamal. On passe peut-être trop de temps dans les mariages, au détriment du temps à consacrer aux enfants.
De plus, les jeunes sont les bras de tous les vieux : on leur demande de faire le travail pour tout ce qui est religieux et coutumier. Dans ces organisations, le jeune n’a alors peut-être pas le temps de se reposer et de partager ses difficultés avec les adultes. Comme il ne peut pas s’exprimer dans ces moments, il reste dans son coin, à la cuisine.
* Niveau scolaire :
Il y a un grand décalage avec les parents. Sur le plan scolaire, les enfants ont un niveau plus élevé que les parents, ce qui fait qu’ils ont souvent réponse à tout. Alors, même quand le papa essaie de donner des réponses ou de s’imposer, l’enfant se cache derrière son intelligence scolaire pour dire à son père qu’il fait partie de la vieille génération. Les papas se sentent alors déphasés quant aux réponses qu’ils pourraient apporter : ces réponses sont celles que leurs propres parents leur ont données dans le temps, et qu’ils ont acceptées, mais que le décalage rend inaudible.
Un papa a proposé que dans les familles, les tabous soient levés : quand un enfant ne va pas bien et qu’on constate qu’il ne parle pas, il faut oser aborder tous les problèmes d’adolescence ou la sexualité. Ce n’est pas facile, mais il faut peut-être avoir le courage d’aborder ces questions, en laissant de côté les questions de moralité. Ce n’est pas forcément à l’école d’aborder les questions de sexualité, et il est peut-être préférable de les aborder à la maison.
* Addictions : alcool, kava, cannabis----signe précurseur
Ces problèmes-là, y compris le suicide, sont des problèmes qui viennent de l’autre côté, et qui, s’ils arrivent ici à drehu, c’est que nous l’avons choisi. C’est peut-être à nous de nous décider si l’on mange ça ou pas ?
Pour conclure, une jeune a dit qu’en dépit de tout ça, l’important est que l’amour reprenne entre l’enfant et ses parents, parce que c’est ce que demande l’enfant : que son papa et sa maman l’aiment.
Autres points soulevés par des papas :
* Il faut rappeler que le paradis est ouvert aux suicidés : car il faut déculpabiliser la question du suicide.
* Il faut faire attention à comment on parle à nos enfants. Certaines insultes peuvent faire très mal. Il ne faut pas utiliser des insultes entre nous, se traiter de puaka par exemple. Comment donner confiance à nos enfants si, sur le coup de l’énervement, nous parlons comme ça ?
* Un papa pense qu’il faudrait laisser moins nos enfants aux grands-parents parce qu’ils écoutent ce que les grands-parents disent. C’est d’abord aux parents d’éduquer les enfants.
Ateliers QATR FÖ
Les qatr fö de cet atelier étaient proches des dernières personnes qui se sont suicidées à Lifou.
* Lien avec l’environnement familial : la personne suicidée s’inscrit dans un lien social très fort et élargi, la famille, le clan et même au-delà.
* Essayer de comprendre le geste du suicide et comment le prévenir. Ces jeunes ne révélaient pas de signes de mal-être apparents. Comment comprendre pour pallier au suicide ?
* Rôle des parents pour éviter d’en arriver aux actes : Certaines mamans se sont demandé si, dans l’éducation et l’apprentissage de tous les jours, elles n’étaient pas en train de passer à côté de l’essentiel ?
* On constate que beaucoup de jeunes ne travaillent pas. Quelles solutions pour faire face aux problématiques de la jeunesse ?
* Une grand-mère a noté que l’Antenne Médico Psychologique était la seule structure existante actuellement, et qu’elle était essentielle dans la prévention du mal-être et du suicide.
* On constate aussi que les jeunes se confient plus à leurs amis de la même génération qu’à leurs parents. Ce sont les amis qui font le lien avec les parents. Malheureusement les parents se retrouvent souvent démunis : que dire ? que faire ? Une grand-mère dit qu’elle a pu aider sa fille, car elle a eu le chance de croiser le chemin d’une personne de l’AMP.
o Circulation de la parole.
o Le ressenti est primordial : il faut poser des questions, car la parole est essentielle. On est une communauté orale, la parole devrait circuler facilement.
* Par rapport à l’AMP, la cellule d’écoute n’est malheureusement pas assez connue de la population.
o Il faut privilégier la première écoute, qui est essentielle.
* Nécessité d’avoir des personnes de confiance avec qui les mamans peuvent discuter sans que tout le monde le sache. Ce n’est pas facile de trouver une personne de confiance à qui l’on puisse se confier et qui reste là.
* Quels sont les signes précurseurs ?
o La souffrance est vécue différemment selon les personnes.
o L’ensemble du groupe peut entendre.
o L’importance de l’écoute.
o Le groupe n’exclut pas la solitude.
o Le suicide provoque aussi de la souffrance. 

o Plusieurs causes du suicide.
o La dévalorisation de l’autre (par ex. le système scolaire par le biais des bulletins, ou la honte infligée à un enfant, contribuent au mal-être de l’enfant).
Autres points :
* Les personnes ressources (rôle de régulateur dans la communauté) qui existaient autrefois au sein de l’environnement familial et social ont disparu. Avant, l’enfant n’appartenait pas qu’au papa et à la maman. Il appartenait à la famille, au clan, et à la tribu. Où qu’il soit, la tribu avait un regard sur lui et s’il faisait une bêtise, une tantine pouvait le réprimander. Aujourd’hui, personne ne réagit s’il fait une bêtise, et au lieu de le reprendre et de l’engueuler, on va dire des mauvaises choses (ragots) sur le jeunes qui vont le déstabiliser et le dégrader.
* Un papa a rappelé le rôle de la fête de l’igname, ce n’est pas que pour partager l’igname, faire la fête, et boire. C’est aussi le moment pour faire le point des familles : ils partagent l’igname, qui est un fruit de la terre, mais en même temps ils parlent des projets de la famille. Le lendemain, la famille ou le chef de famille amène son igname vers le chef de clan, et il fait un compte-rendu de sa famille à son chef de clan. C’est aussi à ce moment-là que l’on va parler des problèmes que rencontrent les enfants de notre famille. Quand une personne évoque plusieurs fois son envie de se suicider, il faut qu’à un moment la famille et
le clan se rassemblent pour trouver une solution au problème. Il faut alors se demander pourquoi il veut se suicider : peut-être qu’il n’a pas de travail, peut-être qu’il a un problème avec sa copine. Aujourd’hui, c’est à nous de retravailler cette structure qu’est la fête de l’igname.
* Avant, quand on astiquait un enfant c’était pour éviter qu’il fasse une bêtise qui allait faire s’opposer deux clans et risquer de se terminer par un suicide ou par la prison. Le clan qui a fait la bêtise va demander pardon au clan à qui il a fait du tort. Notre mode de vie ici fonctionne, il suffit de bien le mettre à sa place.
* L’inscription des jeunes entre deux mondes questionne les mamans, qui se demandent comment elles peuvent éduquer au mieux leurs enfants. Maintenant, on ne peut plus porter la main sur l’enfant, car il risque de porter plainte contre ses parents.
* Une situation d’adoption a été abordée : une grand-mère a parlé d’une personne adoptée au sein d’une autre famille, mais qui était plus en souffrance dans cette famille et n’arrivait pas à y trouver sa place. Elle en voulait alors à ses parents biologiques et adoptifs. => souffrance 

provoquée par les manques de repères et d’amour. Le sentiment d’être aimé à sa place est primordial. Un accompagnement de l’enfant dans sa nouvelle famille est nécessaire.