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mercredi 17 février 2016

L’État français s’est engagé à soutenir la SLN et à permettre la construction de la nouvelle centrale électrique au chardon de son usine de Doniambo.

Nickel calédonien : Loïk Le Floch-Prigent critique la stratégie d’Eramet, la direction du groupe minier lui répond

Dans son livre "La bataille de l’industrie" paru aux éditions Jacques Marie Laffont, l’ancien patron du groupe Elf rend hommage aux pères de l’industrie française. Dans une interview publiée par Paris Match, il critique la stratégie du groupe Eramet en Nouvelle-Calédonie.
Loïk Le Floch-Prigent, chez lui, en 2012 © FRED TANNEAU / AFP


Eramet devrait annoncer, mercredi 17 février au soir, un chiffre d’affaires en net recul. Le contexte est particulièrement sensible en Nouvelle-Calédonie, avec entre autres, les pertes importantes de la Société Le Nickel. La filiale calédonienne d’Eramet perd près de 20 millions d’euros par mois. Le groupe minier et métallurgique français n’a pas échappé aux effets dévastateurs de l’effondrement du prix de la tonne de nickel qui a perdu 44 % en 2015, pour s’échanger à 8 000 dollars en moyenne à Londres.

Du pétrole au nickel, un combat pour l'industrie française

Pour Loïk Le Floch-Prigent la crise du nickel n’explique pas l’effondrement d’Eramet. L’ancien patron d’Elf estime qu’il n’a pas vraiment de complexes à avoir quand il propose notamment la création d’un fonds d’investissement pour le nickel en Nouvelle-Calédonie. Reste la question de la stratégie et de la gestion par Eramet de son activité minière et industrielle sur le Territoire : "l’État vient de se rendre compte de la gestion calamiteuse de la société, dans laquelle il est pourtant actionnaire à hauteur de 30 %" (…) En 2010, l’entreprise était saine, aujourd’hui elle a perdu 40 fois sa valeur", a-t-il déclaré dans Paris-Match. Pour Loïk Le Floch-Prigent, les dirigeants d’Eramet auraient préféré des investissements hasardeux à des travaux indispensables aux structures existantes en Nouvelle-Calédonie. En filigrane apparaît une critique du report de la construction de la centrale électrique de la SLN, un dossier pourtant présenté comme prioritaire par l’entreprise dès 2007.

La direction d’Eramet répond à Loïk Le Floch-Prigent

La polémique enfle depuis la parution de l’article le 13 février dernier. La direction d’Eramet a riposté : "Le groupe Eramet ne s’est lancé dans aucun 'investissement hasardeux', en dépit de ce qu’affirme M. Le Floch Prigent, mais, au contraire, a toujours privilégié l’amélioration de son outil industriel, le maintien de la compétitivité de ses sites qui emploient près de 14 000 personnes dont 5 000 en France (…) La Nouvelle-Calédonie a, elle aussi, fait l’objet d’investissements forts, puisque le groupe Eramet y a réinvesti dans l’outil industriel, via sa filiale SLN, plus d’1,3 milliard d’euros au cours des quinze dernières années. La France, enfin, a bénéficié, ces dernières années, de plus de 150 millions d’euros d’investissements stratégiques".
Une polémique qui risque de ne pas s’éteindre de sitôt. D’autant plus avec la venue du Premier ministre Manuel Valls, qui se rendra début mars à Nouméa. Rappelons juste que l’État s’est engagé à soutenir la SLN et à permettre la construction de la nouvelle centrale électrique de son usine de Doniambo. Une information communiquée le samedi 6 février à l’occasion de la réunion du Comité des Signataires de l’accord de Nouméa consacré au nickel.