PARTI TRAVAILLISTE

KANAKY

lundi 19 janvier 2015

Le FLNKS valide sa "doctrine nickel"

© NC 1èreLors de la réunion de son bureau politique élargi samedi à Kaala Gomen, le FLNKS a adopté sa "doctrine nickel" qui définit la stratégie minière des indépendantistes.


Cette "doctrine nickel" s'articule autour de trois axes principaux:
-La maîtrise de la ressource
-L'arrêt des exportations de minerai brut (sauf pour les entreprises calédoniennes off shore)
- La volonté de parvenir à obtenir que la STCPI, la société de la Nouvelle-Calédonie, devienne majoritaire à 51% dans la SLN
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 Le plan nickel défini

Le FLNKS vient d’adopter sa « doctrine nickel », dont l’un des piliers est la montée de la Nouvelle-Calédonie à 51 % du capital dans les unités industrielles. Le regard est aujourd’hui tourné vers la SLN, et la méthode pour atteindre l’objectif sera bientôt arrêtée.


Réunis à la tribu de Gamaï à Kaala-Gomen, les leaders du FLNKS ont validé les positions sur la thématique minière et métallurgique.
Photos Jean-Marc Truvan et Archives LNC


  • Quelle est la « doctrine nickel » ?
Adoptée samedi par le bureau politique élargi du FLNKS à Kaala-Gomen, la « doctrine nickel » correspond à la stratégie minière et métallurgique du Front. Cette réflexion enrichie au fil des années s’appuie sur trois piliers. Le premier de ces objectifs primordiaux est la maîtrise de la ressource. Le deuxième intègre l’arrêt - sauf bien entendu pour les structures calédoniennes offshore - des exportations de minerais bruts, l’intérêt avancé étant de maximiser la plus-value et les retombées économiques dans le pays. Aucun délai n’a été précisé ce week-end. L’Union calédonienne avait évoqué l’année 2019 pour une application de la mesure. Autrement dit, d’ici là, les projets majeurs du secteur devront être accomplis. Tels que le fonctionnement total de la deuxième ligne de production de l’usine SMSP-Posco à Gwangyang, en Corée du Sud, ou bien la mise en route du partenariat entre la SMSP et le Chinois Jinchuan pour la valorisation des latérites. Mais, encore une fois, cet horizon de quatre ans n’a été proposé que par l’une des quatre composantes du Front. Enfin, le troisième cap fixé par le FLNKS vise l’exploitation de cette matière première dans des complexes métallurgiques détenus par la Nouvelle-Calédonie à hauteur de 51 %, autant dans le pays qu’à l’extérieur dans des modèles offshore. Ce point est capital pour la coalition indépendantiste, qui voit une force dans ce schéma : outre leur mise en commun, être majoritaire au capital de nombre d’usines permet de valoriser le panel de minerais disponibles, de la garniérite à la latérite, de la forte à la faible teneur.
  
* 51 % au capital, comment ?
« C’est une volonté », insiste Gérard Reignier, de l’Union calédonienne, parti politique à l’animation du FLNKS actuellement. Un groupe de travail va être créé, avec deux missions en poche : ciseler la méthode pour atteindre ce but stratégique, mais aussi estimer les retombées économiques au niveau des populations. La première entité industrielle dans l’axe du Front est bel et bien la SLN. Un vieux combat. Et pour cause, la Société Le Nickel dispose de 55 % du domaine minier calédonien. La possession d’une majorité du capital reviendrait donc à maîtriser plus de la moitié de la ressource identifiée. Tel est le raisonnement de militants indépendantistes. L’idée est d’avoir la main sur les leviers, pour à la fois accroître les retombées locales et, par conséquent, l’autonomie du pays, mais aussi pour disposer de l’outil phare dans le secteur central. Par quel biais ? La STCPI, regroupant les intérêts des trois provinces, peut-elle échanger ses parts détenues dans Eramet, contre celles possédées dans la SLN, selon un accord de 1999 ? « C’est écrit », indique Gérard Reignier. Encore faut-il réussir à amener les représentants de la province Sud dans cette démarche-là. Quoi qu’il en soit, d’après l’actuel animateur du FLNKS, « on veut véritablement en faire un sujet cette année ».

 Et maintenant ?
Une discussion est aujourd’hui lancée sur la nécessité d’instaurer une entité pays au centre du schéma préconisé par la « doctrine nickel ». Bref, le bureau politique élargi du Front va proposer une motion, tirée de ces conclusions sur la mine, au congrès de la coalition, le 7 février. Et après ? L’obtention des 51 % dans la SLN constitue un enjeu véritable, à entendre des militants samedi à Kaala-Gomen. Des fidèles de la lutte indépendantiste prêts à faire entendre leur voix, si le dossier n’avance pas.

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C’est, en milliards de francs, selon l’expert Olivier Sudrie, la part de valeur ajoutée qui est restée en Calédonie en 2011, soit environ un tiers de la somme dégagée par le secteur, estimée à 76 milliards de francs. L’autre part est constituée principalement par des importations ainsi que par des dividendes rapatriés, vers la Métropole, pour la métallurgie.

Les indépendantistes signent un courrier sur la SMSP

 Pour les membres indépendantistes du gouvernement, la SMSP doit bénéficier d’un abattement de tout ou partie des sommes exigées par les services fiscaux.

De Gilbert Tyuienon à Valentine Eurisouke, les cinq plumes indépendantistes du gouvernement ont signé un courrier adressé à l’exécutif, la présidente Cynthia Ligeard en tête. Datée du 24 novembre, soit avant la chute de l’équipe gouvernementale, cette missive demande de reconsidérer le redressement fiscal signifié à la SMSP. La sanction était tombée en juillet 2013. Les services fiscaux réclament alors, au groupe piloté par André Dang, 5,789 milliards pour les exercices 2008-2011, répartis en 4,816 milliards rattachés à la SMSP elle-même et 973 millions ciblant sa filiale Société de Ouaco détenue à 100 %. Motif principal ? Comme l’expliquent les membres UC, Palika et UNI du gouvernement, il est reproché à la SMSP d’avoir abandonné son activité d’extraction minière pour n’être plus qu’une holding financière gérant les participations de ses filiales. Le bénéfice d’avantages s’évaporerait alors. « Il semble que les services fiscaux n’aient pas disposé de tous les éléments d’analyse », jugent les cinq personnalités indépendantistes de l’exécutif, avançant plusieurs arguments. « Il apparaît que la SMSP est toujours propriétaire de titres miniers et d’autorisations personnelles minières », ou encore « que les ingénieurs de cette société procèdent toujours à des travaux de recherche pour estimer et accroître son patrimoine minier et celui de ses filiales… »

« Profonde inégalité de traitement »

Le courrier tient par ailleurs « à dénoncer » la double taxation des revenus métallurgiques provenant de la filiale, la SNNC, en Corée du Sud, du fait que la convention fiscale franco-coréenne n’a pas été étendue à la Nouvelle-Calédonie. Alors que, « parallèlement », « Eramet bénéficie, au travers de la convention fiscale franco-calédonienne, d’un régime mère-fille particulièrement favorable ». Un appel est lancé pour que l’exécutif intercède auprès du gouvernement français afin que des accords soient trouvés et que, par ricochet, la « profonde inégalité de traitement fiscal » disparaisse. Pour les indépendantistes, la SMSP est un acteur essentiel du rééquilibrage et le principal moteur de développement économique de la province Nord, « tout en recherchant une valorisation optimale de la ressource minière calédonienne ». Cette affaire du redressement fiscal de la SMSP animait aussi la discussion entre partis loyalistes, avant la crise gouvernementale.


Repères

Décision demain
Le bureau politique du FLNKS se positionnera demain lors de sa traditionnelle réunion hebdomadaire, sur l’initiative du haut-commissaire. Le représentant de l’Etat a en effet décidé de convoquer le gouvernement jeudi afin d’organiser un nouveau scrutin visant à élire un président et un vice-président. Selon des responsables indépendantistes, le FLNKS se donne jusqu’au 7 février, date de son congrès annuel, pour apporter sa vision sur une sortie de la crise gouvernementale.

La répartition
L’examen des ressources en nickel du pays par massif minier, permet de visualiser la répartition. Loin devant, la zone du Grand Sud, très riche, dispose d’une capacité en latérites écrasante. A une échelle nettement moindre - moins de la moitié -, la zone Est présente un potentiel néanmoins important, équivalent au stock estimé dans le Nord, doté il faut le rappeler de gisements notables tels que le Koniambo, Tiébaghi, ou encore Poum. D’ailleurs, l’experte Anne Duthilleul a noté « le potentiel en garniérites remarquable de la côte Est ». D’après les données récoltées, une unité basée sur une production de 10 000 tonnes par an, pourrait y être instaurée, en théorie.

Le rang
Au regard des résultats de l’USGS, le service géologique des Etats-Unis, la Nouvelle-Calédonie possède 15 % des réserves mondiales en nickel estimées à 80 millions de tonnes. Soit 12 millions, la deuxième plus grande de la planète, après l’Australie avec 24 millions, ou 30 %. Toutefois, des spécialistes s’interrogent sur les méthodes de calcul adoptées par l’USGS, pour définir cette estimation des réserves, et non des ressources.