Quel modèle économique et social pour la Nouvelle-Calédonie demain ?
Ou " L'après-nickel " pourrait-on dire autrement ?
Pour construire, il faut discuter, rassembler, échanger,
s’opposer. Et quoi de mieux pour produire des idées et des projets que
de mener un travail participatif entre deux structures aux idées bien
trempées ?
Durant six mois, l’USTKE et la FINC, accompagnées par le
cabinet Sodie Pacifique, ont organisé un cycle de conférences et de
débats autour de cinq thèmes différents. Chaque soirée a donné lieu à
des échanges nourris, un débat d’idées et l’émergence de propositions.
Le 26 septembre dernier, lors du séminaire de restitution, 27 de ces
projets ont été présentés et soumis au vote de l’ensemble des
participants et adhérents des deux organisations syndicales. Cinq
d’entre eux ont particulièrement émergé :
- Gestion de la ressource en eau.
- Intégration des critères privilégiant la production locale dans les marchés publics et parapublics.
- Mise en place d’une coopérative pour l’écoulement des produits locaux.
- Pilotage pays de la gestion du logement et de l’habitat.
- Respect du mode de vie océanien dans la construction des logements.
Des propositions concrètes ont été faites. Il s’agit désormais
de les mettre en musique. Depuis 3 ans, l’industrie internationale du
nickel est marquée par une crise sans précédent. En Nouvelle-Calédonie,
les trois usines métallurgiques génèrent de très importantes pertes. Et
leur pérennité pourrait même ne pas être assurée. Des solutions doivent
être trouvées pour conforter, voire sauver cette activité et donc
les emplois du nickel. Mais il faut également trouver et forcer
des relais de croissance pour offrir un emploi à une jeunesse qui
constituera les forces vives de demain. Il s’agit donc de préparer «
l’à-côté du nickel ».
Xavier Benoist, président de la Fédération des Industries de Nouvelle-Calédonie (à droite)
: « Nos organisations syndicales patronales et de salariés que sont la
FINC et l’USTKE ont une responsabilité dans la construction de notre
modèle économique et sociale. Nous devons porter et proposer des
solutions. Nous avions donc identifié des intérêts et des objectifs
convergents pour engager un effort commun d’élaboration de diagnostic
partagé et de propositions opérationnelles dans une phase importante de
notre histoire.
Il est indispensable de transformer en profondeur le modèle
économique de la Nouvelle-Calédonie, de trouver et d’actionner de
vrais relais de croissance de l’agriculture, les industries, les
services et le tourisme. Avec pour objectif, de répondre aux besoins des
Calédoniens et de développer les exportations afin d’élargir
les bases des marchés des entreprises calédoniennes. L’économie pourra,
alors, générer de nouveau de l’emploi, condition sine qua non de la
construction d’un destin commun. »
André Forest, président de l’USTKE (à gauche)
: « Pourquoi avoir engagé ce travail commun avec une organisation
patronale ? Parce qu’il nous faut construire un pays plus
juste, plus équilibré, donner du travail et de l’export aux
nouvelles générations. Si les inégalités persistent, on va droit dans le
mur. Il faut donc trouver des convergences entre les différentes
forces de ce pays, et réunir les énergies chaque fois que cela est
possible. Le monde du nickel s’est transformé et nous sommes
convaincus qu’il n’apportera pas à lui seul les emplois de demain,
et les richesses dont nous avons besoin. Il s’avère de plus en
plus indispensable de penser l’avenir du pays autrement que par le
seul prisme du nickel.
Le pays est doté de richesses et de potentialités
extraordinaires dans les domaines agricoles, touristiques, maritimes, de
la recherche, etc.
Les propositions faites lors de cette restitution après des
mois de discussions et d’échanges sont une contribution, un début. Ce
n’est pas un programme de gouvernement. C’est un appel à construire un
pays nouveau économiquement et socialement équilibré. »
Pierre Ferracci, président du groupe Alpha (Sodie Pacifique) :
« La démarche de la FINC et de l’USTKE découle de convictions
partagées. Déjà, les changements dans le monde du nickel impliquent de
penser différemment le développement de la Nouvelle-Calédonie.
L’économie doit se diversifier et les relais de croissance
doivent pouvoir apporter les emplois dont les générations présentes et à
venir ont besoin.
En outre, la qualité du dialogue entre ces deux organisations,
et quelles que soit leurs divergences, est plus importante que
l’affrontement. Les modalités retenues sont un exemple qui peut faire
école de réflexions, d’échanges et de force de propositions pour
trouver des solutions d’avenir à la Nouvelle-Calédonie. Je crois que
l’USTKE et la FINC ont démontré que par la voix du dialogue, on peut
arriver à partager et à formuler des diagnostics intéressants et mettre
en évidence des solutions appropriées. »
1ère conférence : jeudi 18 mai
Thème : Urbanisme, foncier, espaces économiques, habitat et logement social et industrie
Quelques données
Le logement est au premier rang des dépenses des ménages. Il a
connu une hausse de 73 % entre 2004 et 2013. Un Calédonien sur six vit
dans un logement sur-occupé.
L’habitat dégradé représente 214 immeubles et 1800 habitations
dans le Grand Nouméa, sans compter les populations concernées en
tribus. 4200 personnes résidaient dans les squats en 2014.
Pour autant, 5000 logements sont vacants à ce jour. 65 % du parc
social est concentré sur Nouméa. Les données de 2016 font état que 6
600 logements aidés doivent être construits pour répondre à la demande
actuelle dans le Grand Nouméa. La production est aujourd’hui à un
niveau particulièrement bas. En 2016, 200 habitats ont été livrés.
Un logement génère un chiffre d’affaires de 25 millions de XPF et deux emplois.
Autour du débat ...
Concernant l’aménagement du territoire, les débats ont fait
ressortir les délais parfois supérieurs à 15 ans entre l’acquisition du
foncier et la livraison des logements. Sans compter les 10 à 15 ans de
négociations parfois nécessaires pour acquérir le foncier.
Des délais qui sont également liés à l’éclatement du pilotage et
des compétences, au mille-feuille administratif et au manque
d’intercommunalité.
Aspect transverse à toutes les thématiques, la question du
cloisonnement entre les acteurs qui n’offrent pas de cohérence globale.
Dans les esprits, le logement social est vecteur de problèmes
alors que, comme le soulignent les participants au débat, « il peut
jouer un rôle d’ascenseur social en donnant les outils
nécessaires à la réussite scolaire par exemple ».
Or, aujourd’hui, le foncier est indisponible là où les besoins
en logements sont les plus importants. Outre le fait que les
constructions verticales ne soient pas adaptées à l’habitat océanien, la
transition « tribu/ville » est parfois difficile, entraînant une perte
de repères. En ce sens, le logement apparaît comme un facteur
déterminant de réussite, un enjeu de politique publique et de
réduction des inégalités.
Les pistes évoquées ...
Le pilotage pays de la gestion du logement et de l’habitat
apparaît dans les cinq premiers projets à mettre en œuvre, un
pilotage opérationnel qui n’existe pas pour ce secteur, constatait les
États généraux de l’habitat de 2016.
Outre le décloisonnement des compétences, il est nécessaire
d’intégrer le financement des équipements et des espaces publics dans
les budgets des collectivités.
Autre souhait, le respect du mode de vie océanien dans la
construction des logements. Il s’agit là de repenser l’habitat selon les
cultures et trouver des solutions plus horizontales que verticales,
avec un accès facilité à la terre.
2ème conférence : mardi 20 juin
Thème : Le désenclavement de l’archipel, une condition pour accueillir et exporter
Quelques données
Le port de commerce de Nouvelle-Calédonie est réputé cher. À
titre d’exemple, le coût d’embarquement et de débarquement d’un
conteneur de 40 pieds est bien plus élevé que dans des ports au trafic
comparable.
Les liaisons inter-îles par air, mer et terre doivent
répondre aux besoins de mobilité des populations, mais aussi
favoriser le tourisme de séjour. Elles doivent également permettre
l’acheminement du fret notamment entre la Grande Terre et les îles
Loyauté. Or, à ce jour, la capacité du fret maritime est insuffisante
par rapport aux besoins.
De plus, les infrastructures dédiées au transport maritime de
passagers et de fret sont de niveau très différent entre Nouméa et les
îles.
Le trafic aérien domestique reste très coûteux et ce, d’autant plus que le trafic et les infrastructures sont limités.
Quant au secteur du transport routier de marchandises, il ne rend pas les services qu’il pourrait rendre.
En termes de desserte aérienne de la Nouvelle-Calédonie, la
destination est très peu compétitive. En causes, la faiblesse du
trafic avec un effet « bout de ligne », et l’absence d’économie
d’échelle pour la compagnie calédonienne qui exploite une flotte
limitée.
Autour du débat ...
Les participants à la conférence constatent, que la
Nouvelle-Calédonie reste peu connectée avec les pays de la zone. La
rentabilité potentielle du Territoire semble insuffisante pour faire
venir des compagnies maritimes et ouvrir de nouvelles lignes régulières
avec les États insulaires et pour toucher des pays de la région, il est
souvent nécessaire d’effectuer des transbordements par l’Australie.
Pour beaucoup, le manque d’attractivité de la Nouvelle-Calédonie
s’explique par les coûts élevés, et d’autant plus que les conteneurs
repartent à vide de Nouméa. Le volume d’activité est jugé insuffisant
pour baisser les coûts.
Le projet de transfert de l’aéroport de Magenta à Tontouta est
intéressant en termes de coûts et d’accès facilité pour les touristes se
rendant directement aux Loyauté et à l’île des Pins. Cependant la
majeure partie des usagers de l’aérodrome de Magenta sont Loyaltiens.
Le déplacement de l’aéroport les contraindrait à un transport supplémentaire jusqu’à La Tontouta.
Le débat a également mis l’accent sur les liaisons aériennes
internationales et régionales et sur le fait qu’il n’est pas certain que
d’autres compagnies assureraient les mêmes services en l’absence
d’Aircalin. La création d’un Hub «Nouvelle-Calédonie» avec l’abandon des
longs courriers et la concentration sur les moyens courriers pourraient
impliquer une perte de flux et une « inféodation » aux grandes
compagnies pour les longs courriers.
Autre point de débat, l’ouverture de la Calédonie sur
l’extérieur. Si les produits calédoniens ont des débouchés dans la
région, ils sont freinés dans leur développement à l’export et notamment
en raison de la taxe à l’export, des difficultés logistiques dans
l’acheminement des produits, et de l’absence de visibilité régionale de
la Nouvelle-Calédonie.
Les pistes évoquées ...
L’absence de cale de halage pour caréner les bateaux localement
fait défaut. Les participants suggèrent de construire une cale, évitant
ainsi aux opérateurs de se tourner vers l’Australie.
Le port en eaux profondes de Vavouto est susceptible d’être
adapté à court terme pour permettre le trafic de conteneurs, ce qui
limiterait le transport de fret passant par la Route Territoriale.
Et cela permettrait d’avoir une infrastructure dimensionnée aux besoins du Nord.
Au Sud, un quai plus grand au port de Nouméa permettrait de
diminuer les coûts et d’accueillir des navires de plus grande capacité.
Autre piste évoquée, liée au transfert de Magenta sur Tontouta,
la nécessité de renforcer de l’articulation entre le réseau routier et
les aéroports avec une 4 voies jusqu’à Tontouta.
La mutualisation des chambres consulaires, des moyens
terrestres maritimes, routiers et aériens est également un projet qui
permettrait de faire baisser les coûts et de gagner en efficience.
Enfin, supprimer la taxe à l’exportation allégerait le coût des productions locales, et éviterait de plomber leur attrait.
3ème conférence : mardi 4 juillet
Thème: Vers l’autosuffisance alimentaire : une voie structurante du pays
Quelques données
Le taux de couverture des productions agricoles était de 53% en
2004. Il n’est plus qu’à 42% en 2015. Entre les deux recensements
généraux de l’agriculture (en 2002 et en 2012), on compte une
dégradation du nombre d’exploitations agricoles (-19%), d’actifs
agricoles (-20%) et de surfaces agricoles utilisées (-27%).
A contrario, la Nouvelle-Calédonie compte 415 entreprises alimentaires en juin 2017, soit + 48% en 10 ans.
Les plus fortes augmentations du nombre d’entreprises concernent
les activités de transformation et conservation de fruits, de
viande de boucherie et la fabrication de plats préparés.
Autour du débat ...
En termes d’agriculture, les besoins sont croissants avec
l’augmentation de la population urbaine, plus dépendante en produits
alimentaires. Mais si les produits agricoles calédoniens sont
globalement de bonne qualité, l’offre est victime du morcellement des
parcelles agricoles, du démembrement des exploitations agricoles, et de
l’urbanisation de zones agricoles.
En cause, l’attractivité des secteurs plus porteurs, plus rémunérateurs (comme les mines ou les administrations).
Les activités agricoles sur terres coutumières sont orientées
principalement vers l’autoconsommation et les échanges, sans
nécessairement passer par les circuits de distribution.
Le débat a mis en lumière les multiples enjeux de
l’autosuffisance. Il s’agit avant tout d’un enjeu sociétal et de santé
en donnant au territoire la capacité de nourrir correctement sa
population avec des productions de qualité.
En outre, la qualité sanitaire est plus facile à contrôler pour des produits locaux que pour des produits d’importation.
Autre enjeu, celui de la maîtrise des approvisionnements du marché local.
Économiquement, l’autosuffisance vise aussi à structurer le
territoire à travers l’activité générée (emplois, création de richesse,
rééquilibrage). Enfin, elle est un levier d’émancipation politique.
Le développement des filières agricoles est aussi au cœur
des préoccupations des participants. Les consommateurs sont de plus en
plus dépendants sur le plan alimentaire et ils sont exigeants par
rapport à la qualité des produits.
L’industrie agroalimentaire souffre d’un manque de pérennité, de
régularité dans les flux d’approvisionnement et d’écoulement, mais
aussi dans la régularité des prix agricoles.
Les adhérents de la FINC ont ainsi mis en avant la nécessité
d’avoir des flux constants pour absorber les frais fixes de l’industrie,
car l’irrégularité met à mal la filière.
De son côté, la grande distribution semble avoir surtout recours
aux gros producteurs de la place et n’a pas accès aux petits
producteurs.
Les pistes évoquées...
Premier projet retenu par les participants, la nécessité de maîtriser et gérer la ressource en eau.
Seconde piste retenue, l’intégration des critères privilégiant
la production locale dans les marchés publics et parapublics. La mise
en place d’une coopérative permettrait de structurer et de mutualiser
les producteurs, afin de favoriser l’écoulement des produits locaux.
Enfin, les adhérents des organisations patronales et syndicales
ont également insisté sur la mise en place d’un plan de communication
pour valoriser les métiers agricoles.
4ème conférence : mardi 18 juillet
Thème : Pour un pays ouvert sur le monde : culture et tourisme
Quelques données
Le tourisme est l’un des secteurs économiques à la croissance la
plus rapide du monde. Et la Nouvelle-Calédonie n’a pas à rougir de
ses atouts environnementaux, culturels, et géographiques. Cela étant,
des difficultés persistent.
Une faible notoriété du Territoire, un tourisme concentré sur
Nouméa, des prestations et dessertes chères, une offre d’hébergement
sans positionnement stratégique et en manque d’attractivité et l’absence
de cohérence des politiques publiques, sont parmi les freins les plus
émergents.
En termes de cultures, les échanges avec les autres pays
contribuent à faire vivre, à enrichir, et à faire évoluer la culture
locale. Le rayonnement culturel est vecteur de cohésion sociale et de
construction identitaire. Si les cultures coexistent en
Nouvelle-Calédonie, pour les pays voisins, l’identité culturelle
calédonienne reste floue.
Sur le plan économique, la culture et le tourisme ont un
potentiel fort. Le tourisme doit pouvoir s’appuyer et valoriser la
culture calédonienne.
Autour du débat ...
Les participants au débat soulignent le peu d’intérêt de la
population calédonienne et du politique pour le tourisme. L’éclatement
des compétences provinciales limite l’émergence d’une stratégie Pays et
ce, d’autant plus que le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie ne compte
pas de secteur spécifique dédié au tourisme.
À titre d’exemple, les moyens alloués aujourd’hui au secteur sont deux fois moins importants qu’à Tahiti.
Concernant la culture, les adhérents de la FINC comme de l’USTKE
constatent le peu de données existantes sur la production
culturelle locale. Or, il existe un réel potentiel des identités
calédoniennes à valoriser, mais, là encore, l’absence de structuration
du secteur engendre un manque de visibilité et de diversification
des artistes.
À titre d’exemple, le secteur de la musique est assez peu, voire inexistant sur le plan international.
Le tourisme et la culture sont des vecteurs de développement de
l’emploi, de stabilité démographique et de développement harmonieux.
Ils permettent aux populations de construire une activité économique
sans quitter leur lieu d’origine.
La Nouvelle-Calédonie est le pays idéal pour développer le tourisme durable, l’écotourisme, et le tourisme culturel.
Les pistes évoquées ...
La provincialisation apparaît aujourd’hui comme un frein au
développement de la culture et du tourisme. Les participants mettent en
avant la nécessité de construire un axe commun à travers un schéma
directeur de la culture et du tourisme pour promouvoir le pays.
Il faut également accompagner les artistes par un appui
administratif, financier, et au travers une pépinière d’artistes qui
valoriserait leur image.
De même, il faut professionnaliser le secteur du tourisme, pour
monter en compétences les prestataires, mettre aux normes les
structures d’accueil avec un accompagnement et un contrôle des
acteurs.
Il apparaît également important de créer des espaces culturels,
de démonstration de l’art calédonien pour les touristes avec la mise en
place d’une maison de la Culture à l’arrivée des paquebots.
Enfin, il s’agit de défendre la culture locale (et notamment l’art statuaire) en complétant et renforçant le cadre légal.
5ème conférence: mardi 22 août
Thème : Besoins en emplois et compétences aujourd’hui et demain
Quelques données
Les besoins en compétences pour aujourd’hui et demain sont
criants, mais force est de constater les difficultés de recrutement
liées au manque de qualification, démotivation, de compétences sociales
et de savoir-être du vivier.
Les écarts au niveau des jeunes, des non-diplômés, du taux de féminisation des métiers perdurent entre les provinces.
Pour la plupart, les entreprises recrutent à un niveau inférieur et forment en interne.
La formation professionnelle est, de son côté, souvent inadaptée ou financièrement trop élevée.
Autour du débat ...
Un constat s’impose, les offres d’emplois sont plus exigeantes
aujourd’hui, et les qualifications des demandeurs se retrouvent en
décalage, et ce, malgré l’amélioration globale de leur niveau de
formation.
Cela étant, les problématiques sont très variables selon les
provinces avec une attractivité du Sud au détriment du développement du
Nord et des Îles Loyauté. Là encore, des difficultés apparaissent,
liées à la fragmentation des compétences des services de placement des
demandeurs d’emploi.
Les participants regrettent également l’absence d’évolution de la loi sur l’emploi local.
L’effort de rééquilibrage est à poursuivre et doit permettre de
clarifier l’accès des Kanak aux postes à responsabilité, le
rééquilibrage géographique et l’emploi par ethnie.
Les jeunes formés à l’extérieur sont plus difficilement intégrés
et leur potentiel n’est pas toujours exploité dès leur retour. Pour
autant, le programme Cadre Avenir affiche un taux moyen d’insertion sur
20 ans à 96%.
Si la formation et la réussite scolaire conditionnent l’accès à
l’emploi, le système éducatif doit être performant pour répondre aux
enjeux du Pays, et aux besoins des entreprises.
La vocation de l’entreprise est d’abord de produire. Elle ne peut pas se substituer au système éducatif.
Les petites entreprises ont d’ailleurs plus des difficultés que
les grosses entreprises à former, par manque de temps, de moyens, et par
leur incapacité à libérer les personnes.
Or, ont rappelé les chefs d’entreprise, plus les salariés montent en compétence, plus l’entreprise gagne en productivité.
Mais la formation professionnelle aujourd’hui ne permet pas de
corriger le décalage entre les besoins de compétences des entreprises et
le niveau de formation initiale des salariés.
De ce fait, il est difficile pour les entreprises d’avoir une
vision sur l’avenir et d’identifier leurs besoins à moyen et long terme.
Les pistes évoquées ...
Parmi les projets proposés, le groupe de travail suggère que
l’IDCNC (Institut des compétences) analyse les futurs métiers porteurs
du pays pour pouvoir orienter la formation initiale. Avec pour
objectif, une GPEC Pays (gestion prévisionnelle de l’emploi et des
compétences).
À titre d’exemple, l’orientation des étudiants se fait parfois
dans des secteurs déjà saturés, limitant, de fait, leur insertion
professionnelle à l’issue.
Au sein de l’entreprise, il faut améliorer l’accompagnement des
salariés et tendre vers un parcours de formation individualisée. En ce
sens, il est nécessaire de sensibiliser davantage les PME à l’enjeu de
la formation.
Autres pistes avancées, la mutualisation des
moyens pour soutenir le déploiement des formations en PME, et le
regroupement des trois organismes de placement.
Les résultats
de l’étude « Au delà du nickel : quel modèle économique et social pour
la Nouvelle-Calédonie demain? » se matérialisent déjà par l’organisation
des Etats généraux de l’industrie qui se tiendront fin novembre 2017 et
réuniront acteurs économiques, politiques et institutionnels afin de
tracer les contours opérationnels d’une stratégie industrielle.
La
mutualisation de certains moyens constitue un enjeu majeur pour la
compétitivité des industriels calédoniens, ce qui fait donc actuellement
l’objet d’études au sein de la FINC