Pollution en Nouvelle-Calédonie : Philippe face à la colère des habitants
Rendez-vous, mercredi 6 Décembre à 8h00 au Monument Américain à Nouméa pour une MARCHE PACIFIQUE CONTRE LE SILENCE DES BOULETTES D'HYDROCARBURES. Mobilisation du pays pour dénoncer la pollution et le manque de transparence de la part de l'armateur, de l'Etat, et du gouvernement local.
À Lijou,
Édouard Philippe a été coiffé d'un chapeau en feuilles de cocotiers
tressées. Mais à l'accueil traditionnel, ont succédé les demandes
pressantes et les plaintes.
Le pied à peine posé, hier, sur le sol de l'île de Lifou, en
Nouvelle-Calédonie, le Premier ministre Édouard Philippe a pu lire, sur
des banderoles, la colère des habitants confrontés à une pollution aux
hydrocarbures. Accueilli par des danses traditionnelles, le chef du
gouvernement a eu, dans la case en paille de la chefferie du Wetr, un
échange avec les dignitaires kanaks de la région, où la tonalité a pris
une tournure moins festive. Assis sur des nattes, le chef du
gouvernement s'est vu remettre un sac en plastique contenant des
boulettes d'hydrocarbures, que la mer rapporte sur les plages de l'île
depuis le 23 novembre.
90 kg de boulettes de carburant
«
On n'a pas d'informations claires », lui a lancé Thierry Rokead,
entouré d'une cinquantaine de membres d'un collectif. « La pêche fait
partie de notre quotidien, on n'a pas les moyens d'acheter du poisson »,
a également protesté une manifestante après que des tortues, des
serpents et des holothuries ont été trouvés morts. Cette pollution est
attribuée à un porte-conteneurs qui s'est encastré, le 12 juillet, sur
un récif au sud-est de l'île de Maré.
Le Kea Trader, long de 184 mètres, a été dépollué mais,
après s'être brisé en deux, du fioul lourd, dit « impompable », s'est
échappé de ses cales, de sorte que près de 90 kg de boulettes de
carburant ont déjà été ramassées, à Lifou et en plusieurs points de la
côte est.
À un an du référendum sur l'indépendance
Le
Premier ministre, qui assuré que « toutes les mesures sont prises » et
que les choses sont sur « la bonne voie », a pris part à une réunion
technique sur le sujet. Alors que la préparation du référendum sur
l'indépendance, qui aura lieu d'ici à novembre 2018, fait craindre un
retour des violences sur le « caillou », les enjeux environnementaux ont
bel et bien pris l'ascendant, hier, à Lifou, où le maire a interdit la
pêche et la baignade. Le président de la collectivité, Néko Hnépéune,
indépendantiste, en a profité pour évoquer les défis de son île :
gestion des déchets, érosion du littoral, etc. Le chef du gouvernement
a, lui, fait remarquer qu'il « serait absurde et dangereux » d'être «
obnubilés » par les questions institutionnelles, alors qu'il y a des «
urgences » climatiques et environnementales. Avant d'inaugurer la
deuxième station photovoltaïque de Lifou qui s'est fixé pour objectif,
d'ici à 2020, de produire 100 % de ses besoins en énergie renouvelable.