Nos élus Provinciaux

mardi 8 septembre 2015

L’UC bouge sur le nickel

Avant de lire la nouvelle position de l'UC, un petit rappel des positions de nos leaders :
position du Président du PT le mercredi 12 août 2015
■ Rouleurs
Le parti travailliste considère qu’il faut suivre une stratégie minière de long terme, qui est de privilégier les usines calédoniennes on shore et off shore. Mais il faut dans le même temps résoudre le problème ponctuel que traversent les petits mineurs et les rouleurs. Par exemple en accordant une autorisation temporaire d’exportation vers la Chine. « Il faut éviter que les choses ne dégénèrent. »

Position du Vice-Président de l' USTKE  le vendredi 04 septembre 2015
Exportation sur la Chine
« Ouvrir une nouvelle ligne d’exportation, c’est un débat qui reste à entamer dans le cadre de la réflexion sur la stratégie minière. Nous ne sommes pas fermés vis-à-vis de cette question, explique le président par intérim du syndicat, ce qui nous intéresse, c’est que l’activité des rouleurs soit garantie. Si pour ça, il faut autoriser des exportations d’un volume déterminé et pour une durée limitée, il faut en parler. »

L’UC bouge sur le nickel

Publié le mardi 08 septembre 2015 à 03H00
Comme attendu, les membres du Groupe de travail des présidents et signataires ne se sont pas entendus sur la question électrique des exportations de latérites à destination de la Chine. Mais l’Union calédonienne a modifié sa position, et ouvre une porte.
Durant trois heures, les membres du GTPS ont échangé sur la définition et la valorisation des minerais à basse teneur.
Durant trois heures, les membres du GTPS ont échangé sur la définition et la valorisation des minerais à basse teneur.
Photo Thierry Perron
Rebelote. Comme le protocole d’accord signé le 28 août lors du conflit des rouleurs le prévoyait, les membres du Groupe de travail des présidents et signataires de l’accord de Nouméa (GTPS) se sont retrouvés, hier au haut-commissariat, autour de l’épineux dossier « nickel ».
Et à l’image de la précédente rencontre du 11 août, les acteurs autour de la table ne se sont pas entendus sur la question des demandes d’exportations de minerai à destination de la Chine. Bloc contre bloc. « C’est la deuxième fois que le GTPS est consulté sur la même chose. Qu’est-ce qu’il va y avoir de nouveau ? » soufflait un invité quelques heures avant le débat. Un petit bémol, en fait : les lignes de l’Union calédonienne ont bougé.

Doctrine. En préambule, le Syndicat des exportateurs de minerai (SEM), puis la Direction de l'industrie, des mines et de l’énergie (Dimenc), ont exposé leurs analyses sur les minerais dont la teneur en nickel est inférieure à 1,65 %.
Un stock de 21 millions de tonnes recensées aujourd’hui dans le périmètre des carrières en exploitation. Le point de la valorisation divise. Au point même d’avoir vu jaillir hier des échanges houleux entre deux des signataires, le loyaliste Pierre Frogier et l’indépendantiste Paul Néaoutyine. D’après le protocole d’accord, quatre sociétés minières ont déposé des demandes d’export de latérites vers la Chine. Les représentants de l’UNI et du Palika s’y opposent, confirmant la doctrine nickel promue dans le Nord : pas d’exportations de minerais, sauf à destination d’usines off-shore.
De même, Calédonie ensemble estime, notamment, ces sorties de produits contraires au schéma minier adopté par le Congrès à l’unanimité en mars 2009. Sur l’autre rive, les militants « Les Républicains » sont favorables aux demandes sollicitées.
Et l’Union calédonienne a hier créé un peu la surprise en modifiant sa position : d’accord pour les exportations vers l’« Empire du milieu », mais dans un temps et une quantité limités. « Ils jouent avec les limites du terrain ! » sourit un politique. « C’est plus compliqué », répond un cadre UC. Le plus vieux parti calédonien devrait préciser sa pensée devant les médias en fin de semaine. De prime abord, ce nouvel avis de l’Union calédonienne vient heurter sa résolution sur l’export de minerais adoptée au 45e congrès du mouvement, en novembre dernier à Koné.
L’organisation s’était engagée dans « l’arrêt total des exportations de minerais bruts non générateurs de plus-values pour le pays, dans un processus progressif à achever d’ici 2019 ».

Arrêt. Désormais, des mineurs « en grande difficulté », d’après des échos à l’UC, seraient donc autorisés ponctuellement à exporter, avant l’échéance, vers la nation chinoise. En clair, il ne s’agit « pas d’ouvrir des filières par exemple sur dix ans ». Ce n’est pas un grand secret, Wilfrid Maï, de MKM, est un proche de l’UC.
Suite à ces discussions électriques, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie doit maintenant ouvrir le dossier dans une semaine, mardi ou mercredi.
La nouvelle position de l’Union calédonienne, représentée par trois membres au sein de l’exécutif, peut faire pencher la balance en faveur des requêtes des sociétés minières. Les tractations se poursuivent.

L’avertissement de ContraKmine
Dans un communiqué diffusé hier soir, ContraKmine « prend acte de la décision des membres du GTPS qui ont statué favorablement aux différentes demandes d’exportations de minerais à destination de la Chine ». « Le président du gouvernement, à la sortie du GTPS, annonce, sans concertation avec les responsables du ContraKmine et du SEM, le report de la réunion du CCEM [Comité du commerce extérieur minier, NDLR], initialement prévue ce vendredi 11, au mardi 15 septembre. Nous rappelons aux personnes signataires de ce protocole de respecter leurs engagements au risque d’avoir un nouveau conflit dans le pays. Le ContraKmine marque son opposition à reporter la réunion du vendredi 11 septembre et souhaite que le président du gouvernement revienne à de meilleures intentions. Nous exigeons donc le maintien de cette réunion, comme prévu dans le calendrier.»

Réactions

Philippe Germain (CE)

« Faire évoluer le schéma minier »
« Le premier point de satisfaction est que nous sommes tous d’accord pour nous doter d’une stratégie nickel qui fasse évoluer l’actuel schéma minier.
S’agissant des demandes actuelles d’exportations, que ce soit vers la Chine ou vers le Japon, il n’y a toujours pas de consensus, ce qui montre bien que le gouvernement a eu raison de soumettre la question au GTPS et au Congrès. Cela dit, le positionnement de l’UC s’est modifié en prônant l’ouverture vers la Chine d’exportations en quantité limitée, dans une durée limitée, de sous-produits miniers dont c’est le seul débouché possible.
Mais il faudra voir dans quelle mesure cette position est compatible avec les demandes formulées par les mineurs. Il faudra que l’Union calédonienne précise les choses, auquel cas il pourrait y avoir une majorité. Si les conditions posées ne cadrent pas avec les demandes des mineurs, elles ne pourront pas être examinées en l’état. »

Victor Tutugoro (UNI)

« Des discussions assez vives »
« Nous avons examiné le document élaboré par le syndicat des exportateurs miniers et la Dimenc. Cela a donné ensuite des discussions assez vives, compte tenu de ce qui s’était dit lors des jours précédents.
Ce rapport va être transmis au gouvernement qui va l’examiner. Je retiens de cette réunion qu’il est important désormais d’élaborer très vite une stratégie à l’échelle du pays. En revanche, il n’y a pas eu de consensus sur la question des exportations vers la Chine.
Quant à la position de l’UC qui s’est modifiée sur cette question, dans l’éventualité où elle pourrait amener le gouvernement à se prononcer favorablement envers de telles exportations, c’est une mesure que nous condamnerions. On connaît le positionnement de la province Nord sur le sujet, on connaît la doctrine nickel que nous portons, et nous restons catégoriquement contre toute exportation de minerai en dehors des clients traditionnels. »

Pierre Frogier (Les Républicains)

« Sortir de cette crise »
« La question soulevée par les mineurs et les rouleurs des autorisations d’exportation de minerais vers la Chine est la conséquence d’une absence d’anticipation par les pouvoirs publics de la mutation qui s’est opérée ces dernières années, du fait de l’apparition de nouveaux opérateurs (KNS et Vale) aux côtés de l’opérateur historique :
la SLN. Une réflexion globale pour articuler, organiser et encadrer les relations entre ces trois opérateurs est seule susceptible de permettre à chacun des acteurs de trouver leur place (mineurs, rouleurs, industriels). En attendant l’aboutissement d’un tel schéma, pour lequel je ferai des propositions prochainement, je réaffirme la nécessité d’autoriser temporairement les exportations de latérites vers la Chine limitées en volume, en teneur et dans le temps pour sortir de cette crise et préserver notre secteur minier et industriel. »

Roch Wamytan (UC)

« Une durée très limitée »
« L’Union calédonienne a arrêté la position suivante. D’abord nous défendons la doctrine nickel du FLNKS qui a été mise en place en province Nord (contrôle de la ressource et des outils de valorisation).
Maintenant, il y a le problème conjoncturel mis à jour par le conflit des rouleurs.
Nous avons des familles, des militants qui traversent des difficultés et que nous devons écouter. Le document fourni par la Dimenc nous montre qu’il y a des sous-produits dans les verses, dans les curages et les décharges, qui ne peuvent être exportés que vers la Chine. Nous sommes d’accord pour que ça puisse se faire sur des volumes et sur une durée limités.
Ça ne revient pas à piller la ressource ni à contredire notre stratégie, qui consiste à aller vers l’arrêt progressif des exportations de nickel à l’horizon 2019. Et, bien sûr, ce serait reconsidéré si le partenariat entre la SMSP et le Chinois Jinchuan venait à se concrétiser. »

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