Bonjour à tous.
Suite
à la déprogrammation de l’émission « Nation de Demain » qui devait
accueillir le Président du parti Travailliste, le communiqué du PT qui
s’en était suivi avait mentionné une réaction plus personnelle de ma
part sous forme de rappel de la genèse du projet organes d’information
du Peuple Kanak que le FLNKS nouvellement créé souhaitait mettre en
place dès 1984, année de sa fondation. Ceci afin de mettre en évidence
le rôle qu’avait joué l’USTKE dans le cadre de ses relations régionales
et internationales.
22,
23 et 24 Septembre 1984 : Création du FRONT de LIBÉRATION NATIONALE
KANAK et SOCIALISTE – FLNKS à l’Océanic à Ducos composé autour d’une
charte, des groupes de pressions suivants :
- Partis politiques :
- UNION CALÉDONIENNE - UC
- FRONT UNI de LIBÉRATION KANAK - FULK
- UNION PROGRESSISTE MÉLANESIEN - UPM
- PARTI SOCIALISTE KANAK – PSK
- Syndicat :
- UNION des SYNDICATS des TRAVAILLEURS KANAK et des EXPLOITÉS – USTKE
- Groupe des femmes :
- GROUPE des FEMMES KANAK EN LUTTE – GFKEL
- Comité de revendications de terres :
- COMITÉ de REVENDICATIONS de TERRES de la CÖTE OUEST
Toutes
les structures étaient devenues des groupes de pression avec 2
représentants chacun au Bureau Politique, cela pour être sur un même
pied d’égalité. C’était l’un des changements majeurs comparé au Front
Indépendantiste – FI (de 1979/1984) composé seulement de partis
politiques et le PALIKA qui était hors du FI.
Dans les partis politiques, le PALIKA qui était contre la création du FLNKS et s’était positionné en observateur ne rejoindra le mouvement que le 1er
Décembre 1984 lors de la mise en place du Gouvernement Provisoire de
Kanaky et la levée du drapeau à la Conception chez Mr Nicolas PIDJOT.
C’est par son représentant Elie POIGOUNE que le PALIKA fera sa
déclaration d’intégration au FLNKS. Entretemps, la mobilisation contre
la mise en place du Statut Lemoine qui avait été lancée avec le bris de
l’urne par la hache d’Eloi MACHORO avait gagné du terrain avec des
barrages dans différents endroits du pays et nos premiers morts du côté
de Ouegoa.
Le
GFKEL de Suzanne OUNEÏ et le Comité de Revendications de Terres de la
Côte Ouest seront intégrés immédiatement au sein du mouvement. L’USTKE
également mais la confirmation devait être faite lors de son Congrès qui
s’est tenu 3 semaines plus tard à la cantine des dockers.
L’organisation du FLNKS était la suivante :
- La direction et la représentation : Gouvernement Provisoire de KANAKY composé du Président et de Ministres
- L’animation et la coordination : Bureau Politique composé de deux représentants par groupe de pressions
- Les structures à la base : Les Comités de luttes composés de tous les groupes de pressions dans chaque commune, chaque tribu, chaque quartier etc…
Au
mois d’Octobre 1984 s’est tenue à Fiji la Conférence des Syndicats du
Pacifique à l’Hôtel GATEWAY à proximité de l’Aéroport de Nadi. L’USTKE
membre du Forum des Syndicats du Pacifique depuis la conférence de
Septembre 1982 à Nouméa, a présenté à cette conférence de Nadi, une
résolution de reconnaissance du FLNKS comme seul représentant politique
du Peuple Kanak. La stratégie mise en œuvre pour faire voter cette
résolution fût un travail de lobbying auprès des syndicats des petites
îles du pacifique et lorsque la majorité fût acquise, l’USOENC autre
syndicat représentant le pays ainsi que les syndicats des grands pays
Japon - SOHYO, Australie - ACTU et Nouvelle-Zélande - NZFOL furent
informés et acceptèrent alors de soutenir cette résolution qui sera
votée à l’unanimité de la conférence. Les représentants de l’USTKE
étaient Claude WEMA mon premier adjoint et moi-même.
Ce vote fût une avancée majeure pour les raisons suivantes :
- Première reconnaissance officielle internationale du FLNKS :
Tonton Yann Celene UREGEI Secrétaire Général du FULK en partance pour
l’ONU fera escale à Nadi où nous lui remettrons cette résolution de
reconnaissance du FLNKS pour le travail de lobbying auprès des pays pour
le soutien à la cause kanak et la réinscription sur la liste des pays à
décoloniser de l’ONU, ce qui interviendra 2 ans plus tard.
- Reconnaissance en conférence : déclinaison et soutien de tous les syndicats membres.
Le Comité Directeur suivant cette conférence se tiendra le samedi 9 Février 1985 à Port-Vila à la même date que le 2ème
Congrès du FLNKS qui se tenait à Nakéty Canala. La délégation de
l’USTKE composée de François-Élocie André (aujourd’hui décédé) et
moi-même partira du Congrès de Nakety et nous étions accompagné de Mr
YEIWENE Yéyé Secrétaire Général Adjoint de l’UC et Jean-Marc PAMBRUN SG
du syndicat AU PUPU MAOHI de Tahiti qui avait transité par le Congrès de
Kanaky avant le CD de Pt-Vila. Tous deux sont également décédés.
Ce
Comité Directeur des syndicats du Pacifique décidera, conformément à la
résolution de la conférence de Nadi, de demander à tous ses syndicats
membres de soutenir le FLNKS dans le cadre de sa lutte de libération
nationale, par des aides en particulier financier, à se doter de moyens
d’information et de communication tels que journaux, radio etc… C’est
ainsi que débuta le soutien financier des syndicats du Pacifique et si
ma mémoire est bonne, c’est la Fédération Nationale des Syndicats de
l’Enseignement Australiens qui la première fera un don de 10.000 AUD$.
La grande sœur Jacqueline DETEIX représentant le SELEC (Syndicat des
Enseignants Laïques de l’Enseignement Catholique) assistera à différents
congrès de cette fédération.
Ce
soutien financier des syndicats du Pacifique dont le point de départ
aura été la résolution de reconnaissance du FLNKS par la conférence de
Nadi – Fiji d’Octobre 1984, sera très important puisqu’il permettra
aussi le financement du bureau du FLNKS à Sydney dont le représentant
accrédité par le FLNKS était le frangin Jacques Boengkhi Sarimin.
Les
premiers organes d’information du FLNKS seront donc Radio Djiido et le
journal Bwenando. Pour le lancement de Bwenando, Jean-Marie TJIBAOU
Président du Gouvernement Provisoire de Kanaky demandera à Hnalaïne
UREGEI de l’USTKE alors représentant du FLNKS en France, de revenir et
d’en être le premier rédacteur. S’agissant de la radio, l’un des
soutiens actifs aura été pendant des années le responsable de l’USTKE
Pierre CHAUVAT, PNC sur UTA/AIR France/AIRCALIN, qui ramènera au retour
de ses vols, les premiers CD en vogue ou du matériel nécessaire à la
bonne marche de la radio.
Je
profite pour saluer et remercier tous les camarades de l’USTKE, avec
une pensée particulière pour celles et ceux qui nous ont quitté, qui ont
fait en sorte que ces organes d’information puissent voir le jour et
les ont soutenu du mieux qu’ils pouvaient.
J’ai
souhaité témoigner de cette part d’histoire parce-que certains qui
étaient contre la création du FLNKS ou qui n’y étaient même pas engagé,
ont manqué de respect en prenant la responsabilité de déprogrammer
l’émission dans laquelle j’avais été invité. Surtout qu’à aucun moment
de l’histoire de Djiido, jamais aucun responsable pro-colonialiste n’a
connu une telle situation. Bien au contraire, tous ces pro-colonialistes
ont antenne ouverte en permanence sur Radio Djiido.
En mémoire des frères et sœurs de lutte sincères,
Combattants de la Liberté pour Kanaky,
UREGEI Louis Kotra
Président du Collège Honoraire de l’USTKE
Président-Fondateur du STKE
Président du Parti Travailliste
Membre Fondateur du FLNKS
Signataire de l’Accord Oudinot de 1988