Nos élus Provinciaux

mercredi 25 mars 2015

Calédonien de « souche » par Mr BONNARD Franck-Gérald

Calédonien de « souche »

Référence : « les Cent familles qui ont fait la Calédonie »
De Patrick O’REILLY


Lettre ouverte à Monsieur Gaël YANNO, 
Président du Congrès de la NOUVELLE-CALEDONIE

Monsieur YANNO,

Je viens par la présente vous interpeler quant aux propos que vous avez tenus dans les NOUVELLES CALEDONIENNES de ce jour.
En effet, vous permettrez que je puisse m’émouvoir des dires relatés dans la presse locale et qui ne sont que l’écho de votre position évoquée lors de la réunion de travail ce mercredi 18.03.2015 à LA FOA, position qui a ému toute l’assemblée : si l’objectif était de se démarquer, il est atteint.
Ceci étant dit, Monsieur YANNO, ne pensez- vous pas qu’il est temps d’enterrer la « hache de guerre », et de revenir à l’essentiel qu’est le bien-être des populations.


 Vous qui êtes à la tête de la plus haute institution du territoire, place destinée à des personnes « d’envergure », de par leurs capacités au dialogue et au compromis, et qui devraient pouvoir surseoir à toute « impulsivité » , vous ne faites guère état de votre fonction, en vous laissant dominer par des positions partisanes, politiciennes…, peut-être inspirées des réflexions de quelques « chuchoteurs » ou simples « pseudo émminences locales », mais loin du fait des réalités quotidiennes.
A l’heure où nous parlons de « consensus », où le mot « destin commun » est dans toutes les bouches, du moins dans celles de nos élus, car nous, « populace », nous le traduisons au quotidien, comment pouvez-vous, vous, monsieur le président du CONGRES, le fédérateur, tenir de tels propos !
« Ramener » la réconciliation civile à une simple valeur budgétaire !
Il me semble que nous ne vivons pas dans la même NOUVELLE-CALEDONIE, dans le même PAYS !
Mes aïeux, comme bien d’autres ici, ont défriché, planté, ouvert les voies, édifié, tout cela dans des conditions plus que difficiles pour l’ensemble, avec comme seul soutien, leur volonté (et pour seul moteur la nécessité bien souvent) mais aussi, avec celui des populations originelles, dont la vie quotidienne était encore bien en de ça du rêve promu aux nôtres au départ de l’autre côté du globe.
Mais malgré tout, cyclones, incendies, effondrements des cours, voire encore « insurrections », nous sommes toujours là, sur ce petit bout de paradis, où tant de monde en quête d’idéal accoure, de toutes parts.
Pourquoi et comment a-t-on su préserver cela à travers le temps ?
Peut-être du fait des liens tissés, rendu possible par l’application d’une des premières lois, reconnaitre et respecter l’accueillant, quel qu’il soit, où qu’il soit, tout en conservant son honneur et sa dignité.
Voyez-vous monsieur YANNO, il me semble qu’une chose essentielle vous échappe dans l’appréhension d’une part, et le rapport aux calédoniens dans leurs ensembles d’autre part, c’est la promiscuité des populations, et de ce fait, leurs capacités à dialoguer, même si en apparence, leurs rapports peuvent sembler difficiles, voire conflictuels.
Le succès de ces échanges résulte de la longue tradition que nous avons, nous « les familles souches », à dialoguer, dialogue que d’autres, descendants ou plus récemment arrivés, s’évertuent à apprendre et à faire perdurer.
Oui monsieur YANNO, tout le monde aspire à la tranquillité et au bien- être, et veuillez accepter que des propos tels que les vôtres sont loin d’être apaisants et ne transcendent pas cet état d’esprit, à moins qu’ils n’aient pour but de satisfaire une certaine catégorie de la population calédonienne, pour ne pas dire une certaine « caste », observant l’au-delà de la péninsule nouméenne avec une longue vue tel des amiraux aristocrates observant les troupes en ordre de marche servant de chair à canon.
Mais si l’on se réfère à l’histoire, les amiraux aristocrates, tout comme la monarchie qui les dirigeaient et régentait notre société, tous en fait long feu….
Enfin, tout cela n’est que l’évocation de quelques mots pour traduire un certain ressenti, relatant quelques maux, liés aux écrits et paroles de vos quelques mots.
Je ne peux qu’espérer, monsieur YANNO, que cette missive vous aidera à une prise de conscience de votre part, quant à l’étendue, mais aussi à la portée de vos propos, dans les fins d’une position plus médiane.


BONNARD Franck-Gérald
SARRAMEA le 21.03.2015