La journée internationale de la femme est célébrée chaque année par
des groupes de femmes dans le monde entier et, ici on n’échappe pas à la
règle. Ainsi les deux organes représentants les femmes, issus de notre
syndicat et celui de son bras politique, le Parti Travailliste affirment
et montrent chaque année, notamment depuis 6 ans, l’intérêt de
s’occuper des femmes et de lui donner une image à l’égal de l’homme.
Même si ce n’est pas le cas dans le quotidien des gens, et le 8 mars est
là pour le rappeler. Évoquer toutes les inégalités, les avancées
sociales, se souvenir des luttes des femmes, c’est en quelque sorte un
cran d’arrêt pour mieux sauter vers un avenir meilleur …
Meilleur, peut-être, qu’il a été durant la journée du 8 mars au
lieu-dit « Bétoé » où près d’une centaine de femmes issues du monde
associatif et religieux s'est donnée rendez-vous à Nouville. Pas de
thème phare cette année, si ce n’est la place de la femme au centre des
témoignages déroulés pour l’occasion durant près de deux heures devant
un parterre de femmes. Les hommes présents, en somme, une petite dizaine
en comptant les coutumiers de l’endroit qui, une fois que la parole de
bienvenue annoncée sur les terres de Djubéa mè Kapuné, on ne retiendra
que celle-ci « Eduquer un homme, c’est éduquer un citoyen. Eduquer une
femme, c’est éduquer une nation ». Une citation d’un président africain,
et prononcée pour l’occasion par Justin Gaïa, vice-président de l’aire
Djubéa-Kaponé. Sur la parcelle bordant la plage des « Bétoé », assises à
l’ombre sous les chapiteaux, les femmes écoutent attentivement les
interventions successives. Celle de Clémence, habitante de Saint-Louis
qui ne mâche pas ses mots et s’élève contre le fait que la Croix Rouge
aille jusqu’en tribu pour distribuer à manger et de quoi se vêtir. «
Mais quoi, on ne travaille pas ! Mais que font les mamans ? Les
coutumiers, les politiques ? On n’est pas pauvre ! Il faut juste se
bouger ! », martèle Clémence au micro. Suzanne, originaire de la tribu
de N’Dé à Païta, se préoccupe des jeunes. « Je voudrais les aider, ils
ont tellement besoin de nous ! Maintenant que je suis à la retraite, je
vais pouvoir le faire «, s’attache-t-elle à le dire. A l’île Ouen, sa
représentante clame à l’assemblée que leur préoccupation reste leur
environnement. « On n’a pas le nickel, mais on a la mer et nos terres.
Ce sont nos ressources naturelles ! » De plus, Margot venant de l’île de
Pentecôte. Cela fait 35 ans qu’elle vit ici, elle travaille à
l’institut Pasteur. Elle se bat depuis des années pour l’emploi local.
Elle-même déléguée syndicale, elle s’attache particulièrement à
l’embauche de jeunes techniciens locaux. Son bonheur depuis peu, c’est
l’intégration de trois locaux. Deux jeunes kanak et un jeune caldoche.
Margot veut pouvoir aider ses siens au Vanuatu. Elle souhaite se rendre
utile pour son pays, à condition qu’un nouvel laboratoire s’ouvre à
Port-Vila. « Il faut qu’on s’occupe de nos enfants », soulève Mara,
mariée au pasteur Méli Tuméli originaire de Fidji. Elle s’insurge contre
le désœuvrement de la jeunesse de la Vallée-du-Tir. Le couple
accueille par moment des jeunes chez eux quand des rixes éclatent près
de leur maison. « Mais que font les parents ? Les mamans sont au bingo
de 13 heures à 18 heures. Je n’ai rien contre le bingo ! Les papas, on
ne sait pas où ils sont ! », s’interroge Mara qui s’appuie sur sa foi
pour trouver du réconfort.
Mais pour égayer tout ce beau monde, et aplanir les témoignages
apportés ce jour-là, quelques jeunes hommes de l’association Black
Pearl, ont dansé, chanté et après leur prestation des petits sourires en
coins sont revenus. Autre moment fort, le défilé de mode, avec le style
mélanésien. Cela va de l’habit traditionnel porté par les mamans au
XIXème siècle et jusqu’à l’apparition de la robe popinée, et même la
robe portée de nos jours avec des couleurs apaisantes voire éclatantes
pour certaines, avec des couturières hors-paires comme Denise ou Wadrus,
ou les couturières de Eseka implantées à Ducos.
L’évènement qui se répète une fois chaque année, aura encore une fois
trouvé un écho auprès des femmes du Sud. Leur souhait à toutes, c’est
que la pirogue qui a embarqué toutes ces femmes voilà six ans du côté de
la Vallée-du-Tir, débarque l’an prochain au Nord et pourquoi pas aux
îles.