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lundi 16 juillet 2018

Nouvelle-Calédonie : le Parti travailliste dit non au référendum


Le PT incarne la frange dure du mouvement indépendantiste Kanak, dissidente du FLNKS. Réuni en congrès, il appelle ses militants et sympathisants à la «non-participation» au référendum d'autodétermination du 4 novembre prochain, et accuse le FLNKS de faire le jeu de «l'Etat colonial».


«Ça va être un coup de tonnerre dans le pays», promet Louis Kotra Uregei, figure de proue du Parti travailliste (PT) de Nouvelle-Calédonie. En ce 14 juillet maussade, tandis que les Forces armées de Nouvelle-Calédonie défilent non loin sous le crachin, quelque 300 militantes et militants réunis à la Maison des Syndicats de Nouméa viennent d’entériner comme un seul homme l’appel du PT «à ne pas participer» à la consultation du 4 novembre sur l’avenir institutionnel du territoire, considérée comme «perdue d’avance». «A aucun moment vous n’avez entendu parler ici de boycott», souligne l’homme fort à la tribune, orateur impeccable et, de l’avis général, l’un des politiques les plus madrés du Caillou. «On ne veut pas employer ce terme, souffle une militante, ça fait trop penser à Machoro», allusion au meneur indépendantiste qui défonça une urne à coups de hache à Canala en 1984, donnant le signal des événements qui embrasèrent pendant quatre ans la collectivité d’Outremer.
Créé en 2007, le Parti travailliste et son bras armé, le redouté syndicat USTKE, qui revendique fièrement «le plus grand nombre de jours de grève du territoire», sont les locomotives d’un mouvement plus large, le Rassemblement des indépendantistes et nationalistes (RIN). Né en 2014 d’un schisme au sein du FLNKS - l’union historique des formations indépendantistes, elle-même forgée en 1984 -, le RIN n’a eu de cesse depuis de dénoncer les «compromis» des grands partis, le Palika et l’Union calédonienne, face à la droite loyaliste et à l’Etat français. Notamment, le pacte sur la composition des listes électorales conclu lors du 16e comité des signataires de l’Accord de Nouméa, à Matignon en novembre dernier, ne passe toujours pas.

 «Message positif»

«Ce référendum doit être celui de l’autodétermination du peuple colonisé, c’est-à-dire des Kanaks, or les conditions d’inscription des Kanaks de droit commun sur la liste référendaire (les Kanaks de statut coutumier sont inscrits d’office ndr) leur compliquent la démarche», proteste Sylvain Pabouty, secrétaire général de la Dynamik Unitaire Sud, petit parti membre du RIN. Autre conséquence de la faiblesse supposée du FLNKS, «l’immigration massive et continue de métropolitains», qui serait préjudiciable à l’emploi des Kanaks malgré la loi du pays qui, depuis 2012, impose aux entreprises de privilégier les candidats locaux. L’une des antiennes favorites de Louis Kotra Uregei, reprise à plusieurs voix lors du congrès d’hier. «Comment ça se fait que sur les trente ans passés, seuls 1 500 de nos jeunes ont bénéficié de programmes de formation des cadres, alors que des milliers de "métro" occupent les postes importants ici ? On en a marre !», s’exaspère un militant de la base, invité à s’exprimer au micro.
En cette période préélectorale très sensible, sur une terre traumatisée par les violences des années 80, le PT s’est gardé de trop appuyer, samedi, sur un thème qui lui vaut une persistante réputation de xénophobie. Plus ciblée, la «franc-maçonnerie» a fait l’objet de diatribes à la tribune, sans que le rôle des «frères» dans «la disparition programmée du peuple kanak» soit précisé. Mais avant la pause sandwich, devant l’assemblée debout, têtes baissées, le pasteur Wakira Wakaïne a rappelé, en détachant bien les mots, que «Dieu a donné le pays» aux Kanaks «à partager avec les autres». Dans ce parti au fond religieux très présent – Louis Kotra Uregei fait référence à la «Terre promise de Kanaky» dans un récent éditorial du journal du PT – tous se plient visiblement à la consigne : le rejet du référendum doit rester un «message positif». «On ne veut pas créer d’agitation. Le jour du vote, on ira simplement à la pêche», prévoit un militant.

«Simulacre»

A l’heure de son «rendez-vous avec l’histoire», le Parti travailliste joue gros. Louis Kotra Uregei espère surfer sur la vague de frustration qui ne cesse de monter au sein du monde kanak, en proie au chômage et à la pauvreté et dont une partie de la jeunesse erre, déboussolée, dans les rues de Nouméa. Si, en dépit de son appel, le «peuple kanak» restait fidèle à la ligne du FNLKS en se rendant aux urnes, le PT, déjà minoritaire, se retrouvera marginalisé. En attendant, le leader de 67 ans n’entend pas faillir à sa réputation de coriacité. «On va aller dans tout le pays, dans chaque tribu, pour expliquer notre position et dénoncer ce simulacre de référendum», martèle Louis Kotra Uregei. 
Pour l’heure, le FLNKS n’a pas réagi à la déclaration du PT. Mais en avril dernier, en comité directeur de l’UC, le porte-parole du FLNKS, Daniel Goa, n’avait pas caché son peu d’estime pour les «positions pseudo révolutionnaires» du RIN. Il avait appelé les militants qui seraient à la fois au FLNKS et au RIN à «choisir»
 
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 Commentaire: L’USTKE est un syndicat combatif que la LCR soutenait déjà avant même l’existence du PT. Celui-ci en bonne logique « travailliste » n’est qu’une émanation du syndicat pour le représenter aux élections et non l’inverse!
Deux logiques s’affrontent comme dans plusieurs luttes récentes: ceux qui ont déjà perdu et qui accompagnent les vainqueurs en espérant des miettes en échange de leur attitude responsable. Et ceux qui veulent encore renverser la table, malgré le consensus pro colonialisme de droite comme de gauche.
C’est un comble de traiter le PT de raciste! On savait déjà que dans les déplacements internationaux, les occidentaux étaient des « expats » sympas et les pauvres des « réfugiés » invasifs et dangereux. On découvre que refuser de se faire déposséder de son pays est du « racisme ». Les palestiniens et les thibétains vont-ils être aussi accusés de racisme ?

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