Porté une nouvelle fois à la présidence du
Parti travailliste lors du VIe congrès à Lifou, Louis Kotra Uregei a
dénoncé l’élection de Philippe Germain à la tête du gouvernement. Au
point même que le patron indépendantiste et Marie-Pierre Goyetche
devraient boycotter sa déclaration aujourd’hui.
Le VIe congrès du Parti travailliste s’est clôturé par une coutume d’« au revoir », avec notamment LKU et Georges Mandaoué.
- Se redresser
La déroute du
Parti travailliste l’an passé aux élections municipales et provinciales,
a été analysée à la tribu de Kumo, à Lifou, lors du VIe congrès. « Il y
a eu trop de problèmes internes », rapporte Louis Kotra Uregei (LKU),
réélu hier président de la formation politique à l’unanimité, selon des
coéquipiers. « On s’est égarés dans les priorités, et les problèmes de
personnes ont beaucoup pesé, en lieu et place des idées. Ce qui a
conduit à des scissions, en provinces Îles et Nord. » Les résultats
électoraux ont provoqué « un choc et une démobilisation ».
Néanmoins,
selon LKU, « un souffle nouveau » se manifeste maintenant, notamment
par l’entrée de jeunes au sein du bureau politique. Ces revers de 2014
ont été « un mal nécessaire, parce que cela a généré un assainissement
du parti. On repart avec des gens nouveaux, pleins de bonne volonté. »
Une évidence, si le mouvement veut se redresser, un gros travail doit
être mené à la base de l’organisation.
- Un Parti fâché
Après
plus de cent jours de crise, l’élection surprise de Philippe Germain à
la présidence du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, a fortement
déplu aux militants du Parti travailliste - il était aisé de l’imaginer
-. « On dénonce cette magouille politique », frappe le patron du PT,
entouré de Rock Doui et d’André Forest, à la clôture du congrès annuel
en pays drehu. « On respecte l’Union calédonienne, mais, en ce qui nous
concerne, une alliance avec Calédonie ensemble est, pour nous, difficile
à entériner. » Le président a même avancé hier une position du Parti
travailliste : « On n’assistera pas », LKU et Marie-Pierre Goyetche, à
la déclaration de politique générale prononcée cet après-midi par le
Calédonie ensemble Philippe Germain.
Configuration particulière,
Louis Kotra Uregei et Marie-Pierre Goyetche sont membres du groupe
UC-FLNKS et nationalistes du Congrès, dont un des piliers est Daniel
Goa, de l’Union calédonienne, qui a signé le communiqué ayant amené à
l’élection au gouvernement. Que faire ? Sortir de l’équipe ? « Nous
avons envisagé toutes les hypothèses, que ce soit au Congrès ou en
province Sud », pointe LKU. « Notre attitude va être dictée en fonction
de ce qui va arriver. On ne va pas se précipiter. » Parce qu’un piège
est sous-jacent semble-t-il : « Une division servirait à affaiblir le
mouvement indépendantiste. On ne se laissera pas piéger. » Par ricochet,
le Parti travailliste perdrait des forces dans cette rupture entre
entités pro-Kanaky.
- Référendum 2018
Un
atelier ce week-end à Lifou traitait de la sortie de l’accord de
Nouméa. Dans une motion, le Parti travailliste exprime sa volonté de
voir le référendum se tenir en 2018. En clair, voir le processus
s’appliquer jusqu’à son terme. « C’est le choix du référendum, pas
d’autre chose, qui va ouvrir la porte à l’indépendance, note le
président de l’organisation. « Nous allons donc contribuer à renforcer
le travail sur la liste électorale. Informations, recours,
contestations, suivi des inscriptions… Pour LKU, « il faut que l’on
arrive à faire le toilettage de la liste électorale consacrée au
référendum ».
Yann Mainguet à Lifou