A Manca, après les analyses livrées par l’USTKE et le Parti travailliste soutien leur position de non-participation.
Très 
récemment, le FLNKS s’employait à mener une campagne active pour 
dénoncer des sondages qui donnaient la victoire du NON pour un score 
oscillant entre 69 et 75%. De son côté, la gauche indépendantiste kanake
 (USTKE et Parti Travailliste) appelle depuis quelques semaines à la non
 participation, jugeant ce scrutin comme un simulacre de référendum pour
 le droit à l’autodétermination. Une analyse de la situation politique 
depuis les Accords de Matignon de 1988 semble nécessaire à quelques 
jours du scrutin.
Les accords de Matignon trahis ?
Ces 
accords prévoyaient initialement un référendum pour 2008 au plus tard. 
Mais c’est surtout le plan de rééquilibrage dans la période de 
transition vers la décolonisation du pays dont il était question. Les 
accords de rééquilibrage social devaient mettre le peuple Kanak au 
centre du dispositif par le biais des politiques publiques favorisant 
l’emploi, y compris dans la fonction publique, la formation et l’accès 
au logement.
 C’est exactement le contraire qui s’est 
produit. Les années 2000 ont vu une arrivée massive de métropolitains 
français en Kanaky (7 500 en 2006 !) qui ont accentué un virage de 
l’économie vers les secteurs de l’immobilier et du tourisme. La 
spéculation immobilière a éloigné la jeunesse kanake dans les 
périphéries urbaines et dans les bidonvilles avec un taux de pauvreté 
2,5 fois supérieure à celui des jeunes en métropole. 99% de la 
population carcérale en Kanaky concerne des jeunes kanakes. Il a fallu 
attendre 2016 pour voire le premier avocat kanak plaider dans son pays, 
et 2018 pour voir un chef d’établissement scolaire kanak nommé.
 Autre effet pervers des aides publiques 
détournées de leurs objectifs initiaux, l’apparition d’un clientélisme 
au sein même de la communauté kanake. Usant de leur pouvoir de 
distribuer quelques subsides publics, ces potentats kanaks ont remis en 
cause le droit coutumier des tribus tout en favorisant l’installation de
 professionnels européens du tourisme. Ce colonialisme de l’intérieur a 
accentué les inégalités et le délitement du lien socio-culturel.
Un corps électoral taillé sur mesure pour la victoire du NON ?
On ne peut
 dissocier la question du corps électoral de l’évolution démographique 
en Kanaky. Quand les accords de Matignon furent signés, la Kanaky 
comptait 162 000 habitants, dont 53% de kanaks et 33% d’Européens. En 
2015, la population s’élevait à 268 767 habitants, dont 39% de kanaks et
 27,2% d’Européens. Il y a certes un problème de baisse du taux de 
natalité observé simultanément dans les provinces du Nord et des îles 
qui explique en partie ce déséquilibre démographique mais d’autres 
facteurs sont déterminants. Durant les années 2000, 75% du solde 
migratoire est représenté par des Français de métropole, dont l’immense 
majorité peut aujourd’hui arguer de 10 ans de résidence en Kanaky et 
donc voter.
Et c’est 
dans ce contexte que les accords de Nouméa de 2007 ont fixé la 
composition du corps électoral pouvant voter le 4 novembre prochain. Il y
 a un an, l’ONU fut alerté par les représentants kanaks sur l’absence de
 23 000 kanaks sur les listes électorales. Seuls 10 000 de ces personnes
 furent rajoutées sur les listes définitives validées par Manuel Valls 
au mois de Juin dernier… tout un programme.
Nos 
camarades de l’USTKE et du Parti Travailliste ont donc raison quand ils 
dénoncent la fausse neutralité de l’État français dans la mise en œuvre 
des accords de Matignon, les manœuvres colonialistes et la nécessité de 
sortir du piège des institutions françaises pour accéder à un véritable 
droit à l’autodétermination.
A Manca
  





