Dommage que la france n'écoute pas les Hommes de Paix.
Discours historique à l'ONU 04/10/1984
Discours historique à l'ONU 04/10/1984
Thomas Sankara sera arrêté 3 jours après ce :
Discours en direction de le jeunesse, 14 mai 1983 à Bobo-Dioulasso
« Un chat est un chat »
Une
 jeunesse mobilisée est dangereuse, une jeunesse mobilisée est une 
puissance qui effraye même les bombes atomiques. Il y en a qui possède 
les bombes atomiques et qui ont des problèmes avec d’autres peuples qui,
 eux, ne possèdent pas la bombe atomique, mais pourquoi ils n’osent pas 
l’utiliser ? Parce qu’ils savent très bien, parce qu’ils savent très 
bien, que dans ces peuples que osent les attaquer, ils trouvent une 
jeunesse mobilisée, une jeunesse à mourir. Et nous, nous vous disons, 
jeunesse de Haute Volta, mobilisez vous ; l’ennemi est à nos portes, 
l’ennemi est chez nous et l’ennemi passera par des méthodes violentes, 
l’ennemi passera par toutes sortes d’actes crapuleux. Nous connaissons 
les débarquements fascistes qui ont été organisés ça et là contre des 
peuples mobilisés. Nous connaissons aussi des crimes abominables qui ont
 été organisés contre des peuples mobilisés. Jeunesse Voltaïque, ou bien
 vous vous mobilisez et vous avez l’ennemi en face, ou bien vous faites 
la politique de la collaboration avec l’ennemi et il ne vous attaquera 
pas mais il vous exploitera. Mobilisez vous ! Attaquez-le !
Mais la jeunesse c’est également tous ceux qui sont prêts à prendre les fusils contre l’ennemi extérieur (applaudissements).
Jeunesse Voltaïque, si un jour ces mercenaires que nous attendons de pieds fermes venaient ici,
Seriez-vous prêts à prendre les fusils ? Oui ! (réponse de la foule) ;
Seriez-vous prêts à combattre l’ennemi ? Oui ! (réponse de la foule) ;
Seriez-vous prêts à combattre les valets locaux de l’ennemi ? Oui ! (réponse de la foule) ;
Jeunesse
 Voltaïque, c’est ça la mobilisation ; la mobilisation, ce n’est pas 
coudre des uniformes (…) folles et organiser des banquets. La 
mobilisation c’est savoir combattre ses ennemis, c’est savoir les 
dénoncer, c’est savoir mourir pour une cause. Nous avons fait un choix, 
nous avons fait une option.

Nous
 savons qu’aujourd’hui, en Haute Volta même, sont en train de trembler 
tous ceux qui ont peur d’une jeunesse mobilisée. Qu’à cela ne tienne, 
nous irons de l’avant. Qu’à cela ne tienne, nous ne connaîtrons jamais 
l’échec parce que le jour où l’ennemi aura eu raison de nous, c’est que 
nous ne sommes plus en vie. Tant que nous serons en vie, nous 
connaitrons le succès.
Jeunesse Voltaïque, nous pensons que la 
dénonciation de l’ennemi extérieur et la dénonciation de l’ennemi 
intérieur, passent également par des actes concrets. C’est pourquoi nous
 vous avons conviés à des réalisations d’actes concrets, tenant compte 
des besoins réels du peuple Voltaïque. Nous avons décidé de lancer un 
certain nombre de chantiers. Ces chantiers sont pour l’instant des 
théâtres populaires qui vous permettront d’organiser de manière libre et
 dans des conditions décentes, des représentations théâtrales, des 
conférences, des meetings, des projections cinématographiques, et ces 
théâtres populaires seront également les lieux de rencontres de 
discussions et de débats, d’échange d’idées, de critiques et d’auto 
critiques ; c’est-à-dire de volonté d’aller de l’avant (…) qui de 
volonté de comprendre la situation politique les impératifs 
idéologiques ; nous vous avons également conviés  à des travaux tendant à
 organiser dans nos villes des places de meeting. Sur ces places de 
meeting vous, jeunes de HV vous construirez des monuments dédiés au 
peuple voltaïque en marche pour sa libération.
On nous dit que ces
 chantiers ne sont pas prioritaires, c’est vrai ils ne sont pas 
prioritaires ; mais  nous avons décidé de commencer par là  parce que 
nous savons également que  ces chantiers n’entrainent aucune charge 
récurrente, nous savons qu’avec ces chantiers il n’est pas besoin 
d’études longues,  de dispositions financières budgétaires  d’entretien.
 Nous voulons qu’a travers ces chantiers nous puissions tester notre 
capacité  d’organisation, notre capacité de mobilisation, notre capacité
 de réalisation. Mais après ces chantiers, faites nous confiance, si le 
succès est acquis, nous lançons des opérations ambitieuses ; ces 
opérations, ça sera la construction de centaines et de centaine  
d’écoles ; ces opérations, ça sera la construction de centaines de 
dispensaires ; ces opérations, ça sera  la construction de centaines de 
kilomètres de route ; ces opérations, ça sera la construction de 
dizaines de barrages ; pour ne citer que les actes concrets, pour ne 
citer que les actes physiques (….)
Mais la jeunesse voltaïque aura
 également  l’occasion de s’engager  vers d’autres combats, vers 
d’autres réalisations. Et en attendant donc que nous ouvrions des 
chantiers pour construire les écoles, les dispensaires, les barrages, 
les routes,… les ministères techniques intéressés et concernés au plus 
haut point,  s’attellerons, et certain si attèlent déjà,  à faire les 
études nécessaires, à faire les études correctes, pour que les chantiers
 démarrés, le succès soit total. Cela sera pour nous l’occasion de 
montrer que nous pouvons doubler, quintupler le taux de scolarisation en
 l’espace d’un an sans intervention impérialiste, sans intervention 
néocolonialiste, sans tentative de domination (applaudissements).
C’est
 ça la libération ! La libération ne se mesure pas  au projet que l’on 
réalise après avoir parcouru 25 pays capitalistes, impérialistes et 
dominateurs pour collecter des milliards. C’est de l’inconscience, c’est
 de la collaboration, c’est un attentat contre le peuple. Et nous sommes
 contre les attentats. La libération c’est d’abord prendre en main son 
destin sur son propre sol, (…) l’intérêt du peuple voltaïque.
C’est
 dans ce cadre que nous avons osé négocier avec certains pays qui ont 
été qualifiés de peste.  Nous avons négocié avec la Libye, nous avons 
négocié avec la Corée (du nord) ; et camarades , c’est donc avec ces 
pays  que nous allons commencer les premières réalisations ;  c’est avec
 également les expériences des autres peuples, c’est avec également les 
expériences des jeunesses des autres peuples  que nous allons continuer 
ces chantiers en étant sûrs, en étant certains  que nous Voltaïques à 
partir de maintenant,  nous aurons également des leçons, nous aurons 
également à apprendre  aux autres peuples et notamment leurs jeunesses 
ce que c’est que la liberté  et la responsabilité.
Lorsque donc 
nous avons engagé ces négociations avec ces pays amis, nous avons eu des
 réponses favorables en fonction de ce qui est pour nous l’alpha et 
l’oméga,  le début et le commencement, le TOUT, c’est dire l’intérêt du 
peuple voltaïque. Nous avons dit que nous tenions  le peuple voltaïque 
pour responsable, le peuple voltaïque pour sujet et objet  et c’est dans
 ces conditions que nous attendons  des millions à investir en Haute 
Volta. En tenant compte aussi de la liberté et de l’indépendance du 
peuple voltaïque, nous attendons des matériaux venus de Corée, venus de 
Libye pour nous aider  et aider le peuple voltaïque, en tenant compte 
des aspirations de ce peuple, en tenant compte de sa liberté à se 
définir, à prendre son destin en main. Cela a été pour nous une occasion
 très enrichissante  et je sais que très bientôt la jeunesse voltaïque 
sera représentée  à la fête de la jeunesse qui se tiendra à Tripoli.
(…)
 Nous irons a Tripoli pour apporter la note de la jeunesse voltaïque 
pour dire que la jeunesse voltaïque vient de se libérer, la jeunesse 
voltaïque à qui on avait interdit hier le droit de penser, de réfléchir 
 et de dire ce qu’elle avait du fond du cœur, cette jeunesse voltaïque 
aujourd’hui, a pris son destin en main  et sur la scène internationale, 
elle entend situer sa  place et donner son mot. Prolongeant donc ce que 
vient de dire le camarade dans la salle , à savoir que la jeunesse 
voltaïque doit être représentée dans les organisations officielles en 
haute volta, je dirais même plus, la jeunesse voltaïque doit avoir sa 
place sur la scène internationale (applaudissements).
Nous sommes 
reconnaissants à tous ceux qui nous ont aidés jusque là et à tous ceux 
qui voudrons bien nous aider. Nous savons que certains pays nous aident 
sur la base de l’incitation crée par d’autres aides ; tant mieux !  Le 
peuple voltaïque en profitera.
Nous savons que certaines aides ont
 pour objectif de nous détourner de nos réels objectifs et pour 
intentions profondes de nous récupérer ; tant pis ! Le peuple voltaïque 
se chargera de ses ennemis. Ce n’est pas le CSP qui va s’en occuper ; 
c’est le peuple qui va s’en occuper et c’est pourquoi  ils ont peur 
actuellement, c’est pourquoi ils attendent la fin du meeting pour ce 
regrouper en petit cellule et recommencer à dénigrer. Demain vous 
entendrez que  le meeting a été un échec, mais aujourd’hui ils n’oseront
 jamais le dire, demain vous entendrez qu’il n’avait que des petits 
enfants  des curieux ; aujourd’hui ils n’oseront pas le dire, 
aujourd’hui ils se taisent ; Peut être même qu’ils sont entrain 
d’applaudir(…) parce qu’ils sont obligés d’applaudir. Que voulez-vous ?
Pour
 combattre les ennemis du peuple il n’y a pas deux chemins, il faut 
allez directement. J’ai essayé… au CSP nous avons essayé de  ménager 
l’ennemi, de le  combattre  de manière détournée ; c’est pas possible, 
il faut le combattre directement : un chat est un chat.
Camarades,
 je ne voudrais pas être long ; je pense que je n’ai pas été long. 
Parler du peuple suffit à remplir la vie d’un homme, par conséquent 
parler du peuple, ne serait-ce que dans sa portion qui s’appel  la 
JEUNESSE, suffit à nous occuper tout le long de notre vie ; parce que 
nous serons toujours jeunes. Jeunes parce que  nous allons continuer à 
dénoncer ; jeunes parce que nous allons  continuer à combattre ;  au 
lieu de ces personnes  qui n’ont peut être que 18 ans,  mais qui déjà 
parlent de résignation, parlent de sagesse, parlent de ménager, parlent 
de compromis ; il n’est pas question de compromis.
Je voudrais 
vous dire, je voudrais dire à la jeunesse voltaïque à travers vous qui 
êtes ici présents,  que les chantiers que nous avons entrepris  de  
réaliser qui commencerons dès que vous-mêmes, jeunes de haute volta, 
vous vous serez organisés librement  et démocratiquement et sur des base
 anti impérialistes,  nous y tenons, ces chantiers seront lancés avec 
les moyens que le CSP pourra mettre à votre disposition ; ces moyens 
nous les avons rassemblés ; ces moyens, nous attendons que vous-mêmes 
vous exprimiez le besoin pour qu’ils soient utilisés ; et ces moyens 
iront à ceux qui auront été les plus organisés.
Bobo-Dioulasso, 
Ouagadougou auront peut-être leur chantier les premiers, mais les 9 
autres départements suivront et peut être devanceront Bobo-Dioulasso et 
Ouagadougou. En tout cas nous le souhaitons. Et je voudrais vous dire 
que le CSP n’a pas fait de choix particulier pour favoriser  Bobo 
Dioulasso ou Ouagadougou. Nous estimons que ces villes sont égales  aux 
autres villes de haute volta ; nous estimons que la jeunesse de Bobo, la
 jeunesse de Ouaga  sont des jeunesses égales aux autres jeunesses.
Il
 n’y a que la résolution, la détermination qui comptent. Et cette 
résolution, cette détermination, nous pensons la trouver partout en 
Haute Volta.
Jeunes de Haute Volta avant de vous quitter  je 
voudrais rappeler ceci, je voudrais rappeler que le combat que nous 
commençons, n’est pas seulement le combat de la jeunesse ; c’est le 
combat de tout le peuple voltaïque. Si aujourd’hui nous avons choisis de
 s’adresser à la jeunesse c’est parce que nous savons que demain nous 
nous adressons à d’autres. C’est le combat de tout le peuple voltaïque 
et le succès appartient à tout le peuple voltaïque. Les ennemis du 
peuple voltaïque seront les perdants ; il faut qu’ils soient perdants ; 
il faut qu’ils soient perdus ; il faut qu’ils soient écrasés.
C’est un plaisir de me retrouver dans cette (…)