PARTI TRAVAILLISTE

KANAKY

samedi 7 novembre 2015

A Londres, si loin de Nouméa, la Bourse mondiale du nickel ouvre ses portes

A la City de Londres, la cotation des métaux se fait encore à l’ancienne, "à la criée". Pour ceux et celles qui travaillent dans les mines et les usines calédoniennes, le « prix LME » est un indice connu, c'est le cours du nickel. Cette semaine à Londres, il a rechuté de près de 6 %.
Séance de cotation du Nickel à la Bourse des métaux de Londres (LME) © Alain Jeannin
© Alain Jeannin Séance de cotation du Nickel à la Bourse des métaux de Londres (LME)

À la Bourse des métaux de Londres (LME) on continue à s’interpeller pour acheter ou vendre des contrats sur les métaux. Le système est efficace, l’an dernier, deux millions de tonnes de nickel produits dans le monde ont été échangés plus de 170 millions de fois.  À Londres, « Merlin l’enchanteur » est un Trader qui achète et revend des contrats. Si toutes les transactions sont numériques, l'électronique n'a pas encore supplanté les exclamations qui animent la corbeille.


Dans l'arène des grands fauves 

C’est une rue étroite à deux pas de la Bourse des Métaux de Londres. Dans un recoin, le salon de thé « Tea-Warehouse » est un lieu branché dont le nom évoque de façon allégorique les entrepôts (« warehouse ») autrement dit les stocks : ici, le thé, juste en face au LME, les métaux industriels dont le nickel. Au « Tea House », les traders viennent donc se détendre et échanger des informations avant de s’écharper autour de la corbeille, le « ring » du London Metal Exchange. Au LME, c’est par de drôles de gesticulations que l’on s’échange toujours les contrats sur les métaux et que se détermine ainsi les prix de l’aluminium, du cuivre ou du nickel. Seuls autorisés à occuper les fameuses banquettes rouges, une poignée de traders constitue l’élite du commerce des métaux. Ces négociants de choc en costume cravates sont issus des plus grandes banques.

Derrière au bout du fil dans le « back-office », des clients du monde entier sont informés en temps réel des prix, de l’offre et de la demande. "Quand la cloche résonne, une autre cotation commence" précise Peter Childs. Le directeur du London Metal Exchange nous a donné l’accès au saint des saints, la corbeille : « Après l’aluminium, ce sont les 5 minutes du nickel et c’est important pour la Nouvelle-Calédonie ! » ; ces quelques mots posent les enjeux et le décor : « Nous sommes un lieu d’échanges, c’est l’offre et la demande qui déterminent le prix du nickel, pas le LME qui ne fait que répercuter l’état du marché » précise Peter Childs.


Mauvaise passe pour le nickel

Pourtant, la crise est passée par là pour l'une des stars du marché des métaux. Le nickel qui est indispensable à l’acier inoxydable et aux batteries des téléphones portables est retombé jeudi sous la barre des 10.000 dollars la tonne. Juste avant la clôture de séance, Stuart Sloan nous a rejoint. Cet écossais francophone dirige et contrôle la régularité des transactions. Il reconnaît que la situation est tendue : « Nous pensons aussi à ceux qui travaillent dans les mines et dans les usines au Canada ou en Nouvelle-Calédonie, l’ambiance est morose depuis de longs mois mais c’est ainsi, nous traversons un mauvais cycle ». Treize heures trente, c’est la fin des cotations, ce vendredi à Londres. Sur le parvis du LME chacun reprend son souffle et se détend, un trader finit par lâcher : « Mauvaise semaine pour le nickel, 6.000 tonnes de métal sont apparues à Singapour, les stocks ont remonté, la demande est faible. »

 A l’étroit dans ses locaux, la Bourse des métaux déménagera en début d’année prochaine, toujours au cœur de la City et de la finance. Le fameux ring et ses célèbres banquettes rouges seront toujours présents. Pas question de renoncer à un rituel immuable vieux de 138 ans, quand l’Empire britannique dominait le monde et importait l'essentiel des matières premières. Les temps ont bien changé mais la tradition est sauve.

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