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dimanche 17 janvier 2016

Jeunesse : un problème de fond à traiter en urgence, Alcool à qui profite le crime ?


Publié le samedi 16 janvier 2016

Dans un cas sur deux, les responsables d’un accident mortel ont moins de 25 ans. Et dans la majorité des drames de la route, alcool et vitesse sont en cause.

Malgré les campagnes réalisées et la présence des forces de l’ordre, le bilan de l’accidentologie reste dramatique.
Malgré les campagnes réalisées et la présence des forces de l’ordre, le bilan de l’accidentologie reste dramatique.
Photo Archives LNC

«Tandis que la Nouvelle-Calédonie s’engage sur le chemin de l’avenir, qu’elle se prépare à prendre la parole sur la question fondamentale de son avenir institutionnel, qu’elle réfléchit en termes d’avenir économique, a-t-elle pris la mesure des difficultés que rencontre une partie importante de sa jeunesse ? Je n’en suis pas convaincu. (...) Pour autant, la situation demeure, je pense, préoccupante. Préoccupante parce que certains des problèmes que rencontre la société calédonienne frappent particulièrement sa jeunesse et hypothèque l’avenir : l’alcoolisme, les addictions diverses, l’insécurité routière, la délinquance aussi dans une certaine mesure. » Cette partie du discours prononcé par le haut-commissaire, Vincent Bouvier, lors de la présentation de ses vœux, mercredi dernier, fait mouche. Et résume à elle seule les réelles difficultés évoquées par les forces de l’ordre. La délinquance routière est le reflet d’un malaise. Sur la route, un responsable d’accident mortel sur deux a moins de 25 ans.

Les institutions travaillent
Sur les vingt-deux qui étaient au volant, treize avaient consommé de l’alcool ou des stupéfiants et neuf n’étaient pas titulaires du permis de conduire. Ils représentent 43 % des tués sur la route. « Les institutions travaillent toujours à l'adoption de mesures visant à réduire la consommation d’alcool notamment chez les jeunes », rappelait, en fin d’année, Heïdi Hénin, « Madame sécurité routière ».
L’ASS-NC (Agence sanitaire et sociale) a lancé le 8 décembre dernier une grande campagne afin de tordre le cou aux idées reçues sur l’alcool. Certains acteurs de la sécurité routière expriment leur désarroi. Qualifiant les mesures mises en place de clairement insuffisantes. Les contrôles routiers des forces de police et de gendarmerie, dissuasifs et souvent visibles, se sont multipliés en 2015, après une année catastrophique. Mais le bilan reste lourd. Et le problème semble ne pas pouvoir être traité qu’en surface, il faut également se pencher sur le fond.

L’alcool et les jeunes à l’hôpital
Dans nos colonnes, l’intersyndicale du CHT tirait la sonnette d’alarme le 23 décembre. L’alcool est trop étroitement lié aux admissions à l’hôpital. « C’est d’autant plus tragique que ce sont les forces vives de la Calédonie qui se tuent : les jeunes, pas les vieux, alertait Gérald Pochard, chef du service des urgences. On ne mesure pas la gravité de la chose, les réponses sont possibles, les politiques le savent. » Tous les week-ends, cinq ou six polytraumatisés sont hospitalisés en urgence. « Les mesures de restriction des débits de boisson n’ont pas eu d’effet sur l’alcoolisation massive et isolée des jeunes », constate Cécile Etevenard. Pour cette urgentiste depuis vingt ans au CHT Gaston-Bourret, la consommation d’alcool, notamment au volant, est profondément « ancrée dans les mœurs ». Et le fameux plan quinquennal de la sécurité routière dans tout ça ? Un bilan des actions mises en place au cours de l’année 2015 devrait être présenté dans les jours à venir.

Prévention routière : « C’est un résultat scandaleux »

 

Pour le président de l’Association pour la prévention routière, « la bataille n’est pas menée sur le terrain prioritaire, à savoir le Nord, qui commence à Tontouta », claque Gilles Pallix, son président, manifestement remonté. « Le résultat de cette année 2015 est juste scandaleux ! », assène-t-il, pointant du doigt l’absence de plan média de sensibilisation, notamment sur le port de la ceinture. Au cours de l’année, une action de sensibilisation a d’ailleurs été réalisée. Deux animateurs salariés et deux bénévoles à mi-temps se sont déplacés dans les stations-service en distribuant des prospectus.



Heïdi Hénin, Mme sécurité, est « satisfaite »

Pour Heïdi Hénin, « Madame sécurité routière », « le bilan est plus que satisfaisant et reflète, quoi qu’on en dise, le résultat d’un travail en commun. Néanmoins, nous sommes conscients que ce bilan est fragile ; le comportement des usagers de la route doit encore évoluer. À ma prise de fonctions, en décembre 2014, cinq actions avaient été mises en place. Au 1er décembre ce ne sont pas moins de trente actions différentes qui ont été réalisées ou engagées. Un bilan complet et détaillé sera fait à la rentrée. »





 

De la sensibilisation en entreprise

SECURITÉ. Comme Moïse et Emmanuel, certains survivants de la route ont décidé de venir dans les entreprises raconter leur quotidien depuis qu’ils ont été grièvement blessés après avoir pris le volant sous l’empire d’un état alcoolique. Un travail de sensibilisation entrepris par les gendarmes partout sur le Caillou. 
Guillaume Chanudet, commandant de la gendarmerie, chargé de la sécurité et de la circulation routière, travaille assidûment à cette sensibilisation, notamment pour rappeler les dangers de l’alcool et des stupéfiants au volant. Mais comme les autres acteurs de la route, il est catégorique : « Si tout le monde portait la ceinture, on pourrait diviser par deux le nombre de morts. »
(Photo J.-A. G.-L.)