Nos élus Provinciaux

lundi 19 novembre 2018

Le Parti travailliste appelle à l'unité des indépendantistes

Trois jours de congrès à Maré, pour le Parti travailliste. Le mouvement de Louis Kotra Uregei a analysé le référendum et dressé un bilan sévère des trente ans d'accords. En vue des prochaines échéances électorales, il appelle les indépendantistes à se mettre autour d'une même table.
Ce neuvième congrès se tenait à la tribu de Roh, dans le Nord de Maré. © NC la 1ere / Brigitte Whaap
© NC la 1ere / Brigitte Whaap Ce neuvième congrès se tenait à la tribu de Roh, dans le Nord de Maré.

Le référendum, il en a été question vendredi, au premier jour de ce congrès tenu dans le Nord de Maré. Les structures du parti faisaient leur bilan. A cette occasion, chacun a pu s'exprimer sur son ressenti après le 4 novembre, marqué par 80% de votants et un «oui» à 43%.
 

Non-participation, ou presque

Les militants semblent avoir suivi le mot d'ordre de non-participation. Certains se sont tout de même rendus aux urnes. Mais selon un cadre, ce constat ne fait que démontrer la solidité et le pluralisme des structures du parti. Et si le président, Louis Kotra Uregei, trouve une chose positive à ce référendum, c'est la forte mobilisation des électeurs.
 

© NC la 1ere / Brigitte Whaap
© NC la 1ere / Brigitte Whaap

Provinciales et prochain référendum

Samedi, les quelque 200 militants présents ont travaillé en atelier sur différents thèmes: la situation et l'analyse politique post référendum, l'état des lieux de la jeunesse en particulier kanak. Un groupe a planché sur le projet de constitution de Kanaky. Un autre, sur les enjeux politiques, notamment les provinciales de mai 2019 et le deuxième référendum en 2020.  

D'abord de nouveau appeler à la stratégie unitaire, absolument nécessaire.

Discuter

Avant toute chose, Louis Kotra Uregei appelle les autres formations indépendantistes à s'asseoir autour d'une même table avec le Parti travailliste. Pour discuter et élaborer une stratégie commune. C'est ce qu'il met en avant dans la feuille de route issue du congrès: «D'abord de nouveau appeler à la stratégie unitaire, absolument nécessaire.» ​​​​​
Le reportage de Brigitte Whaap et Carawiane Carawiane. 

Viser la majorité au Congrès

«Ensuite, sur les échéances électorales, déroule-t-il, il faut privilégier ce qui va nous permettre d'être majoritaires au Congrès, et bien sûr au gouvernement. Et l'année prochaine, si le mouvement indépendantiste est majoritaire au Congrès, on exercera le pouvoir comme dans un pays indépendant.»
 

L'année prochaine, si le mouvement indépendantiste est majoritaire au Congrès, on exercera le pouvoir comme dans un pays indépendant.

«Marginalisation et recul du peuple kanak»

Quant au bilan de ces trois dernières décennies, y compris jusqu'à aujourd'hui, il a été «assez clair», relate le président du PT: «période de marginalisation et de recul du peuple kanak. Pour nous, restent des exigences fortes, notamment sur les velléités de remise en cause du gel du corps électoral, de remettre en cause la clé de répartition, d'annulation des prochains référendums...» Sur ces sujets, le Parti travailliste a en commun avec le FLNKS d'être «absolument contre. On s'oppose à toutes ces remises en cause.» 
 

Gel du corps électoral, clé de répartition, prochains référendums: «On s'oppose à toutes les remises en cause.»

«Référendum d'autodétermination bidon»

Par ailleurs, le Parti travailliste «réitère l'exigence de l'inscription automatique de tous les Kanak sur toutes les listes électorales. Parce qu'on a constaté sur ce référendum que nombre de Kanak n'avaient pas pu voter. C'était bien la preuve que c'était un référendum d'autodétermination bidon.» 

Ecoutez Louis Kotra Uregei, joint dimanche midi par Coralie Cochin.​​​​​​A retrouver au JT de 19h30.


  
 source



samedi 17 novembre 2018

ENCORE un bateau de Mr Louis Kotra UREGEI , incendié.

Un incendie s’est déclaré cette nuit sur le «Grete Theresa», bateau de Louis Kotra Uregei actuellement amarré à Nouméa, au quai Jules-Ferry (et ici photographié l'an dernier par John Wilson). Les pompiers sont longuement intervenus pour maîtriser le feu. Selon la police, son origine n’est pas encore connue. Une enquête a été ouverte.

DISCOURS D’OUVERTURE PDT 9ème CONGRÈS PT 16/17/18 NOVEMBRE 2018 RÔ NENGONE


 
Bozu ne waiam pene nengone
Salutations fraternelles, militantes et chaleureuses avec humilité et respect :
·         A la Grande Chefferie de Guahma et au GC.
·         Aux Grands chefs et petits Chefs de Nengoné
·         A tous les clans de Nengoné
·         A toutes les vieilles et les vieux, les femmes et  les hommes
·         Les jeunes de Nengoné et de Kanaky
·         A vous les responsables et les militants du PT

Nous voici réunis à l’occasion de notre 9ème Congrès ici à Nengone à la tribu de Rô, District de Guahma de la Grande Chefferie HNAISSILINENGO.
Ce 9ème Congrès arrive dans un contexte particulier, vers la fin de la période de l’ADN et après une consultation référendaire qui a focalisé l’attention de tout le pays.
Cette période de l’ADN aura été l’une des plus néfastes au plan politique pour le PK dont la représentation institutionnelle et en particulier par ceux estampillés « Signataire de l’ADN », n’aura eu de cesse de brader ses intérêts notamment par :
·        Le silence sur les flux migratoires
·        Le silence sur la discrimination anti-kanak générale
·        Le silence sur l’absence de citoyenneté réelle
·        Le silence sur les transferts de compétence bidons
·        La complicité avec Calédonie Ensemble dans pratiquement tous les domaines dont le bénéfice politique sera quasi exclusivement acquis à CE laissant de menus prébendes au FLNKS.

Je vais tâcher d’en partager l’analyse avec vous.


1)   Sur la consultation du 4 novembre

Durant plusieurs jours après la proclamation des résultats du référendum du 04 Novembre 2018, entendu et vu les nombreux commentaires négatifs voire insultants vis à vis du Parti Travailliste et de ma personne, il est temps aujourd’hui d’y consacrer la réponse du parti à l’ouverture de notre 9ème Congrès..
J’ai remarqué que ces marques d’hostilité s’étaient déclenchés après les post d’un anonyme au pseudo de « Knky Knky » d’abord en disant « Merci au parti travailliste de nous avoir abandonné » et le second « N’aurait-on pas payé à coups de millions KOTRA L.K.U. pour empêcher la victoire du oui ?..... ».
Sur ce pseudo Knky Knky qui a ciblé ses 2 posts sur le PT et moi-même déclenchant une cascade de réactions, notre analyse nous donne à penser que la manipulation de l’État colonial à travers ses officines directes ou indirectes a vite fonctionné et porté ses fruits compte tenu des réactions.
Ces professionnels de la manipulation qui se sont déjà à maintes reprises distingués dans tous les continents selon les besoins de la mère patrie, ont bien étudié la psychologie kanak et ont compris comment déchaîner des réactions hystériques pouvant entraîner des dommages importants tant physiques que politiques.
L’abandon au plan politique : ainsi donc le PT aurait abandonné les autres ? En dehors du fait que le PT n’a jamais abandonné qui que ce soit dans la lutte, mais qui aurait été abandonné ?
Le PT a été le seul parti, suivi par l’USTKE à avoir convoqué un congrès extraordinaire, interrogé ses militants dans un questionnaire et voté démocratiquement une position de non-participation compte tenu des conditions d’organisation de ce référendum soi-disant d’autodétermination.
Les millions que j’aurais perçu pour faire échouer le oui : Nombre de nos frères et sœurs kanak se sont engouffrés dans cette manipulation grossière mais ô combien efficace, les réactions l’ont montré. La facilité avec laquelle les kanak sont tombés dans ce genre de piège doit interpeller l’ensemble des responsables indépendantistes. Chacun doit faire attention et laisser libre cours à ça parce-que cela concerne un autre que soi est porteur de danger, on l’a vu dans le passé.
Attention aussi à cette manipulation qui assimile le combat politique mené dans l’économie à de l’affairisme, connotation péjorative qui négativise un combat dans un domaine abandonné aux non-kanak.
Le combat de l’économie est nécessaire et doit aboutir pour préparer une indépendance où les kanak non seulement doivent être représentés partout mais aussi assurer dès maintenant les moyens de vivre de nombre de familles. Dans le cas de nos initiatives économiques, c’est plus de 200 familles dont plus de 80% étaient chômeurs, à qui nous assurons les moyens de vivre tous les mois et cela sans aide de l’état et du gouvernement, bien au contraire.
Pour terminer, laissez-moi vous dire que nous n’avons ni complexe, ni sentiment de culpabilisation, mais au contraire nous sommes fiers de ce que nous faisons tous les jours et nous incitons tous les donneurs de leçons et les aigris à moins parler et plus travailler.
Quant aux révolutionnaires menaçants du web ou du texto, si la velléité militante sérieuse et responsable pouvait égaler cette verve stérile, la lutte pourrait être déjà gagnée depuis longtemps !

Comme le PT l’avait déjà annoncé :
 -cette consultation ne peut être considérée comme un  référendum d’autodétermination,
-les résultats étaient connus à l’avance du fait  de l’immigration exponentielle et des inscriptions sur les listes électorales qui ont été conçues pour mettre le peuple kanak en minorité, sans compter toute la fraude électorale massive.
Dès lors, les résultats 56, 7 % pour le non et 43, 3% pour le oui ne sont pas vraiment une surprise. 
Si le oui a mobilisé davantage que prévu et le non moins que ne l’annonçaient les sondages, les grands équilibres connus depuis trente ans n’ont pas véritablement évolués.
Il convient donc de relativiser la « victoire » du non et l’échec du oui, puisque plus de 33 000 électeurs ne sont pas prononcés.
Si tous n’ont évidemment pas suivi le mot d’ordre de non-participation du Parti travailliste, force est de constater que la mobilisation est loin d’avoir été aussi forte que certains se disent.
Il en résulte  d’une part ; que le Parti travailliste peut raisonnablement se prévaloir d’un quart de ce que  l’Etat appelle des abstentions et d’autre part ; la consultation  auraient été perdu même si ce quart (8250 voix ) s’était exprimé avec le FLNKS.
De plus le PT ne sera pas le bouc émissaire d’un échec annoncé que seuls, les gens de mauvaise foi voulaient ignorer, faisant croire aux militants que la lumière du grand soir allait briller le 04 Novembre, entendez l’indépendance serait au RV du OUI ! Tout observateur averti ne pouvait annoncer le oui vainqueur ne serait-ce qu’à cause de la liste électorale référendaire comprenant plus de non colonisés – 95.000 – que de kanak colonisés – 80.000 ! De plus le petit PT serait responsable de l’échec du grand FLNKS (UC/PLK/UPM/RDO), associé à la DUS, au LKS, au Comité 150 Ans, à RHE BUHNU, au Sénat Coutumier, aux aires coutumières, etc. Etc.. C’est vraiment nous reconnaître une représentativité imaginaire mais qui sait !
Mais le FLNKS entend néanmoins se prévaloir d’une forte mobilisation des jeunes qui lui accorde un « résultat honorable », c’est sans doute le cas dans certains endroits, mais pas partout (exemple : les iles Loyauté…), tant et si bien que le FLNKS, inquiet d’une non-participation relativement forte,  entend examiner les listes électorales pour aller chercher les causes auprès des électeurs qui n’ont pas votés…Une certaine forme d’inquisition qui dénote une réelle inquiétude  chez ceux qui, bien qu’ayant perdu les élections, tentent de se présenter  comme s’ils les avaient gagnées.
Le plus grave serait de ne pas tirer les enseignements de cet échec annoncé et de faire croire qu’en 2020, « c’est toujours possible ».
Il n’est pas possible de gagner les consultations dans la configuration actuelle du corps électoral tel qu’il a été arrêté lors du dernier comité des signataires.
Et tout le monde l’a bien compris, si le FLNKS persiste à faire croire aux électeurs que c’est possible, c’est avant tout de ne pas laisser s’instaurer un sentiment d’échec susceptible de provoquer une démobilisation qui viendrait accroitre les abstentions aux élections provinciales de 2019.
Cela va en effet être difficile d’aller voter pour tous ceux à qui il avait été promis l’indépendance en 2018.
 Comment les convaincre maintenant que les provinciales, c’est possible. Si  le PALIKA et l’UC vont sans doute tenter de constituer une liste et unitaire en province Sud pour ne pas disparaitre du paysage politique comme en 2009, c’est essentiellement leur souci  respectif de conserver leurs pré-carrés qui va prévaloir en provinces nord et iles.
Pour autant les consultations de 2020 et 2022 sont loin d’être gagnées.
Nous entendons çà et là des   déclarations qui s’apparentent à des incantations selon lesquelles il n’y aura pas de compromis, que rien n’est négociable…. Attendons de voir les résultats du prochain comité des signataires ce ne serait pas la première fois que le FLNKS y entre avec ses idées et en ressort avec celles de l’Etat.
Ceci étant dit les élections provinciales ne sont pas les consultations référendaires et il faut faire preuve de réalisme ;
Il faut se maintenir dans les institutions afin d’avoir accès aux informations sur les affaires publiques qui nous intéressent et faire barrage aux décisions  qui iraient à l’encontre des intérêts du peuple kanak. Il faut aussi finaliser les transferts de compétences puisque ceux prévus par l’article 27 ne sont tours pas effectués. Ils sont pourtant indispensable a une bonne préparation de l’accès a l’indépendance.
C’est pourquoi en province Sud le Parti travailliste considère qu’il est absolument nécessaire de constituer une liste unitaire   pour ne pas laisser les mains libres a la droite.   Il faut donc espérer que le FLNKS aura assez de discernement pour ne pas  confondre les enjeux de la consultation  référendaire et ceux des élections provinciales. 
Mais si l’enjeu est primordial pour tous, le PT n’ira pas quémander quoi que ce soit à ceux qui font croire à la démarche unitaire au PK et ont passé leur temps à cadenasser et à instrumentaliser le FLNKS sans doute parce que certains étaient défavorables à sa création.
Cela me conduit à évoquer brièvement la mandature qui s’achève.

II) Sur la mandature qui s’achève :

Objectivement celle-ci ne peut être considérée comme un succès du point de vue de la marche vers l’indépendance.
Si les transferts  de compétences ont été effectués, il s’agit de transferts en trompe l’œil. L’Etat transfert la compétence au point de vue purement juridique mais en conserve  l’exercice par le biais de conventions avec le maintien de ses fonctionnaires et des textes nationaux. Aucun cadre Kanak n’a été formé dans la perspective d’exercer les nouvelles responsabilités, contrairement à ce qui est prévu par l’accord de Nouméa. 
Ainsi, bien que les compétences sont théoriquement exercées par la Nouvelle Calédonie, c’est en réalité l’Etat qui est toujours aux commandes  (Exemples enseignement secondaire avec le très puissant vice-recteur qui fait la pluie et le beau temps face à un membre du gouvernement reléguée au second plan, idem pour la police et la sécurité de la navigation maritime et aérienne mais aussi sécurité civile  …)
Les compétences soient disant « partagées » ne le sont absolument pas il suffit de regarder comment fonctionne la coopération régionale pour s’en convaincre.
La protection de l’emploi local- dont il est impossible d’obtenir un bilan précis et pour cause- est un échec total.
L’identité kanak proclamé comme étant au centre du dispositif s’apparente a une coquille vide qui ne trouvé aucune traduction concrète, tout particulièrement dans les relations du Sénat coutumier ave le congrès et le gouvernement ;
Le principe de collégialité qui devrait faire prévaloir le consensus au gouvernement se révèle en fait une véritable mise en scène puisque si d’aventure les élus indépendantistes ne sont pas d’accord sur un projet -ce qui est rare- le président applique la règle de la majorité.  
Je n’évoquerai que pour mémoire la question cruciale du foncier que la Nouvelle-Calédonie refuse obstinément de traiter en  ne récupérant pas l’ADRAF qui pourtant doit être transférée.
Autant de sujets qui traduisent un échec patent du bilan de ce mandat, qui ne fait que refléter l’échec de l’accord e Nouméa et de son pseudo destin commun.

III) Les dérives colonialistes  

Mais bien que l’échec du FLNKS face à l’Etat et aux partis conservateurs soit une réalité, les adversaires de l’indépendance n’entendent pas en rester là.
Il leur faut maintenant pousser l’avantage  et profiter d’un rapport de force qui leur est favorable pour réduire encore l’influence du mouvement indépendantiste qui, il faut bien le reconnaitre s’est fourvoyé dans une voie sans issue en  s’appropriant le discours sur le destin commun et le peuple calédonien.
La droite veut maintenant anéantir la résistance kanak :
- en modifiant la clé de répartition des dotations aux provinces au profit du Sud,
-en  refusant les deux autres référendum,
-en ouvrant le corps électoral aux 35 ou 40 milles personnes installés en Nouvelle Calédonie mais non électeur en raison du cors électoral restreint. 
Or nous le savons, ces restrictions n’ont été admises par le comité des droits de l’homme des Nations-Unies et le conseil constitutionnel qu’a titre dérogatoire pour la durée de l’accord de Nouméa.
 Le risque est donc grand que sur la pression des partis de droite, qui s’organisent en ce sens, l’Etat français ne consente à modifier la constitution au détour d’un comité de suivi ou le FLNKS se laisserait endormir moyennant quelques compensations.
Dans cette hypothèse, c’est la colonisation de peuplement qui se poursuit et s’en est fini du peuple kanak qui deviendrait ultra minoritaire et n’aurait donc plus aucune chance de faire valoir son droit à l’autodétermination.  
Il faut donc être très vigilant et faire preuve d’une résistance à toute épreuve.
Voilà le nouveau défi qui nous attend autour de ces grands enjeux politiques dont dépend l’avenir du Peuple Kanak.
Le mouvement indépendantiste saura-t-il y faire face ? Les interlocuteurs privilégiés de l’état colonial depuis la signature de l’ADN qui n’ont cessé de brader les intérêts du PK seront-ils encore en charge de cette responsabilité ?
Ce sont des questions auxquelles il faudra apporter la meilleure réponse et ce 9ème Congrès de notre parti devra y consacrer toute l’attention requise.

Je déclare ouvert notre Congrès !
Vive le 9ème Congrès du Parti Travailliste !
Vive KANAKY !

jeudi 8 novembre 2018

Kanaky, autodétermination ou codétermination ?





Le Non à l'indépendance de la "Nouvelle-Calédonie" l'a donc emporté avec 56,7% des voix (78.734 votes) contre 43,3% (60.199 votes) pour le Oui. Notre camarade Gael Roblin réagit à titre personnel au résultat.

Ainsi donc il y aurait eu un référendum d'autodétermination en Kanaky il y a quelques jours. C'est ce que l'on peut entendre dire ou lire ici et là, surtout en métropole j'imagine. Pendant deux mois pas un mot sur le scrutin dans les grands médias français et depuis quelques jours de nombreux éditorialistes ont fait campagne pour le "Non" à l'indépendance qui avait toutes les chances de l'emporter.

En Bretagne nous avons eu droit au matraquage de nos quotidiens qui  ont apporté leur soutien à la France impériale.  Ouest-France a ainsi donné la parole en une au point de vue du député LR de la Manche Philippe Gosselin, membre de la mission sur la Nouvelle-Calédonie célébrant le "génie institutionnel" ( sic ) de la France et faisant comprendre que cette dernière comptait bien garder son contrôle sur cette partie de ses colonies quoi qu'il advienne . Il y appelait à des relations néo-coloniales si l'indépendance était votée le 04 novembre malgré une majorité écrasante de colons. Rappelons que Ouest-France est le premier quotidien régional en terme de lectorat .

La très partiale Christine Clerc plumitive dans la presse réactionnaire ( Figaro etc...) a eu droit à une tribune ultra colonialiste puant l'Algérie Française dans le Télégramme dans lequel elle se réjouissait de la progression de la politique d'assimilation en Kanaky et vantant le bonheur d'être français pour progresser socialement et prédisant des violences urbaines imputables à de jeunes Kanaks en cas de victoire du "Non".


La suffisance impérialiste, la franchise du très sale soutien de Christine Clerc et Philippe Gosselin qui défendent les intérêts de leur classe de parasites, à l'apartheid et au colonialisme français n'a rien d'étonnant. Mais la dépolitisation ambiante a aussi amené des forces "autonomistes" ou "régionalistes" à voir dans le scrutin du 04 novembre un référendum d'autodétermination , en témoigne cet étrange communiqué de la Fédération Régions et Peuples Solidaires qui fédère les forces bretonnes, basques, corses, occitanes et alsaciennes se réclamant de l'autonomisme et du régionalisme...Ce communiqué signé Roccu GAROBY affirme " il appartient désormais aux  Néocalédoniens   eux-mêmes et à personne d'autre, de choisir entre deux projets de société" et est intitulé "Référendum en Nouvelle-Calédonie, un vote d'autodétermination enfin !". Par trois fois c'est le terme "Néo-Caledonien" qui est utilisé, et il n'est pas neutre, et son utilisation prouve bien qu'il ne s'agissait pas d'un référendum d'autodétermination le 04 novembre mais plutôt d'un référendum de "co-détermination".

Car la question posée était :  « Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ? ». "Nouvelle-Calédonie" et pas "Kanaky" et c'est là que le bât blesse.

Raphael Constant militant anticolonialiste Martiniquais et avocat a signé une brillante tribune sur le portail  " Montray Kreol" intitulé : "la supercherie de la consultation du 04 novembre" où il affirme " L’accord en lui-même reconnait le droit aux colons de s’exprimer sur l’avenir de la colonie, ce qui est exactement le contraire du droit à l’autodétermination. En fait, les Caldoches, installés par la violence, voient leur présence et domination entérinées par ceux qu’ils ont exploités et pillés pendant plus d’un siècle."

La souveraineté de la Nouvelle-Calédonie n'est pas le droit à l'indépendance de Kanaky !

Bien sur beaucoup de forces historiques de l'indépendantisme Kanak membre du FLNKS ont appellé à voté "OUI" au scrutin et visiblement ils ont été entendu par de très nombreux jeunes, la victoire du NON étant moins écrasante que prévue, de ce point de vue le score du "OUI" témoigne d'une persistance remarquable de la conscience nationale Kanak malgré  la violence de la terreur coloniale qui règne sur Kanaky depuis 1860. Mais les indépendantistes de l'USTKE ( Union Syndicale des Travailleurs Kanaks et Exploités ) et du Parti Travailliste de Kanaky qui avait appelé à la non participation n'ont pas moins fait preuve d'une telle conscience particulièrement aiguisée.


Mina Kherfi représentante du PT en métropole de passage à Nantes ( en Bretagne )  à l'université de la Gauche Indépendantiste Bretonne fin septembre affirmait que c'est  par ce que c'est la puissance coloniale française qui délimite le corps électoral, et qui détermine la question posée en imposant le concept de Calédonie à celui de Kanaky que le PT et l'USTKE appelait à la non participation.

La question de la non inscription d'office de milliers de Kanaks sur les listes électorales donc privés de droit au scrutin a aussi été un argument pour la non participation.

Rock Haocas, membre du Parti travailliste et secrétaire confédéral en charge de la communication et des relations extérieures de l’USTKE ne disait pas autre chose sur le site du NPA quelques semaines après en insistant sur les conditions de vie désastreuses des Kanaks du point de vue social et le caractère "insincère" des listes d'inscrits.

Et visiblement là où ces forces sont implantées comme à Ouvéa le taux de participation s'en est ressenti.

Si le peuple Kanak est devenu minoritaire sur son territoire c'est du au colonialisme. Dans les zones, les communes où il est majoritaire les "OUI" à l'indépendance est majoritaire.

C'est tellement évident que Phillipe Gomes leader d'un parti anti-indépendance Calédonie Ensemble déclare que l'hypothèse d'un vote favorable à l'indépendance est « strictement impossible. Tous les scrutins ces 20 dernières années donnent les listes non-indépendantistes majoritaires avec près de 60 % des voix et les listes indépendantistes avec 40 % des voix. Sur les 169 000 électeurs, on a 92 000 électeurs non-kanak et 77 000 électeurs kanak. Le rapport de force est défavorable à ceux qui portent la revendication de l'indépendance"

L'indépendantiste Martiniquais Raphael Constant résume les faits ainsi "Le seul exercice du droit des peuples consisterait à ne consulter que le peuple dominé qui a été spolié, le peuple kanak." pas les colons composante du "peuple calédonien".

Certains leaders indépendantistes Catalans dénonçant avec raison la violence espagnole contre la tenue de leur référendum auto-organisé de 2017 ont même parait-il loué les conditions dans lesquelles se déroulaient la consultation en Kanaky. Mais sans doute ne savent ils pas que ce vote s'est déroulé suite aux accords de Nouméa de 1988 mis en place comme le rappelle toujours Raphael Constant :  "suite au massacre de Hienghène en 1984 où 10 Kanaks (dont deux frères du Président Tjibaou) sont tués par des Caldoches. Les assassins seront acquittés par la justice française. Souvenons-nous de l’assassinat d’Eloi Machoro, le chef militaire de la branche militaire du FNLKS, par le GIGN en janvier 1985. Assassinat resté impuni. Souvenons-nous du massacre de la grotte d’Ouvéa où les militaires français ont achevé 19 Kanaks en toute impunité. "

Ce vote est le résultant d'un compromis de co-détermination entre une partie des nationalistes Kanaks défaits militairement et acceptant à partir de 1988 par les accords de Nouméa de participer à la gestion d'une des trois provinces et le congrès qui compose ce que le pouvoir français présente comme la Nouvelle-Calédonie. Même wikipédia nous l'explique avec beaucoup de clarté , parler de Peuple Caledonien c'est parler  de" La citoyenneté néocalédonienne ou citoyenneté de la Nouvelle-Calédonie  qui est une qualité juridique particulière au sein de la Nationalité Française". On est bien loin du concept de droit à l'autodétermination.

Il n'est pas inexact de parler de codétermination car les accords de Matignon en 1988 qui ont aboutit au référendum de 2018 ont été validés par "le peuple français" par le référendum de novembre 1988 ( oui un vote en métropole sur la Kanaky ! ) . A la question : « Approuvez-vous le projet de loi soumis au peuple français par le Président de la République et portant dispositions statutaires et préparatoires à l'autodétermination de la Nouvelle-Calédonie en 1998 ? » 80 % des suffrages exprimés furent positifs, la participation faible (37 %). Les blancs et nuls ne représentèrent que 12 % des votes.

Il y a donc bien deux agrégats ( deux électorats ) distincts, aux intérêts antagoniques, l'un dominant, l'autre issu de la colonisation qui ont été consultés.

L'Irlande un autre cas de co-détermination.

En 2016 avec un autre camarade j'ai contribué a publier en français un brillant essai politique de Liam O Ruairc intitulé "Paix ou Pacification ? L'irlande du Nord aprés la défaite de l'IRA" et la relecture de cet ouvrage aux lendemains de la "consultation"en Kanaky peut nous éclairer, nous servir à déterminer ce qui relève de l'exercice du droit à l'autodétermination et ce qui n'en relève pas. Il y rappelle tout d'abord que le droit à l'autodétermination est un acte de libération à caractère révolutionnaire , de part ses origines dans le mouvement ouvrier , qu'a ce titre ce concept est lié aux luttes des peuples colonisés pour leur émancipation nationale. Si le droit à l'autodétermination d'un point de vue juridique a été soulevé par la communauté internationale pour le Timor Oriental ou la Palestine il ne l'a jamais été pour l'Irlande. Car le poids international de la puissance internationale de la monarchie Britannique lui a permis de présenter le conflit nord Irlandais comme un problème essentiellement domestique en l'empêchant de devenir un problème juridique à l'échelle internationale.  C'est très précisément le tour de force que vient de réussir le pouvoir français avec ce concept de citoyenneté calédonienne. Le légitimer , le renforcer en parlant d'autodétermination  néo-calédonienne pour ce vote n'est pas très dé-colonial.


Liam O Ruairc  citant Amy Maguire dans la Griffith Law Review en 2013 , ajoute " Le droit international reste insuffisamment décolonisé : ce que des études récentes ont souligné au sujet de l'Irlande du Nord ou des aborigènes d'Australie par exemple. une lecture "contre hégémonique" de ce que le droit international entend par colonialisme et autodétermination est nécessaire dans ces deux cas, qui montrent qu'au 21e siècle la décolonisation reste un projet inachevé".

Mina Kherfi représentante du PT et adhérente USTKE a expliqué la position de non participation de ces deux formations pour ce référendum en détaillant des faits sociaux :

  • taux de chômage chez les Kanaks : 26 % contre 7 % chez les non-Kanaks ;
  • 57 % des non-diplômés sont kanak : on compte seulement 6 % de diplômés de l’enseignement supérieur chez les Kanaks
  • 85 % des chefs d’entreprise et 75 % des cadres supérieurs sont des métropolitains ; par contre 75 % des ouvriers sont kanak.

Une violence sociale forte envoyant des jeunes kanaks en nombre derrière les barreaux (90 % de la population carcérale est d’origine kanak, des faits principalement dus à l’alcool), un taux de suicide inquiétant, l’échec scolaire, le chômage, les jeunes sont écartelés entre les valeurs coutumières et le monde occidental et peinent à trouver leur place dans une société dominée par les Européens et l’argent.

Voila une démonstration simple et chiffrée prouvant bien que la Kanaky est encore et aussi une colonie au 21e siècle.

Mais revenons en à l'Irlande. En 1998 suite aux accords du Vendredi Saint les Irlandais furent invités en deux foisà voter sur deux questions différentes pour valider ces accords mettant fin à une phase du conflit provoqué par l'occupation de l'Ile ( qui perdure).  Au nord les électeurs ont voté "Oui" à la question "Approuvez vous l'accord issu des négociations entre les différents partis sur L'Irlande du Nord" et au sud "Approuvez vous la loi de 1998 sur la 19eme modification de la constitution". Même Gerry Adams , chef du Sinn Fein et artisan de cet accord s'accorde à dire que ce n'est pas un référendum d'autodétermination. Comment qualifié de tel un processus de vote mené sur la base de la définition des corps électoraux par des oppresseurs et non par les seuls opprimés !

Jonathan Tonge ex président de l'association des politologues britanniques se livre à propos des votes au nord et au sud de l'Irlande à ce constat : " étant donné que la préférence de l'agrégat ( de l'électorat Irlandais dans son ensemble) se porte vers l'unité irlandaise il est pour le moins douteux de considérer comme un acte d'autodétermination un référendum qui exclut précisément cette option".

Pour paraphraser Jonathan Tonge  j'affirme que ce qui fonde l'action nationaliste Kanak c'est le refus du colonialisme français , de l'assimilation et c'est l'affirmation de cette conscience nationale Kanak qui s'est manifesté sous bien des formes, c'est l'affirmation résistante du droit du seul peuple Kanak à la libre disposition de son territoire. Etant donné que la préférence du seul peuple Kanak ayant voté ou n'ayant pas participé au vote du 04 novembre est majoritairement favorable à l'exercice décolonial et contre hégémonique du droit à l'autodétermination et à la libre disposition de son territoire il est pour le moins douteux de considérer comme un acte d'autodétermination un référendum qui exclut précisément cette option. Le seul sujet politique légitime pour un référendum d'autodétermination c'est le peuple opprimé !

En guise de conclusion provisoire.

Il est difficile d'être un bon allié non paternaliste des Kanaks ou des autres peuples sous domination française hors métropole et de ne pas reproduire de comportement coloniaux de gauche lorsque l'on milite soi même au sein de la métropole impérialiste.

On peut essayer d'être un allié internationaliste en refusant de porter les valises sémantiques de l'impérialisme français, qu'en tant que révolutionnaire de l'hexagone on doit combattre et dénoncer. Cela veut dire qu'il faut expliquer que ce référendum ne correspondait pas à l'exercice du droit à l'autodétermination. C'est aux Kanaks de dire qui doit voter, où et quand on doit voter, et quelle est la question posée.

Nous avons à apprendre des Kanaks et non l'inverse.

Les Bretons, les Basques, les Catalans du Nord, les Corses, les Occitans et tous les autres qui veulent légitimement plus de souveraineté pour leur territoires en métropole ( qui ne sont pas des colonies mais des nations sans état ) devraient cesser de réfléchir dans le cadre étroit du droit français , de la loi NoTre, du droit d'option et de la réforme territoriale  et des autres fariboles régionalistes inventées par ceux qui ont spoliés le peuple Kanak de son droit à décider.

Le droit à l'autodétermination ne se quémande pas il s'exerce.

Vive Kanaky indépendante et socialiste !


Gael Roblin militant communiste révolutionnaire de la Gauche Indépendantiste Bretonne.