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samedi 14 octobre 2017

A un an du référendum, le gouvernement de Nouvelle-Calédonie toujours dans l'impasse

A un an du référendum d'autodétermination, le climat politique est orageux en Nouvelle-Calédonie où le gouvernement est cantonné à l'expédition des affaires courantes, en raison d'une énième zizanie à droite.
Début novembre, les acteurs calédoniens se rendront à Paris pour participer, sous la présidence du Premier ministre Edouard Philippe, à ce qui devrait être le dernier comité des signataires de l'accord de Nouméa avant le référendum sur l'indépendance en novembre 2018.
Au vu de l'ambiance lourde qui règne dans la classe politique locale, il semble peu probable que la crise du gouvernement soit résolue pour ce rendez-vous important du processus, en cours dans l'île depuis 1998.

Le 31 août, un nouveau gouvernement collégial de 11 membres a été élu par le Congrès, le précédent étant tombé suite à la démission de Philippe Dunoyer, élu député (UDI-Constructif), sous le coup de la loi sur le cumul des mandats.
Or, ce gouvernement dans lequel les non-indépendantistes sont majoritaires (6 sur 11) ne peut fonctionner, faute d'entente pour élire un président. A deux reprises, le 31 août et le 12 septembre, Philippe Germain (Calédonie Ensemble, centre droit), président sortant, n'a obtenu que 5 voix sur 11.
Celles-ci proviennent des "ministres" appartenant à la Plateforme, du nom d'une alliance conclue entre les deux tours des législatives entre Calédonie-Ensemble (CE), le Rassemblement-LR et deux autres formations.
En revanche, Christopher Gyges, "ministre" des Républicains Calédoniens, refuse de soutenir M. Germain, sans avoir obtenu au préalable des engagements sur "la stabilité fiscale, les transferts de compétence, la relance de l'emploi et la sécurité".
"On n'a aucun contact, ils ne veulent pas nous parler", fustige Sonia Backès, leader des Républicains Calédoniens, qui juge "conflictuelle" la gestion de M. Germain, mais se dit prête à soutenir la Plateforme "si elle change de candidat".
L'expédition des affaires courantes est actuellement confiée au précédent gouvernement, sensiblement identique au nouveau, et dont Philippe Germain assure la présidence.   
"Félons", "preneurs d'otages", "groupuscule": en face, les noms d'oiseaux fusent et ce "blocage du gouvernement" est sévèrement condamné.
 

-"Diktat"-

 
"Calédonie Ensemble n'entend en rien céder au diktat de cette minorité (...) Ils tentent de marchander quelques postes derrière la vitrine d'une demande de modification de la ligne économique", a récemment dénoncé dans un communiqué CE, dirigé par le député Philippe Gomes.
La Plateforme met en avant la "légitimité" de M. Germain dont la candidature est "portée par un groupe qui représente 5 membres du gouvernement sur 11 et 23 élus sur 54 au Congrès".
De leur côté, les indépendantistes, eux-aussi coutumiers des tiraillements internes, affichent sur ce dossier leur unité.
"C'est la droite qui a créé cette situation, qu'ils se débrouillent entre eux", ont-ils à plusieurs reprises indiqué, reprochant à la Plateforme de "ne rien annoncer de son projet politique" et de "refuser de discuter de la souveraineté du pays" avant le référendum.
En avril 2015, alors que le gouvernement était bloqué depuis trois mois pour des raisons semblables, les indépendantistes avaient fini par jouer les arbitres "afin de faire avancer des dossiers fondamentaux".
La bataille des législatives en juin dernier ayant creusé les antagonismes entre partisans et opposants à l'indépendance, ils ne semblent cette fois pas décidés à s'en mêler.
Dans ce contexte, les discussions sur l'après-référendum, qui doivent permettre d'envisager un nouveau statut politique entre autonomie et indépendance, sont au point mort.
En mars, un rapport d'information de l'Assemblée nationale sur la Nouvelle-Calédonie recommandait "de préparer dès maintenant le +jour d'après+". "Il faut éviter un saut dans l'inconnu qui serait le pire des scénarios", mettait en garde le document.