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mardi 3 mai 2016

L’établissement de la liste référendaire commence mal en Kanaky

Publié le mardi 03 mai 2016 
Des membres indépendantistes des commissions électorales ont demandé l’inscription systématique des personnes de statut coutumier, qu’elles soient inscrites ou non sur la liste générale.
Un registre coutumier pas très bien tenu, une population kanak qui n’a pas toujours le réflexe de s’inscrire, plusieurs militants indépendantistes demandent un changement des règles d’établissement de la liste référendaire.

Hier, pour la première fois, les commissions administratives spéciales chargées d’établir la liste référendaire, se sont réunies dans plusieurs communes. Et le moins que l’on puisse dire est que les premiers échanges entre indépendantistes et non indépendantistes ont été parfois vifs. Certains membres indépendantistes des commissions ont déclaré d’entrée de jeu qu’ils ne reconnaissaient pas le travail de défrichage effectué par le haussariat qui a abouti à une liste de 145 000 personnes susceptibles d’être inscrites d’office sur cette liste.
Ce travail avait permis que 65 467 personnes de statut coutumier, donc kanak, puissent être inscrites automatiquement, ainsi que 80 000 personnes de droit commun (les autres). Par ailleurs environ 5 000 personnes doivent faire des démarches d’inscription, avec les documents prouvant qu’elles remplissent les conditions requises pour participer à la consultation de 2018.

Registre
Évidemment, ces chiffres, sitôt révélés, ont jeté un froid chez les indépendantistes. Ils s’attendaient à un rapport de force notablement différent. Cette mauvaise surprise semble avoir deux causes principales. La première, c’est que le registre de l’état civil coutumier (qui compte environ 130 000 personnes) semble être tenu de façon approximative. On y trouverait par exemple un nombre anormalement élevé de centenaires, ou plus prosaïquement de personnes dont le décès n’a pas été consigné.La deuxième, c’est que des milliers de personnes de statut coutumier ne figurent pas sur la liste électorale générale pour la simple raison qu’elles ne s’y sont jamais inscrites. Les Mélanésiens n’ont le droit de vote que depuis quelques décennies et, pendant les années quatre-vingt, ils pratiquaient plutôt la culture du boycott que celle du vote. Ces raisons et bien d’autres se conjuguent pour faire que ceux qui ont une carte d’électeur pratiquent souvent l’abstention, et que beaucoup d’autres ne se sont pas souciés d’en avoir une.

Légalité
Lors du Comité des signataires du 5 juin 2015, certains indépendantistes avaient demandé que tous les Kanak soient inscrits d’office sur la liste référendaire, qu’ils figurent ou non sur la liste générale. Problème, ce n’est pas légal en droit français, même si l’inscription automatique se pratique dans d’autres pays (de même que l’amende pour ceux qui ne vont pas voter.)
Pour faire bonne mesure, certains indépendantistes ont demandé aussi la remise en cause de l’inscription automatique des Calédoniens régulièrement inscrits. Les magistrats et les représentants de l’Etat ont évidemment repoussé ces démarches.
Reste que le ton est donné. La liste référendaire ne va pas s’établir dans une belle harmonie entre les différents camps politiques. Certains jettent les bases d’une contestation de la régularité du référendum. Il sera important de lire attentivement le rapport que rendront dans quelques mois les observateurs de l’ONU.