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samedi 18 avril 2015

Des élections en Catalogne le 27 septembre pour décider de l'indépendance




 Artur Mas, président du gouvernement catalan, a annoncé des élections régionales pour le 27 septembre 





Le président du gouvernement régional, Artur Mas, a annoncé la convocation d'élections anticipées le 27 septembre. Les partis indépendantistes iront en ordre dispersés, mais auront tous la même "feuille de route" pour la séparation d'avec l'Espagne dans leurs programmes.



Cette fois, les dés sont jetés. Mercredi 14 janvier au soir, Artur Mas, le président de la Generalitat, le gouvernement régional catalan, a annoncé qu'il convoquait de nouvelles élections pour renouveler le parlement régional. Ce scrutin aura lieu le 27 septembre. Mais il ne s'agira pas seulement d'élire des députés régionaux, ce qui se jouera lors de ces élections, ce sera l'indépendance de la Catalogne ou son maintien dans l'Espagne.

Débat entre indépendantistes

Artur Mas a donc décidé, après la fin de non-recevoir du gouvernement espagnol suite au référendum du 9 novembre dernier, de convoquer des « élections plébiscitaires », autrement dit des élections dont le principal enjeu sera l'indépendance. Pour cela, il devait parvenir à un accord avec l'autre parti indépendantiste, la Gauche Républicaine Catalane (ERC) d'Oriol Junqueras sur un comportement commun en cas de victoire du camp souverainiste. Longtemps, les discussions ont été difficiles et se sont enlisées (Oriol Junqueras s'en est même escusé ce mercredi soir). Artur Mas souhaitait une liste unitaire « apolitique », Oriol Junqueras voulait un accord avec des listes séparées. C'est cette dernière position qui l'a emporté finalement.

« feuille de route » commune

Les partis indépendantistes partiront donc en ordre dispersés, mais avec une « feuille de route commune » qui sera intégrée aux programmes électoraux. L'électeur pourra ainsi aisément distinguer les partis qui s'engagent pour l'indépendance et les autres.  Des indépendants, issus des associations à l'origine de la votation du 9 novembre, seront intégrés dans les diverses listes politiques. Ces élections seront un nouveau référendum, mais cette fois plus efficace, car le gouvernement catalan issu des urnes du 27 septembre aura pour mission de négocier l'indépendance de la région avec Madrid.

Pourquoi le 27 avril ?

Le choix d'une date tardive n'est pas le fruit du hasard. L'Espagne va renouveler son parlement en novembre, sans doute. Le cabinet de Mariano Rajoy devrait chuter, car son parti, le Parti Populaire (PP) est mal en point dans les sondages et n'est plus en mesure de constituer une majorité. Durant la campagne espagnole, qui suivra l'élection catalane, les partis « centraux » devront se déterminer en cas de succès des indépendantistes sur leur comportement vis-à-vis de Barcelone. A priori, l'affaiblissement du PP devrait conduire à des discussions plus faciles entre les deux partis. Avancer les élections catalanes eût été un risque : celui d'un blocage avec Madrid et, finalement, de l'enlisement du mouvement. De plus, les indépendantistes ne sont pas au mieux actuellement dans les sondages, pas question donc de miser sur une campagne éclair...

Election polarisée et l'énigme Podemos

Si la campagne officielle va débuter le 10 septembre, la veille de la « Diada », la « fête nationale catalane » qui commémore la prise de Barcelone par les Bourbons le 11 septembre 1714, la campagne va en réalité commencer beaucoup plus tôt. Il y a sans doute fort à parier que ces élections seront dans toutes les têtes lors des élections municipales de mars. Après le 9 novembre, le mouvement indépendantiste s'est déchiré et les sondages ont vu la faveur pour l'indépendance fléchir. Parallèlement, le mouvement Citoyens (Ciutadans), très unitariste, a commencé à se renforcer, devenant le point de ralliement de ceux qui s'opposent à l'indépendance. Les élections s'annoncent donc très polarisées. Avec une incertitude : le mouvement issu des « indignés », Podemos, hostile à l'indépendance mais qui est donné en tête au niveau espagnol, tirera-t-il son épingle du jeu dans une élection plébiscitaire où il se retrouvera avec le PP et Ciutadans et où il aura du mal à imposer ses thèmes. Mais ce sera une des clés du scrutin.