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mardi 9 septembre 2014

Référendum sur l'indépendance : peut-on comparer l'Ecosse et la Nouvelle-Calédonie ?

A l'instar de la Nouvelle-Calédonie dans les années à venir, l'Ecosse va se prononcer par référendum le 18 septembre  sur son avenir.  Pour la première fois, un sondage donne le Oui à l'indépendance en tête.
Le château d'Edimbourg en Ecosse (à gauche) et le centre culturel Tjibaou en Nouvelle-Calédonie © YVAN TRAVERT / PHOTONONSTOP

Est-ce la fin du Royaume-Uni tel qu'on le connaît? Ca y ressemble, à en croire le sondage de l'institut YouGov pour le Sunday Times.  Le 18 septembre, les électeurs devront répondre à la question suivante: "Souhaitez-vous que l'Ecosse devienne un pays indépendant?" A 11 jours de la date fatidique, le sondage annonce une remontée du "oui" dans l'opinion et le donne même majoritaire à 51%.

Une montée progressive du "oui"

Ce score constitue une véritable première. Jusqu'à présent, peu nombreux étaient ceux qui imaginaient l'Ecosse se dissocier de la Grande-Bretagne. Et ce même si depuis plusieurs mois une montée progressive du "oui" se faisait sentir.  

Un parallèle avec la Nouvelle-Calédonie ?

En France, la question de l'indépendance concerne avant tout la Nouvelle-Calédonie, qui va devoir voter pour son avenir d'ici 2018. Peut-on comparer les situations de l'Ecosse et du Caillou, des territoires séparés de quelques 16 000 kilomètres ?
Un point commun évident: leur nom. Le terme Calédonie correspond à l'appellation latine de l'Ecosse. Mais à part ça…

Colonisation Vs acte d'union

Les Français ont pris possession du territoire du Pacifique en 1854. De colonie assujettie au code de l'indigénat, la Nouvelle-Calédonie devient territoire d'Outre-mer au milieu du XXe siècle. C'est après les sanglants événements d'Ouvéa et dans le cadre d'un processus de décolonisation que sont signés les accords de Matignon,  puis l'accord de Nouméa prévoyant la tenue d'un référendum d'autodétermination.

 
Alex Salmond, le Premier ministre écossais et chef de file des indépendantistes © ANDY BUCHANAN / AFP

Coté écossais, c'est pour échapper à la misère que le pays renonce à l'indépendance en 1707, en paraphant l'"acte d'union". Ce qui lui permet de bénéficier des retombées économiques de l'empire britannique, mais la prive de son autonomie.  Ce n'est qu'en 1998 que le "Scotland Act" instaure le retour d'un parlement écossais.

Population et corps électoral

La Nouvelle-Calédonie compte 258 000 habitants en 2012. Lors du référendum d'autodétermination, dont la date n'a pas encore été fixée mais qui doit intervenir d'ici 2018, le corps électoral est gelé. Seules  les personnes arrivées sur le territoire avant 1994 et ayant résidé en continu au moins 20 ans sur le territoire pourront prendre part au scrutin.

En ce qui concerne le  référendum du 18 septembre en Ecosse (5 millions d'habitants), les conditions sont beaucoup moins strictes. Qu'ils soient britanniques, du Commonwealth, ou du l'Union européenne, les citoyens résidant en Ecosse bénéficient tous du droit de vote. A ceux-ci s'ajoutent les jeunes de 16 et 17 ans inscrites sur les listes électorales.

Quelle monnaie ?

Le France a l'euro et la Nouvelle-Calédonie le franc pacifique. En revanche, Ecosse et Grande-Bretagne partagent la même monnaie: la livre sterling. En cas de victoire du oui, faut-il garder la monnaie britannique? C'est en tout cas le souhait des indépendantistes, mais il semble peu réalisable, Londres refusant une telle option. Cette question est depuis plusieurs mois au cœur des débats.
 

Plate-forme pétrolière en mer du Nord © AFP PHOTO / POOL / ANDY BUCHANAN

Quel statut politique et quelles ressources économiques?

En cas d'indépendance, l'Ecosse peut opter pour un statut de république. Mais la Reine d'Angleterre peut garder son statut de chef d'Etat officiel comme c'est le cas pour le Canada par exemple.
Sur le plan économique, la richesse de la Nouvelle-Calédonie se trouve dans ses ressources naturelles, et notamment le nickel. Celle de l'Ecosse se répartit entre le pétrole, le tourisme et le whisky. La quasi-totalité (97%) des réserves pétrolières du Royaume Uni et 58% de ses ressources gazières se trouvent en mer du Nord, dans les eaux territoriales de l'Ecosse. De quoi assurer l'autosuffisance, selon les indépendantistes. 

Les pronostics

Un seul sondage donne le "oui" à l'indépendance en tête pour le scrutin écossais. L'institut YouGov qui en est à l'origine n'est pas réputé favorable à l'indépendance. Des résultats à nuancer néanmoins, puisqu'un autre institut, Panelbase obtient des résultats opposés, avec 48% pour le "non" contre 44% pour le "oui" (et 8% d'indécis).

Le scrutin s'annonce donc extrêmement serré et doit donner des sueurs froides au Premier ministre britannique David Cameron. Son Parti conservateur, comme les deux autres grands partis britanniques, a pris position en faveur du maintien de l'Ecosse dans le giron britannique. David Cameron a par ailleurs promis de révéler un plan transférant des pouvoirs à l'Ecosse, une annonce qui arrive bien tard au goût des indépendantistes. Le Premier ministre a déjà prévenu: il  ne démissionnera pas en cas de victoire du "oui".