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mercredi 22 juin 2016

Hommage à notre grande Soeur Suzanne Ounei



« Je n'ai rien à cirer de leur université bourgeoise ! Même si je me suis servie en lisant beaucoup de livre à Cantuburry... Et beaucoup de chose m'ont révolutionné ! », a soufflé cette petite bout de femme venue spécialement de Nouvelle Zélande pour témoigner de son parcours de militante. La « grande sœur Suzanne » est à la fois une tante, une amie, une grande dame pour les anciennes qui l'ont connues. Suzanne Ounei fait partie de ses anciennes activistes du GFKEL (Groupe de Femmes Kanak Exploitées en Lutte) – groupe de pression du FLNKS dans les années 80. « Ce n'est pas quelque chose de nouveau que les femmes soient organisées, on a connu des moments difficiles mais aujourd'hui d'être à Sarraméa, ça me donne envie de revenir pour 2014 ! ».
Née le 15 Août 1945, Suzanne Ounei, une ancienne militante indépendantiste qui a beaucoup œuvré pour la cause kanak et dans les années 70 & 80. Son militantisme a dépassé les frontières de Kanaky. Dans les années 90, elle est  partie vivre avec son mari et ses enfants au pays du nuage blanc. Une fois installée avec sa famille, elle a étudié à l'Université de Canterbury en Nouvelle-Zélande (île du Sud). Elle s'était inscrite au département de sociologie et science politique.

Qui êtes-vous ?

Suzanne Ounei : je suis une femme kanak de ce pays. Je suis née à Iaaï. J'ai été élevé à Tyé à Poindimié avec le vieux Ostromoine Paola (issu de la famille de Poindi Poinda ). Il était marié avec la soeur de ma mère. J'ai grandi dans les barrières des colons là-haut aussi et dans les caféries. Mon père a travaillé à la gendarmerie de Païta, c'est là-bas que j'allais attraper en cachette des crabes avec mes petits copains, avec les Bernanos. Il fallait passer sous les barrières des colons ..."

Quel est le but de votre présence ici à Sarraméa ?
Suzanne Ounei : "Je me sens entièrement solidaire avec les femmes kanak de chez moi. C'est vraiment un honneur d'être là ! Elles croient que c'est un honneur de m'avoir alors que c'est tout le contraire pour moi ! J'ai fait beaucoup de travail dans ma vie. Concernant le grand-chef qui est là et qui est parti. (référence au grand chef Ataï). J'aimerai bien être là quand sa tête va revenir.
En tant qu'ancienne militante kanak, je voulais à tout prix revenir quand les femmes m'ont invité ... Je lutte depuis le 2 septembre 1969 et j'ai toujours été sur le terrain. J'étais là quand il y avait les foulards rouges. J'étais là quand Nidoish Naisseline avait été incarcéré.
En tant que femme kanak (je suis arrière grand-mère , grand-mère et mère). C'était important pour moi de revenir et d'être là, de participer à cette rencontre avec les femmes du pays, de les aider. J'espère que mon intervention va les aider pour continuer leur travail. Mais de toute façon, j'ai l'intention de revenir l'année prochaine ! ". 

Qu'est-ce que ça vous inspire le thème : «  les femmes en marche pour 2014 » ?

Suzanne Ounei : " C'est important que les femmes prennent des décisions. Elles n'ont pas été intimidées par les autres. C'est important que les femmes s'affirment à travers le syndicat, l'USTKE et le Parti Travailliste. Elles ont décidé qu'elles auront leur indépendance à travers le syndicat et le Parti Travailliste. C'est important car sinon quand est-ce qu'on va être prêt ? La France dit que nous ne sommes pas prêts mais ce n'est pas à elle de décider pour nous ! C'est à nous Femmes Kanak de décider avec le peuple Kanak ! ". 

Le fait d'avoir une journée consacrée à la femme et de la célébrer à travers le monde. Par rapport à ce que vous avez connu dans les années 70 & 80, que ressentez-vous aujourd'hui ?

Suzanne Ounei : "Il y a eu une sacrée évolution. J'ai été la première à barbouiller partout «  féministe ». Je ne dis pas « féminine » car pour moi, c'est trop petit « féminine ». On devrait arrêter de dire « section féminine » car c'est comme si on disait « Fais toi belle et tais-toi ! ». Il faut dire simplement «  féministe »".

Votre combat à travers la zone Pacifique et en Chine équivaut à mettre la femme au devant de la scène ?

Suzanne Ounei : " C'est un combat à triple niveau : Le respect de la femme en elle-même, la femme colonisée et la femme dans le néo-colonialisme. Avec le développement de toutes les sociétés multinationales, les problèmes sont soulevés aussi bien pour les femmes qui sont en Kanaky. Et je veux être là pour lutter contre toutes les formes d'injustices qui touchent à la femme. Je suis contre la globalisation ou la mondialisation. Je me dissocie de la bourgeoisie. Je ne parle pas des gens qui sont obligés de vendre leur sueur. Réellement, il faut qu'on arrive à se décoloniser, à se décoloniser l'esprit ! "

Vous êtes partis vivre en Nouvelle-Zélande. Pour quelles raisons ?

Suzanne Ounei :Je me suis plutôt exilée. Je suis partie avec mon mari y vivre là-bas. Il m'a présenté ses enfants. Maintenant, nous ne sommes plus ensembles mais nous sommes restés amis. Pour ainsi dire, j'étais presque exilée car ils l'ont stopppé trois fois en cinq ans pour venir me voir. C'était un grand militant néo-zélandais. On a gardé nos relations par rapport aux activités de l'époque. D'ailleurs quand on s'était quitté, lui il était à-bas. On a besoin des camarades comme lui pour nous soutenir. Il a fait une thèse sur la Kanaky : « L'éducation française en N-C ». Il travaille actuellement à l'Université de Canterbury. Mon son ex-mari est à la fois professeur et avocat. "

Que faisiez-vous en Nouvelle-Zélande pour vous occuper ?

Suzanne Ounei : " Après, je suis repartie en Nouvelle-Zélande avec mes enfants. Pour mes enfants, je voulais leur donner une nationalité kiwi au cas où … On ne sait jamais ! Ils sont jeunes. Ma petite-fille a 18 ans, c'est une kiwi. Le fils de mon frère , mon neveu a la double nationalité. Je voulais que mes enfants aient la nationalité anglaise et qu'ils aient la paix pour étudier. Mon neveu avait 2 ans et 7 mois quand je l'avais pris. "

Suzanne conclut l'échange en se remémorant ses années de lutte avec d'autres femmes telles que Yvette Bouquet, Clémence Wamytan et d'autres jeunes qui militaient à ses côtés avant qu'elle ne parte pour la Nouvelle-Zélande

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