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mercredi 27 janvier 2016

La Nouvelle-Calédonie : "un royaume du nickel" et "une colonie française" qui perdent de l’argent, selon l’agence Bloomberg

Selon la première agence d’information financière mondiale, les producteurs de nickel refusent de baisser leur production. En Nouvelle-Calédonie, chacun des acteurs espérerait ainsi "tenir plus longtemps que ses rivaux" malgré un niveau de prix au plus bas depuis 12 ans et des pertes énormes.
Le complexe industriel du Koniambo en Nouvelle-Calédonie. © Alain Jeannin
© Alain Jeannin Le complexe industriel du Koniambo en Nouvelle-Calédonie.

L’article de Bloomberg en date du 22 janvier dernier décrit tout d’abord une production calédonienne de nickel qui serait devenue une compétition pour voir qui peut « surmonter l’angoisse » de pertes abyssales. « Nulle part, la tension sur les prix et les pertes du secteur du nickel n’est aussi aiguë qu’en Nouvelle-Calédonie » poursuit Bloomberg qui précise que le territoire est une « ancienne colonie pénale napoléonienne. »

A lire Bloomberg, la Nouvelle-Calédonie  serait un cas emblématique de mauvaise gestion de la ressource en dépit de ses énormes réserves de nickel. Alors que le cours du nickel est sous la barre des 8.000 dollars la tonne, le brésilien Vale, cité par l’agence, estimerait son coût de production à 20.000 dollars la tonne pour 2015, tandis que l’analyste Wood Mackenzie à Londres évoquerait 33.000 dollars la tonne pour l’usine du Koniambo de Glencore. Ces deux derniers chiffres sont contestés par un expert du nickel en Nouvelle-Calédonie. Joint par La1ere.fr, il déclare, sous couvert d’anonymat, « c’est énorme, je suis assez sceptique notamment au sujet du coût opératoire de Koniambo à 33.000 dollars la tonne. Si c’était le cas, on pourrait parler de faillite pour Glencore en Nouvelle-Calédonie. »
 

Eramet et SLN : trop petits ou trop français ? 

Dans la suite du récit de Bloomberg, et selon la banque Morgan Stanley cité par l’agence financière américaine, les autres producteurs mondiaux n’ont pas réduit leur production de nickel de façon significative puisqu'ils attendent que les usines « à coût prohibitif » de la Nouvelle-Calédonie arrêtent d’abord leur production. « Si l’un des deux complexes industriels calédoniens, Vale ou Glencore, cessait son activité cela suffirait à équilibrer le marché mondial et donc à faire remonter les cours du nickel. »

Notons que l'agence américaine ne parle pas du groupe français Eramet ni de sa filliale calédonienne SLN alors qu'ils sont les opérateurs historiques du nickel sur le territoire. Trop petits ou trop français ? Signalons encore que l’agence américaine estime la population calédonienne « dans la colonie française » à 100.000 personnes, alors que le chiffre réel est supérieur à 260.000 !
 

Sérieux problèmes technique

Le papier de Bloomberg rappelle que l’usine du Koniambo a été autorisée par l’ancien président Charles de Gaulle en 1966, qu’elle n’a démarré sa production qu’en 2013, et qu’elle produit beaucoup moins que prévu, en raison de sérieux problèmes techniques. Du côté de Vale, Bloomberg souligne une augmentation de production de nickel de 50 % en 2015 et de nouveau, une hausse de 50 % prévue en 2016. Bloomberg reconnaît cependant que fermer une mine en Nouvelle-Calédonie serait difficile et cher, et surtout des usines construites au fil des décennies qui emploient des milliers de gens.

A la fin de l’article envoyé aux investisseurs mondiaux et clients de Bloomberg, l’agence cite la responsable des métaux de la multinationale Vale qui possède l’usine de Goro en Nouvelle-Calédonie : « C’est un véritable challenge de faire du business en Nouvelle-Calédonie et nous savons que la patience de tous nos investisseurs à des limites ainsi que notre patience à nous. » Des propos tenus à des financiers du marché du nickel, en décembre dernier à Londres. Jennifer Maki, directeur de la branche métaux de base de Vale, aurait déclaré en conclusion : « Nous sommes en train de revoir nos options en Nouvelle-Calédonie. » Et c’est sans doute aussi le souhait de l’agence Bloomberg qui reflète, dans ses analyses, l’opinion dominante des investisseurs londoniens de la Bourse mondiale des métaux de Londres, le LME.