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lundi 26 juin 2017

L’Etat français prépare déjà l’indépendance de la KANAKY.



Finances. L’Institut d’émission d’outre-mer, dans son rapport annuel publié jeudi, a mis en évidence la diminution des transferts. Même du temps de leur augmentation, avant 2011, ils perdaient déjà de leur importance dans l’économie locale.


Le croisement des deux courbes est un effet purement graphique, qui résulte du choix des échelles. La forme des courbes est l’élément le plus significatif. 

Les versements de l’État en Nouvelle-Calédonie perdent de leur importance. En valeur, la diminution est à la fois récente et minime (courbe rouge, ci-contre). Mais si l’on parle de leur poids dans l’économie locale (courbe grise), la chute est une affaire de long terme. C’est l’un des enseignements de « Nouvelle-Calédonie 2016 », la synthèse annuelle de l’Institut d’émission d’outre-mer, publiée jeudi. L’année 2011 a marqué la fin d’une longue période d’augmentation rapide des versements. Au cours de la décennie précédente, leur croissance moyenne s’est établie à plus de 3 % par an. Entre 2011 et 2015, au gré des fluctuations, l’évolution annuelle moyenne tombe à -1, 7 %. Pourquoi un tel retournement ? Jean-David Naudet, directeur de l’IEOM à Nouméa, avance une piste attendue : au tournant de la décennie 2010, le climat des finances publiques s’est largement dégradé.



CRISE financière et RGPP

La crise financière de 2007-2008 a eu « un impact très défavorable sur la croissance jusqu’en 2012 ». En conséquence, le déficit public s’est envolé à plus de 7 % du PIB en 2009, dit l’Insee. Depuis, les gouvernements successifs n’ont eu de cesse de tenter de repasser sous les 3 %, la limite fixée par l’Union européenne (lire ci-dessous). En trois mots, Bercy a « serré la vis ». Et encore, par rapport aux collectivités métropolitaines, « la Nouvelle-Calédonie a largement échappé à ces restrictions », rappelait Thierry Lataste, le haut-commissaire, le 7 novembre. En effet, quelle que soit la force de la contrainte que représente la dette nationale, l’État l’applique de façon différenciée. Il procède à des arbitrages, et le rapport de force politique entre en jeu.

Si la crise peut expliquer les déficits et donc l’austérité, la volonté de réduire les dépenses publiques était légèrement antérieure, estime Jean-David Naudet. L’arrivée de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République, en 2007, avait marqué le passage dans une nouvelle phase. L’une des mesures emblématiques de son début de quinquennat, la révision générale des politiques publiques (RGPP), était entièrement conçue dans cet esprit.

Il faut toutefois noter, comme le montre la trajectoire de la courbe grise, que le poids des versements de l’État dans l’économie calédonienne n’a pas attendu l’arrivée de la crise ni de la RGPP pour s’amenuiser.



La pente descendante

Du temps où les versements bondissaient de 3 % par an, leur importance dans le produit intérieur brut local diminuait déjà d’environ 0,5 point par an. Cette évolution tient évidemment au dynamisme de la croissance, qui s’envolait régulièrement au-dessus des 5 % par an. En 16 ans, la part des versements dans le PIB est ainsi passée de 20 à 12 %. Faut-il s’habituer à voir le montant des versements suivre la pente descendante ? À moyen-terme, probablement. « Les contraintes budgétaires resteront fortes, estime Jean-David Naudet. Mais pour 2016, même si les données ne sont pas totalement consolidées, on peut s’attendre à un rebond de 1 % », tempère aussitôt le banquier central. Et 2017 devrait suivre la même tendance. Le nouveau cycle de contrats de développement y sera pour quelque chose. Les 53 policiers et gendarmes promis le 5 novembre par Bernard Cazeneuve, alors ministre de l’Intérieur, se verront également dans les comptes. Un bel exemple d’arbitrage. « Plusieurs dizaines d’embauches de fonctionnaires de l’État en Nouvelle-Calédonie, on n’avait pas vu ça depuis longtemps, note le banquier central. L’effet sur la dépense globale se fera sentir ».



Repères

La mesure des versements
Dans le graphique ci-dessus, comme dans l’article, la mesure utilisée est celle des versements net. Les versements bruts, qui s’élevaient à 153,1 milliards de francs en 2016, comprennent la totalité des dépenses : salaires, retraites, dotations de fonctionnement, investissement, interventions, solde des militaires, etc. On obtient le montant des versements nets, 117 milliards, en y retirant les retraites et les salaires versés par la Nouvelle-Calédonie aux Calédoniens qui vivent ailleurs en France.

À la source
« Nouvelle-Calédonie 2016 », la synthèse annuelle de l’Institut d’émission d’outre-mer, est en libre accès sur son site web, www.ieom.fr

117 milliards de francs.

Le montant net des versements de l’État en Nouvelle-Calédonie en 2015. En 2016, le nombre devrait remonter aux alentours de 119 milliards, estime l’IEOM.



A Paris, les restrictions budegtaires vont se poursuivre


Dans la droite ligne de son prédécesseur, Emmanuel Macron a fixé comme objectif prioritaire la réduction du déficit budgétaire de l’Etat. Comme tant d’autres, les dépenses en Nouvelle-Calédonie pourraient en faire les frais.

Le début du quinquennat sera placé sous le signe de l’austérité. Les déclarations du candidat puis président Macron pouvaient le laisser penser. Les propos de Bruno Le Maire, publiés samedi dans Le Figaro, ne laissent désormais que peu de place au doute. Le ministre de l’Économie, a annoncé qu'il fallait prendre « immédiatement » des « décisions difficiles » pour respecter la règle - commune à tous les pays membres de la zone euro - qui impose un déficit inférieur à 3 % du PIB.

Cette annonce ne fait que confirmer les intentions affichées le 13 juin par le Premier ministre. « Si nous sommes au-dessus [de 2,8 % de déficit en 2017], il va y avoir toute une série de mesures », avait déclaré Edouard Philippe, faisant référence à un engagement pris par le gouvernement précédent.

L’exécutif s’apprête donc à suivre les recommandations de la Commission européenne, qui, en mai, s’inquiétait une fois de plus de la trajectoire du déficit français. A contrario, les avertissements de certains économistes du Fonds monétaire international, qui estiment que les politiques d’austérité mettent en danger la croissance et l’emploi à court comme à long-terme, resteront lettre morte. Il faut donc s’attendre à un programme pluriannuel de réduction de la dépense publique. Le montant des versements en Nouvelle-Calédonie pourrait s’en ressentir.