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mardi 17 octobre 2017

ATTENTION DOSSIER : Les terroristes sont à l'élysée

Quand le mensonge prend l'ascenseur,
la vérité prend l'escalier.


Affaire Merah: mais qu’a fait la police ?

Ce lundi au procès du frère de Mohammed Merah, un responsable des renseignements toulousains est entendu comme témoin : la DCRI avait un temps envisagé de recruter le futur terroriste comme indic. Récit d’une série d’erreurs et de négligences.


Le lundi 14 novembre 2011, quatre mois avant les tueries de Toulouse et Montauban, Mohammed Merah est «débriefé» par les policiers du renseignement intérieur, au terme d’un séjour de deux mois au Pakistan. Fiché S depuis 2006 et revenant d’une zone «sensible», il n’avait pourtant pas été placé en garde à vue à son retour. Après avoir tergiversé, prétextant une hospitalisation pour soigner l’hépatite A contractée durant son voyage, il finit par accepter la rencontre avec les policiers. C’est sa sœur Souad, considérée comme la plus radicale du clan Merah, qui l’emmène alors de l’hôpital au commissariat, situé dans l’hyper-centre de Toulouse. Rencontrée six mois plus tard dans le cabinet de l’avocat toulousain Christian Etelin, Souad Merah, en niqab noir, livrera à Libération le bref échange qu’ils ont eu dans la voiture : «Mohammed m’a dit : "Ils veulent que je bosse pour eux." Je lui ai demandé : "Tu vas devenir une balance ?" Il ne m’a pas répondu…»

Au commissariat, Mohammed Merah est conduit dans une pièce aux rideaux baissés. Affaibli, il est autorisé à s’allonger sur une table, sans fouille et sans menottes. Le futur tueur au scooter est serein : Hassan, le policier toulousain de la Direction régionale du renseignement intérieur (DRRI) qui l’a contacté, lui a assuré qu’il s’agirait tout au plus de quelques questions sur son parcours pakistanais. Rapidement, Hassan est rejoint par deux collègues venus spécialement de la centrale de la DCRI, ex-DGSI, située à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Un homme et une femme spécialisés dans le recrutement et le traitement des sources humaines. Ces derniers se présentent sous de fausses identités. Leur mission est d’évaluer Merah, dans le but de le recruter et d’en faire un informateur infiltré dans les réseaux jihadistes. La pièce est sonorisée. Mais l’entretien ne sera pas enregistré. Premier raté… Il va durer deux heures et demie, durant lesquelles Mohammed Merah va mentir à plusieurs reprises.

Sérieux doutes


A l’aise, il fait défiler sous les yeux des policiers les images de son périple. L’une des principales étapes ayant été, dit-il, sa visite dans la famille pakistanaise de l’une des voisines de sa mère, domiciliée dans le quartier toulousain du Mirail, dans le but d’épouser l’une de leurs filles. Surtout, Merah cache le plus important : du 4 au 17 septembre 2011, il s’est rendu dans le fief taliban de Miranshah, situé dans les zones tribales du Waziristan du Nord, à la frontière avec l’Afghanistan. Un endroit «hyper dangereux et inaccessible aux étrangers, à moins de disposer de connexions très solides», selon un bon connaisseur de la région. Là-bas, Merah suit pendant plusieurs jours une formation militaire dans un camp d’entraînement du Tehrik-e-Taliban, une organisation jihadiste pakistanaise.

Retour dans le bureau des recruteurs de la DCRI. Grâce à des investigations informatiques, l’antenne toulousaine du renseignement intérieur réussit à retracer plus précisément le parcours de Merah au Pakistan : deux connexions effectuées via sa messagerie émanent d’Islamabad et de Lahore. Selon nos informations, Mohammed Merah inverse les dates de ses passages dans ces deux villes lors de son débriefing. A dessein ? Durant l’entretien, les recruteurs de la DCRI livrent également à Merah la synthèse de la surveillance déclenchée à son retour, un an plus tôt, d’un précédent voyage en Afghanistan. Contrôlé le 22 novembre 2010 par la police afghane à Kandahar, il avait été remis à l’armée américaine et interrogé par un officier de renseignement. Relâché, il avait été mis dans un avion pour Kaboul, d’où il avait pris un vol pour les Emirats avant de rentrer en France, le 5 décembre. A son arrivée à Roissy, sa fiche S, établie en 2006, ne «sonne» pas. Nouveau dysfonctionnement. Quant à l’information de son contrôle à Kandahar, elle ne parviendra à la DCRI que plusieurs semaines plus tard, via la DPSD (direction du renseignement et de la sécurité de la défense). Une faute grave dont Jean-Yves Le Drian, alors ministre de la Défense, prendra acte dans un courrier adressé le 22 avril 2013 aux magistrats instructeurs du dossier. Par ailleurs, des erreurs dans la transmission des infos orienteront les policiers vers un homonyme domicilié à Douai…

Remis sur les rails du futur tueur, les policiers installent, de février à juin 2011, une caméra face à l’entrée du domicile de Mohammed Merah, rue du Sergent-Vigné. Au sein du renseignement intérieur toulousain, de sérieux doutes commencent à naître sur la dangerosité du jeune homme. Et pour cause : l’objectif enregistre la venue de son demi-frère par alliance, Sabri Essid, récemment sorti de prison après sa condamnation en 2009 dans une filière d’acheminement de jihadistes en Irak. Autre visite suspecte, celle de Jean-Michel Clain, l’une des voix de la revendication des attentats de Paris, et d’un membre présumé du groupuscule islamiste Forsane Alizza. Les filatures menées par les agents révèlent également l’extrême parano de Mohammed Merah. En permanence sur ses gardes, il n’hésite pas à s’arrêter sur les bandes d’arrêt d’urgence pour vérifier qu’il n’est pas suivi. Autant d’indices qui conduiront le taulier du renseignement intérieur toulousain, le commissaire divisionnaire Christian Balle-Andui, à demander de «judiciariser Mohammed Merah en raison de son potentiel élevé de dangerosité» dans une note adressée à sa hiérarchie le 15 juin 2011.

«Profil voyageur»


Le 14 novembre 2011, son débriefing achevé, «Momo», comme le surnomment les policiers toulousains, repart libre de ses mouvements, sans que la surveillance à son égard ne soit réactivée. «Au vu de ce qui s’est passé quatre mois plus tard, il aurait pu faire du dégât ce jour-là, à la DRRI toulousaine, s’il était venu armé, souligne une source policière. Aujourd’hui, un type comme lui, fiché S et de retour de zone sensible, serait systématiquement interrogé dans le cadre d’une garde à vue, avant très probablement d’aller faire un séjour en prison. Ça change le rapport de force si on veut le recruter…»

Trois mois plus tard, le 21 février 2012, la centrale de Levallois, sourde aux réserves de l’antenne toulousaine, demande une évaluation de la fiabilité de Merah en vue de son recrutement. Le jeune homme «pourrait présenter un intérêt pour notre thématique en raison de son profil voyageur», estiment les analystes de la sous-direction du recrutement des sources humaines. Une demande jugée alors surréaliste par Christian Balle-Andui et son subalterne Hassan : «Nous avons estimé que [son] profil était incompatible avec l’idée même d’un recrutement», expliqueront-ils lors de leurs auditions respectives devant le juge Christophe Teissier.

Durant l’instruction, les juges antiterroristes n’ont pas estimé opportun d’entendre les différents recruteurs de la DCRI. Tout comme Patrick Calvar, nommé le 31 mai 2012 par Manuel Valls en remplacement de Bernard Squarcini à la tête de la DCRI. A l’inverse de la plupart des responsables policiers, Christian Balle-Andui témoignera, ce lundi, devant la cour d’assises spéciale au procès d’Abdelkader Merah, le frère aîné de Mohammed, suspecté de l’avoir endoctriné. Hassan le fera également, sous couvert d’anonymat. Quant à Bernard Squarcini, attendu jeudi, il a fait savoir qu’il serait présent mais qu’il ne répondrait pas aux questions de la cour. «Le squale» se retranche derrière son statut de témoin assisté dans un dossier connexe, ouvert à la suite d’une plainte «pour mise en danger de la vie d’autrui» déposée par le père d’une victime de Merah. Pourtant, beaucoup aimeraient l’entendre développer sa théorie selon laquelle Mohammed Merah était un «loup solitaire».

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Un ex-candidat FN a dealé avec Daech pour Lafarge en Syrie
On vous racontait il y a quelques jours comment Lafarge avait perdu son âme depuis son mariage avec Holcim jusqu'à négocier la poursuite de ses activités cimentières en Syrie avec Daech. Mediapart nous en apprend plus sur les dessous peu reluisants de ce pacte : surprise, l'homme qui a négocié pour le groupe franco-suisse avec l'Etat islamique n'est autre qu'un «fervent soutien» de Marine Le Pen et ancien candidat FN aux municipales à Paris.

Il s'agit de Jean-Claude Veillard, un ancien militaire des commandos de marine (sans jeu de mots) qui n'est autre que l'actuel directeur de la sécurité de Lafarge-Holcim. Mediapart publie des documents qui démontrent son implication en Syrie et sa parfaite connaissance des tractations qui ont eu cours, en 2013 et 2014, entre la multinationale et l'État islamique (EI), auteur d'une vague d'attentats sans précédent en France en 2015. Cela fait plutôt désordre pour la candidate FN qui n'a de cesse de dénoncer le «laxisme» de ses adversaires politiques face au terrorisme islamiste.
Dans cette affaire, Lafarge-Holcim fait déjà l'objet d'une plainte au pénal pour «financement d'entreprise terroriste», «complicité de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité», «mise en danger délibérée d'autrui », « exploitation abusive du travail d'autrui» etc... Suite à une enquête interne, le groupe a déjà limogé son directeur général Eric Olsen. C'est maintenant Veillard qui risque de sauter.
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Les armes chez Coulibaly ont-elles transité par un ex-gros bras du FN ?








Amedy Coulibaly a tué une policière à Montrouge le 8 janvier, ainsi que quatre personnes prises en otage le lendemain à l'Hyper Cacher de Vincennes. AFP

Claude Hermant, figure de l’ultradroite identitaire lilloise, impliqué dans un trafic d'armes, a été entendu par les enquêteurs antiterroristes et placé en garde à vue.


Claude Hermant, figure de l’ultradroite identitaire lilloise et ancien indicateur de la gendarmerie et des douanes à Lille, a enfin été auditionné par la sous-direction antiterroriste de la PJ (Sdat) dans le cadre de l’instruction sur les attentats de janvier. Il a été placé en garde à vue ce mardi matin, en même temps que son épouse Aurore Hermant-Joly, gérante de la société par laquelle avaient transité des armes qui se sont retrouvées entre les mains d’Amedy Coulibaly, l’auteur de l’attaque contre l’Hyper Cacher et de l’assassinat de la policière de Montrouge, Clarissa Jean-Philippe. Le couple est soupçonné d’être impliqué dans le réseau qui a fourni des armes au terroriste, notamment un fusil d’assaut CZ et quatre pistolets Tokarev retrouvés dans l’épicerie de la porte de Vincennes et dans l’appartement loué par le jihadiste à Gentilly (Val-de-Marne).
Jusqu’ici, aucun lien direct n’avait pu être établi entre Claude Hermant et Amedy Coulibaly. Depuis le 23 janvier, l’identitaire de 52 ans, à la carrure de catcheur, tenancier d’une friterie à Lille était en détention provisoire, au centre d’une information judiciaire ouverte à Lille pour un «trafic d’armes en bande organisée», qui à l'époque n'avait pas de lien direct avec la tuerie de l'Hyper Cacher. En mai et en septembre, des informations selon lesquelles il était un informateur des gendarmes dans ce même trafic d’armes, ont filtré dans la Voix du Nord et Mediapart. Dans le dossier, cité par la Voix du Nord, un mail du 21 novembre 2014 des gendarmes l’autorisait à travailler sur un trafic d’armes franco-belge à Charleroi : «Salut Claude, nous avons vu avec notre hiérarchie, nous sommes partants pour les deux dossiers que tu nous as présentés (armes-Charleroi…).» L’information judiciaire a été ouverte dès le 7 mai 2014, six mois avant ce mail, et huit avant les attentats de Paris.

Un indic de la gendarmerie

Depuis, c’est secret défense. Les gendarmes sont-ils passés à côté de Coulibaly ou de ses fournisseurs alors qu’ils avaient le nez dessus ? C’est ce que sous-entend Claude Hermant, qui assure n’avoir fait que travailler pour son pays. Il avait glissé en guise d’indice entre deux gardes à vue en mai à des journalistes de la Voix du Nord qu’il ne serait pas «le prochain Marc Fievet», du nom d’un ancien douanier français infiltré chez les narcotrafiquants, lâché après avoir été arrêté au Canada, et incarcéré onze ans. Une enquête de Mediapart, parue en septembre, est venue confirmer des informations de la Voix du Nord selon lesquelles Claude Hermant était un indic de la gendarmerie, et qu’il avait donné aux gendarmes une piste sur un réseau de vente d’armes qui a servi à alimenter Amedy Coulibaly. Un adjudant cité dans le dossier indique selon le journal en ligne qu’Hermant est «informateur immatriculé depuis 2013».
«Nous allons voir ce que les enquêteurs vont nous dire, glisse Maxime Moulin, conseil de Claude Hermant. Mais pour l’instant, rien de nouveau. Les informations sur la société gérée par son épouse sont connues de longue date.» Il ironise : «On s’intéresse à une piste qui est dans le dossier depuis janvier. Soit on a cherché longtemps, et on a une information qui n’a pas encore été portée à notre connaissance. Soit on entend mon client onze mois après, et c’est un peu tard. Qu’il soit auditionné, c’est dans la logique des choses. Mais je suis surpris que ça arrive si longtemps après les faits.» Le fait que le parquet n’ait pas nié le contenu des mails qui ont filtré, mais aussi ce secret défense qu’on lui oppose dans le dossier lillois, donnent selon lui du crédit à la version défendue par Claude Hermant : «S’il n’y avait pas de lien avec la gendarmerie, il n’y aurait pas de secret défense.»

Ancien mercenaire

«On a un PV dès le mois de janvier qui fait le lien entre Charlie Hebdo et ma cliente», ajoute Guillaume Ghestem, l’avocat d’Aurore Hermant-Joly. Dans le procès-verbal : la trace d’armes retrouvées dans l’Hyper Cacher, et dans l’appartement d’Amedy Coulibaly, passées par la société d’Aurore Joly. «Si on a attendu si longtemps, je suppose que c’est parce qu’ils ont des éléments qui permettent de démontrer que ma cliente n’est pas si impliquée. Sinon, cela aurait été fait depuis janvier.»
Quand Claude Hermant a été arrêté en janvier, il était vendeur de frites occasionnel à Lille le jour, et surveillant d’internat dans un centre médico-pédagogique de la région trois nuits par semaine. Sa friterie, la Frite Rit, dont le fonds appartient à sa compagne, était le QG de militants de l’ultradroite locale. Le week-end, il animait des séances de paintball dans la campagne lilloise. Il a été un des organisateurs d’une manif identitaire à Lille en octobre 2001, avec Serge Ayoub, le chef de Troisième Voie, mouvement dissous après le meurtre du militant antifa Clément Méric. Ce fils d’un mineur communiste et d’une femme au foyer est ancien membre du service d’ordre du FN, ancien para et ancien mercenaire au Congo et en Croatie. Il a été responsable de la sécurité de la controversée Maison du peuple flamand de Lambersart, près de Lille, ouverte entre 2008 et 2012, repaire d’identitaires, avec laquelle il organisait des «camps Arès», du nom du dieu grec de la guerre, avec réveils la nuit, marches forcées, techniques de survie et messes.
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