A l’occasion de l’ouverture du congrès
annuel à Lifou, le patron du Parti travailliste a évoqué hier des
raisons ayant conduit aux revers électoraux de 2014. Outre la cuisine
interne, l’argument de la « fraude » dans les suffrages refait surface.
« Nous avons la foi en l’accession de notre pays à l’indépendance, souligne LKU. Il est temps. On s’est préparé pour cela. »
«Bienvenue en Kanaky. » Déployée sur un vieux mur, près de la
salle commune, une large banderole donne le ton. A deux pas, en haut de
mâts, des drapeaux au cercle jaune flottent au vent de Lifou. Lancé hier
à la tribu de Kumo, le VIe congrès du Parti travailliste est « un
moment important », selon des participants. Parce que les enjeux à venir
sont colossaux. Parce que l’événement annuel est aussi le premier
rendez-vous d’envergure après la déroute de la formation politique aux
élections, municipales et provinciales, l’an passé (notre édition de
vendredi). « La lutte n’est pas un long fleuve tranquille », a remarqué
le président Louis Kotra Uregei dans son discours d’ouverture, qui a
appelé à produire « un bilan, en toute objectivité ».
Le patron a
fourni quelques appréciations en pays drehu. Tout d’abord, sur le slogan
immanquable « Kanaky 2014 », inauguré le 1er mai 2011. « Bien sûr, on a
exploité cela contre nous en disant : « Voilà le Parti travailliste qui
se lance dans des chimères », a noté LKU. Pour nous, l’objectif, à
travers les élections, c’était de gagner la majorité au Congrès. On
n’est pas passés loin. » L’écart s’est réduit, boulevard Vauban : 25
indépendantistes face à 29 loyalistes.
Copains. Reste
à isoler maintenant les foyers de l’échec, en interne. « Si nous n’y
sommes pas arrivés, c’est parce que nous n’avons pas assez bien préparé
les choses. » Et puis, argument déjà invoqué, le Parti travailliste est
une jeune organisation politique, fondée en 2007. Image cocasse, le
mouvement « c’est comme un bébé qui apprend à marcher, juge Louis Kotra
Uregei. Et de temps en temps, le bébé tombe, mais il apprend, et petit à
petit, il prend de l’assurance, il se met debout, et il marche de plus
en plus haut, de plus en plus vite. » Une question est cruciale
aujourd’hui : l’enfant a-t-il perdu des copains, autrement dit des
militants, dans sa course ? Les résultats électoraux, indicateurs de
popularité, amènent à répondre par l’affirmative. Le VIe congrès fera
les comptes.
Recours. Une dernière raison
du revers rejoint un combat politique d’une chaude actualité. «
Pourquoi n’a-t-on pas pu avoir cette majorité (au Congrès) ? Parce que
les élections ont été truquées », soutient le leader du Parti
travailliste dans son allocution, à la tribu de Kumo. « Plus de 4 000
personnes ont été indûment inscrites sur les listes. L’Etat colonial
continue à perpétuer cette situation. » Des cadres, en concertation avec
des dirigeants de la DUS ou encore de l’Union calédonienne, ont
multiplié les recours. Et, LKU en est convaincu, « les choses sont en
train de changer ».
Tous le reconnaissent, la déception des
résultats électoraux a généré un certain abattement. Mais « on n’a plus
le temps de se désoler », poursuit l’élu. Car, si le parti veut regagner
sa place sur l’échiquier politique, des dossiers majeurs doivent être
épluchés, tels que la situation politique du pays et le référendum de
sortie. Ces thèmes donneront lieu à deux ateliers ce week-end. « Il n’y a
plus la place pour le découragement. » Ce congrès devrait définir
l’état de santé actuel de la formation indépendantiste.
L’ouverture du FLNKS, un leitmotiv
Une
motion du 45e congrès de l’Union calédonienne, en fin d’année dernière,
était révolutionnaire : le plus vieux parti calédonien proposait la
réactualisation de la charte du FLNKS, ou encore l’ouverture de
l’organisation aux mouvements indépendantistes et nationalistes. L’idée
est bien entendu arrivée à l’oreille de Louis Kotra Uregei, qui a hier
encore applaudi à l’évocation de cette possibilité. « A l’approche du
référendum de sortie, il y a une volonté qui se répand de plus en plus,
c’est celle de se réunir, de former une grande union, a observé le
président du Parti travailliste. Mais malheureusement, pour l’instant,
cela reste en l’état, car certains bloquent de l’intérieur ». LKU pense
sans doute, notamment, au Palika qui plaide, lui, avant tout, pour « la
cohérence et la qualité des actions pour la décolonisation ».
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