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mercredi 29 novembre 2017

France ou indépendance ? Une ligne de crête se dessine en Nouvelle-Calédonie




Au terme de trente ans d’un processus de décolonisation, le paysage politique de Nouvelle-Calédonie reste fracturé entre loyalistes et indépendantistes mais à un an du référendum d’autodétermination le clivage apparait moins tranché que jadis.

Alors qu’Edouard Philippe se rend jeudi sur le Caillou, «l’opposition n’est pas si grande entre les indépendantistes qui ne veulent pas d’une rupture brutale avec la France et les loyalistes qui veulent aller plus loin dans l’autonomie. Il y a effectivement un chemin escarpé», a souligné l’ancien Garde des Sceaux, Jean-Jacques Urvoas, lors d’un récent colloque à Nouméa sur l’avenir institutionnel de l’archipel.
Au terme d’un processus de décolonisation original entamé en 1988 par les accords de Matignon et poursuivi en 1998 par l’accord de Nouméa, la vie politique calédonienne est toujours figée en deux blocs.
Le territoire a connu au cours des dernières décennies de profonds bouleversements économiques, sociaux et institutionnels mais la question de son accession à la souveraineté demeure celle qui fâche.
Au sein de la population, l’inquiétude est palpable face à la difficulté des dirigeants locaux à éclairer l’après-référendum. La séquence électorale de 2017 (présidentielle, législatives et sénatoriales) a de surcroit conduit à une radicalisation des discours.
Aux extrémités des deux camps les positions semblent inconciliables.
Mais, passée l’électricité des campagnes, les franges plus modérées de l’échiquier politique jouent l’ouverture, craignant que la concorde entre les communautés «se fracasse» sur le référendum, prévu au plus tard en novembre 2018.
Selon les projections, les partisans de la France sont assurés de remporter ce scrutin mais il n’éteindra pas la revendication d’indépendance, d’autant que deux autres référendums peuvent avoir lieu d’ici 2022.
A la tête du principal parti non indépendantiste, Calédonie Ensemble (CE), le député Philippe Gomès a réitéré samedi sa proposition de «déclaration commune pour sanctuariser les acquis des trente dernières années», en terme de valeurs, de droit à l’autodétermination, de rapport à la terre ou d’institutions.
Le travail réalisé sous la précédente mandature sous la houlette d’experts sur les convergences et les divergences entre loyalistes et indépendantistes pourrait servir de base.
-«Souveraineté partagée»-

Repoussant les lisières de l’autonomie, M. Gomès est allé jusqu’à prôner la construction d’une «souveraineté calédonienne» au sein de la France, rappelant que dans l’exercice de la justice ou des relations étrangères, domaines régaliens, l’accord de Nouméa a déjà instauré une «souveraineté partagée».
CE défend en outre «une calédonisation des administration régaliennes» - davantage de gendarmes, de juges, de militaires calédoniens - plaçant son projet dans une philosophie «nationaliste».
Moins transgressif, le sénateur Pierre Frogier (LR) veut un «grand palabre à l’océanienne», affirmant «qu’entre partenaires on peut parler de tout, y compris du tabou de la souveraineté».
En face, le FLNKS, qui revendiquait dans les années 1980 l’IKS (indépendance kanak socialiste), a infléchi sa ligne. L’UNI (Union nationale pour l’indépendance), qui regroupe trois des partis du FLNKS, milite pour «une souveraineté en partenariat avec la France et d’autres pays».
«Il faut pouvoir joindre les deux bouts: la volonté d’accession à la pleine souveraineté et la prise en compte de la peur qu’elle inspire à certains. Discuter du partenariat peut être un élément qui rassure», explique Louis Mapou, chef du groupe UNI au Congrès.
Son homologue pour l’Union Calédonienne (UC-FLNKS), Roch Wamytan, préconise «un partenariat à égalité avec la France sans relation de tutelle», permettant de dénouer le contentieux colonial grâce à des liens «librement consentis».
Le leader kanak observe en outre «qu’un nationalisme calédonien est en train d’émerger» et qu’il «pourrait rencontrer le nationalisme kanak».
Malgré ces confluences, l’antagonisme crucial de la nature du lien avec la France persiste : création d’un «Etat en partenariat avec la France» pour les uns, «petite nation au sein de la République» pour les autres.
«Il y a un chemin de crête mais il est très périlleux. Ce serait une sorte de troisième voie et jusqu’à présent ce genre de tentative a toujours échoué en Nouvelle-Calédonie», observe Pierre-Christophe Pantz, docteur en géographie.
AFP









Des électeurs se rendent dans un bureau de vote de Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, lors du deuxième tour des élections présidentielles, le 7 avril 2017 Photo Fred Payet. AFP
Au terme de trente ans d’un processus de décolonisation, le paysage politique de Nouvelle-Calédonie reste fracturé entre loyalistes et indépendantistes mais à un an du référendum d’autodétermination le clivage apparait moins tranché que jadis.
Alors qu’Edouard Philippe se rend jeudi sur le Caillou, «l’opposition n’est pas si grande entre les indépendantistes qui ne veulent pas d’une rupture brutale avec la France et les loyalistes qui veulent aller plus loin dans l’autonomie. Il y a effectivement un chemin escarpé», a souligné l’ancien Garde des Sceaux, Jean-Jacques Urvoas, lors d’un récent colloque à Nouméa sur l’avenir institutionnel de l’archipel.
Au terme d’un processus de décolonisation original entamé en 1988 par les accords de Matignon et poursuivi en 1998 par l’accord de Nouméa, la vie politique calédonienne est toujours figée en deux blocs.
Le territoire a connu au cours des dernières décennies de profonds bouleversements économiques, sociaux et institutionnels mais la question de son accession à la souveraineté demeure celle qui fâche.
Au sein de la population, l’inquiétude est palpable face à la difficulté des dirigeants locaux à éclairer l’après-référendum. La séquence électorale de 2017 (présidentielle, législatives et sénatoriales) a de surcroit conduit à une radicalisation des discours.
Aux extrémités des deux camps les positions semblent inconciliables.
Mais, passée l’électricité des campagnes, les franges plus modérées de l’échiquier politique jouent l’ouverture, craignant que la concorde entre les communautés «se fracasse» sur le référendum, prévu au plus tard en novembre 2018.
Selon les projections, les partisans de la France sont assurés de remporter ce scrutin mais il n’éteindra pas la revendication d’indépendance, d’autant que deux autres référendums peuvent avoir lieu d’ici 2022.
A la tête du principal parti non indépendantiste, Calédonie Ensemble (CE), le député Philippe Gomès a réitéré samedi sa proposition de «déclaration commune pour sanctuariser les acquis des trente dernières années», en terme de valeurs, de droit à l’autodétermination, de rapport à la terre ou d’institutions.
Le travail réalisé sous la précédente mandature sous la houlette d’experts sur les convergences et les divergences entre loyalistes et indépendantistes pourrait servir de base.
-«Souveraineté partagée»-

Repoussant les lisières de l’autonomie, M. Gomès est allé jusqu’à prôner la construction d’une «souveraineté calédonienne» au sein de la France, rappelant que dans l’exercice de la justice ou des relations étrangères, domaines régaliens, l’accord de Nouméa a déjà instauré une «souveraineté partagée».
CE défend en outre «une calédonisation des administration régaliennes» - davantage de gendarmes, de juges, de militaires calédoniens - plaçant son projet dans une philosophie «nationaliste».
Moins transgressif, le sénateur Pierre Frogier (LR) veut un «grand palabre à l’océanienne», affirmant «qu’entre partenaires on peut parler de tout, y compris du tabou de la souveraineté».
En face, le FLNKS, qui revendiquait dans les années 1980 l’IKS (indépendance kanak socialiste), a infléchi sa ligne. L’UNI (Union nationale pour l’indépendance), qui regroupe trois des partis du FLNKS, milite pour «une souveraineté en partenariat avec la France et d’autres pays».
«Il faut pouvoir joindre les deux bouts: la volonté d’accession à la pleine souveraineté et la prise en compte de la peur qu’elle inspire à certains. Discuter du partenariat peut être un élément qui rassure», explique Louis Mapou, chef du groupe UNI au Congrès.
Son homologue pour l’Union Calédonienne (UC-FLNKS), Roch Wamytan, préconise «un partenariat à égalité avec la France sans relation de tutelle», permettant de dénouer le contentieux colonial grâce à des liens «librement consentis».
Le leader kanak observe en outre «qu’un nationalisme calédonien est en train d’émerger» et qu’il «pourrait rencontrer le nationalisme kanak».
Malgré ces confluences, l’antagonisme crucial de la nature du lien avec la France persiste : création d’un «Etat en partenariat avec la France» pour les uns, «petite nation au sein de la République» pour les autres.
«Il y a un chemin de crête mais il est très périlleux. Ce serait une sorte de troisième voie et jusqu’à présent ce genre de tentative a toujours échoué en Nouvelle-Calédonie», observe Pierre-Christophe Pantz, docteur en géographie.
AFP 
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