Capital d’Eramet : l’Etat presse à une augmentation
Publié le jeudi 07 avril 2016
Le scénario est bien à l’étude à Paris. La
famille Duval, principale actionnaire du groupe, dément et tente de
gagner du temps. Mais la santé fragile d’Eramet et l’aspect politique du
dossier pourraient emporter la décision.
Officiellement, les discussions autour de l’avenir
d’Eramet sont ouvertes entre l’Etat et la famille Duval, principale
actionnaire du groupe avec 37 % du capital.
Après les déclarations d’intention du dernier Comité des
signataires, l’annonce puis la mise en œuvre d’un nouveau plan
d’économies, Eramet s’apprête-t-il à franchir un nouveau cap en
procédant à une augmentation de capital ? C’est ce que laisse entendre
une information révélée lundi par La Lettre de l’Expansion, selon
laquelle des discussions en ce sens se tiendraient entre la famille
Duval, principale actionnaire du groupe avec 37,06 % du capital, et
l’Agence des Participations de l’Etat (APE), bras armé de Bercy et
gestionnaire des 27 % détenus par l’actionnaire public (Notre édition de
mardi).
Cette hypothèse n’est pas nouvelle. Et cette issue reste
privilégiée des analystes. La montée en puissance de la voix de l’APE au
sein du conseil d’administration du groupe métallurgique et minier
depuis le début de l’année avait déjà marqué la volonté de l’Etat de
reprendre la main dans le dossier, considéré sur le plan politique comme
« hautement stratégique ».
Les discussions entre l’Etat et les
Duval ne remontent toutefois pas aux derniers jours. « Cela fait des
mois que les parties discutent », confirme une source. Objet des
discussions : « une augmentation de capital, oui, mais pas uniquement.
Les échanges portent sur tout ce qui peut permettre de passer cette
période extrêmement difficile pour le groupe comme pour la SLN. »
Élection présidentielle
La
volonté de l’Etat de monter au capital du groupe, si elle se confirme,
serait un puissant marqueur de son engagement dans le dossier
calédonien. Notamment au regard de l’état des finances publiques. Mais
comme il est d’usage de lâcher un peu la bride en vue de l’élection
présidentielle et que le dossier calédonien peut à tout moment venir
polluer la fin de mandat de François Hollande, l’hypothèse reprend du
poids à mesure qu’approche 2017. Au-delà du versant politique, s’impose
l’aspect industriel, technique. Le nickel et les alliages ont des
applications stratégiques, notamment dans la Défense. L’Etat connaît
l’enjeu.
Quelle pourrait être l’ampleur de cette augmentation de
capital ? Difficile à dire. Un signal est visible : début 2018, Eramet
doit faire face à une échéance de la dette chiffrée à 987 millions
d’euros. Près de 120 milliards de francs. Colossal.
Pire scénario
Du
côté de la famille Duval, l’augmentation de capital relève, en
revanche, du pire scénario. Toute opération de ce type entraînerait de
fait une dilution de la part familiale et une perte probable du contrôle
jusque-là exercé sur la gouvernance du groupe. Eramet a d’ailleurs
envoyé au front son directeur général adjoint en charge des finances,
Thomas Devedjian, qui a assuré au journal L’Opinion qu’il n’y avait «
pas de projet d’augmentation de capital à l’étude ».
Eminemment
politique, le dossier Eramet/SLN fait aujourd’hui l’objet d’un
traitement spécifique au niveau de l’Etat. À Bercy la conduite des
discussions avec la famille Duval, à Matignon la coordination des
discussions et à l’Elysée la charge d’assurer les arbitrages. Le
calendrier pourrait conduire à une décision rapide, qui coïnciderait
avec la visite du Premier ministre Manuel Valls sur le Caillou, à la fin
du mois.
La STCPI à la croisée des chemins
Tant
dans Eramet qu’à la SLN, la position de la Société territoriale
calédonienne de participation industrielle est observée de près.
Son sigle est entendu aujourd’hui, autant lors de réunions de financiers que dans l’arène politique. La joute verbale fut d’ailleurs animée à la province Sud vendredi, sur le cas de la Société territoriale calédonienne de participation industrielle. Les élus Les Républicains ont souhaité « être éclairés sur la situation financière actuelle de la STCPI afin de mesurer sa capacité à participer (aux) financements en tant qu’actionnaire détenant 34 % du capital de la SLN, conformément à la demande du groupe Eramet ». L’intention peut être double. À la fois connaître effectivement la trésorerie de cette entité détenue par les trois provinces calédoniennes, et de fait, identifier son potentiel de soutien, mais aussi dénoncer à nouveau, par effets ricochet, la revendication - portée par le FLNKS et Calédonie ensemble - d’une montée de la Nouvelle-Calédonie à 51 % dans le capital de la SLN.
Il y a quelque temps, le président-directeur général d’Eramet, Patrick Buffet, a fait le tour des actionnaires de la Société-Le Nickel, pour suggérer « une mise au pot ». L’idée : rassembler des fonds en vue de la construction de l’« Arlésienne » centrale électrique de Doniambo, un investissement de près de 100 milliards de francs. Quelle a été la réponse de la STCPI, société qui a touché de confortables dividendes lors des années fastes ? Quel est son cap désormais ?
Contacté, son président André Dang procède à diverses consultations à l’heure actuelle, et préfère réserver ses commentaires.
La STCPI dispose en outre d’une participation de 4 % au sein d’Eramet. L’éventuelle augmentation de capital risque-t-elle de la diluer ? Tout comme pour la part dans la SLN, la réponse tendrait a priori vers la négative. Car cette présence calédonienne a des reflets tout de même très politiques.
Y.M.
Son sigle est entendu aujourd’hui, autant lors de réunions de financiers que dans l’arène politique. La joute verbale fut d’ailleurs animée à la province Sud vendredi, sur le cas de la Société territoriale calédonienne de participation industrielle. Les élus Les Républicains ont souhaité « être éclairés sur la situation financière actuelle de la STCPI afin de mesurer sa capacité à participer (aux) financements en tant qu’actionnaire détenant 34 % du capital de la SLN, conformément à la demande du groupe Eramet ». L’intention peut être double. À la fois connaître effectivement la trésorerie de cette entité détenue par les trois provinces calédoniennes, et de fait, identifier son potentiel de soutien, mais aussi dénoncer à nouveau, par effets ricochet, la revendication - portée par le FLNKS et Calédonie ensemble - d’une montée de la Nouvelle-Calédonie à 51 % dans le capital de la SLN.
Il y a quelque temps, le président-directeur général d’Eramet, Patrick Buffet, a fait le tour des actionnaires de la Société-Le Nickel, pour suggérer « une mise au pot ». L’idée : rassembler des fonds en vue de la construction de l’« Arlésienne » centrale électrique de Doniambo, un investissement de près de 100 milliards de francs. Quelle a été la réponse de la STCPI, société qui a touché de confortables dividendes lors des années fastes ? Quel est son cap désormais ?
Contacté, son président André Dang procède à diverses consultations à l’heure actuelle, et préfère réserver ses commentaires.
La STCPI dispose en outre d’une participation de 4 % au sein d’Eramet. L’éventuelle augmentation de capital risque-t-elle de la diluer ? Tout comme pour la part dans la SLN, la réponse tendrait a priori vers la négative. Car cette présence calédonienne a des reflets tout de même très politiques.
Y.M.
2 milliards de francs C’est la perte mensuelle subie actuellement
par la SLN.
Depuis décembre 2015, Eramet fait les fins de mois de la Société-Le Nickel.
par la SLN.
Depuis décembre 2015, Eramet fait les fins de mois de la Société-Le Nickel.
Repères
Au Comité de Paris
« Les partenaires calédoniens et l’Etat, en ce qui concerne la SLN, font part de leur forte mobilisation face à la dégradation de la situation. Les partenaires calédoniens relèvent que l’Etat, actionnaire de référence d’Eramet, s’impliquera résolument dans la recherche de solutions aussi bien sur le plan des investissements indispensables à l’entreprise que sur celui des financements nécessaires à sa pérennité, conformément aux engagements du président de la République. L’Etat s’emploiera avec détermination à faire émerger une stratégie partagée entre les différents acteurs concernés », a indiqué la déclaration commune sur le nickel, lors du XIVe Comité des signataires de l’accord de Nouméa, le samedi 6 février dernier.
Au programme
Annoncé, d’après une source proche de Matignon, du 29 avril au 1er mai en Nouvelle-Calédonie, le Premier ministre Manuel Valls devrait visiter la SLN le premier jour de son déplacement, le vendredi, dans l’après-midi. Un discours - sur les aides envisagées pour la SLN et Eramet ? - pourrait intervenir en fin de séquence à Doniambo.
source
Le métallurgiste japonais se fixe un objectif annuel de
production de 150 000 tonnes de nickel. Mais il se désengage de
Nouvelle-Calédonie. La multinationale brésilienne Vale, déjà
majoritaire, accentue sa position sur le site hydrométallurgique de Goro
La société minière et métallurgique Sumitomo Metal Mining a vendu
le 29 mars dernier, la totalité des actions (7,6 %) qu’elle détenait
dans le complexe industriel de nickel de Vale Nouvelle-Calédonie (VNC).
C’est l’entité Vale (INCO) Canada, dont le siège est à Toronto, qui les a
rachetées précise le Metal Bulletin de Londres dans une dépêche. La
négociation s’est finalisée à Amsterdam au siège de la Holding Sumic
Nickel Netherland qui détenait les parts du groupe japonais dans Vale
NC.
« Les partenaires calédoniens et l’Etat, en ce qui concerne la SLN, font part de leur forte mobilisation face à la dégradation de la situation. Les partenaires calédoniens relèvent que l’Etat, actionnaire de référence d’Eramet, s’impliquera résolument dans la recherche de solutions aussi bien sur le plan des investissements indispensables à l’entreprise que sur celui des financements nécessaires à sa pérennité, conformément aux engagements du président de la République. L’Etat s’emploiera avec détermination à faire émerger une stratégie partagée entre les différents acteurs concernés », a indiqué la déclaration commune sur le nickel, lors du XIVe Comité des signataires de l’accord de Nouméa, le samedi 6 février dernier.
Au programme
Annoncé, d’après une source proche de Matignon, du 29 avril au 1er mai en Nouvelle-Calédonie, le Premier ministre Manuel Valls devrait visiter la SLN le premier jour de son déplacement, le vendredi, dans l’après-midi. Un discours - sur les aides envisagées pour la SLN et Eramet ? - pourrait intervenir en fin de séquence à Doniambo.
source
Nouvelle-Calédonie : Sumitomo quitte Vale et le nickel de l’usine du Sud. La négociation s’est faite à Amsterdam.
- Publié le 11/04/2016
© Alain Jeannin
Négociations discrètes autour du prix d'un contrat de nickel à Londres