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vendredi 29 avril 2016

Nouvelle-Calédonie: grève d'une société avant la venue de Valls


Aux portes de la SLN, les salariés interpellent le patron d’Eramet

Publié le vendredi 29 avril 2016
Union sacrée à la SLN : hier, c’est l’ensemble des syndicats représentatifs, cadres compris, qui se sont mobilisés devant Doniambo. Inquiets, les salariés, qui ont « accueilli » le PDG d’Eramet Patrick Buffet, demandent de la visibilité.
Après le directeur de la SLN Jérôme Fabre, Patrick Buffet (avec le micro) s’est exprimé devant les grévistes aux portes de Doniambo. Et a même  proposé de tenir sur place le comité d’entreprise où devait notamment être validé le plan de reclassement des salariés des ateliers Bessemer.
Après le directeur de la SLN Jérôme Fabre, Patrick Buffet (avec le micro) s’est exprimé devant les grévistes aux portes de Doniambo. Et a même proposé de tenir sur place le comité d’entreprise où devait notamment être validé le plan de reclassement des salariés des ateliers Bessemer.

Cela fait bien longtemps que l’entrée de Doniambo n’avait pas été si bondée. Certes le portail de l’usine de la SLN a connu, en moins de six mois, trois piquets syndicaux, montés par la CSTNC ou le Soenc Nickel. Tous motivés par les mêmes raisons : l’inquiétude face à la situation économique de l’entreprise et l’incertitude sur le maintien de l’emploi.
Mais la mobilisation d’hier, qui a rassemblé toutes les organisations représentatives, cadres compris, est « exceptionnelle ». « Historique » lâchent même certains. « C’est un beau comité d’accueil » ironise un adhérent de l’USTKE. À la veille de la visite du Premier ministre, c’est le PDG d’Eramet Patrick Buffet qui était attendu à Doniambo pour participer à un comité central d’entreprise.

Discours policé, syndicats agacés
Cité sur toutes les banderoles - dont beaucoup appellent à sa démission -, Patrick Buffet n’a guère eu le choix du bain de foule, hier matin. L’entrée de l’usine avait été symboliquement barrée et les grévistes comptaient bien lui remettre une lettre signée de l’Intersyndicale. Visibilité pour la branche nickel, plan de relance « responsable socialement », construction de la centrale, et redéfinition des relations entre la filiale et la maison mère. Voilà ce que revendique le collectif qui a fait descendre nombre de mineurs de Brousse.
Précédé par le directeur de la SLN Jérôme Fabre, Patrick Buffet prend le micro au milieu de plus de 200 salariés attentifs mais remontés, quelques invectives le montrent. Le « grand patron » insiste sur la difficile situation d’Eramet et de sa filiale, sur l’instabilité des cours des matières premières, sur les efforts qui doivent être fournis de part et d’autre… Trop policé pour ne pas être interrompu par les militants. « Quand on ne se montre pas pendant deux ans, qu’on refuse les rendez-vous, on ne fait pas la leçon. On essaie d’être un peu humble », s’agace-t-on au SGTINC. La conversation doit continuer devant le comité d’entreprise, mais les syndicats boycottent. « De toute façon, il attend Valls pour les annonces », tranche un délégué.

Des salariés dans l’attente
Avant de partir, Patrick Buffet aura tout de même fait un rappel : « J’aime la Calédonie et j’aime la SLN dans le groupe Eramet ». Un pied de nez aux rumeurs qui prêtent au dirigeant des envies de se séparer de la coûteuse branche nickel. « C’est déjà ça », juge Eddy Coulon. Au micro devant la foule, le représentant du Soenc Nickel, majoritaire à la SLN, met les pieds dans le plat en évoquant les 10 % de réduction de la masse salariale qui seraient « dans les tuyaux ». Pas de sourires quand Patrick Buffet assure qu’aucun licenciement n’est aujourd’hui sur la table. « Même si ça n’est que des départs volontaires ou des non-remplacements, ça fait quand même 200 postes », reprend Eddy Coulon.
Après cette journée de mobilisation - les banderoles resteront tout de même en place pendant la visite de Manuel Valls - beaucoup de questions sont toujours sans réponse. Sur les 36 milliards de prêts de l’État annoncés dans la presse. Sur les conditions de ces prêts, surtout. Et bien sûr sur les prochaines étapes du plan de réduction des coûts de la SLN. À Doniambo cet après-midi, le Premier ministre devrait éclaircir certaines de ces interrogations, mais ce sont les conseils d’administration des 9 et 20 mai qui sont les plus attendus. « On saura à quelle sauce on va être mangé », souffle un salarié.
 4,4
dollars la livre de nickel
C’est l’objectif de prix de revient fixé par la SLN pour « tenir le coup ». Elle produit aujourd’hui pour plus de 6 $ la livre. Sur le marché actuel, le nickel s’achète environ 3,50 $ la livre.

source
French Prime Minister Manuel Valls attends a meeting with Saudi officials in Riyadh on October 13, 2015. France announced a series of deals worth 10 billion euros ($11.4 billion) with Saudi Arabia to reinforce links with the conservative Islamic kingdom despite persistent criticism from rights activists of the kingdom's record on civil liberties. AFP PHOTO / KENZO TRIBOUILLARD


Selon la direction de la Société Le Nickel (SLN), la grève pour demander une garantie de l’emploi a été suivie par 800 des 2.200 salariés de la SLN. Ce mouvement s’organise un jour avant l’arrivée de Manuel Valls en Nouvelle-Calédonie.