PARTI TRAVAILLISTE

KANAKY

vendredi 27 février 2015

La Cour de Cassation vient de confirmer la position toujours défendue par la Commission Politique et Citoyenneté du FLNKS/PT/DUS

La Cour de Cassation vient de confirmer la position toujours défendue par la Commission Politique et Citoyenneté du FLNKS/PT/DUS, en précisant que dans la partie FLNKS, seul l’UC s’est réellement investi dans ce travail avec le PT et la DUS.

Malgré les votes défavorables répétées des commissions administratives, les rejets répétés de nos recours aux tribunaux, les campagnes médiatiques des responsables des partis pro-colonialistes voulant faire passer nos gens pour des irresponsables, les recours et les condamnations contre nos tiers électeurs, les avis « éclairés toujours contre nous des juristes genres Anne Gras », la persévérance a payé et cet arrêt de la Cour de cassation confirme les positions que nous avons toujours défendu sur les conseils de notre juriste Mathias CHAUCHAT agrégé de droit constitutionnel, professeur de droit à l’Université de Nouvelle-Calédonie. 

L’essentiel de cet arrêt concernant les listes électorales spéciales pour les élections provinciales et que nous avons toujours défendu, c’est la triple condition :
  1. Être présent dans le pays avant 1998
  2. Être inscrit sur la liste générale de 1998.
  3. 10 ans de résidence continue.

Suite à notre réunion hier au Haut-commissariat sur la question, le haussaire a décidé de publier le document joint au titre de VADEMECUM que je vous transmets pour que chacun connaisse mieux le dossier juridique et s’en serve si nécessaire dans le travail de contrôle des commissions ou là où ce sera nécessaire.

Bon courage,

Louis Kotra UREGEI
Président du Parti Travailliste

Pour lire le Vademecum et le document des radiations cliquez sur les liens ci-dessous.



Election en Nouvellecalédonie Kanaky : La france a bien triché !

  panneau triche

 C’est confirmé. Les nouvelles consignes données par Matignon sont différentes de celles de 2014. Va-t-on de nouveau assister à des demandes massives de radiation d’électeurs ? Ces derniers pourront-ils invoquer l’autorité de la chose jugée ?

Les partis non-indépendantistes ont commencé à fourbir leurs armes alors que commencent lundi les premières réunions des commissions administratives de révision des listes électorales spéciales permettant de voter aux élections provinciales. Cette année, contrairement à 2014, l’Etat semble avoir donné consigne à ses représentants au sein des commissions, de suivre la jurisprudence réaffirmée de la Cour de cassation en la matière. Pour figurer valablement sur cette liste, il faut avoir été inscrit (si l’on était majeur à l’époque) sur la liste générale arrêtée en février 1998. Et pas seulement être arrivé en Nouvelle-Calédonie avant le mois de novembre 1998, comme l’avait déclaré en 2014 le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, devant l’Assemblée nationale, en réponse à une question de Sonia Lagarde.

Amendement. Cette année, l’Etat a changé son fusil d’épaule puisqu’il a demandé à ses représentants de se conformer à la jurisprudence de la Cour de cassation.
Hier, Gaël Yanno et les principaux responsables de l’UCF ont indiqué publiquement qu’ils proposeront un amendement pour modifier la loi organique et en revenir au gel simple tel que préconisé il y a un an par Jean-Marc Ayrault. « La réforme de 2007 instituant le gel du corps électoral a modifié la Constitution, mais pas la rédaction de l’article 188 de la loi organique » souligne Gaël Yanno. « C’est cette carence qui fait que l’autorité judiciaire a ajouté des restrictions supplémentaires à celles que voulait le pouvoir politique. Du coup, les indépendantistes tentent aujourd’hui d’exclure à défaut d’avoir su convaincre. »
Pierre Frogier a également prévu de faire au Sénat une proposition allant dans le même sens. Mais ces entreprises semblent difficiles puisque la modification d’une loi organique suppose un vote identique des deux assemblées, et que de surcroît, elle ne pourrait intervenir qu’après le travail des commissions prévu pour durer deux mois.
A Calédonie ensemble, Philippe Gomès refusait hier encore d’imaginer une volte-face de l’Etat. « Le Premier ministre s’est engagé publiquement il y a un an devant l’Assemblée nationale. Il a posé une ligne de conduite qu’il a explicitement placée dans la continuité de l’Etat, des signataires, de Michel Rocard et de Lionel Jospin. » Bref, le politique devrait primer sur l’interprétation juridique.

Bouclier. Frédéric De Greslan fait quant à lui valoir que les milliers de personnes ayant fait l’objet de recours en radiation infructueux en 2014 sont désormais protégées par « l’autorité de la chose jugée », et ne pourraient faire l’objet d’une nouvelle demande de radiation sur les mêmes motifs. Cette opinion est partagée par le professeur de droit Guy Agniel, mais pas par Mathias Chauchat, professeur à l’université, et proche de l’Union calédonienne. Autant dire qu’une querelle de juristes se profile à

  Un système à corriger « rapidement »

Publié le vendredi 27 février 2015 à 03H00
Selon le FLNKS, les commissions administratives spéciales doivent pouvoir « se pencher de nouveau sur les cas qui nous paraissent douteux ».
Peu avant une rencontre, hier, entre le haut-commissaire et le groupe du Congrès UC-FLNKS et nationalistes, le bureau politique du Front a réaffirmé, devant les médias, ses positions et ses attentes sur le corps électoral spécial. Le matin même, la doctrine de la Cour de cassation était imprimée dans les colonnes des Nouvelles. En bref, pour voter aux élections provinciales, il faut avoir été inscrit sur la liste générale de 1998. Cette orientation était traduite dans un vadémécum, ou mémento, présenté par le haussaire aux groupes politiques. « L’Etat doit prendre toutes ses responsabilités pour la bonne tenue du corps électoral spécial et surtout pour l’affirmation de cette citoyenneté », note Gérard Reignier, actuel animateur du FLNKS. Si des recours en justice ont été entrepris, « ce n’est pas par plaisir, c’est par manquement de l’Etat ».

Le cas de 5 300 personnes
Le chiffre avait fait du bruit et a hier été rappelé, le cas de 5 300 personnes environ est « à réétudier », selon le Front. Un point technique a en outre été souligné. « Si le parent est frauduleusement, ou indûment, inscrit, on va inscrire forcément les jeunes qui n’ont pas lieu d’être inscrits sur la liste électorale, ajoute Gérard Reignier. La conclusion est claire, le système doit être corrigé très rapidement. Evoquée au dernier Comité des signataires, la modification de la loi organique en faveur, notamment, de l’ajout d’un magistrat supplémentaire au sein des commissions administratives spéciales, ne sera « actée que fin avril ou mi-mai ». Soit après la révision annuelle de la liste électorale spéciale prévue entre le 2 mars et le 16 avril. Intervenu il y a peu à New York, Mickaël Forrest a souligné que l’ONU mais aussi le Groupe mélanésien Fer de lance se sont montrés « très sensibles » à la situation calédonienne.
Y.M

Corps électoral de Nouvelle-Calédonie: vers une nouvelle polémique

La révision annuelle des listes électorales débute ce lundi. Une opération administrative qui s’annonce éminemment politique et polémique. Surtout que l’Etat a changé de cap concernant les conditions d’inscription sur la liste spéciale.
© NC 1ère

La notion de corps électoral restreint a toujours fondamentalement opposé les deux blocs politiques de l'archipel, indépendantiste et non indépendantiste.Et à quelques jours de la révision annuelle des listes électorales, la polémique sur l'interprétation de l'article 188 de la loi organique, qui réglemente le droit de vote aux élections en Nouvelle-Calédonie, alimente de nouveau l'actualité.
 
L’État, à travers un nouveau vademecum, (document officiel indiquant la conduite à suivre pour le délégué de l'Etat qui siège au sein des commissions administratives spéciales chargées de réviser les listes électorales dans chaque commune), a décidé de suivre la jurisprudence validée par la Cour de cassation qui en plus des conditions de présence et de résidence en Nouvelle-Calédonie lie le droit de vote aux prochaines élections provinciales à l'inscription sur la liste électorale de 1998.
 
Les indépendantistes se satisfont du changement de lecture de l’Etat. Le FLNKS demandera l’examen de 5300 cas...5300 radiations potentielles. Une liste établie sur la base des personnes qui ont voté aux Provinciales de 2014 et qui n’étaient pas inscrites en 1998. 
 
De son côté, l’UCF (Union pour la Calédonie dans la France) a tenu à exprimer son inquiétude. Qualifiant d’"arbitraire" la jurisprudence rendue par la Cour de cassation, l’UCF demande une clarification et propose un amendement à l’article 188 de la loi organique.
 
Pour Calédonie Ensemble, il faut s’en tenir à la position prise en 2014 par l’ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault devant l’Assemblée Nationale: "Ainsi, doivent être électeurs aux élections provinciales toutes les personnes majeures installées en Nouvelle-Calédonie le 8 novembre 1998 au plus tard, après avoir satisfait à la condition de dix ans de domicile, ainsi que leurs descendants atteignant par la suite la majorité...L'examen de la condition d'installation en Nouvelle-Calédonie en 1998 devra être conduit avec un soin particulier, sur la base de la consultation de la liste électorale générale de 1998 ou de tout élément établissant cette installation " avait déclaré Jean-Marc Ayrault devant l'Assemblée nationale en février 2014. 
 
Si jamais l’état décidait de revenir sur la position exprimée devant l'Assemblée nationale, il s’agirait selon le leader de Calédonie Ensemble, Philippe Gomès, d’une "volte face inacceptable" qui conduirait son parti à entreprendre "un certain nombre d’actions pour que la justice en matière électorale soit rétablie dans en Nouvelle-Calédonie".

jeudi 26 février 2015

Opération nettoyage ?

La décision de la Cour de cassation va faire du bruit. Pour voter aux élections provinciales, il faut avoir été inscrit sur la liste générale de 1998. L’Etat a prévu de suivre sa jurisprudence. La révision des listes électorales débute dans les prochains jours.
En 2014, les représentants de l’Etat n’avaient pas suivi les critères très restrictifs de la Cour de cassation. Cette année, ils vont le faire, ce qui va changer la donne.
Photo Archives LNC
Les magistrats qui vont procéder à la révision annuelle des listes électorales arrivent à Nouméa en fin de semaine avec, dans leurs bagages, les derniers arrêts de la Cour de cassation. Des arrêts - concernant la liste spéciale (celle des provinciales) - qui sont clairs et nets : une personne non inscrite sur la liste générale en 1998 et qui ne peut, par ailleurs, attester de dix années de présence continue sur le territoire entre 1988 et 1998, ne peut figurer sur la liste permettant de voter aux élections provinciales.
Plusieurs décisions de la Cour, prises entre juin et septembre, et toutes rédigées dans le même sens, mettent donc fin aux débats et interprétations divers nés de la réforme de la Constitution de 2007. Cette année-là, à la demande du président Jacques Chirac, le corps électoral, réputé glissant (évolutif) depuis les Accords de Nouméa, est devenu figé. Cela signifie que toute personne s'étant installée en Nouvelle-Calédonie après 1998 se voyait interdite de vote pour les élections provinciales. Difficile à avaler, notamment pour Pierre Frogier, la décision a fini par être digérée, tant bien que mal.

Inquiétude. La polémique a ressurgi l'an passé, lors des élections provinciales, quand l'UC et le Parti travailliste ont tenté de faire radier plus de six mille personnes de la liste spéciale, principalement en province Sud. L'argument des requérants était simple : toute personne non inscrite sur la liste générale de février 1998 ne pouvait se retrouver ultérieurement sur la liste spéciale. La justice a majoritairement rejeté la demande, mais des milliers des Calédoniens s'étaient retrouvés dans les salles d'audience de Nouméa et de Koné, vieilles factures à la main, afin de prouver leur présence sur le sol dix ans avant la date couperet.
Ce fort mouvement d'inquiétude pour les électeurs potentiels, que le haut-commissaire de l'époque n'avait rien fait pour calmer, avait connu un apaisement avec la déclaration du premier ministre Jean-Marc Ayrault. Sa réponse, politique, avait fait de la présence en Calédonie en 1998 le critère déterminant pour être inscrit sur les listes spéciales.

Décisions. Reste qu'il y a le texte de la loi organique, précis, sur lequel viennent de s'appuyer les magistrats de la Cour de cassation.
L'article 188-1 de la loi organique de 1999 distingue trois cas : les personnes présentes sur le territoire en 1988 et avant, les personnes arrivées entre 1988 et 1998 et, enfin, les personnes non majeures en 1998. Pour le second cas, qui a été l'objet du litige en 2014, il convient d'être inscrit sur le fameux tableau annexe de 1998 pour prétendre participer au scrutin provincial. En pratique, il suffit d'être inscrit sur la liste électorale générale de 1998, puisque pour figurer au tableau annexe de 1998, il fallait d'abord être inscrit sur la liste électorale générale cette année-là. Cette première condition remplie, il fallait aussi que les personnes aient résidé 10 ans en Nouvelle-Calédonie avant d'être inscrites sur la liste électorale spéciale.
Le guide remis par l'Etat aux délégués du haut-commissaire dans les prochaines heures ira dans ce sens, car, comme le rappelle un conseiller du gouvernement conscient des remous que va provoquer une telle décision, « dans un Etat de droit, on respecte les décisions de la justice ».
La révision des listes électorales est prévue pour durer deux mois.

Itinéraire d’un corps glissant, puis gelé

Lorsque l’accord de Nouméa a été adopté par référendum le 8 novembre 1998, les électeurs se sont prononcés en faveur d’un texte qui prévoyait un corps électoral restreint, mais glissant pour les élections provinciales. Pour y figurer, il fallait justifier d’au moins dix ans de résidence en Calédonie.
Mais très vite, les indépendantistes ont fait valoir que ce n’était pas conforme à l’esprit qui avait prévalu lors des négociations de l’accord, et ont demandé à l’Etat de rendre ce corps électoral gelé. En 2003, lors de sa venue chahutée en Calédonie, le président de la République Jacques Chirac s’est engagé dans ce sens. C’était aussi un retour à l’envoyeur envers Jacques Lafleur qui avait soutenu, en 1995, la candidature de son rival Edouard Balladur à l’élection présidentielle.
La promesse a été tenue en 2007, par une réunion du Congrès à Versailles, où la Constitution a été modifiée. Depuis lors, on considérait qu’il fallait être arrivé avant novembre 1998 pour prétendre, dix ans après, figurer sur la liste spéciale. Après, la porte était fermée.
Mais la Cour de cassation, saisie de plusieurs contentieux, a régulièrement posé ensuite comme condition d’inscription sur la liste spéciale le fait d’avoir été inscrit sur la liste générale de février 1998.


Le branle-bas de combat chez les partis loyalistes

Cette année, la position de l’Etat, qui est de suivre la jurisprudence de la cour de cassation, risque d’aboutir à des milliers de radiations.
Chez les partis loyalistes, c’est le branle-bas de combat. Pierre Frogier annonce qu’il va intervenir au Sénat, il estime que ce n’est pas à la justice de trancher la question, mais au pouvoir politique de clarifier les choses par la loi. Gaël Yanno va demander précisément que la modification de la loi organique qui se prépare, inclut une réécriture de l’article 188 qui précise les critères d’inscription, mais « dont la rédaction remonte à l’époque du corps glissant » et estime que la Cour de cassation ajoute une restriction qui n’est pas dans le texte. Philippe Gomès rappelle qu’en 2014, le Premier ministre a fixé la ligne de conduite des représentants de l’Etat devant la représentation nationale, à l’Assemblée. « S’il devait y avoir volte-face, ce serait inacceptable. »


Ph.F.
 

6 700

C’est le nombre de personnes visées par l’opération de radiation, lancée à quelques semaines des élections provinciales de mai 2014, par l’Union calédonienne et le Parti travailliste. L’Onu avait été appelée à la rescousse.
 

Repères

Commissions en évolution
Les commissions administratives spéciales de révision des listes électorales spéciales sont actuellement composées de cinq membres. Un magistrat de l’ordre judiciaire désigné par la Cour de cassation, un représentant de l’Etat désigné par le haut-commissaire, un représentant du maire de la commune concernée, désigné par le maire, et deux représentants des électeurs, un indépendantiste et un non-indépendantiste.
Les décisions des commissions sont donc prises à une majorité de trois voix au moins.
Au cours des deux dernières années, les magistrats appliquaient la jurisprudence de la cour de cassation, mais les représentants de l’Etat suivaient les consignes de Matignon. D’où les rejets massifs des demandes de radiation faites par la commission citoyenneté du FLNKS et du parti travailliste.
Cette année, les représentants de l’Etat ont reçu la consigne d’appliquer la jurisprudence de la Cour de cassation. Les majorités ne seront plus les mêmes.

Liste référendaire gelée
L’accord de Nouméa n’avait pas initialement prévu des listes gelées pour les élections provinciales. En revanche, il l’avait prévu pour la liste de ceux qui pourront voter aux référendums. Pour être inscrit, il faut résider en Nouvelle-Calédonie depuis 1994. Ce point n’a jamais été source de polémique entre indépendantistes et loyalistes.

Le plan Wamytan sur les rails

Le groupe de Wamytan va en premier consulter le Palika.
Le groupe de Wamytan va en premier consulter le Palika.

Roch Wamytan avait annoncé il y a quelques semaines qu’il préparait une proposition pour tenter de trouver une issue à la crise politique.
C’est fait. Hier, le président du groupe UC-FLNKS et nationaliste au Congrès, a présenté l’esquisse de ce que pourrait être un gouvernement d’unité calédonienne qui ferait consensus entre les cinq groupes politiques constitués au Congrès, et ayant des membres au sein du gouvernement.
Fiscalité, identité kanak, projet éducatif, service civique, formation professionnelle… La plateforme concoctée par Roch Wamytan et ses alliés a vocation à être une base de discussion avec les autres groupes politiques. « Nous allons bien sûr commencer par l’UNI [le groupe de Paul Néaoutyine, NDLR] puis nous solliciterons les trois groupes non-indépendantistes, le Front pour l’Unité, L’Union pour la Calédonie dans la France et Calédonie ensemble », résume Roch Wamytan.

« Revenir à l’esprit des accords »
« Nous voulons en revenir à l’esprit des accords de Matignon et de Nouméa. Cet esprit est en train de se détruire peu à peu, et nous qui sommes signataires de ces accords ne pouvons pas rester passifs vis-à-vis de cette situation. C’est la raison pour laquelle nous entreprenons cette démarche. Nous sommes un pays en voie d’émancipation, c’est donc par nous-mêmes que nous devons trouver une solution : par la discussion, le consensus et le compromis. Nous proposerons quelqu’un susceptible de porter ça au sein du gouvernement », détaille l’ancien président du Congrès.
En clair, Roch Wamytan ne serait pas fâché de voir un indépendantiste présider l’exécutif, dès lors que cela se passe dans un esprit de collégialité.
En revanche, pas question pour lui de retourner aux élections. « Ça ne servirait strictement à rien. On retrouverait pratiquement les mêmes forces politiques. » Il considère également que ça ne sert pas à grand-chose d’aller à Paris.
Roch Wamytan estime également que le contrat de gouvernance solidaire conclu au lendemain des élections provinciales entre les trois formations non-indépendantistes était déjà, en soi, une entorse à l’esprit de collégialité. « Et maintenant, les voilà qui bloquent tout. C’est une situation que les Kanak vivent de plus en plus mal. »

mardi 24 février 2015

50ème anniversaire de la mort de Malcolm X

Il y a 50 ans, le 21 février 1965, Malcolm X, l’une des figures les plus puissantes du mouvement noir aux USA était assassinée. Orateur de talent, doté d’un esprit brillant et intuitif, ainsi que d’une grande probité morale et intellectuelle, l’ex-leader de la « Nation of Islam » ne se contentait pas de discours incantatoires.

Il y a 50 ans, le 21 février 1965, Malcolm X, l’une des figures les plus puissantes du mouvement noir aux USA était assassinée. Orateur de talent, doté d’un esprit brillant et intuitif, ainsi que d’une grande probité morale et intellectuelle, l’ex-leader de la « Nation of Islam » ne se contentait pas de discours incantatoires. Son engagement sans relâche au service de sa communauté et des droits de l’Homme reflétait la personnalité d’un homme courageux, vertébré par de  fortes convictions et une foi inébranlable en Dieu. Nous tenterons de retracer à travers cet hommage, le parcours de ce militant exceptionnel, et d’expliquer les raisons de son assassinat.
Au crépuscule d’un jour de mai 1924, la vie intra-utérine de Malcolm fut tirée de sa douce quiétude par les violences des militants du Ku Klux Klan, abreuvés d’une haine des Noirs qu’ils dissimulaient sous la blancheur immaculée de leurs cagoules. Telle une horde sauvage, ils brisèrent les vitres de la maison familiale pour en découdre avec un père absent ce jour-ci, et dont l’épouse enceinte, terrorisée par la lâcheté de ces cavaliers, ignorait encore qu’elle portait dans son ventre les prémisses du destin fulgurant d’un fils, digne héritier de la lutte des Noirs aux USA.
Malcolm Little naîtra quelques mois plus tard, le 19 mai 1925, à Omaha, dans l’Etat du Nebraska. Il était le septième d’une famille de huit enfants. Son père Earl avait déjà trois enfants issus d’un premier mariage. Il était pasteur, militant de l’Association universelle pour le progrès fondée par Marcus Garvey qui estimait que seul un retour en Afrique des Noirs d’Amérique leur permettrait d’être de véritables hommes libres. Sa mère Louise était une Antillaise qui avait la particularité d’avoir le teint clair en raison du viol de sa mère par un blanc. D’où les cheveux roux et la peau rougeâtre de Malcolm surnommé « red » (le rouquin). Ce qui inspirait à ce dernier un sentiment de répulsion, il avait ainsi appris « à haïr chaque goutte de sang qu’il tenait de l’homme blanc qui avait violé sa grand-mère. »
Sa famille résida plusieurs années à Omaha avant de s’installer à Milwaukee. Une ville qui sera le théâtre du premier traumatisme subi par Malcolm au cours d’une nuit de cauchemar. Il avait en effet à peine 5 ans lorsque les cavaliers récidivistes du Ku Klux Klan imposèrent impunément leur terreur. Ils mirent le feu à leur maison afin de sanctionner l’engagement du père au service d’idées jugées révolutionnaires : « Je me rappelle que nous nous retrouvâmes dehors, en pleine nuit, en caleçon, pleurant et hurlant de toutes nos forces. Les policiers, les pompiers blancs étaient là ; ils regardèrent la maison brûler jusqu’à ce qu’il n’en restât rien. » Des violences qui marqueront à jamais Malcolm. De Milwaukee, la famille Little fut contrainte de déménager à Lansing, dans l’Etat du Michigan. La jeune existence de Malcolm semble être vouée à la damnation, comme pour mieux creuser le sillon d’une destinée qui lui donnera son viatique pour l’histoire.
 
Louise et Earl Little, les parents de Malcolm X
De l'année 1931, il ne retiendra que l’image d’une mère nerveuse et bouleversée. Cet état psychologique fut déclenché par une vision : celle de la mort de son mari, qui se confirma au cours de cette même année. La promesse du sang des cavaliers imprécateurs du Ku Klux Klan fut tenue. Le décès du père de Malcolm, dont la famille avait déjà été décimée par le meurtre de cinq de ses six frères par ces mêmes racistes, marqua le nouvel acte d’une tragédie qui frappa la dynastie Little et que rien ne vint conjurer.
Enlevé à sa famille
Le tempérament d’une mère courage émergea alors sous le coup de ce destin funeste. Confrontée sans aide à l’éducation de ses enfants, la veuve Little en perdit le goût de la vie. L’ultime épreuve fut infligée par l’assistance sociale qui s’empressa d’arracher tous les enfants à l’affection de leur mère. Seule et sous le choc de ce drame, elle perdit la raison, avant d’être internée à l’hôpital psychiatrique de Kalamazoo.
Malcolm X se souvient en 1957 d’une de ses visites : « Je ne peux pas vous dire ce que j’éprouvai alors. La femme qui m’avait mis au monde, choyé, conseillé, puni, aimé, ne me reconnaissait pas. Je la regardais. Je l’écoutais ‘’parler.’’ Mais je ne pouvais rien pour elle. Je crois vraiment que, si jamais famille fut détruite par l’Assistance publique, c’est bien la nôtre. Cette désintégration du foyer n’était pas nécessaire. Mais les gens de l’assistance, les tribunaux et leurs médecins nous ont donné le coup de grâce. Et nous n’étions pas les seuls dans ce cas . »
Malcolm est un adolescent sans repères, dévoré par un terrible sentiment d’injustice. Il erre dans les dédales d’une vie mouvante, d’où se profile comme un déterminisme, un horizon sans énigme qui se confond avec la couleur de son épiderme. Après un passage auprès d’une famille d’accueil blanche, le jeune adolescent atterrit dans une maison de détention à Mason, dirigée par un couple de notables blancs du Michigan : les Swerling.
Cette maison de détention constituait en fait une escale avant l’entrée dans une maison de redressement. Mais grâce aux relations de Mme Swerling, Malcolm fut inscrit dans un lycée à Mason, échappant ainsi à la maison de redressement. Evoquant son séjour chez le couple Swerling, Malcolm écrivait : « Devant moi, ils parlaient de tout et de rien, comme on dit n’importe quoi devant son canari. Ils parlaient même de moi, ou des niggers, comme si je n’étais pas là, comme si je ne comprenais pas le sens de ce mot. Mais ce n’était pas par méchanceté... ils ne leur est jamais venu à l’esprit que j’étais capable de comprendre, que je n’étais pas un toutou, mais un être humain. »
Au lycée blanc de Mason, Malcolm se distingua rapidement par de brillants résultats, notamment dans ses matières de prédilection que sont la littérature et l’histoire. Son professeur d’Anglais qui l’appréciait particulièrement, interrogea un jour Malcolm (à l’occasion d’une conversation après la classe), sur la profession qu’il souhaiterait exercer plus tard. Malcolm répondit « avocat » avec la naïveté d’un adolescent pour qui le rêve et l’ambition n’avaient pas de couleur.
   
Malcolm X, jeune
Le professeur Ostrowski invita alors le jeune élève « ambitieux » à faire preuve de plus de réalisme en lui conseillant de s’orienter vers un métier manuel plus conforme à son « statut de noir ».  Malcolm comprit alors que le noir de sa peau déterminerait son futur professionnel bien plus que ses bons résultats scolaires. Il décida de quitter sans regrets le lycée pour rejoindre sa demi-sœur Ella à Boston. Paradoxalement, avec le recul, Malcolm jugera salvateurs les propos du professeur Ostrovski : « Je remercie Allah de m’avoir envoyé à Boston à ce moment- là, sinon je serais sans doute un chrétien noir au cerveau bien lavé. »
Au bout de l’arrestation, le destin
Nouvellement arrivé à Boston, « red » ne tarda pas à préférer le ghetto au quartier de la classe moyenne noire où résidait sa demi-sœur Ella. Malcolm affiche son mépris pour ces Noirs qui aspirent à être plus blancs que blanc. Il est hanté par sa négritude dont il ne parvient pas à dessiner les contours. Sa mémoire est tourmentée par les récits de l’histoire de ses ancêtres déracinés de la terre mythique d’Afrique. Il se mit à la recherche d’un emploi et rencontra Shorty qui l’introduisit dans le milieu des cabarets de nuit de la région. Il devint cireur de chaussures dans les bals du Roseland. Il astiqua les chaussures de grands « jazzmen », tels que Duke Ellington ou Lionel Hampton. Pour l’anecdote, Malcolm ne manqua jamais de rappeler avec humour que le grand musicien Duke lui doit toujours « quinze cents pour un cirage ». Ce travail était en fait une couverture.
Duke Ellington
La brosse à reluire de Malcolm dissimulait une autre activité beaucoup moins reluisante : celle de vendeur de Marijuana. Mais le rouquin dont les ambitions de délinquants se trouvaient à l’étroit à Boston, entreprit d’élire domicile dans le fameux quartier d’Harlem à New York. Sur les nouveaux lieux de ses « exploits » d’apprenti caïd, Malcolm connut la consécration. Rompu à toutes les combines de la rue, il se construisit une réputation de petit prince de la pègre, doté néanmoins d’un véritable code d’honneur. Auréolé de ce titre, Malcolm consuma sa vie entre les filles faciles et la drogue.
Mais le trône de ‘’red’’ est très convoité. La disgrâce le guette dans le ghetto. Au cœur de Harlem, Malcolm fut rapidement pris dans un règlement de comptes entre les différents gangs du milieu. Menacé dans sa vie, Malcolm se replia sur Boston où il monta, en association avec son ami de toujours Shorty, une petite équipe de cambrioleurs. Son retour à Boston ne fut que la poursuite de sa vie nihiliste. Avec sa nouvelle équipe de malandrins, Malcolm étoffa son palmarès de nageur en eaux troubles, avant que son arrestation ne lui fît boire la tasse.
Contrairement au film de Spike Lee, l’arrestation de Malcolm X n’a pas eu lieu alors qu il était en train de se défriser les cheveux. La véritable arrestation de Malcolm s’est déroulée ainsi : « J’avais donné à réparer une montre volée. Mes armes faisaient partie de mes vêtements, comme mes cravates. J’avais mis mon pistolet dans un étui accroché à mon épaule, sous mon manteau. J’appris par la suite que le propriétaire de la montre avait indiqué la réparation dont elle avait besoin. Une très belle montre, c’est pourquoi je l‘avais gardée pour moi. Et tous les horlogers de Boston étaient alertés. Le juif attendit d’être payé avant de poser la montre sur le comptoir. Puis il donna le signal. Un autre type apparut, du fond de la boutique, et se dirigea vers moi. Il avait la main droite dans la poche. C’était un flic, évidemment. 
- Passez au fond, dit-il d’une voix calme.
- Je m’apprêtais à obéir lorsqu’un autre Noir, innocent celui-là, entra dans le magasin. J’appris plus tard qu ‘il avait fini son service militaire justement ce jour-là. Le flic pensa que c’était un associé, et se tourna vers lui.
Je demeurais là, armé, immobile, pendant que l’inspecteur, me tournant le dos, interrogeait l’autre Noir. Encore aujourd'hui, je suis persuadé que même alors Allah était avec moi. Je n’ai pas essayé de le descendre. Et c’est ce qui m’a sauvé la vie. Je me souviens que l’inspecteur s’appelait Shark. Je levai les bras en l’air et lui fis signe :’’ Prenez mon pistolet’’ dis-je. Je le regardais faire. Il était comme hébété. En voyant entrer l’autre noir, il n’avait plus pensé que je pouvais être armé. Il était vraiment très ému parce que je ne l’avais pas descendu. Mon arme à la main, il donna le signal. Deux autres inspecteurs sortirent de leurs cachettes. Ils m’avaient donc tenu en joue. Un faux mouvement et ils auraient tiré. J’ai du revenir mille fois dans mon esprit sur cette journée où j’ai échappé à la mort. C’est pourquoi je suis convaincu que tout est écrit. »
La révélation en prison
Après son arrestation, Malcolm est jugé et condamné à 10 ans de prison en février 1946. Son tempérament fougueux souffre de l’enfermement. Il ne lui reste qu‘ à méditer ses rêves de liberté dans l’exiguïté de sa cellule. Dans la prison de Charleston, il se prend d’amitié avec un détenu très respecté nommé Bimbi qui le fascine par son savoir et sa grandiloquence. En 1948, Malcolm est transféré à la prison de Concord, où il reçoit une lettre de ses frères Philbert et Reginald qui lui affirment « avoir découvert la religion naturelle de l’homme noir et lui demande de ne plus manger de porc. » Ils concluent la lettre en lui annonçant : « Que Dieu venu en Amérique était apparu à un homme nommé Elijah Mohammed. »
L’année suivante, Malcolm est à nouveau transféré dans la ‘’confortable’’ prison de Norfolk dans le Massachusetts. Les détenus ont un accès sans autorisation à une bibliothèque qui avait été léguée par un millionnaire du nom de Parkhurst. Malcolm dévore tous les livres qui se présentent à lui et recopie dans son intégralité le dictionnaire.
La découverte de la lecture éveille en Malcolm « le désir profond, latent, de vivre intellectuellement. » Servi par une mémoire phénoménale et de grandes facultés d’apprentissage, Malcolm acquiert rapidement une solide culture qui lui permet d’effectuer en prison des exposés sur l’historien grec Hérodote, le philosophe Socrate, ou encore sur Shakespeare. Son esprit, qui jadis divaguait sous l’effet de la drogue, exulte désormais au rythme de ses prestations intellectuelles. Il renoue également en prison avec sa négritude.
Au service de la « Nation of Islam » 
A sa sortie de prison en 1952, Malcolm se précipite vers le bain turc afin d’enlever le relent de prison qui « lui collait à la peau. » Il s’installe à Détroit chez son frère Wilfried et occupe un poste dans le magasin de meuble de ce dernier. Le soir après le travail, Malcolm part prêcher dans le ghetto la doctrine véhiculée par Elijah Mohammed au sein de la « Nation Of Islam ». Il est nommé l’année suivante assistant pasteur du temple numéro 1 de Detroit. Le rouquin se prénomme désormais Malcolm X, abandonnant ainsi définitivement son nom d’esclave.
Elijah Muhammad, dirigeant de la Nation of Islam
Ce X, symbole de l’inconnu en mathématique, enclenche la quête identitaire de Malcolm dont l’anonymat est compté. Le recrutement de Malcolm par les Blacks Muslimsconstitue une véritable aubaine. Il contribue rapidement au prestige et au développement de cette organisation. La « Nation of Islam » fut véritablement créée en 1930 à Detroit par un commerçant du nom de W D. FARD qui mourut en 1934. Un autre hurluberlu, Elijah Poole succède à Fard, et substitue son nom d’esclave Poole par celui de Mohammed.
La « Nation of Islam » insiste sur le comportement moral de ses adeptes et prône la séparation des races blanches et noires. Les origines de L’Islam aux Etats-Unis remontent en fait à l’arrivée des premiers esclaves d’Afrique, parmi lesquels certains étaient musulmans. En août 1966, dans sa préface du livre de Georges Breintman, Malcolm X, le pouvoir noir, Claude Julien rapporte le témoignage d’un correspondant du TIMES qui relate sa réception chez un riche blanc où le service domestique était assuré par des esclaves musulmans : « James Cooper (1794-1866) possédait en Géorgie cinq cents esclaves dont une douzaine au moins étaient musulmans. »
Il écrivit à propos de l’un deux : « Sali Bul Ali est un strict mahométan ; il ne boit pas d’alcool, respecte certains jeûnes, en particulier celui du Ramadan. » Claude Julien poursuit en signalant  « qu‘un esclave musulman atteignit une incontestable notoriété : un certain Job, né en 1701 ou 1702 sur les rives de la Gambie, fut capturé en 1730 et expédié au Maryland où il travailla dans une plantation de tabac, s’évada, fut capturé et emprisonné. Des abolitionnistes achetèrent sa liberté et lui payèrent le voyage jusqu’en Angleterre, où il fut reçu à la Cour royale. Il rentra chez lui vers 1735 et s’adonna au commerce. Il savait le Coran par cœur. »
Le dévouement de Malcolm X et ses qualités de tribun font merveille. Il connaît une ascension fulgurante au sein de la « Nation of Islam » devenant l’objet de sollicitations régulières de la presse américaine.
En 1958, il se marie avec Betty X dans l’Indiana. De cette union naîtront 4 filles : Atilah, Kubilah, Ilyasah, et Amilah. Betty disparaîtra (ironie d’un sort cruel) en 1997, suite à un incendie provoqué dans sa maison par son petit-fils prénommé Malcolm !
Trahi par les siens
La popularité de Malcolm X fait alors beaucoup d’envieux et suscite la jalousie parmi les dirigeants de la « Nation of Islam », certains allant jusqu'à le discréditer en faisant circuler des rumeurs d’enrichissement personnel.
Durant l’automne 1963, Elijah Mohammed profite d’une déclaration ambiguë de Malcolm X sur la mort du président Kennedy pour le suspendre de la « Nation of Islam » pendant 90 longs jours. Malcolm X transforme cette suspension en une rupture. Il crée la « Muslim Mosque » (La Mosquée Musulmane) en 1964, avant de programmer son départ pour la Mecque afin de s’initier à la connaissance d’un Islam authentique. Il rencontre le docteur Chawarbi, un imminent savant musulman en poste à l’ONU, qui lui remet une lettre approuvant sa candidature au pèlerinage, facilitant ainsi l’obtention d’un visa pour l’Arabie saoudite.
Malcolm X avec  le grand boxeur Mohammed Ali
Au cours de ce voyage, il rédige une lettre, le 20 avril 1964, à Djeddah (Arabie saoudite), qui dépeint l’atmosphère chaleureuse et fraternelle entre toutes les races unies autour de L’Islam : « Dans le monde musulman, je venais de voir pour la première fois de ma vie des hommes à la peau blanche se conduire avec moi comme des frères. » Il est également surpris de sa notoriété et du prestige que rencontre dans le monde son combat. Il est l’hôte du prince Faycal d’Arabie saoudite, ainsi que de prestigieux chefs d’Etats africains.
A son retour de la Mecque, Malcolm X fonde l’organisation pour l’unité afro-américaine. Il prend conscience de l’intérêt de donner une dimension internationale à la lutte des Noirs aux USA. Il entreprend une autre tournée en Afrique, ponctuée par des visites de la casbah de Casablanca et de celle d’Alger, suivie d’une autre tournée au Proche-Orient. La pensée de Malcolm s’enrichit et s’ouvre sur l’universalisme. Il abandonne définitivement le projet séparatiste avec la société américaine, au profit d’une transformation du système américain à même d’assurer l’émancipation de la communauté noire.
Sa rupture avec la « Nation of Islam » était en fait prévisible. Le 1er juin 1964, il déclare au magazine Jeune Afrique : « Si j’ai quitté le mouvement des Blacks Muslims, c’est parce que j’estimais qu’il était trop sectaire et que ce sectarisme finissait par paralyser son action militante ». Cette évolution idéologique forgera en partie la grandeur de Malcolm X, dont la disparition précoce annihilera la nécessaire maturation d’une pensée encore naissante.
Le 13 février 1965, il regagne les USA après un long périple en Europe marqué par une interdiction d’accès du territoire français par les autorités françaises qui ont agi visiblement sous la pression du gouvernement américain. Cette décision a provoqué l’indignation de Malcolm X, qui devait s’exprimer dans un rassemblement en faveur de la lutte des Noirs aux USA, organisé par des parisiens, des Afro-américains, ainsi que des militants des Caraïbes, et d’Afrique. Une interdiction d’autant plus scandaleuse, que Malcolm X avait effectué un séjour plutôt réussi en France en novembre 1964.
Il sera assassiné le 21 février 1965 dans la salle de bal Audubon. Son corps sera criblé de 13 chevrotines et de plusieurs balles : « J’ai toujours pensé que je mourrais de mort violente et j’ai fait mon possible pour m’y préparer » pressentait Malcolm X. Trois membres des Black Muslims, Norman 3x Butler, Thomas 15 X Johnson, et Talmadge Hayer seront condamnés à la prison à vie, le 14 avril 1966, pour le meurtre de Malcolm X. Ses obsèques se déroulèrent devant une foule immense. Malcolm X fut enterré au cimetière de Farncliff à New-York. Sur la plaque de son cercueil fut gravé : « El Hadj Malik ‘’El-Shabazz-19mai1925-21février1965. » Sa fille de 6 ans, Attilah, exprima avec candeur son chagrin dans une lettre : « Cher papa, je t’aime tant, mon Dieu, mon Dieu, comme je voudrais que tu ne sois pas mort. »
Qui sont les véritables commanditaires de l’assassinat de Malcolm X ?
Jusqu’à ce jour les commanditaires de l’assassinat de Malcolm X n’ont jamais été clairement identifiés. Cependant, l’hypothèse d’une action concertée entre Le « FBI » et la « Nation Of Islam » n’est pas à exclure. Ces deux milieux avaient en effet quelques intérêts à la liquidation de Malcolm X.
 
Egar Hoover,  directeur du FBI de 1935 à 1972
Depuis 1964, date de sa rupture avec la « Nation of Islam », Malcolm X ne se privait pas de dénoncer la corruption et le charlatanisme des dirigeants de cette organisation. Dans un entretien accordé, le 8 janvier 1965, au Young Socialist, il déclara que : « La « Nation Of Islam » ne prend aucune autre part dans la lutte des noirs de ce pays pour changer leurs conditions, si ce n’est celle d’offrir une force morale pour amener nos gens à cesser de se saouler ou de se droguer. C’est insuffisant une fois sobre, vous restez pauvre (...) Tous ces militants déterminés ont été paralysés par une organisation qui ne prend aucune part active dans aucun combat. »
Pire encore pour la « Nation of Islam », dans un discours daté du 3 avril 1964, prononcé à l’église méthodiste de Cory, Malcolm X soulignait son impuissance en offrant une alternative politique crédible à la lutte des Noirs : « Pour terminer, j’aimerais vous dire quelques mots de la « Muslim Mosque » que nous avons récemment fondée à New-York. C’est vrai nous sommes musulmans, notre religion est l’Islam, mais nous ne mélangeons pas notre religion et notre politique (nous ne les mélangerons plus). Une fois nos offices terminés, nous nous engageons, en tant que musulmans, dans l’action politique, l’action économique et l’action sociale et civique. Nous y participons en tous lieux, en tous temps, et de toutes les façons aux côtés de tous ceux qui luttent pour mettre un terme aux maux politiques, économiques et sociaux, qui affligent notre communauté. »
D’autre part, quelques jours avant son assassinat, Malcolm X menaça au cours d’un meeting à Détroit, organisé par l’Afro-American Broadcasting Compagny, de faire des révélations sur les dirigeants de la « Nation of Islam » : « Ils ont ouvert la polémique contre moi et, qui plus est, tenté de me réduire au silence, parce qu’ils n’ignorent pas ce que je sais sur leur compte. A mon avis, ils devraient me connaître assez bien pour savoir qu’ils ne parviendront sûrement pas à me faire peur. Mais lorsque je révèlerai ce que je sais, il est des faits relatifs à la Nation of Islam qui vous scandaliseront, lorsque vous en aurez connaissance. »
Elijah Muhammad, dirigeant  de  la Nation of Islam vivait dans le luxe  et  multipliait les frasques sexuelles. 

Le tournant idéologique de Malcolm X dérange
Dans une correspondance rédigée depuis Lagos (capitale du Nigéria) le 10 mai 1964, Malcolm X confirme clairement son évolution qui l’amène à transcender le clivage racial entre Noirs et Blancs : « Le Coran fait au monde et au musulman une obligation de prendre le parti de ceux dont les droits humains sont violés, quelle que soit la conviction religieuse des victimes. La religion de l’Islam tient à cœur les droits de tout le genre humain, sans distinction de race, de couleur ou de croyance. Pour elle, tous (et chacun) sont membres d’une seule et même famille, la famille humaine. »
Cette évolution de la pensée de Malcolm X s’accompagne d’une nouvelle stratégie politique. Il décide de projeter la question du statut des Noirs américains au-delà des frontières américaines, à travers la recherche de soutiens et de relais à son combat sur une scène internationale marquée, alors, par l’émergence de nouvelles nations en lutte contre toutes les formes d’impérialisme et de colonialisme : « La seule façon dont nous nous libérerons passe par notre identification avec les peuples opprimés du tiers monde.(...) quand les 22 millions d’Américains noirs s’apercevront que nous avons le même problème que les opprimés du Vietnam du Sud, du Congo et de l’Amérique Latine - étant donné que les opprimés constituent la majorité et non la minorité sur cette terre, nous serons amenés à envisager notre problème en majorité capable de revendiquer et non plus en minorité réduite à la mendicité. » (Meeting à New-York, salle Audubon, le 20 décembre 1964)
   
Rencontre entre Malcolm X et Fidel Castro
Le tournant idéologique opéré par Malcolm X (abandon du projet fantaisiste de séparatisme, passage du nationalisme noir à l’universalisme, déplacement de la lutte des Noirs à un niveau plus politique) conférait à son combat une efficacité et un réalisme qui faisaient de lui un opposant redoutable à certains cercles du gouvernement américain.
Malcolm X ne manquait jamais de fustiger la politique étrangère américaine. Sur le plan intérieur, il renvoyait dos à dos les partis républicain et démocrate en plaidant pour un vote noir indépendant, ainsi qu ‘il a annoncé au cours du Harvard Law School Forum, le 16 décembre 1964 : « Il faut que nous acquérions une meilleure compréhension de la science politique et que nous nous fassions inscrire sur les listes électorales. Nous ne devons pas prendre, de quelque façon que ce soit, fait et cause pour l’un quelconque de ces partis. A mon avis, nous devrions limiter notre action politique à la situation donnée, sans du tout chercher à nous identifier ou à nous vendre à l’un des deux partis, mais en nous engageant dans une action politique consacrée au bien des êtres humains et destinée à en finir avec toutes ces injustices. »
 
Malcolm X et Martin Luther King
L’évolution idéologique de Malcolm X enlevait en fait tout argument de « diabolisation » à ses ennemis qui souhaitaient le confiner dans une marginalisation stérile. Bénéficiant d’une aura internationale, il devenait un interlocuteur et un acteur politique crédible de la société américaine.
Ce qui explique qu’il était sous la surveillance permanente du FBI et de la CIA, dont il n’avait de cesse de dénoncer l'espionite aiguë : « On nous surveillait. Nos téléphones étaient sur table d’écoute. Aujourd’hui encore, si je devais parler au téléphone de bombarder l’empire State Building, je vous garantis que ce gratte-ciel serait cerné dans les cinq minutes ». Le journaliste Alex Haley (auteur du fameux roman Racines transposé en feuilleton à l’écran) avec qui il rédigea son autobiographie, rappelait qu’avant de rentrer chez lui, Malcom X prononçait la formule rituelle « Allo ! allo ! le FBI, vous êtes branchés ? Parfait, ici Malcolm X. »
Alex Haley
Cette surveillance du FBI n’est que le compartiment d’un programme de contre-espionnage mis en place en 1956 et surnommé le Cointelpro.Ce programme, qui avait été initialement élaboré en direction des sympathisants et militants du parti communiste américain, sera prioritairement orienté en 1967 vers les mouvements noirs.
Le FBI a ainsi défini en des termes pour le moins explicites la mission du Cointelpro qui  consiste à «  démasquer, briser, fourvoyer, discréditer, ou au moins neutraliser les activités des organisations nationalistes noires qui prêchent la haine ». L’objectif du Cointelpro, tel qu‘il a été assigné en 1967, visait à l’époque un des principaux mouvements nationalistes noirs influencé par Malcolm X : les Blacks Panthers, (Blacks Panthers Party fondé en Californie par deux étudiants en droit : Huey P.Newton et M.Bobby Seale).
Huey Newton & Bobby Seale
Certes, ce programme intervient deux années après la mort de Malcolm X, mais il démontre la volonté notoire du FBI de recourir à toutes les méthodes de répression y compris le crime pour étouffer toute voix contestataire noire du système américain.
L’ignoble Hoover, responsable du FBI durant cette période, n’avait-il pas rédigé une note qui annonçait clairement que « Le Cointelpro doit empêcher la naissance d’un messie qui pourrait unifier et électriser le mouvement nationaliste noir (...) Il faut faire comprendre aux jeunes Noirs modérés que, s’ils succombent à l’enseignement révolutionnaire, ils seront des révolutionnaires morts (...) ne vaut-il pas mieux être une vedette sportive, un athlète bien payé ou un artiste, un employé ou un ouvrier plutôt qu‘un Noir qui ne pense qu’à détruire l’establishment et qui, ce faisant, détruit sa propre maison, ne gagnant pour lui et son peuple que la haine et le soupçon des Blancs ! »
Malcolm X, qui se définissait comme le Noir « le plus en colère de l’Amérique », reste une des figures les plus emblématiques de la lutte des Noirs contre l’oppression et le racisme. Il a inscrit son nom dans le panthéon des personnalités musulmanes du siècle précèdent. Sa méfiance viscérale de tous les pouvoirs honorait un homme pour qui la défense de son idéal avait le prix du sacrifice. Son combat désintéressé et sans compromission était marqué du sceau de la foi en Dieu.
Ainsi dans son autobiographie, il concluait le dernier chapitre sur ces paroles : « Si je meurs en ayant apporté la plus petite lumière, la plus petite parcelle de vérité, si je meurs en ayant pu contribuer à détruire le cancer raciste qui ronge la chair américaine, alors, tout le mérite en revient à Allah. Ne m’imputez que les erreurs. » Rien, pas même l’ombre de la mort, ne venait altérer la détermination d’un homme mû par de puissantes convictions et dont la bravoure n’avait d’égal que son immense humilité.


  


  
source

Semaine anticoloniale : Hommage à Mr Eloi MACHORO


 Le salon anticolonial de Paris rend hommage à Eloi Machoro et à Malcom X

Le week-end dernier (*), à la Bellevilloise dans le 20ème arrondissement de Paris, le Collectif « Sortir du Colonialisme » avait organisé deux temps forts dont un qui nous concernait directement : l'hommage à Eloi Machoro, au combat qu'il a mené pour notre peuple. Le second hommage portait sur le parcours de Malcom X et son combat pour sa communauté. Cet évènement entre dans le cadre de la semaine anticoloniale qui a débuté le 14 février et va s'étendre jusqu'au 2 mars. 
Moments de partage, de souvenirs, de rencontres entre historiens, sociologues, journalistes, associations et militants, moments de solidarité qui tranchent avec cette atmosphère politicienne où les convoitises de pouvoir et les « raisons d’état » ont abandonné l’humain.


Dimanche 15 février vers midi, la salle était pleine. Trois portraits d’Eloi siégeaient sur la scène, sur l’écran des vidéos et des photos de l’époque, des images des meetings à Paris et de la grande manifestation parisienne au lendemain de la mort d’Eloi et de Marcel. Parmi le public, des militants anticolonialistes, qui en janvier 1985, indignés avaient bravé le froid et manifesté derrière la banderole « Nous sommes 60 000 Machoro ».
 

« Yvannick (1) a rappelé les grandes lignes de la vie d’Eloi et les circonstances de sa mort. René (2) avait croisé Eloi quand il vivait en Nouvelle Calédonie, il a apporté des témoignages émouvants. Mehdi (3/-2ème à gauche) au nom de l’AISDPK (Association d’Information et de Soutien aux Droits du Peuple Kanak) a rappelé la situation politique et la nécessité de continuer ici aussi à soutenir la lutte du peuple kanak jusqu’à son indépendance. Moi-même, j'ai assuré la présentation générale et la logistique. Quand à Denis (4), il a récité un texte. Un témoignage fort montrant l'estime qu'il a pour Eloi et Marcel », a expliqué Yasmina Kherfi, représentante de l’Ustke en France.


« Maalak Shabazz, la fille de Malcom X (ci-dessus au milieu) et Mireille Fanon-Mendes France, la fille de Frantz Fanon assises au premier rang, ont écouté ces témoignages avec beaucoup d’attention puis à leur tour ont pris la parole pour raconter le parcours de leur père, leur combat pour la dignité », a-t-elle rajouté.
 
Bio express de Malcom X

Né le 19 mai 1925 à Omaha (N.E). Malcom X aura vécu un peu moins de 40 ans. Malcom X est mort le 21 février 1965. Il connaît une ascension fulgurante vers le mythe de l’homme noir qui se bat contre l’injustice. Il est assassiné alors qu’il vient de débuter un discours à la salle de bal Audubon à New-York. (source : malcomx.fr)

* Les 14 et 15 février 2015.
(1) Yvannick Waikata, étudiant en France. (2) René Renaudin, ancien militant de la Fédération de l'Enseignement Ustke. (3) Mehdi Lallaoui, réalisateur. Il réalise un portrait "Jean-Marie Tjibaou ou le rêve d'indépendance " en 2001,  " Retour sur Ouvéa " en 2008, puis en 2010 " La délégation ou le voyage en Kanaky". (4) Denis Pourawa, poète kanak

lundi 23 février 2015

Ban Ki-Moon appelle la communauté internationale à finaliser le processus de décolonisation

Scandale: Selon Afrique media, L’ONU fournit des armes à Boko HaramAlors que 2015 marque le cinquantième anniversaire de la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a appelé hier * à finaliser le processus de décolonisation, dont l'accompagnement figure parmi les mandats historiques de l'Organisation.
« Le succès de nos efforts continue de dépendre de la volonté politique de toutes les parties concernées », a déclaré M. Ban dans un discours prononcé à l'ouverture de la session annuelle du « Comité spécial des Vingt-Quatre », le surnom donné au Comité spécial des Nations Unies chargé d'étudier la situation concernant l'application de la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux.
« Tout au long de l'année 2014, le Comité a entrepris des initiatives importantes pour poursuivre ses travaux sur la décolonisation », a poursuivi le chef de l'ONU, se félicitant notamment de la Mission dépêchée par le Comité en mars 2014 dans l'un des Territoires non autonomes inscrits au processus de décolonisation de l'ONU, la Nouvelle-Calédonie, qui dépend de la Puissance administrante française.
On dénombre à l'heure actuelle 17 Territoires non autonomes à travers le monde relevant de la compétence du Comité spécial des Vingt-Quatre : le Sahara occidental, Anguilla, les Bermudes, les Îles Caïmans, les Îles Falkland (Malvinas), les Îles Turques-et-Caïques, les Îles Vierges américaines, les Îles Vierges britanniques, Montserrat, Sainte-Hélène, Gibraltar, Guam, la Nouvelle-Calédonie, les Îles Pitcairn, la Polynésie française, les Samoa américaines et Tokélaou.
Ces 17 Territoires non autonomes dépendent de quatre Puissances administrantes au total : le Royaume-Uni, les Etats-Unis, la France et la Nouvelle-Zélande.
« Les cycles de dialogues qui ont été lancés en 2013 entre le Bureau du Comité et chacune des quatre Puissances administrantes, ainsi que diverses autres parties prenantes, ont été reconduits avec succès l'an dernier », a également salué M. Ban, notant avec satisfaction le climat de coopération fructueux instauré entre le Comité, les Puissances administrantes et les Territoires non autonomes.
« Saisissons cet élan positif et plaçons la décolonisation au sommet de l'ordre du jour », a déclaré le secrétaire général, tout en renouvelant son soutien au Comité spécial de la décolonisation. Rappelant les principes de la Charte des Nations Unies, M. Ban a appelé la communauté internationale à se saisir de la question du droit des peuples à l'autodétermination afin de trouver les moyens de mener à son terme le processus de décolonisation.



* Jeudi 19 février 2015

Sources : UNNews@un.org

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lundi 9 février 2015

Kanaky- Nouvelle-Calédonie : « A Saint-Louis, on ne comprend pas le report du congrès »

Ce report du congrès, « ça nous fait quelque chose », insiste Jean-Irénée Boano, entouré de Rachel Solier (à gauche)  et de Françoise Caillard (à droite).Ce report du congrès, « ça nous fait quelque chose », insiste Jean-Irénée Boano, entouré de Rachel Solier (à gauche) et de Françoise Caillard (à droite).
Chargée initialement d’organiser le 34e congrès du FLNKS à Saint-Louis, l’association Mwâ Ni Jë a réuni samedi les médias afin d’exprimer son mécontentement après le report de l’événement. L’équipe compte rebondir.

Les Nouvelles calédoniennes : L’association affiche sa déception après le report du congrès du FLNKS. Mais pourquoi, au fond ?
Jean-Irénée Boano : L’association Mwâ Ni Jë [arc-en-ciel, en langue drubea, NDLR], mise en place en 2007 et qui a décroché deux élus à l’élection municipale du Mont-Dore, va au-delà des murs du FLNKS, avec la Dynamik unitaire Sud, le Parti travailliste, ou encore les écologistes… C’est sur cette base qu’on a décidé de travailler pour accueillir le congrès du Front. Malheureusement, cela n’a pas pu se faire, on est désolés.

Un fait politique explique-t-il ce report de l’événement proposé à Saint-Louis ?C’est la question que l’on se pose : pourquoi annuler sur Saint-Louis ? Peut-être parce que Roch [Wamytan, grand chef de la tribu, NDLR] a été proposé par l’Union calédonienne pour être un des candidats pour la présidence du FLNKS ? On ne sait pas trop, la question reste posée.
Nous avons répondu favorablement pour prendre ce congrès parce que nous avons les infrastructures adaptées. C’était normalement à Ko We Kara, mais il y a des travaux. Il fallait trouver une solution dans un délai de quinze jours. Certains comités locaux, comme ceux de Dumbéa ou de Païta, ne pouvaient pas. Et voilà pourquoi on a proposé ce site-là. Nous avons tout ce qu’il faut pour pouvoir répondre rapidement.
L’UPM Victor Tutugoro, qui a exprimé son désaccord sur le lieu, a parlé de « la charge émotionnelle autour de Saint-Louis ». Comprenez-vous ces mots-là ?Je ne comprends pas ces mots. Ce ne sont que des mots. Moi, « la charge » que je vois, c’est celle qui repose sur les militants de terrain suite à l’appel que l’on a lancé pour préparer ce congrès. C’est cette « charge » là qui nous pose soucis parce que le congrès a été annulé, alors que des gens se sont déjà mobilisés pour l’organisation.

Y a-t-il une opposition entre partis ?Non, non, pas du tout, on n’est pas opposés [à l’UPM et au Palika, NDLR].
Si le congrès était reporté au mois de mars, d’après ce que je sais, l’Union calédonienne a dit que ce serait à Saint-Louis. C’est en fait reporté au trimestre suivant sous l’animation du Palika.

Les affrontements avec les forces de l’ordre en mai dernier n’ont pas aidé : Saint-Louis traîne une mauvaise réputation. L’organisation d’un congrès dans la tribu avait-elle aussi pour but de casser cette image ?Pour nous, organiser un congrès à Saint-Louis, ce n’était pas, dans un premier temps, pour casser cette image. Mais c’était de répondre favorablement dans un délai très court : on a l’espace qu’il faut.
C’est vrai, l’image de Saint-Louis est là. Il faut que l’on se mette autour d’une table pour trouver des solutions à ces difficultés. Ce n’est pas en écartant Saint-Louis que l’on va résoudre ses problèmes. Au contraire. Il faut y venir et constater.

Une journée de débats le 28

« On ne veut pas rester sur un échec, ou un demi-échec », observe Jean-France Toutikian, membre de l’association Mwâ Ni Jë. Suite au report du congrès du FLNKS, l’équipe du Mont-Dore prévoit d’organiser, le samedi 28 février « à Saint-Louis même », « une grande journée ouverte au monde indépendantiste et aux militants nationalistes et progressistes ». L’idée est de programmer une large séquence réservée aux débats, sur la crise gouvernementale, « la future nation Kanaky », son projet de société, etc.
Une réunion préparatoire « ouverte à tout le monde » se tiendra le jeudi 12 février, à 18 heures, à Saint-Louis, au lieu-dit « quatre cocotiers ».
Françoise Caillard en est convaincue, « il faut davantage impliquer les citoyens dans la réflexion. Il y a un besoin de débat ». L’élue municipale du Mont-Dore se dit en outre favorable à inviter la Dynamik unitaire Sud (DUS) et le Parti travailliste à partager la discussion sur l’avenir du FLNKS et le monde indépendantiste. L’objectif est à court terme de convaincre aussi les abstentionnistes.