Un conflit oppose depuis deux semaines le
gouvernement de la Nouvelle-Calédonie aux mineurs et aux rouleurs (ceux
qui transportent le minerai) à propos de l’ouverture d’un canal
d’exportation de minerai de nickel à faible teneur vers la Chine. Le
Comité du commerce extérieur minier (CCEM) et le Groupe de travail des
présidents et signataires de l’accord de Nouméa (GTPS) ont tour à tour
refusé d’octroyer des autorisations d’exportation vers la Chine, au
motif qu’elles contrevenaient au schéma minier voté en 2009.
Diversifier les débouchés
L’australien
Queensland Nickel (QNI) a durci les conditions des contrats proposés
aux mineurs calédoniens tout en maintenant les volumes. Dans le même
temps, il a augmenté ses approvisionnements aux Philippines, où le
minerai est moins cher. Les exportations calédoniennes de latérites vers
l’Australie sont de l’ordre de 2 à 2,5 millions de tonnes par an. Elles
représentent un chiffre d’affaires annuel d’environ 6 milliards de
francs CFP (50 millions d’euros) et un millier d’emplois. Pour
diversifier leurs débouchés, les mineurs calédoniens veulent donc se
tourner vers la Chine, à l’exemple de la SLN, qui souhaite vendre
350.000 tonnes de minerai pauvre à Tsingshan, premier producteur mondial
d’acier inoxydable. « Les rouleurs ont raison de craindre une
baisse d’activité liée à la fragilité de QNI, aux conditions imposées à
ses fournisseurs qui les obligent à travailler à perte, au manque
d’alternatives commerciales, à la baisse du prix du nickel et aux
difficultés financières touchant la plupart des sociétés du secteur », explique aux « Echos » Louis Ballande, le président de la Société des Mines de la Tontouta. « Nous ne voulons pas mourir »,
clament les banderoles accrochées aux camions, exprimant la détresse
des sous-traitants qui acheminent le minerai de la mine au bord de mer
et sont payés au voyage, quel que soit le type de minerai transporté.
Fort
du soutien apporté par les présidents des différentes institutions du
pays, le président du gouvernement, Philippe Germain, refuse de céder
sous la pression. « Il faut garder le minerai pour les clients
traditionnels que sont le Japon et l’Australie ainsi que les usines
détenues par des intérêts calédoniens », comme celle de Gwangyang,
coentreprise du coréen Posco et de la SMSP gérée par les
indépendantistes de la Province Nord, dit-il. Le chef de l’exécutif
propose d’examiner la question des exportations vers la Chine dans le
cadre des discussions pour l’établissement d’une « doctrine pays », prévues en 2015 et 2016.