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lundi 21 novembre 2016

Aliénation du travail

Publié le 18 novembre 2016
KONICA MINOLTA DIGITAL CAMERADans un communiqué du 2 novembre destiné à soutenir KNS, le président de la province Nord a condamné « ceux qui veulent une sanctuarisation étatique » de l’outil d’émancipation du peuple kanak. A ceux qui voudraient être « les prophètes d’un schéma de la colonisation » il oppose avec la fierté qu’on lui connait « un levier au service de la diversification économique et non un outil d’aliénation du travail ». Ce sens de la rhétorique anti-coloniale porte naturellement à sourire lorsque l’on connait l’individu, sa conception centralisatrice de la gouvernance, sa pratique autoritaire du pouvoir, l’ingérence de l’assemblée provinciale qu’il préside dans la gestion de sociétés en partie détenues par l’actionnariat populaire kanak.
Une petite structure dynamique et saine. SONAREP est une société anonyme d’économie mixte au capital social de 9.2 millions XPF dont la particularité est l’actionnariat local (SAEML). Ce dernier est composé du GDPL Boubopa de la tribu de Titch sur la commune de Poum. Le bilan de leur société clos au 30 juin 2015 fait apparaitre une situation comptable et financière saine, ce qui fait bien évidement figure d’exception dans le groupe Nord Avenir présidé par un inénarrable fossoyeur d’entreprises qui a toujours vécu de deniers publics. Il s’agit en fait d’une toute petite structure de proximité ayant pour activité principale le chalandage minier. En 2015, la société employant aujourd’hui plus d’une quarantaine de personnes a étendu son objet social à la gestion des hydrocarbures et à l’exploitation minière du site SPUR A pour le compte de SLN. Pour ce faire, la société de tâcheronnage a investi 260 millions financés pour 30% par défiscalisation, 60% par emprunt bancaire et 10% sur fond propre. L’entreprise s’est bien gardée de mettre tous les œufs dans le même panier puisque 75% de son chiffre d’affaires provient du chalandage et 25% de la mine. Cette toute petite structure est bénéficiaire avec un report à nouveau dépassant les 600 millions XPF (en 2015) pour un endettement auprès des établissements de crédit de 273 millions. Elle dispose d’une capacité d’autofinancement de 88 millions et de 414 millions de disponibilités, de quoi intéresser l’actionnaire public.
Basses œuvres provinciales . La collectivité publique (au travers de Nord Avenir via SODEPAR) était censée accompagner l’actionnariat populaire jusqu’à ce que la société puisse voler de ses propres ailes. Mais depuis des années SOFINOR et aujourd’hui Nord Avenir tentent en vain de procéder à des distributions de dividendes. Il faut vider les caisses avant d’accorder « l’autonomie ». Or en dépit des moyens de pression qu’ils exercent les élus et représentants de la province font face aux refus catégoriques des petits porteurs de Poum qui savent pertinemment que cette sortie de trésorerie servirait uniquement à combler les besoins financiers des autres filiales déficitaires de Nord Avenir (voir l’article Attention à l’atterrissage et ceux portant sur la STCPI comme Frivolités provinciales). Ils récupéreraient une société vidée de sa trésorerie. Les petits porteurs de la tribu sont d’autant plus remontés contre cela que ni la province Nord, ni SOFINOR, ni Nord Avenir, ni le comité de soutien à la doctrine nickel, n’ont été à l’origine des négociations menées avec SLN pour l’obtention du contrat de tâcheronnage. Dans un communiqué de presse en date du 16 novembre 2016, les petits porteurs ont dénoncé les pratiques irresponsables et l’ingérence des directeurs de Nord Avenir dans la gouvernance du GDPL. Son porte-parole et celui du clan Boaouva dénoncent les manœuvres douteuses de l’actionnariat public qui cherche par tous les moyens à déstabiliser la structure locale à l’aide de recherche de procuration. En voyant ce mode de gouvernance d’un peu plus près l’on peut comprendre pourquoi la doctrine nickel de l’exécutif provincial cherche à ce que la fédération des sociétés minières kanak ne puisse pas accéder à la part mineur, levier pourtant indispensable pour la diversification économique à l’échelle communale. Assurément, l’exécutif de la province Nord n’a plus besoin des prophètes du schéma de la colonisation puisqu’il peut les compter dans ses propres rangs. Comme disait Frantz Fanon dans un ouvrage qui reste toujours d’actualité, la bourgeoisie locale s’est découvert la mission historique de servir d’intermédiaire. Elle sert de courroie de transmission aux multinationales et tente de faire sienne l’exploitation de sujets toujours en quête d’émancipation.
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