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mardi 16 septembre 2014

La classe politique française circonspecte face au référendum écossais

Du matériel électoral pour le oui à l'indépendance de l'Ecosse, le 30 août 2014 à Perthshire
(c) Afp Du matériel électoral pour le oui à l'indépendance de l'Ecosse, le 30 août 2014 à Perthshire (c) Afp
Paris (AFP) - Prudence, réticence, méfiance: les partis politiques français ont rechigné à commenter le référendum écossais, même s'ils craignent l’émiettement en Europe, hormis les Verts, défenseurs enthousiastes de l'indépendance.
Interrogés par l'AFP - l'insistance a parfois été requise - ils semblent écartelés entre un non à l'"ingérence" et à un morcellement de l'UE.
L'intérêt pourrait être un peu plus marqué en Outre-mer, au Pays basque, en Bretagne et Corse, travaillés par des forces plus ou moins centrifuges, bien moins puissantes qu'à Anvers, Bilbao ou Barcelone.
Alors que les sondages montrent une poussée du oui écossais à l'indépendance, seule EELV avait publié, à une semaine du scrutin, un communiqué sur ses enjeux.
C'est pour vanter la "subsidiarité", "principe structurant pour tous les écologistes". La campagne du oui, "loin du repli sur soi de caricatures", soutient "une future adhésion à l’UE", exultent les Verts.
Au PS, on est loin de cette vision radieuse, même si l'exécutif de gauche prépare des régions moins nombreuses et plus puissantes.
Philip Cordery, secrétaire national à l'Europe, observe que "le choix appartient aux Écossais". Cependant "un oui supposerait de redemander l'adhésion à l'UE, donc c'est une affaire de tous". L'UE a plus besoin de "renforcement" que "d'éparpillement". L'indépendance, poursuit le parti majoritaire, "serait regrettable", il ne faut pas "ouvrir la boîte de Pandore". "Si chaque région qui se sent un peu forte se met à quitter les États nationaux, cela peut être dangereux".
A l'UMP, on prend des pincettes. Oui, on "suivra le processus avec une très grande attention". Mais se prononcer sur la question posée "serait une forme d'ingérence dans les affaires intérieures du Royaume Uni".
L'UMP réaffirme quand même "son souhait de voir les tendances sécessionnistes à l'oeuvre en Europe déboucher, sans doute sur davantage d'autonomie, mais pas sur un éclatement des États".
Au Front national, qui se veut parti de "patriotes", Aymeric Chauprade, conseiller de Marine Le Pen aux affaires internationales, observe qu'il "appartient aux Écossais de décider de leur destin, ce n'est pas au FN de dire si c'est bien ou mal".
- "Egoïsmes nationaux"? -
"Le principe d'intangibilité des frontières a été fortement ébranlé par la création du Kosovo", selon cet eurodéputé spécialiste de géopolitique. "Il ne s'agit pas de l'encourager, mais de constater que ce mouvement existe."
Se réclamant du gaullisme, Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République) souligne "le droit du peuple écossais à se déterminer" mais demande de "ne pas allumer la mèche d'une Europe des régions qui ferait le jeu d'une bureaucratie bruxelloise".
"Laissons le peuple décider", demande l'UDI, tout en appelant à "réfléchir aux conséquences".
Au Front de gauche, on décèle un rejet de la politique conservatrice de Londres et un échec du libéralisme européen.
Pour sa composante PCF, "il faut faire confiance au peuple écossais". C'est "la fin du cycle où ni les Etats-nations, ni l'UE ne parviennent à répondre à leurs populations".
Le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon s'inquiète de son côté d'"égoïsmes nationaux" et pointe "des régions qui possèdent des richesses et ne veulent plus payer pour les plus pauvres".
Etrangement, sur le territoire français le plus près d'une indépendance, la Nouvelle-Calédonie, aucun intérêt soutenu pour le pionnier écossais. "C'est un peu trop éloigné pour nous", dit-on au FLNKS, cependant "bien sûr favorable au droit à l'autodétermination par référendum".
Chez les indépendantistes polynésiens, on assure "être depuis longtemps en contact" avec les collègues écossais qu'on "soutient à 100%".
En Martinique, le CNCP, un des sept petits mouvements prônant l'indépendance, applaudira si le oui l'emporte. On pointe une "évolution planétaire" avec "le rejet de législations nationales qui bloquent les initiatives locales".
"De plus en plus de peuples se battent pour la souveraineté dans un monde confronté à la mondialisation", note-t-on à l'UPLG guadeloupéen (indépendantiste). "C'est quelque part une brèche qui va s'ouvrir en Europe."
Dans la galaxie des formations indépendantistes bretonnes, basques ou corses, on apprécie la démarche écossaise en estimant que Paris, cramponné à l'identité nationale française, se distingue en UE par une hyper-centralisation.