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jeudi 1 septembre 2016

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Tchernobyl : du nickel calédonien pour confiner la radioactivité

C’est un chantier unique au monde. En Ukraine, un peu plus de trente ans après la plus grave catastrophe nucléaire de l’histoire, une immense charpente métallique en acier inoxydable au nickel va confiner le réacteur accidenté. Elle pèse plus de 25.000 tonnes.
Enceinte de confinement en acier inoxydable et nickel du sarcophage nucléaire de Tchernobyl en Ukraine © Droits réservés
© DROITS RÉSERVÉS Enceinte de confinement en acier inoxydable et nickel du sarcophage nucléaire de Tchernobyl en Ukrainesourand
Le 26 avril 1986 à 1 h 23 du matin, le réacteur numéro 4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl explosait. A une centaine de kilomètres au nord de Kiev, le site atomique porte encore les stigmates du cataclysme. Un consortium français conduit par Bouygues et Vinci finalise la nouvelle enceinte de protection conçue pour durer un siècle. Cette arche immense est en acier inoxydable, elle contient du nickel de haute pureté produit en Nouvelle-Calédonie.
 

Du SLN 25 pour Tchernobyl

Le grand chantier en cours est celui de la nouvelle enceinte de confinement. Elle doit recouvrir le vieux sarcophage qui entoure le réacteur éventré. L’arche d’acier inoxydable de Tchernobyl contiendra plus de 3000 tonnes de nickel. Pour ce défi hors norme, il fallait utiliser un alliage de grande pureté. L’aciériste européen Aperam a fait appel principalement à la SLN et à Eramet. Plus de 500 containers de nickel SLN25 ont été acheminés par voie maritime de Nouméa à Anvers. Puis par camion jusqu’à Charleroi. À la sortie des fours électriques, les énormes bobines ou « coils » d’inox mesurent 1000 mètres de long et pèsent plus de 20 tonnes chacune.

© Alain Jeannin. Acier inoxydable APERAM au nickel SLN 25 Eramet
© Alain Jeannin. Acier inoxydable APERAM au nickel SLN 25 Eramet

Dans la codification industrielle et métallurgiques, les séries 304 et 316L contiennent un minimum de 10 % de nickel. Après les forges de Charleroi en Belgique, les bobines ont été transportées puis assemblées sur le chantier de Tchernobyl en Ukraine. La série 316L servira d’isolant pour la tranche supérieure de ce sandwich très particulier. La série 304 est celle qui contient le SLN 25. Elle servira de revêtement intérieur non-magnétique pour éviter l’accumulation de poussière contaminée. 
Sur place, en Ukraine, un contingent spécial de 2 500 spécialistes travaille à l’édification de l’ouvrage monumental, la couverture métallique de la centrale nucléaire. Ces travailleurs de l’extrême s’affairent sous l’arche d’acier, dont le site d’assemblage, à 300 mètres du réacteur, a été assaini et recouvert de béton. La radioactivité est relativement faible, sauf à proximité du réacteur numéro 4 dont l’accès est limité et sécurisé.
 

Il fallait le meilleur acier inoxydable

Le chantier titanesque se situe à quelques centaines de mètres du lieu où s’est produit le plus grave accident nucléaire de l’histoire. L’intérêt du nickel calédonien dans l’inox de la structure ? « Le nickel va optimiser la résistance de l’acier inoxydable et lui permettre de résister aux aléas climatiques, de plus ses qualités mécaniques et physiques assurent une barrière impénétrable à la radioactivité » précise le Nickel Institute.
« La pureté et la stabilité de l’alliage de fer et de nickel SLN25 en font un choix évident. Pour confiner la radioactivité, il faut le meilleur acier inoxydable et pour y parvenir, il doit contenir le meilleur nickel » explique, sous couvert de l'anonymat, un responsable du projet.

L'or gris de la SLN : alliage de Fer et de nickel SLN 25 Eramet pour l'acier inoxydable © Alain Jeannin
© Alain Jeannin L'or gris de la SLN : alliage de Fer et de nickel SLN 25 Eramet pour l'acier inoxydable

L’arche d’acier inoxydable et de nickel est haute de 108 mètres, elle mesure 257 mètres de long et 162 mètres de large – de quoi contenir la statue de la Liberté. Elle pèse trois fois plus que la Tour Eiffel. Voilà pour les chiffres de cette prouesse industrielle.
Le consortium Novarka comme « nouvelle arche », « nova arka » en ukrainien a été mis spécialement en place par les Français Bouygues et Vinci qui assurent la réalisation de cette nouvelle enceinte de confinement sécurisée.
Si l’hiver prochain n’est pas trop froid, car le chantier est stoppé quand la température descend en dessous de -17°C, rendez-vous est fixé en 2017 pour voir achever le tombeau d’acier inoxydable et de nickel calédonien de Tchernobyl.
Avec cette prouesse d’ingénierie, la population ukrainienne et l’environnement européen devraient être protégés pour un siècle ou plus.