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lundi 17 août 2015

Nickel : l’exportation vers la Chine divise la Nouvelle-Calédonie


Un conflit oppose depuis deux semaines le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie aux mineurs et aux rouleurs (ceux qui transportent le minerai) à propos de l’ouverture d’un canal d’exportation de minerai de nickel à faible teneur vers la Chine. Le Comité du commerce extérieur minier (CCEM) et le Groupe de travail des présidents et signataires de l’accord de Nouméa (GTPS) ont tour à tour refusé d’octroyer des autorisations d’ex­portation vers la Chine, au motif qu’elles contrevenaient au schéma minier voté en 2009.

Diversifier les débouchés

L’australien Queensland Nickel (QNI) a durci les conditions des contrats proposés aux mineurs calédoniens tout en maintenant les volumes. Dans le même temps, il a augmenté ses approvisionnements aux Philippines, où le minerai est moins cher. Les exportations calédoniennes de latérites vers l’Australie sont de l’ordre de 2 à 2,5 millions de tonnes par an. Elles représentent un chiffre d’affaires annuel d’environ 6 milliards de francs CFP (50 millions d’euros) et un millier d’em­plois. Pour diversifier leurs débouchés, les mineurs calédoniens veulent donc se tourner vers la Chine, à l’exemple de la SLN, qui souhaite vendre 350.000 tonnes de minerai pauvre à Tsingshan, premier producteur mondial d’acier inoxydable. « Les rouleurs ont raison de craindre une baisse d’activité liée à la fragilité de QNI, aux conditions imposées à ses fournisseurs qui les obligent à travailler à perte, au manque d’alternatives commerciales, à la baisse du prix du nickel et aux difficultés financières touchant la plupart des sociétés du secteur », explique aux « Echos » Louis Ballande, le président de la Société des Mines de la Tontouta. « Nous ne voulons pas mourir », clament les banderoles accrochées aux camions, exprimant la détresse des sous-traitants qui acheminent le minerai de la mine au bord de mer et sont payés au voyage, quel que soit le type de minerai transporté.
Fort du soutien apporté par les présidents des différentes institutions du pays, le président du gouvernement, Philippe Germain, refuse de céder sous la pression. « Il faut garder le minerai pour les clients traditionnels que sont le Japon et l’Australie ainsi que les usines détenues par des intérêts calédoniens », comme celle de Gwangyang, co­entreprise du coréen Posco et de la SMSP gérée par les indépendantistes de la Province Nord, dit-il. Le chef de l’exécutif propose d’examiner la question des exportations vers la Chine dans le cadre des discussions pour l’établissement d’une « doctrine pays », prévues en 2015 et 2016.