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mardi 12 avril 2016

Dossier Nickel avant l'arrivée de valls

Capital d’Eramet : l’Etat presse à une augmentation

Publié le jeudi 07 avril 2016
Le scénario est bien à l’étude à Paris. La famille Duval, principale actionnaire du groupe, dément et tente de gagner du temps. Mais la santé fragile d’Eramet et l’aspect politique du dossier pourraient emporter la décision.
Officiellement, les discussions autour de l’avenir d’Eramet sont ouvertes entre l’Etat et la famille Duval, principale actionnaire du groupe avec 37 % du capital.
Officiellement, les discussions autour de l’avenir d’Eramet sont ouvertes entre l’Etat et la famille Duval, principale actionnaire du groupe avec 37 % du capital.

Après les déclarations d’intention du dernier Comité des signataires, l’annonce puis la mise en œuvre d’un nouveau plan d’économies, Eramet s’apprête-t-il à franchir un nouveau cap en procédant à une augmentation de capital ? C’est ce que laisse entendre une information révélée lundi par La Lettre de l’Expansion, selon laquelle des discussions en ce sens se tiendraient entre la famille Duval, principale actionnaire du groupe avec 37,06 % du capital, et l’Agence des Participations de l’Etat (APE), bras armé de Bercy et gestionnaire des 27 % détenus par l’actionnaire public (Notre édition de mardi).
Cette hypothèse n’est pas nouvelle. Et cette issue reste privilégiée des analystes. La montée en puissance de la voix de l’APE au sein du conseil d’administration du groupe métallurgique et minier depuis le début de l’année avait déjà marqué la volonté de l’Etat de reprendre la main dans le dossier, considéré sur le plan politique comme « hautement stratégique ».
Les discussions entre l’Etat et les Duval ne remontent toutefois pas aux derniers jours. « Cela fait des mois que les parties discutent », confirme une source. Objet des discussions : « une augmentation de capital, oui, mais pas uniquement. Les échanges portent sur tout ce qui peut permettre de passer cette période extrêmement difficile pour le groupe comme pour la SLN. »

Élection présidentielle
La volonté de l’Etat de monter au capital du groupe, si elle se confirme, serait un puissant marqueur de son engagement dans le dossier calédonien. Notamment au regard de l’état des finances publiques. Mais comme il est d’usage de lâcher un peu la bride en vue de l’élection présidentielle et que le dossier calédonien peut à tout moment venir polluer la fin de mandat de François Hollande, l’hypothèse reprend du poids à mesure qu’approche 2017. Au-delà du versant politique, s’impose l’aspect industriel, technique. Le nickel et les alliages ont des applications stratégiques, notamment dans la Défense. L’Etat connaît l’enjeu.
Quelle pourrait être l’ampleur de cette augmentation de capital ? Difficile à dire. Un signal est visible : début 2018, Eramet doit faire face à une échéance de la dette chiffrée à 987 millions d’euros. Près de 120 milliards de francs. Colossal.

Pire scénario
Du côté de la famille Duval, l’augmentation de capital relève, en revanche, du pire scénario. Toute opération de ce type entraînerait de fait une dilution de la part familiale et une perte probable du contrôle jusque-là exercé sur la gouvernance du groupe. Eramet a d’ailleurs envoyé au front son directeur général adjoint en charge des finances, Thomas Devedjian, qui a assuré au journal L’Opinion qu’il n’y avait « pas de projet d’augmentation de capital à l’étude ».
Eminemment politique, le dossier Eramet/SLN fait aujourd’hui l’objet d’un traitement spécifique au niveau de l’Etat. À Bercy la conduite des discussions avec la famille Duval, à Matignon la coordination des discussions et à l’Elysée la charge d’assurer les arbitrages. Le calendrier pourrait conduire à une décision rapide, qui coïnciderait avec la visite du Premier ministre Manuel Valls sur le Caillou, à la fin du mois.
La STCPI à la croisée des chemins
Tant dans Eramet qu’à la SLN, la position de la Société territoriale calédonienne de participation industrielle est observée de près.
Son sigle est entendu aujourd’hui, autant lors de réunions de financiers que dans l’arène politique. La joute verbale fut d’ailleurs animée à la province Sud vendredi, sur le cas de la Société territoriale calédonienne de participation industrielle. Les élus Les Républicains ont souhaité « être éclairés sur la situation financière actuelle de la STCPI afin de mesurer sa capacité à participer (aux) financements en tant qu’actionnaire détenant 34 % du capital de la SLN, conformément à la demande du groupe Eramet ». L’intention peut être double. À la fois connaître effectivement la trésorerie de cette entité détenue par les trois provinces calédoniennes, et de fait, identifier son potentiel de soutien, mais aussi dénoncer à nouveau, par effets ricochet, la revendication - portée par le FLNKS et Calédonie ensemble - d’une montée de la Nouvelle-Calédonie à 51 % dans le capital de la SLN.
Il y a quelque temps, le président-directeur général d’Eramet, Patrick Buffet, a fait le tour des actionnaires de la Société-Le Nickel, pour suggérer « une mise au pot ». L’idée : rassembler des fonds en vue de la construction de l’« Arlésienne » centrale électrique de Doniambo, un investissement de près de 100 milliards de francs. Quelle a été la réponse de la STCPI, société qui a touché de confortables dividendes lors des années fastes ? Quel est son cap désormais ?
Contacté, son président André Dang procède à diverses consultations à l’heure actuelle, et préfère réserver ses commentaires.
La STCPI dispose en outre d’une participation de 4 % au sein d’Eramet. L’éventuelle augmentation de capital risque-t-elle de la diluer ? Tout comme pour la part dans la SLN, la réponse tendrait a priori vers la négative. Car cette présence calédonienne a des reflets tout de même très politiques.
Y.M.
milliards de francs C’est la perte mensuelle subie actuellement
par la SLN.
Depuis décembre 2015, Eramet fait les fins de mois de la Société-Le Nickel.
Repères
Au Comité de Paris
« Les partenaires calédoniens et l’Etat, en ce qui concerne la SLN, font part de leur forte mobilisation face à la dégradation de la situation. Les partenaires calédoniens relèvent que l’Etat, actionnaire de référence d’Eramet, s’impliquera résolument dans la recherche de solutions aussi bien sur le plan des investissements indispensables à l’entreprise que sur celui des financements nécessaires à sa pérennité, conformément aux engagements du président de la République. L’Etat s’emploiera avec détermination à faire émerger une stratégie partagée entre les différents acteurs concernés », a indiqué la déclaration commune sur le nickel, lors du XIVe Comité des signataires de l’accord de Nouméa, le samedi 6 février dernier.
Au programme
Annoncé, d’après une source proche de Matignon, du 29 avril au 1er mai en Nouvelle-Calédonie, le Premier ministre Manuel Valls devrait visiter la SLN le premier jour de son déplacement, le vendredi, dans l’après-midi. Un discours - sur les aides envisagées pour la SLN et Eramet ? - pourrait intervenir en fin de séquence à Doniambo.
source


Nouvelle-Calédonie : Sumitomo quitte Vale et le nickel de l’usine du Sud. La négociation s’est faite à Amsterdam.

  • Publié le 11/04/2016
Le métallurgiste japonais se fixe un objectif annuel de production de 150 000 tonnes de nickel. Mais il se désengage de Nouvelle-Calédonie. La multinationale brésilienne Vale, déjà majoritaire, accentue sa position sur le site hydrométallurgique de Goro
Négociations discrètes autour du prix d'un contrat de nickel à Londres © Alain Jeannin
© Alain Jeannin Négociations discrètes autour du prix d'un contrat de nickel à Londres

La société minière et métallurgique Sumitomo Metal Mining a vendu le 29 mars dernier, la totalité des actions (7,6 %) qu’elle détenait dans le complexe industriel de nickel de Vale Nouvelle-Calédonie (VNC). C’est l’entité Vale (INCO) Canada, dont le siège est à Toronto, qui les a rachetées précise le Metal Bulletin de Londres dans une dépêche. La négociation s’est finalisée à Amsterdam au siège de la Holding Sumic Nickel Netherland qui détenait les parts du groupe japonais dans Vale NC.

Séparation à l'amiable

Dans son communiqué de presse, Sumitomo précise sobrement les raisons de son désengagement : « Vale Nouvelle-Calédonie n’a pas pu répondre à nos besoins en production commerciale de nickel ». Et de poursuivre : « Nous favoriserons l’expansion d’autres sites industriels, mais aussi le développement de nouveaux projets » sans plus de précisions. Le montant de la cession par Sumitomo de ses 7,6 % d’actions Vale NC se monte à 70 millions de dollars. « On peut donc en déduire que l’usine de Goro vaut aujourd’hui un peu plus d’un milliard de dollars » précise un analyste londonien joint par La1ere.fr. Un expert parisien du dossier ne voit pas de conséquences immédiates à cette cession d’actifs par Sumitomo : « On peut noter le départ des Japonais et en conséquence la montée de la participation de Vale (peut-être un signe de confiance) qui détiendrait désormais 95 % de l’usine du Sud ».

Pour le nickel, un lundi au soleil

Le complexe industriel VNC plus connu sous le nom de « Goro-Nickel » vise un objectif de 38 000 tonnes cette année, contre 30 800 en 2015. À pleine capacité, il devrait produire 60 000 tonnes de nickel. Les résultats financiers de Vale au quatrième semestre 2015 ont été impactés par un déficit de 107 millions de dollars en Nouvelle-Calédonie. Ce lundi soir à Londres, le prix de la tonne de nickel était en hausse de 0,70 % à 8 608 dollars, dans un environnement favorable à la demande et aux trois groupes métallurgiques présents en Nouvelle-Calédonie. À la bourse de Paris, l’action Vale enregistrait une hausse de 5,85 %. Eramet progressait de 4,32 % et Glencore de 3,03 %.