Issu du monde de l'entreprise, Philippe Germain est
un défenseur acharné de la production locale. Arrivé tardivement en
politique en 2009, il doit son parcours à un seul homme : Philippe
Gomès.
Philippe Germain s'est empressé de déminer le terrain après son élection.
Philippe Germain 48 ans est né dans une famille qui tenait une scierie à Nouméa, héritage d'un grand-père forestier à Farino.
Après
des études en métropole, notamment de comptabilité, il rentre un peu
précipitamment à Nouméa pour gagner sa vie. Il débute comme comme
aide-comptable chez Biscochoc, en 1990. Il gravit les échelons jusqu’à
devenir patron de la société, treize ans après y être entré.
En
2004, il est élu à la tête de la Finc (fédération des industries de
Nouvelle-Calédonie) où il se fait le défenseur acharné de la production
locale… et de l'interdiction de l'importation du Nutella.
En
2009, Philippe Gomès, alors à la tête de l'exécutif, propose le poste
clé de membre du gouvernement en charge de l'économie et du travail.
C'est à ce moment-là qu'il se frotte véritablement à la vie politique.
Une « carrière » qu'il doit à la grâce d'un seul homme : Philippe
Gomès.
En 2014, c'est le retour à la vie politique, comme élu provincial. Le voilà président du gouvernement.
Une élection « sans contrepartie »
Après
la convocation par le haussariat des membres du gouvernement à 16
heures, Philippe Germain a été élu président du gouvernement et
Jean-Louis d'Anglebermes vice-président, au terme d'une drôle de
journée.
Le tout nouveau patron de
l'exécutif s'est empressé de déminer le terrain avec sa première
déclaration : « Le vote des élus indépendantistes en ma faveur ne
résulte pas d'un quelconque troc auquel Calédonie ensemble s'est
toujours opposé. »
Car les autres
composantes non-indépendantistes (Rassemblement et UCF) se sont
empressées de dénoncer l'élection de l'élu Calédonie ensemble grâce aux
voix des indépendantistes. Ils dénoncent un « axe » Gomès - Néaoutyine -
«Etat socialiste » désormais élargi à Daniel Goa, le patron de l'UC.
Au
sein du camp indépendantiste, la démarche a d'ailleurs fait l'objet de
vifs débats, certains dénonçant un « passage en force ». Au sein de
l'Union calédonienne, la fracture est désormais ouverte entre ceux qui
étaient favorables à l'élection d'un président non-indépendantistes et
ceux qui sont opposés à la démarche.
Pour Cynthia Ligeard, « l'indépendance est en marche »
Pour
la présidente sortant, « l’élection d’un membre de Calédonie Ensemble à
la présidence du gouvernement avec les voix indépendantistes,
constitue une trahison du camps loyaliste avec la complicité de l’Etat
socialiste. »
« Désormais, il ne faut pas s’y tromper, l’indépendance est en marche », a-t-elle assuré.
«
Et à ceux qui disent qu’il n’y a pas de contreparties, je leur demande
de lire le communiqué (1) jusqu’au bout où il est question, entre
autres, de finaliser le transfert de l’article 27 et la montée de la
Nouvelle-calédonie à 51 % au capital de la SLN. »
« Aujourd’hui, avec cette élection, avec ces magouilles politiciennes, nous sommes complétement sortis de l’accord de Nouméa. »
(1)
Signé par Daniel Goa, Charles Washetine, Victor Tutugoro et Alloï Sako
qui annonce que leurs partis respectifs - l’UC, le Palika, l’Union
Progressiste en Mélanésie et le Rassemblement Démocratique Mélanésien -
ont décidé de mettre en place un gouvernement opérationnel.
Election du président du gouvernement de Nouvelle-Calédonie: acte démocratique ou trahison ?
Le gouvernement a désormais son équipe dirigeante. Philippe
Germain à la présidence et Jean-Louis d’Anglebermes à la
vice-présidence.
Les deux hommes ont été élus mercredi après-midi. C’était la surprise du jour, puisque l’annonce de la convocation des membres du gouvernement pour l’élection est tombée peu avant midi.
Les deux hommes ont été élus mercredi après-midi. C’était la surprise du jour, puisque l’annonce de la convocation des membres du gouvernement pour l’élection est tombée peu avant midi.
Après
plus de trois mois de crise, les quatre composantes du FLNKS ont décidé
de prendre position et de voter pour le candidat de Calédonie Ensemble.
« Après plus de cent jours d’immobilisme, le gouvernement est en ordre de marche », a déclaré Philippe Germain (Calédonie Ensemble) lors de la conférence de presse qui a suivi l’élection.
Pour
les indépendantistes, il s’agissait d’un vote citoyen accompli dans le
sens d’un nécessaire déblocage de la situation, et sans contrepartie.
«
L’élection de Philippe Germain à la présidence n’est que justice parce
que ce sont les partis qui ont recueilli le plus de voix aux dernières
élections », a commenté Déwé Gorodey (UNI-Palika) « C’est très démocratique ».
«
Les voix des indépendantistes en ma faveur ne résultent pas d’un
quelconque troc auquel Calédonie Ensemble s’est toujours opposée », a insisté Philippe Germain. « Il doit être analysé comme un acte citoyen ».
A
noter l’absence lors du vote de Gilbert Tyuiénon de l’Union
Calédonienne (UC), de Bernard Deladrière du Front Pour l’Unité (FPU) et
de Sonia Backès de l’Union pour la Calédonie dans la France (UCF).
«
Cette élection, c’est la trahison des Calédoniens par Phillipe Gomès,
ce sont des tractations qui ont eu lieu dans le dos des Calédoniens pour
mener une politique de largage du nickel calédonien aux
indépendantistes, pour mener une politique indépendantiste socialiste », a dénoncé Sonia Backès au micro de NC1ère.
L’élection n’est pas non plus du goût du FPU. «
Je prends acte de l’élection du candidat de Calédonie Ensemble à la
présidence du Gouvernement, ce qui est une véritable trahison du camp
loyaliste puisque c’est avec les voix indépendantistes et la complicité
des socialistes », a déclaré Cynthia Ligeard au micro de NC1ère. « Désormais, l’indépendance est en marche, avec ses magouilles politiciennes », a-t-elle poursuivi.
La répartition des porte feuilles entre les onze membres du gouvernement doit se faire en fin de semaine.
Le FLNKS, en désaccord avec Ligeard, penche pour Germain
Les choses se précipitent au Gouvernement de
Nouvelle-Calédonie après la convocation mercredi midi de tous ces
membres par le Haut-Commissaire. C’est à partir de 16h que les membres
de gouvernement sont convoqués pour élire la tête de l’exécutif, après
trois mois de vacance à ce poste.
Interrogé dans
le journal radio de midi, le président de l’Union Calédonienne, Daniel
Goa, expliquait la position du FLNKS qui a diffusé mercredi matin un
communiqué annonçant une initiative de leur part, « sans contrepartie
».
« Le positionnement sur les dossiers qui nous
semblent fondamentaux - je pense aux 51 % de la SLN à la SMSP -, à la
fiscalité, etc., c’est Philippe Germain qui les porte », précisait le
leader de l’UC. « Autant de sujets sur lesquels nous ne sommes pas en
phase avec Cynthia Ligeard ».
Sauf énorme
surprise, c’est Philippe Germain de Calédonie Ensemble qui devrait être
le successeur de Cynthia Ligeard, et devenir ainsi président du 14eme
Gouvernement de la Nouvelle Calédonie.
source
Hier soir le
Haut-commissariat aurait convoqué les membres du gouvernement pour
qu’ils se réunissent ce jour. Absent du territoire pour plusieurs
semaines, le Haut-commissaire s’est fait représenter par Pascal Gauci,
le secrétaire général de l’institution, et c’est donc lui qui a veillé
au nom de l’Etat à l’élection du nouveau président de l’institution.
Présents lors de la séance, Philippe Germain a pu compter sur les voix
de ses collègues de Calédonie Ensemble Thierry Cornaille et André-Jean
Leopold mais aussi sur celles de Valentine Eurisouké et de Dewe Gorodey
du Palika. Jean-Louis D’Anglebermes s’est quant à lui désolidarisé de
ses collègues de l’Union Calédonienne en apportant également sa voix à
l’élu de Calédonie ensemble.
Pour la première fois depuis 1999, l’élection de l’exécutif du gouvernement a été marquée par un boycott. Bernard Deladrière du FPU et Gilbert Tuyienon de l’UC ainsi que Sonia Backes pour l’UCF, n’ayant pas répondu à la convocation du haut-commissariat étaient absents. Cynthia Ligeard du
FPU à voté pour elle et Anthony Lecren de l’UC s’est abstenu. Les deux
élus du RUMP avaient tenté ces deniers jours d’empêcher par tous les
moyens la perte de cette présidence d’institution pour leur parti.
Certains au RUMP ayant proposé dernièrement de mettre en avant Bernard
Deladrière avant que Pierre Frogier ne décide finalement de soutenir
mordicus la présidente sortante. Jean-Louis d’Anglebermes de l’UC a été
élu vice-président avec 7 voix en faveur de sa candidature et une
abstention, sans doute celle de Cynthia Ligeard.
Gomès deale avec D’Anglebermes
Depuis quelques heures, l’information s’est répandue comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux. Philippe
Gomès aurait convaincu Jean-Louis D’Anglebermes, membre du gouvernement
de l’Union Calédonienne, d’apporter sa voix à Philippe Germain
lors de l’élection du président du gouvernement, mardi prochain. Un
deal passé également avec les deux membres du Palika. Cette alliance
inédite, permettrai donc à Calédonie Ensemble d’obtenir la présidence du
gouvernement de la Nouvelle-Calédonie avec les 6 voix nécessaires.
Mais qui est Jean-Louis D’Anglebermes?
C’est ce qu’on appelle en politique une passerelle. Des passerelles,
il y en a toujours eu: Christiane Gambey entre l’ex Avenir Ensemble et
les indépendantistes, Yann Devillers entre l’Union Caléonienne et
Caledonie Ensemble.
Le problème avec les passerelles c’est
qu’il faut qu’elles soient fortes dans leurs convictions pour ne pas se
faire embarquer par le navire d’en face. Et c’est tout le problème de
Jean-Louis D’Anglebermes. Dès 2009, Philippe Gomes a sorti le grand jeu pour le faire basculer :
- sur le plan affectif, il lui met Corine David dans les pattes (qui avait trahi l’Avenir Ensemble pour Caledonie Ensemble). Il est resté son conjoint plusieurs mois. Un membre du gouvernement independantiste en couple avec une élue Caledonie Ensemble, faut avoir ses convictions bien ancrées!
- sur le plan personnel et financier, Philippe
Gomes a proposé des le début de son gouvernement a D’Anglebermes de le
représenter dans un nombre important de réunions internationales
hors de la Nouvelle-Calédonie (Fidji, Papouasie, Vanuatu, Australie,
Nouvelle-Zélande, etc…). Ainsi chaque mois, c’était entre une et 2
semaine de déplacement par mois hors territoire pour notre membre du
gouvernement « passerelle ». Quand on sait qu’un membre du gouvernement
touche des frais de mission de l’ordre de 30.000 francs par jour, ça faisait entre 200.000 et 400.000 francs par mois de prime à D’Anglebermes.
En échange des services qu’il lui rendait, Philippe Gomes a chargé D’Anglebermes d’une mission.
Lors de l’élection du président de l’UC fin 2009 et fin 2010 il était
chargé de faire perdre la présidence à Charly Pidjot (plus proche de
Pierre Frogier que de lui) au profit de Pascal Naouna. D’Anglebermes
echouera à chaque fois à cause du vote des Îles qui basculera au dernier
moment à l’avantage de Charly Pidjot.
Ce qui a valu à D’anglebermes de se faire sortir du gouvernement lors de la chute de Gomès en 2011.
Je mets en garde ceux qui auraient l’idée de prendre des initiatives politiques isolées en dehors d’une position commune avec notre partenaire FLNKS, qui s’inscrira en conformité avec le résultat du suffrage exprimé lors des dernières provinciales
On comprend mieux maintenant le message
lancé par Daniel Goa, actuel président de l’ UC, il y a quelques
semaines. La presse a cru que c’était à Wamytan que s’adressait ce
message. Ceux qui suivent la vie politique savent que c’était à
D’Anglebermes.
Et Maintenant?
D’Anglebermes a pris goût aux relations
internationales. Il a un rêve: devenir délégué de la Nouvelle-Caledonie,
l’équivalent d’un ambassadeur. Ce fut donc assez simple à Philippe
Gomès de lui offrir sur un plateau un poste de délégué contre sa voix.
A mardi !
CQFD