PARTI TRAVAILLISTE

KANAKY

mercredi 31 octobre 2018

Référendum du 4 novembre en Kanaky : autodétermination ou néo-colonialisme ?

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A Manca, après les analyses livrées par l’USTKE et le Parti travailliste soutien leur position de non-participation.
Très récemment, le FLNKS s’employait à mener une campagne active pour dénoncer des sondages qui donnaient la victoire du NON pour un score oscillant entre 69 et 75%. De son côté, la gauche indépendantiste kanake (USTKE et Parti Travailliste) appelle depuis quelques semaines à la non participation, jugeant ce scrutin comme un simulacre de référendum pour le droit à l’autodétermination. Une analyse de la situation politique depuis les Accords de Matignon de 1988 semble nécessaire à quelques jours du scrutin.
Les accords de Matignon trahis ?
Ces accords prévoyaient initialement un référendum pour 2008 au plus tard. Mais c’est surtout le plan de rééquilibrage dans la période de transition vers la décolonisation du pays dont il était question. Les accords de rééquilibrage social devaient mettre le peuple Kanak au centre du dispositif par le biais des politiques publiques favorisant l’emploi, y compris dans la fonction publique, la formation et l’accès au logement. C’est exactement le contraire qui s’est produit. Les années 2000 ont vu une arrivée massive de métropolitains français en Kanaky (7 500 en 2006 !) qui ont accentué un virage de l’économie vers les secteurs de l’immobilier et du tourisme. La spéculation immobilière a éloigné la jeunesse kanake dans les périphéries urbaines et dans les bidonvilles avec un taux de pauvreté 2,5 fois supérieure à celui des jeunes en métropole. 99% de la population carcérale en Kanaky concerne des jeunes kanakes. Il a fallu attendre 2016 pour voire le premier avocat kanak plaider dans son pays, et 2018 pour voir un chef d’établissement scolaire kanak nommé. Autre effet pervers des aides publiques détournées de leurs objectifs initiaux, l’apparition d’un clientélisme au sein même de la communauté kanake. Usant de leur pouvoir de distribuer quelques subsides publics, ces potentats kanaks ont remis en cause le droit coutumier des tribus tout en favorisant l’installation de professionnels européens du tourisme. Ce colonialisme de l’intérieur a accentué les inégalités et le délitement du lien socio-culturel.
Un corps électoral taillé sur mesure pour la victoire du NON ?
On ne peut dissocier la question du corps électoral de l’évolution démographique en Kanaky. Quand les accords de Matignon furent signés, la Kanaky comptait 162 000 habitants, dont 53% de kanaks et 33% d’Européens. En 2015, la population s’élevait à 268 767 habitants, dont 39% de kanaks et 27,2% d’Européens. Il y a certes un problème de baisse du taux de natalité observé simultanément dans les provinces du Nord et des îles qui explique en partie ce déséquilibre démographique mais d’autres facteurs sont déterminants. Durant les années 2000, 75% du solde migratoire est représenté par des Français de métropole, dont l’immense majorité peut aujourd’hui arguer de 10 ans de résidence en Kanaky et donc voter.
Et c’est dans ce contexte que les accords de Nouméa de 2007 ont fixé la composition du corps électoral pouvant voter le 4 novembre prochain. Il y a un an, l’ONU fut alerté par les représentants kanaks sur l’absence de 23 000 kanaks sur les listes électorales. Seuls 10 000 de ces personnes furent rajoutées sur les listes définitives validées par Manuel Valls au mois de Juin dernier… tout un programme.
Nos camarades de l’USTKE et du Parti Travailliste ont donc raison quand ils dénoncent la fausse neutralité de l’État français dans la mise en œuvre des accords de Matignon, les manœuvres colonialistes et la nécessité de sortir du piège des institutions françaises pour accéder à un véritable droit à l’autodétermination.
A Manca

mardi 30 octobre 2018

Veille de référendum en Kanaky-Nouvelle Calédonie

Vu de loin, un vote sur l’indépendance d’une colonie française sonne comme un événement exceptionnel. Mais la décolonisation tant attendue à l’issue du référendum du 4 novembre 2018 en Kanaky-Nouvelle Calédonie est incertaine.
Dans cette société fortement ségrégée (Billets 272, 11/2017), le soutien au projet indépendantiste épouse assez nettement la répartition coloniale : aux élections locales de 2014, les indépendantistes recueillaient plus de 70 % dans les régions peuplées à plus de 70 % de Kanak tandis que dans les autres, comme à Nouméa, ce vote tombait à moins de 50 ou même 25 % (Le Monde, 02/12/2017). Même si toutes les nuances de positionnements individuels cohabitent [1], la proportion de Kanak sur le corps électoral référendaire est déterminant.

Les listes de la discorde

Encore aujourd’hui, des incertitudes planent sur la composition de cette liste. Difficile de savoir si tous les Kanak oubliés dont le FLNKS demandait l’inscription automatique y figurent désormais, ni quelle proportion le peuple colonisé représentera le jour du vote. Des indépendantistes ont communiqué le chiffre de 92 000 Kanaks en âge de voter. Dans l’hypothèse où ils seraient tous inscrits et en capacité de voter, ils seraient donc majoritaires sur les 174154 électeurs que la liste compte actuellement. Mais le haussariat [2] a démenti cette évaluation et estime à 46 % la part des personnes relevant ou ayant relevé du droit coutumier, donc a priori, Kanak (La Dépêche de Nouvelle Calédonie, 01/10), ajoutant que les inscriptions étaient encore possible jusqu’au 4 novembre. Les irrégularités dénoncées par les indépendantistes ont par contre été maintenues (Billets 272).
La « consultation » ne semblait pas passionner les foules, au début du mois d’octobre si on en croit un envoyé spécial de Mediapart (05/10), qui décrivait des meeting peu suivis « en dehors des cercles coutumiers ». Les différents mouvements indépendantistes sont partagés : le Parti travailliste appelle à ne pas participer (cf. article Refus de participer) tandis que le FLNKS, dont la lutte a permis ce référendum, fait logiquement campagne pour le « oui ». Face à un récent sondage pronostiquant le refus de l’indépendance à 66 %, plusieurs représentants de la coalition indépendantiste affirment qu’une victoire est pourtant possible.
Et si le résultat n’est pas favorable, Daniel Goa, porte-parole du FLNKS, a réitéré la détermination du mouvement à obtenir l’indépendance et appelé tous les calédoniens à se positionner clairement : « À ceux qui sont encore indécis, nous leur offrons une terre, un droit de vote, un pays qui deviendra le leur. Que vont-ils nous répondre ? En ce qui nous concerne nous irons massivement voter pour dire que nous voulons ce nouveau pays. Et s’il le faut, nous le réaffirmerons deux autres fois. C’est notre tradition d’accueil millénaire qui s’exprime. Mais au bout de 3 fois, nous ne chercherons plus à nous ouvrir, nous irons négocier notre souveraineté pleine et entière directement avec l’État colonisateur. Cette fois-ci les invités d’aujourd’hui, conformément à leur choix qu’ils devront assumer, ne participerons plus à ces négociations car ils se rangeront derrière leur pays de choix. Que cela soit clair et qu’on ne vienne pas nous le reprocher. [3] »

Stratégie de tension

Ce discours a été relayé de manière tronquée par les médias locaux et la droite coloniale, laquelle cherche à envenimer le débat. Se plaçant sur le registre de la peur (cf. article Rudiments de campagne anti-indépendance), les partisans de la Calédonie française sont à la source de tensions. Ainsi, le 7 octobre, sur la commune de Ouégoa, siège d’affrontements meurtriers dans les années 80, des manifestants opposés à l’indépendance ont tenté d’empêcher la tenue d’un meeting du FLNKS. Symbole édifiant : sur les façades du Congrès de Nouvelle Calédonie, les couleurs Kanak ont été enlevées, là où elles sont habituellement affichées conjointement avec le drapeau français (La Dépêche de Nouvelle Calédonie, 16/10).
Reportage diffusé sur la chaîne Calédonia https://www.dailymotion.com/video/x6v0fgc
L’État français a prévu des mesures pour endiguer un éventuel embrasement le jour du vote, interdisant la vente et la consommation d’alcool autour des bureaux de vote, ainsi que le transport d’armes. Il a aussi dépêché des renforts de 300 gendarmes.

Au-delà du vote

En toile de fond de la campagne, les luttes rappellent que la situation sociale est néfaste pour le peuple premier. Ainsi, à Kouaoua, des jeunes Kanak perturbent depuis des mois les activités d’un site important de la SLN (Société Le Nickel), filiale d’Eramet, « pour protester contre l’exploitation de nouveaux gisements  » et la pollution des terres engendrée par les mines. 11 incendies ont ciblé les installations depuis avril et l’accès a été bloqué. L’impact est réel puisque la société « perd un cinquième de son approvisionnement en minerai » (Nouvelle Calédonie la 1ère, 11/10). Par ailleurs, des mouvements ont bloqué plusieurs hôtels.
Si la question sociale ne se résume pas à celle de l’indépendance, le FLNKS considère que la pleine souveraineté est une condition nécessaire à toute amélioration. Pour Daniel Goa, « l’objectif politique de l’indépendance est avant tout de mettre fin au modèle de société et de ne pas replonger dans les vieux démons du colonialisme et de son économie de comptoirs. […] La fin du pillage c’est veiller à mieux répartir la richesse ». Il dénonce l’entente « non désintéressée » entre les multinationales et « les élus locaux ». En cas de maintient de la situation actuelle, « ils s’accapareront tout encore une fois. Rien ne restera pour nos générations futures et nous ne sommes pas nés pour regarder le train passer. Ces élus de la peur et du NON sont en train de nous vendre pour leur seul profit. […] Le lendemain du Oui l’enjeu sera de dénoncer les accords commerciaux conclus en notre défaveur durant la période coloniale (titres miniers, pactes fiscaux léonins, énergie solaire, télécommunications, contrats de travail, etc...) ». L’histoire françafricaine montre que de telles opportunités sont rares.
[1Comme l’illustre le récent film de Mehdi Lallaoui, « Kanaky-Nouvelle-Calédonie. La métamorphose du Caillou », disponible sur Mediapart.
[2L’équivalent de la préfecture en Nouvelle Calédonie.

jeudi 25 octobre 2018

Le 1 er ministre vient replanter le drapeau BBR en Kanaky et boire le champagne avec ses complices


 « J’ai rappelé aux différents partis que les institutions doivent jouer pleinement leur rôle. Lors de ma déclaration de politique générale, en juillet 2017 j’avais souhaité que le Congrès puisse déterminer et arrêter la question qui sera posée aux électe

Comme Pierre Frogier la semaine passée au sénat, Philippe Dunoyer a interpellé mercredi le premier ministre une ultime fois, à l’assemblée nationale, avant le référendum du 4 novembre prochain. La question du député calédonien fut simple : « Le 5 novembre, en cas de victoire très probable du non, comment l’Etat entend-il poursuivre l’accompagnement de la Nouvelle-Calédonie dans le cadre du processus d’émancipation engagé ? ». La réponse d’Edouard Philippe le fut tout autant : « Le 5 novembre, je serai en Calédonie pour rencontrer l’ensemble des forces politiques, pour discuter de leurs analyses des résultats et pour évoquer les conditions de l’après 4 novembre. »

« Ma question avait deux objectifs », explique Philippe Dunoyer : « rappeler la qualité de la préparation de ce référendum, par opposition à celui de 1987. En 1987, le corps électoral n’était pas stabilisé, les indépendantistes appelaient à boycotter, et le résultat était contesté. Pour ce référendum, personne ne conteste la composition de la liste, tout le monde appelle à participer, à part le parti Travailliste, et le résultat sera incontestable. Objectivement, il est important de dire que tout cela est dû au travail de l’Etat et cela n’a pas été des petits efforts. Le second aspect positif, c’est de rappeler que l’Etat a bien fait de conserver sa posture de neutralité. »

Avant d’annoncer sa venue à Nouméa, le Premier ministre avait déclaré que « le 4 novembre sera un aboutissement et une victoire. L’aboutissement de 30 ans d’engagement des partis sur les accords de Matignon, l’aboutissement d’une volonté farouche, l’aboutissement de 30 ans de volonté de parler, d’avancer, de dégager des consensus alors qu’il y avait des désaccords, alors même qu’il y avait des frustrations alors même que l’histoire a été compliquée. Le novembre est une victoire car ces 30 années font honneur à la Calédonie et à l’ensemble des forces politiques qui constituent cette assemblée. Un grand sens de l’Etat a prévalu, quelles que soient les majorités. »

mercredi 24 octobre 2018

Refus de participer

Alors que l’armée française défilait dans les rues de Nouméa, le congrès extraordinaire du Parti travailliste de Kanaky (PT) se prononçait, à l’unanimité, le 14 juillet 2018, contre la participation au référendum sur « la pleine souveraineté » de l’île. Explications sur ce positionnement.

La perspective du référendum d’autodétermination fait l’objet de débats depuis la création du parti, en 2007. Dès 2012, les motions que publient le mouvement à l’issu de ses congrès abordent le problème des listes électorales, affirmant qu’il doit être résolu avant le référendum. En 2015, il semble encore possible pour le PT d’intervenir sur la composition des listes, le parti « confirme sa volonté d’asseoir correctement et définitivement le corps électoral spécifique de sortie prévu pour la consultation référendaire [...] et appelle ses responsables et militants à s’engager ou à poursuivre le travail d’inscription, de contrôle, de correction, de radiations de la liste électorale référendaire et de recours ».

Les listes de la discorde

Mais en 2016, le PT semble acter l’impuissance des indépendantistes et prévient : « considérant que le référendum de 2018 concerne en premier lieu le peuple colonisé, le Parti Travailliste déclare que l’inscription automatique et sans condition des kanak de statut coutumier ou non, constitue le préalable à sa participation au Référendum d’Autodétermination de 2018 ». Le 4 octobre 2017, les indépendantistes représentés par Rock Wamytan, estiment, devant la commission de décolonisation de l’ONU, que 23 000 Kanak ne sont inscrits sur aucune liste électorale. Mais le 3 novembre 2017, le Comité des signataires, au sein duquel siègent indépendantistes et non-indépendantistes, s’accorde pour procéder, « de manière exceptionnelle et en raison de la consultation, à l’inscription d’office de 10 922 natifs qui résident de manière certaine en Nouvelle- Calédonie » [1]. On est en deçà des chiffres avancés un mois plus tôt par les indépendantistes, et l’accord prévoie que des non-kanak soient aussi ajoutés à la liste électorale, répondant ainsi aux exigences des non-indépendantistes. Ainsi, Gael Yanno, membre de la délégation loyaliste avait déclaré : « On peut examiner cette demande (d’inscrire automatiquement tous les kanak) à la condition que cette mesure bénéficie à tous les natifs néocalédoniens, Kanak comme non Kanak » (Le Figaro, 03/10/17).
Si depuis 1983, les indépendantistes reconnaissent que d’autres populations, non-kanak, « victimes de l’histoire », ont participé à la construction du pays et ont donc le droit de s’exprimer sur son avenir, il n’a jamais été question d’ouvrir les listes à tous les Calédoniens. Dans ces conditions, pour le Parti travailliste : « c’est tout sauf un référendum d’autodétermination. Il n’est pas question, pour nous, peuple colonisé, de nous associer à ce qui est une farce électorale, quelque chose qui va piéger une fois de plus le peuple kanak. Il y aura autant de non-kanak que de kanak qui vont voter à ce référendum, ce qui est la preuve que ce n’est pas un référendum d’autodétermination », « appeler à ne pas participer, c’est refuser de cautionner ce plan de l’État qui n’a pas respecté son accord avec Jean-Marie Tjibaou. C’est aussi la majorité politique non-indépendantiste qui a fait croire, après la signature de l’accord de Noumea, à un destin commun, à un lendemain meilleur pour tous et au bout du compte on s’aperçoit que le peuple kanak a été de plus en plus largué dans cette société qui a tout fait pour se construire sans le peuple kanak » [2].

Trahison sociale

Le 1er mai 2018, l’Union syndicale des travailleurs kanak et exploités (USTKE), dont le PT est une émanation, marche sous le slogan « trente ans d’accords, toujours plus d’inégalités ». Le syndicat a procédé à un « bilan social des accords ». Le constat est sans appel : les Kanak sont quasi absents de la fonction publique et ce n’est guère mieux dans le privé. Malgré l’usine de nickel dans la région nord (gérée par les indépendantistes), qui a permis d’améliorer l’accès à l’emploi des Kanak, « les inégalités à la formation et à l’emploi se répercutent sur les revenus et le niveau de vie. […] le taux de pauvreté [...] est 2,5 fois plus élevé qu’en France. » [3] Nouméa n’a fêté qu’en 2016 le premier avocat kanak dans l’histoire judiciaire du pays (Nouvelle Calédonie 1ère, 11/08/2016). En 2018, un seul chef d’établissement scolaire sur l’île est kanak.
Pour Rock Haocas, membre du Parti travailliste et représentant de l’USTKE, en tournée à Paris, en juin 2018, « l’accord de Nouméa devait permettre l’embauche des jeunes et c’est le contraire qui s’est passé ». Pour Louis Kotra Uregei, figure du parti, ce bilan constitue « un non-respect des accords dans lesquels on s’est engagé » (Radio Rythme Bleu, 11/10/2018).
Si les jeunes Kanak sont exclus de l’emploi, leur taux d’incarcération s’envole. En septembre 2018, lors du congrès du syndicat USTKE, Mélanie Atapo, première vice-présidente, dénonce « les accords de rééquilibrage social devaient mettre le Kanak au centre du dispositif par le biais des politiques publiques. Trente ans après, c’est un échec ! Les Kanak sont toujours marginalisés ! 99 % de la population carcérale, Lc’est la jeunesse kanak ! »(ustke.org, 07/09/2018). En 2010, le centre pénitentiaire de Nouméa s’était vu décerner « la palme de la prison la plus pourrie de la République » par des parlementaires européens, en 2014, l’Observatoire international des prisons le qualifie de « bagne post-colonial ». En mars 2011, le directeur-adjoint du SPIP déclarait dans une interview qu’il « y a trop de détenus au Camp Est, avec un taux de détention de 40 % supérieur à celui de la métropole » [4].
Faisant écho aux propos d’Hamid Mokaddem (Billets 275, mars 2018), le Parti travailliste semble souhaiter sortir du « dispositif juridique et politique inventé par la France, dans lequel se trouve coincés les représentants du peuple kanak, qui oblige les gens à négocier, notamment par les élections ». Les militants du parti iront donc le 4 novembre « à la pêche ou jouer aux boules ». Ce qui ne les empêchera pas d’ici là de faire campagne [5]. Non pas pour le oui ou pour le non. Mais pour dénoncer le colonialisme, la fausse neutralité de l’État français et exiger un vrai droit à l’autodétermination.

[4Le SPIP est l’acronyme du Service pénitentiaire d’insertion et de probation, le Camp Est est l’unique prison de Nouvelle Calédonie et la citation est reprise dans l’article Nouvelle-Calédonie : Camp-Est, « bagne post colonial », sur le site de l’OIP en mars 2012.
[5Début octobre 2018, le parti travailliste a envoyé un courrier au Haut commissaire de la République et au CSA pour demander à avoir du temps d’antenne pendant la campagne électorale.

mardi 23 octobre 2018

Macron a dit "La colonisation est un crime contre l'humanité", alors Kanaky doit porter plainte également !




Une plainte a été déposée le 2 octobre devant la Cour pénale internationale contre la France pour crimes contre l’humanité en raison des essais nucléaires expérimentés en Polynésie, a affirmé mardi à l’ONU le dirigeant indépendantiste polynésien Oscar Temaru.
«Nous le devons à toutes les personnes décédées des conséquences du colonialisme nucléaire», a ajouté l’ex-président de la Polynésie, un archipel français situé dans le Pacifique et qui compte 270.000 habitants.
Cette annonce a été faite au cours d’une réunion sur la Polynésie française organisée au sein d’une commission de l’ONU spécialisée dans les sujets de décolonisation.

L'indépendance, la seule solution.

A l’est de la Nouvelle-Calédonie, le désespoir des jeunes Kanak

Par
Exploitation minière à ciel ouvert et à grande échelle, territoire sous-doté en infrastructures de base, exode rural, échec scolaire massif, suicides : la côte Est de la Nouvelle-Calédonie est un concentré des inégalités qui déchirent l’archipel. La région est peuplée presque exclusivement de Kanak.

Nouvelle-Calédonie, de notre correspondant.-  « C’est le bout du rouleau : le suicide ou la prison, les addictions, trop d’alcool, on se noie dedans. » Le cri du cœur de John Poupoorou, jeune Kanak habitant les environs de Thio, village minier de la côte Est de la Nouvelle-Calédonie, ne correspond pas à un cas isolé ou individuel. D’un ton décidé mais sans colère, le jeune homme continue de témoigner : « La question des repères, du manque de repères, c’est un problème entre deux cultures : on est à cheval sur la culture kanak et la culture occidentale. Le jeune, il grandit en tribu, il vit dans la maison et on lui apprend à parler français, à s’habiller comme un Blanc. Si tu cherches du travail, on te dit que tu es mal formé, que tu ne parles pas assez bien, que tu n’es pas dans le modèle calédonien français comme il faut. Notre génération est au milieu. On te dit : “Tu ne travailles pas bien, tu ne respectes pas le règlement intérieur, tu as du caca dans le nez…” Et tu rentres dans ta tribu et on te dit que tu ne parles pas ta langue, que tu ne sais pas faire la coutume. Tu perds des deux côtés. Même les vieux, ils ne savent pas comment on est. Personne n’en parle, mais il y a beaucoup de suicides. » ...

source

mercredi 17 octobre 2018

Perquisitions : le deux poids deux mesures sauce Macron

Ce matin, une quinzaine de perquisitions se sont déroulées dans l’environnement de La France insoumise, aux sièges du Parti de gauche et de La France insoumise, et même au domicile de Jean-Luc Mélenchon. Ces perquisitions, avec leur déploiement policier un peu inédit dans le milieu politique, sont liées à deux enquêtes : une concernant des assistants parlementaires européens qui auraient été utilisés à des fins politiques, l’autre concernant les comptes de la campagne présidentielle de 2017.
Même si l’on ne connaît pas tous les détails des affaires, on peut s’étonner d’un tel déploiement judiciaire et policier autour de La France insoumise, alors même que les comptes de Macron font l’objet d’une enquête préliminaire, sans la moindre perquisition à cette heure…
Le premier acte de ce nouveau gouvernement, exécuté le jour même du remaniement, est un signal donné à toutes celles et ceux qui lui résistent. À l’évidence, en Macronie, mieux vaut être dans la cour de Jupiter que dans son opposition politique et sociale.

Pour le NPA , Montreuil 16 octobre 2018
Source 


dimanche 14 octobre 2018

Louis Kotra Uregei appelle à la non participation

Autogestion #2 - Kanaky, autodétermination : la longue patience du peuple kanak

Kanak : autodétermination et émancipation sociale

Robert Louzon, syndicaliste révolutionnaire, membre du noyau de la revue La Révolution Prolétarienne, avait eu cette formule « La révolution est une longue patience ». Ce raccourci s’applique parfaitement au combat du peuple kanak qui s’oppose au colonialisme depuis 165 ans et dont la lutte a pris un essor significatif à la fin des années 70 culminant, sur le plan des mobilisations sociales de masse, au cours des années 80. L’objectif est de mettre fin à l’occupation colonialiste de la France et l’État, géré par la droite comme par la gauche, n’a eu de cesse de louvoyer pour freiner toute perspective indépendantiste, fixant une consultation électorale du peuple qui aura finalement lieu le 4 novembre 2018, 30 ans après la réaffirmation du rejet du colonialisme par le peuple kanak dans des conditions qui garantissent une victoire du non. Aussi l’on peut raisonnablement considérer que la lutte pour éradiquer le colonialisme en Kanaky appellera un regain de mobilisation dans l’avenir.

NON, M. MACRON, la Kanaky n’est pas la possession de l’Empire colonial français…

Aidons les peuples originels Kanaks à reprendre leur terre volée par l'Empire et à retrouver leur souveraineté ;

Sans armes, ni haine, ni violence !

J'ai choisi cet excellent téléfilm ; "Kanaks, l'histoire oubliée" et à travers l'histoire du footballeur Christian Karembeu, qui permet de comprendre que le temps de la décolonisation, concertée, est venu et pourquoi c'est le préalable à toute chose et sans quoi, rien ne se fera et sans aucune chance de réussite.

Les peuples kanaks doivent retrouver la souveraineté de leur terre et nous pouvons les y aider, en remplaçant l'antagonisme à l'œuvre par notre complémentarité unificatrice ;

jeudi 11 octobre 2018

Respect du pluralisme des courants de pensée et d'opinion



Le parti travailliste veut du temps d'antenne pour défendre ses idées politiques

Dans un courrier adressé au Haut-commissaire de la République, le parti travailliste demande à rejoindre le débat médiatique afin de faire valoir sa position politique de non-participation à la consultation référendaire. 

© Caroline Moureaux / La 1ère

Le parti travailliste persiste et signe : il ne participera pas au référendum du 4 novembre prochain. Une non-participation que le parti indépendantiste présente comme une véritable position politique et non une simple abstention. 

" Au nom du respect du pluralisme " 


Pour cette raison, le parti entend participer activement à la campagne et demande officiellement du temps d'antenne dans le débat médiatique, au nom du respect du pluralisme. Le parti a donc envoyé une lettre en ce sens au Haut-commissariat avec copie au CSA (le conseil supérieur de l'audiovisuel). 

" L'objet de ce courrier qui est envoyé au Haut-commissaire, puisque c'est le représentant de l'État qui fixe les règles, est que nous considérons que la mise à l'écart du parti travailliste qui a quand même déterminé dans un vote démocratique lors d'un congrès extraordinaire sa position politique de non participation au référendum mérite d'être porté dans cette campagne électorale. Il n'y a aucune raison objective, ni juridique ou morale, qui justifie que le parti travailliste ne puisse participer à cette campagne pour le référendum. " fustige Louis Kotra Uregei, président du parti travailliste.

S'il n'est pas entendu sur ce point, le parti travailliste entend saisir le tribunal administratif et " même au-delà " affirme Louis Kotra Uregei.
Louis Kotra Uregei, président du Parti Travailliste © Caroline Moureaux / La 1ère

Un référendum qui est une tromperie, selon le parti travailliste 


Le parti travailliste estime que le résultat du " non " au référendum est déjà acquis car les conditions du scrutin ne sont pas celles d'un référendum d'autodétermination, les kanak étant minoritaires sur la liste électorale. Et d'accuser les autres dirigeants indépendantistes qui ont appelé à participer à un scrutin de " tromperie ".

" Nous avons toujours dit que ce n'était pas un référendum d'autodétermination car tous les kanak n'étaient pas inscrits. On a vu que les conditions n'avaient jamais été sincères. Pour nous, le peuple kanak a été trompé. Et aujourd'hui, ils (les dirigeants indépendantistes) ont déjà fait le deuil du " oui ", ils ne veulent pas l'avouer publiquement mais le résultat prochain du " non " va les amener à laisser de côté l'indépendance kanak socialiste et à s'engager vers ce que préconise Philippe Gomès et l'État à savoir la mise en place d'un peuple calédonien. Et pour nous, cela est de la tromperie. "

Le parti travailliste sera en Congrès du 16 au 18 novembre à Maré, à la tribu de Rô. Au programme notamment, la situation politique après le référendum et avant les provinciales, mais aussi la réforme du projet de constitution. Sur ce point, Louis Kotra Uregei indique que l'identité kanak sera le point central de cette constitution et promet des propositions qui " vont surprendre et même parfois choquer ".

Nouvelle-Calédonie : deux camps et quatre tactiques


Côté souverainistes, le FLNKS milite pour le oui, le Parti travailliste pour l’abstention. Côté loyalistes, les pro-LREM s’adressent aux opposants, et la droite à sa base.


Le 4 novembre, les électeurs inscrits sur la liste référendaire spéciale devraient en majorité dire non à l’accession à la pleine souveraineté de la Nouvelle-Calédonie. C’est le pronostic de trois sondages, donnant le «non» vainqueur autour de 70 %. Le FLNKS, groupement des partis indépendantistes, oppose que ces études «se basent sur la liste électorale générale», et non sur la liste spéciale, plus restreinte. D’après lui, le oui l’emportera si la participation est massive.
Le mot d’ordre est donc lancé, en ville comme dans les 341 tribus kanakes. Martelé par Daniel Goa, porte-parole du FLNKS et chef du parti majoritaire l’Union calédonienne : «Il faut envahir les bureaux de vote et dire "oui, je veux mettre un terme à toute cette injustice" !» Si le non l’emporte, avertit-il, «le pillage et la gabegie continueront à aggraver la fracture sociale». Un message qui peut faire mouche sur le territoire de la République le plus inégalitaire, et le plus riche après Saint-Martin.

«A la pêche». Voix discordante, le Parti travailliste de Louis Uregei a aussi promis d’arpenter le pays, mais pour persuader les électeurs «d’aller à la pêche» le 4 novembre. Réfractaire à un «référendum bidon», le leader nationaliste avait dit qu’il enverrait prêcher «la non-participation» dans les tribus. Une position qui pourrait lui préparer le terrain en vue des élections provinciales de 2019. «Beaucoup de Kanaks ont des doutes sur la viabilité de l’indépendance. Comme il leur est très difficile de voter non, ils seront sûrement nombreux à ne pas voter du tout.