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samedi 6 juin 2015

Relevé de conclusions du Comité des signataires exceptionnel de l’Accord de Nouméa du 05/06/15

Le comité des signataires de l’Accord de Nouméa, institué par le point 6.5 de l’Accord, s’est réuni le vendredi 5 juin 2015, sous la présidence de M. Manuel VALLS, Premier ministre, en présence de Mme George PAU-LANGEVIN, ministre des outre-mer.

Ont participé à ce comité, en leur qualité de signataire, M. Rock WAMYTAN, M. Paul NEAOUTYINE, M. Victor TUTUGORO, M. Pierre FROGIER, M. Simon LOUECKHOTE, M. Bernard DELADRIERE et M. Harold MARTIN. M. Jean LEQUES était représenté par Mme Virginie RUFFENACH.
Ont également participé les parlementaires et les représentants des institutions de la Nouvelle-Calédonie : Mme Sonia LAGARDE, députée de la 1ère circonscription, M. Philippe GOMES, député de la 2ème circonscription, M. Hilarion VENDEGOU, sénateur, M. Maurice PONGA, député européen, M. Gaël YANNO, président du Congrès, M. Philippe GERMAIN, président du gouvernement de Nouvelle-Calédonie, M. Neko HNEPEUNE, président de la province des îles Loyauté, M. Philippe MICHEL, président de la province Sud, et M. Jean KAYS, président du sénat coutumier.
Le comité a enfin été élargi aux forces politiques représentées par un groupe au congrès de Nouvelle-Calédonie : M. Yoann LECOURIEUX, Mme Isabelle LAFLEUR, M. Adolphe DIGOUE,
M. Philippe DUNOYER, M. Gérard POADJA, M. Gérard REIGNIER et M. Louis-Kotra UREGEI ont participé à la réunion à ce titre.
Etaient également présents : M. Thierry LATASTE, directeur du cabinet du Président de la République, M. Marc VIZY, conseiller du Président de la République, M. Vincent BOUVIER, haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie ainsi que M. Alain ROUSSEAU, directeur général des outre-mer.
Les travaux du comité des signataires exceptionnel ont été ouverts par le Premier ministre. Un hommage a été rendu à la mémoire de M. Nidoïsh NAISSELINE, signataire des accords de Matignon, décédé le 3 juin 2015. Tous les points inscrits à l’ordre du jour ont donné lieu aux échanges et conclusions retranscrits dans le présent relevé de conclusions.
A titre préliminaire, le Premier ministre a remercié l’ensemble des partenaires d’avoir répondu favorablement à son invitation. Il a rappelé que ce comité des signataires exceptionnel était motivé par l’examen au Sénat le 29 juin du projet de loi relatif à la consultation sur l’accession de la Nouvelle-Calédonie à la pleine souveraineté qui a fait l’objet d’un avis du congrès de Nouvelle-Calédonie rendu au cours de la séance publique du 26 mars 2015 et qui a été adopté en conseil des ministres le 8 avril 2015.
Ce comité des signataires exceptionnel avait pour ordre du jour les questions soulevées par les différents partenaires calédoniens à l’occasion de l’avis rendu par le congrès sur le projet de loi organique.
Sur proposition du Premier ministre, chaque délégation s’est exprimée dans une intervention liminaire.
I/ PRESENTATION PAR L’ETAT D’UN AMENDEMENT VISANT A ELARGIR LES POSSIBILITES DE DISPENSE DE FORMALITES POUR L’INSCRIPTION SUR LA LISTE ELECTORALE SPECIALE POUR LA CONSULTATION
M. Laurent CABRERA, conseiller pour les affaires juridiques et institutionnelles au cabinet de la Ministre des outre-mer, a présenté aux membres du comité des signataires un projet d’amendement rédigé après analyse juridique approfondie, sur la base du relevé de conclusions du XIIème comité des signataires du 3 octobre 2014 et de l’avis du congrès de la Nouvelle-Calédonie.
Cet amendement prévoit de dispenser de formalités d’inscription sur la liste électorale pour la Consultation sur l’accession de la Nouvelle-Calédonie à la pleine souveraineté deux catégories de personnes supplémentaires afin de simplifier le plus possible les démarches des citoyens calédoniens.
La première catégorie concerne les personnes nées en Nouvelle-Calédonie et qui, ayant rempli les conditions pour voter lors de la consultation du 8 novembre 1998 sur l’Accord de Nouméa, ont été inscrites sur les listes électorales spéciales des élections provinciales au titre du a) de l’article 188.
La seconde catégorie concerne d’une part les personnes nées en Nouvelle-Calédonie et qui ont été inscrites sur la liste électorale spéciale pour les élections du congrès et des assemblées de province au titre du b) de l’article 188. Elle concerne d’autre part les personnes nées en Nouvelle-Calédonie, ayant atteint l'âge de la majorité après le 31 octobre 1998, et qui ont fait l’objet d’une inscription d’office sur la liste électorale spéciale à l'élection du congrès et des assemblées de province.
Il peut en effet être présumé de manière incontestable qu’elles ont eu en Nouvelle-Calédonie le centre de leurs intérêts moraux et moraux au sens du d) de l’article 218.
Cet amendement fait l’objet d’un accord entre les partenaires à la suite d’une discussion politique de fond.
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Au cours des débats, les partenaires s’accordent pour dispenser de formalités d’inscription sur la liste électorale spéciale en vue de la consultation sur l’accession de la Nouvelle-Calédonie à la pleine souveraineté une partie des électeurs concernés par l’article 218 h) de la loi organique, dès lors :
- qu’ils sont nés à compter du 1er janvier 1989 ;
- qu’ils ont fait l’objet d’une inscription d’office sur la liste électorale pour l’élection des membres du congrès et des assemblées de province ;
- et qu’un de leur parents a été admis à participer à la consultation du 8 novembre 1998.
Il est considéré que le cumul des conditions justifiera la dispense de la démarche d’inscription volontaire et garantira de bénéficier des éléments pratiques permettant d’identifier précisément ces électeurs.

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Les inscriptions d’office se feront sur la base des listes électorales spéciales provinciales les plus récentes, ce qui suppose une révision des listes électorales provinciales en amont de la révision de la liste spéciale pour la consultation sur l’accession de la Nouvelle-Calédonie à la pleine souveraineté.
Après discussions et échanges approfondis, les partenaires s’engagent à soutenir le dépôt et le vote de ces amendements au Parlement.
Les partenaires rappellent que les personnes qui ne feraient pas l’objet d’une inscription d’office pourraient en tout état de cause effectuer une demande d’inscription volontaire.
II/ LISTES ELECTORALES SPECIALES POUR LES ELECTIONS AU CONGRES ET AUX ASSEMBLEES PROVINCIALES
Le sujet des listes électorales spéciales provinciales a fait l’objet d’une contribution du congrès dans son avis du 26 mars 2015. Par ailleurs, plusieurs délégations ont demandé à évoquer expressément ce sujet, considérant que l’ensemble des sujets électoraux sont liés.
Mme George PAU-LANGEVIN, Ministre des outre-mer, a invité les partenaires calédoniens à faire état de leur interprétation du préambule et du point 2.2.1 du document d’orientation de l’accord de Nouméa, ainsi que de l’article 188 b) de la loi organique du 19 mars 1999. Plus spécifiquement, les signataires historiques présents ont été invités à restituer l’esprit des négociations de l’Accord.
Tout en ayant acté leurs divergences de vue, les partenaires se sont accordés sur la nécessité politique de régler rapidement ce litige, qui retarde et entrave la préparation des échéances à venir, capitales pour le destin commun des Calédoniens.
L’Etat a néanmoins constaté un accord unanime des partenaires pour considérer le caractère essentiel de la date du 8 novembre 1998 pour l’application de la restriction du corps électoral. Tous s’accordent pour reconnaître qu’aucun droit électoral n’a pu être acquis après cette date.
Sur cette base, l’Etat a proposé une méthode impartiale et un calendrier.
Considérant que l’Accord de Nouméa et la révision constitutionnelle de 2007 qui s’en est suivie sont fondés sur la restriction du corps électoral spécial pour les élections au Congrès et aux assemblées provinciales à compter du 8 novembre 1998 ;
Considérant que les exigences démocratiques rendent indispensables que les élections au Congrès et aux assemblées provinciales se déroulent sur la base de listes électorales incontestables ;
Considérant les critères généraux d’égalité devant la loi et d’équité qui doivent prévaloir à la reconnaissance de la qualité de citoyen calédonien, tant pour participer au destin commun qu’en raison des priorités d’accès à l’emploi local dans le secteur privé ou dans la fonction publique qui sont attachées à la citoyenneté calédonienne ;
Les partenaires de l’Accord de Nouméa déclarent solennellement leur volonté de poursuivre et de conclure dans un esprit d’ouverture réciproque le dialogue politique engagé ce jour. Ce dialogue vise à procéder au règlement du litige au plus tard à la date du prochain comité des signataires.
A cette fin, les partenaires calédoniens acceptent la proposition de faire procéder par des experts de confiance, dans les meilleurs délais, à une évaluation quantitative du litige électoral. La méthode employée respectera strictement l’anonymat vis-à-vis des tiers des personnes concernées. Cette démarche aboutira à évaluer la part du litige qui concerne des situations postérieures à la date du 8 novembre 1998 et la part relative à des situations de personnes installées avant 1998.
Sur la base de cette évaluation, les partenaires poursuivront le dialogue politique afin de déterminer les conditions dans lesquelles la restriction du corps électoral spécial pourra être concrètement garantie dans la révision des listes pour les situations postérieures au 8 novembre 1998.
Réciproquement, les partenaires détermineront les voies politiques qui permettront de reconnaître, en application du principe d’équité, la légitimité des situations individuelles antérieures au 8 novembre 1998.
III/ FONCTIONNEMENT DES COMMISSIONS ADMINISTRATIVES
M. Vincent BOUVIER, haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie, a présenté les dispositions du projet de loi organique relatives au fonctionnement des commissions administratives.
Les partenaires considèrent qu’un rapprochement des points de vue sur ces questions est intimement lié au succès de la démarche engagée sur la question des listes électorales spéciales pour les provinciales.
Les partenaires conviennent de poursuivre localement la discussion politique d’ici à l’examen du projet de loi organique par le Sénat en séance publique.
Les partenaires donnent leur accord unanime pour maintenir dans le projet de loi la dévolution de pouvoirs propres d’instruction au président. En revanche, ils demandent la suppression de la possibilité pour le président de rejeter les demandes manifestement infondées.
Concernant le second magistrat prévu dans le projet actuel, les partenaires s’accordent pour lui substituer, comme observateur, une personnalité qualifiée indépendante, dont le profil et le mode de désignation feront l’objet de discussions dans les prochaines semaines.
S’agissant de la commission consultative d’experts, les partenaires s’accordent sur le fait que le projet de décret en conseil d’Etat qui en fixera la composition et l’organisation sera soumis à l’avis du gouvernement et du congrès de la Nouvelle-Calédonie. Un groupe de travail local, sous l’égide du haut-commissaire, sera chargé de préparer un amendement précisant les contours de cette commission. D’ores et déjà, le comité des signataires acte le principe selon lequel la participation ou l’association des forces politiques indépendantistes et non-indépendantistes à cette commission consultative sera paritaire.
Les partenaires s’accordent pour allonger la période de révision des listes, tout particulièrement pour la première année d’établissement de la liste électorale spéciale établie pour la consultation sur l’accession de la Nouvelle-Calédonie à la pleine souveraineté. L’Etat s’inspirera à cette fin de l’avis rendu par le congrès le 26 mars 2015. 

 LE PREMIER MINISTRE
Vendredi 5 juin 2015
Hôtel de Matignon