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lundi 15 septembre 2014

Louis Kotra Uregei, invité politique du dimanche 14 septembre 2014

Le président du Parti Travailliste était l'invité du journal télévisé de NC 1ère de ce dimanche 14 septembre. Tout en défendant ses positions indépendantistes, Louis Kotra Uregei a insisté sur la nécessité de maintenir le dialogue entre les partenaires politiques de Nouvelle-Calédonie.
© NC 1ère
Le président du Parti Travailliste n'a toujours pas reçu d'invitation pour participer au prochain Comité des Signataires de l' Accord de Nouméa organisé le 3 octobre prochain à Paris.
Louis Kotra Uregei affirme que tous les partis politiques de Nouvelle-Calédonie doivent pouvoir participer aux discussions du l'avenir de l'archipel. "Tout le monde est concerné" a insisté Louis Kotra Uregei pour qui le Comité des Signataires a trop tendance à être une chasse gardée de "certains responsables non indépendantistes et indépendantistes".

Le président du Parti Travailliste est  donc convaincu qu'il faut poursuivre le dialogue tout en restant ferme sur ses positions politiques.

L'intégralité de l'interview de Louis Kotra Uregei de ce dimanche 14 septembre 2014 (interrogé par Alexandre Rosada)

 

Source 

Retranscription "mot à mot" T NC1ère 14 SEPT 2014 – LKU 

Journaliste : Louis Kotra Uregei, bonsoir ! 
Louis Kotra Uregei : Bonsoir ! 

Journaliste : On a vu, hier, la nouvelle desserte maritime, le Scorpio, arriver aux Loyauté. Comment est-ce que vous, vous accueillez, puisque vous êtes un homme d'affaires dans l'aconage, cette concurrence ?
Louis Kotra Uregei : Avant de répondre à cette question, je voudrais profiter de votre invitation pour préciser une chose qui prête à confusion et qui se perpétue. Vous m'avez présenté comme homme d'affaires et syndicaliste. Ça, c'est incompatible. Je ne suis plus syndicaliste, je suis membre d'honneur de l'USTKE. Un syndicaliste, c'est quelqu'un qui exerce une responsabilité syndicale, or, c'est pas mon cas. En l'an 2000, j'ai passé la présidence de l'USTKE à monsieur Jodar, et nous, nous sommes des membres d'honneur, nous appartenons à un collège, ce collège est le garant des (?) fondamentales, et a un rôle, depuis le dernier congrès, qui est un rôle disciplinaire. Mais c'est tout. 

Journaliste : Donc c'est une mise au point : vous êtes syndicalistes d'honneur, mais vous êtes quand même homme d'affaires.
Louis Kotra Uregei : C'est pour ça que j'ai quitté la présidence de l'USTKE. 

Journaliste : Vous êtes homme d'affaires et président d'un parti politique. Quelle est votre réaction quant à la nouvelle desserte maritime ? C'est une concurrence directe dans votre pré carré.
Louis Kotra Uregei : Il y a une double réaction. L'homme public réagit en disant que c'est une offre supplémentaire pour la desserte des îles et que ça peut régler un certain nombre de problèmes. 

Journaliste : Notamment sur la vie chère, puisque le fret devrait baisser, vu qu'il y a de la concurrence. 
Louis Kotra Uregei : Mais là aussi, il faut bien préciser les choses. Aujourd'hui, le prix du fret, c'est 10 francs le kilo, c'est une grande confusion qui est faite, en tout cas pour ce qui nous concerne, c'est une grande confusion qui est faite avec le fret qui est embarqué sur le Betico. Le Betico, c'est très cher, mais le fret, sur les bateaux de fret, ça coûte 10 ou 11 francs le kilo, donc, je crois qu'il était nécessaire de préciser ça, par rapport à la vie chère. 

Journaliste : Mais ce Scorpio, ça vous dérange pas ?
Louis Kotra Uregei : Ça pose quand même un certain nombre de problèmes, parce qu'aujourd'hui, la desserte est assurée par deux bateaux qui ont une capacité qui est supérieure, au volume. Par contre, lorsqu'il y a qu'un seul bateau, ça pose effectivement un problème, mais ça posait problème, parce qu'il y a, aujourd'hui, des armateurs locaux qui ont investi dans des barges, je pense notamment à l'armement Viratelle qui a investi dans une grande barge de 1,4 tonne et qui peut absolument suppléer lorsqu'il y a un manque. Également Sorecal qui… 

Journaliste : Pour faire court : ça vous dérange ou pas, le Scorpio ?
Louis Kotra Uregei : Moi, je vais faire face, c'est une concurrence supplémentaire, mais il faut quand même préciser qu'il y a une surcapacité, aujourd'hui, avec ce nouveau bateau, et sans doute que ça réglera pas les problèmes. 

Journaliste : Hier, assemblée générale de la Dynamique unitaire Sud – FLNKS –Parti travailliste, réunie à St Louis. Est-ce qu'il en ressort quelque chose aujourd'hui ?
Louis Kotra Uregei : Cette dynamique a déjà pour objet de rassembler les partis indépendantistes pour réfléchir ensemble. Ça a été le cas avant les élections 2014. Aujourd'hui, il y a des perspectives politiques qui s'ouvrent, et donc, il est nécessaire de débattre entre ces différents partis, mais cette structure a une commission, qui est la commission citoyenneté politique qui se distingue surtout dans le combat qu'on mène par rapport aux listes électorales. 

Journaliste : On a noté l'absence de l'UPM, du Palika et du PS, à cette réunion. 
Louis Kotra Uregei : Oui, parce que ceux qui sont habituellement présents à ces réunions, dans la structure Dynamique unitaire Sud, c'est surtout l'UC, la DUS et le Parti travailliste. 

Journaliste : Le prochain comité des signataires se déroule en octobre. L'an dernier, vous n'y avez pas été, vous n'y étiez pas invité. Cette année, vous êtes invité ? 
Louis Kotra Uregei : Pour l'instant, non. Est-ce qu'on y sera ou pas, je… 

Journaliste : Vous êtes l'un des signataires de l'Accord d' Oudinot. Pour vous, ce serait important d'y aller ?
Louis Kotra Uregei : Je pense que lorsqu'il faut discuter des sujets qui concernent l'avenir politique de ce pays, tout le monde est concerné, et tout le monde, toute structure qui joue un rôle dans ce pays doit être invité. Mais on a pu remarquer, dans le passé, que c'était un peu une chasse gardée de certains partis ou de certains responsables politiques, qu'ils soient indépendantistes ou non-indépendantistes. 

Journaliste : Qu'est-ce que vous pensez du possible boycott de l'UC, à sa participation ou pas à ce comité ?
Louis Kotra Uregei : Un boycott, je ne sais pas, par contre, l'UC, lors de la dernière réunion au haussariat, a donné un certain nombre de raisons qui l'ont fait quitter la salle. Nous, d'ailleurs, on a fait de même, ainsi que la DUS. On a un désaccord, je parle en notre nom à tous, on a un désaccord sur la question des listes électorales, et notamment sur la question de la liste spéciale pour la consultation de sortie. Il est évident qu'on ne peut pas cautionner des réunions qui voudraient faire croire que tout va bien. Voilà la raison pour laquelle nous avons quitté cette réunion. Maintenant, l'UC est un très grand parti, l'UC est signataire de l'Accord de Nouméa, donc, je crois que c'est important quand de tenir compte de l'avis de ce grand parti. 

Journaliste : Vous êtes président du Parti travailliste, élu de la province des Îles et au Congrès, vous avez encaissé un recul aux dernières élections, notable, enfin important quand même. Est-ce que vous en avez tiré des conclusions ? 
Louis Kotra Uregei : Oui, absolument. Au lendemain de ces élections nous avons tenu un bureau politique extraordinaire qui a fait l'analyse de ces élections. On a identifié les raisons de tout ça, et notamment, comme j'ai eu l'occasion de le dire à plusieurs reprises, ce sont des dissensions internes qui ont provoqué certaines scissions. Mais je disais aussi que le Parti travailliste est un jeune parti. Quand je dis jeune parti, on va traverser ce genre de situations puisque les partis politiques anciens ont traversé ce genre de situations. Donc, aujourd'hui, nous rencontrons ce genre de difficultés, mais moi, je fais confiance à notre offre politique, parce que nous, nous proposons quelque chose de différent, nous sommes une alternative politique, et donc, moi, j'ai confiance dans notre parti. 

Journaliste : Justement, les turbulences, c'est tout à fait admissible pour un jeune parti, comme vous venez de le dire, mais vos détracteurs vous reprochent d'avoir des discours vides, vous êtes populiste et pas assez populaire. Est-ce que vous allez changer de slogan, changer de stratégie ?
Louis Kotra Uregei : Ça dépend qui dit ça, parce que, moi, je sais que ceux qui ont porté ce genre de discours, moi, je les bats aux îles Loyauté. Nous, on est le deuxième parti derrière l'UC, aux îles Loyauté. Alors, c'est vrai qu'il y a des discours, il y a des mots qui sont dans la presse, mais dans la réalité, il faut analyser les faits, et les faits leur donnent tort. Provoquer une scission, c'est bien, maintenant dire que nous, le discours, il est creux : quand on a dit Kanaky 2014, c'est pas un discours creux, c'est une volonté politique, c'est un objectif. 

Journaliste : En termes de rentabilité politique, ça n'a pas payé ce que vous espériez.
Louis Kotra Uregei : Ça n'a pas payé parce qu'il y a eu des dissensions internes. Si on avait eu les mêmes résultats qu'en 2009, on aurait eu la majorité au Congrès. La majorité au Congrès, c'est la majorité au gouvernement, les indépendantistes dirigent le pays. C'est ce que j'ai toujours dit. Maintenant, il se trouve que des fois, ce qu'on propose n'est pas compris par tout le monde. C'est ce qui s'est passé. 

Journaliste : Et ces divisions du camp indépendantiste, UC-Palika, vous en subissez les effets collatéraux ?
Louis Kotra Uregei : On va bientôt fêter les 30 ans du FLNKS, ça va être l'occasion, quand même, pour chacun, de faire un peu le bilan de ces trois décennies, et je pense qu'il faudra que les uns et les autres en viennent à la raison. 

Journaliste : Je sens une main tendue.
Louis Kotra Uregei : Oui, moi je suis toujours pour l'unité, l'unité du mouvement indépendantiste. Maintenant, quand je rappelle les 30 ans du FLNKS, c'est pour dire qu'il y a des situations, il y a des attitudes qui sont pas compatibles avec l'état d'esprit de ce qu'on a voulu faire lorsqu'on a créé le FLNKS, parce que je suis l'un des fondateur. 

Journaliste : On en vient à la mission Christnacht-Merle. Vous allez certainement les rencontrer aussi, puisqu'ils rencontrent tout le monde. Vous pensez que cette mission
est importante ?
Louis Kotra Uregei : Nous, nous sommes pour l'indépendance, nous sommes pour le référendum d'autodétermination à la fin du processus de l'Accord de Nouméa. Maintenant, l'un des partenaires, c'est l'État, donc, aujourd'hui, le gouvernement français envoie une délégation pour réfléchir pour discuter, sans préjuger de ce qui va se passer. C'est un peu ce qui s'est passé en 88, avec la mission (?) 

Journaliste : Là, il y avait le feu au pays, quand même, et il y avait des morts.
Louis Kotra Uregei : Vous savez, c'est toujours important de discuter. Et puis, j'entends la polémique sur la composition de cette mission. Je voudrais rappeler à ceux qui sont contre cette composition que messieurs Christnacht et Merle sont quand même des gens qui connaissent très bien la Nouvelle-Calédonie et qui ont été les interlocuteurs privilégiés de beaucoup de non-indépendantistes, ici, dans le pays. Je dirais qu'a priori, il faut pas leur faire un procès. A priori, il faut discuter avec eux, il faut leur dire ce que…, chacun doit dire ce qu'il pense. Nous, les indépendantistes, on va dire ce qu'on pense. Les pro-colonialistes, eux, ils vont dire ce qu'ils pensent. 

Journaliste : Sur l'avis du conseil d'État, qui a parlé du corps électoral de sortie, il demande de se réinscrire. Est-ce que c'est démocratique, selon vous, de se réinscrire ? 
Louis Kotra Uregei : C'est un débat que j'observe avec beaucoup d'intérêt, parce que moi, je pense que ceux qui s'opposent, ils ont un calcul, derrière. La contestation que nous, nous avons formée concernant les listes électorales sur les élections provinciales, c'est à peu près la même chose, parce que nous, nous considérons qu'il y a des gens qui ont été abusivement inscrits, que la commission administrative de contrôle, la composition de cette commission n'est pas neutre. Alors, je vais vous répondre : il faut que les gens, ils sont inscrits sur la liste générale, il faut que les Kanaks et il faut que ceux qui sont inscrits sur la liste de 88, en dehors des Kanaks, ceux-là doivent être inscrits d'office. Après, le reste, ils doivent se réinscrire. 

Journaliste : Vous êtes un des fondateurs du STKE, en 81, qui est devenu l'USTKE. Dernièrement, au sein du syndicat, vous avez eu des coups de boulets rouges, notamment André Elossi qui dit : il faut abolir le système LKU. Qu'est-ce que vous dites à cela ?
Louis Kotra Uregei : Je savais pas qu'il y avait un système LKU. 

Journaliste : Mainmise, manipulation permanente, privilégier les intérêts personnels. On revient dans les conflits d'intérêt dont on a parlé un peu au début, que vous avez clarifiés, certes, mais qu'est-ce que vous dites à cela ?
Louis Kotra Uregei : Je vous invite à lire ma réponse sur internet, elle est très longue, elle est très claire, et je dirais simplement que nous avons toujours privilégié le débat, chez nous. Et le débat, il a toujours été interne, il a toujours été sur des bases de respect réciproque, alors là, il y a eu une attaque en dehors du cadre interne au syndicat. Donc, moi, j'ai répondu de la même manière et puis je suis toujours ouvert au débat. 

Journaliste : Autre sujet : entrave à la liberté syndicale, vous passez en jugement le 7 novembre. Vous répondez quoi à cette question qui tente de ternir votre image de syndicaliste que vous avez été ?
Louis Kotra Uregei : Il y a quand même beaucoup de gens qui veulent ternir mon image, mais sur ce point-là, là aussi, j'ai répondu. Nous avons licencié quelqu'un qui était un salarié protégé. On l'a licencié sur la base d'une autorisation de l'inspection du travail, ce qui n'est jamais dit dans la presse, d'ailleurs. Effectivement, comme
cette personne a le droit, un avocat pour défendre cette affaire au tribunal, on ira au tribunal et puis, on verra bien. 

Journaliste : Aujourd'hui, l'USTKE pèse 19 %. En 2000, c'était 24 %. Vous accusez une baisse.
Louis Kotra Uregei : La baisse a été accusée suite aux différentes grèves menées par un ancien président de l'USTKE, donc, l'USTKE était tombée à 15 %. Aujourd'hui, l'USTKE est à 19 %, donc, ça veut dire que l'équipe qui dirige l'USTKE, le fait avec compétence et avec responsabilité, et c'est très bien. 

Journaliste : Vous n'avez pas de regrets que l'USTKE n'a pas été dans l'intersyndicale vie chère ?
Louis Kotra Uregei : À un moment donné, il faudra inviter le président de l'USTKE pour lui poser des questions sur l'USTKE. Maintenant, en tant que président du Parti travailliste, moi, ce que je voudrais dire, c'est que ça a été une grand-messe très médiatisée, mais on a vécu ça déjà avec les précédents accords, et puis, on a vécu ça aussi avec la volonté que nous, on avait eue, de faire les réformes fiscales. Or, on a voté la TGA, et puis, ça n'a toujours pas été appliqué. Donc, moi, j'attends de voir, parce qu'aujourd'hui, il y a un gouvernement, il y a une nouvelle majorité, et on verra ce qu'ils vont appliquer réellement. C'est tout. Moi, je suis en attente.

Journaliste : Louis Kotra Uregei, merci d'avoir accepté notre invitation.