PARTI TRAVAILLISTE

KANAKY

jeudi 5 mars 2015

Les journalistes mélanésiens priés de ne pas poser de questions sur la Papouasie occidentale

Ces derniers jours, la ministre indonésienne des Affaires étrangères, Retno Marsudi, était en tournée dans plusieurs pays mélanésiens. Une tournée lors de laquelle les sujets qui fâchent ont été volontairement éludés. 
Ainsi, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, il a été demandé aux journalistes de ne pas poser de questions sur les indépendantistes de la Papouasie occidentale, alors que le dossier a connu des développements, récemment : début février, le Premier ministre papou, Peter O'Neill, a déclaré pour la première fois son soutien « aux frères papous d'Indonésie ».
 
Alexander Rheeney, le président du comité de la presse, demande des explications au gouvernement papou :
 
« J'ai envoyé un courriel au département des Affaires étrangères, en leur demandant de clarifier la situation, de donner une explication rationnelle au fait qu'ils ont en quelque sorte censuré les journalistes locaux. Avoir été muselé sur cette question de la Papouasie occidentale nous préoccupe vraiment. »
 
Alexander Rheeney souhaite notamment savoir qui a pris la décision d'intimer aux journalistes de ne pas aborder le sujet : est-ce une demande de l'Indonésie ou une initiative du gouvernement papou ? Le président du comité de la presse espère obtenir une réponse des autorités et l'assurance que les journalistes puissent faire leur travail à l'avenir :
 
« J'espère que ça ne se reproduira plus, parce que ce qui se passe en Papouasie occidentale continuera d'intéresser les habitants de Papouasie-Nouvelle-Guinée, et pas seulement eux, mais aussi tous les habitants de la région et même du monde. »
 
Aux Îles Salomon, également, les reporters n'ont pas pu poser de questions à la ministre indonésienne sur la question papoue. Ils n'ont en fait pu lui poser aucune question, puisque la conférence de presse a été annulée à la dernière minute, dénonce Ofani Eremae, le directeur de publication du Solomon Star :
 
« Ce qui se passe en Papouasie occidentale est une tragédie humaine, c'est un problème que l'Indonésie ne peut plus garder secret. Je pense que si l'Indonésie veut vraiment se rapprocher de la Mélanésie et des îles du Pacifique, elle devrait s'ouvrir aux médias, accepter les questions des journalistes, parce que c'est ce qu'il faut faire. »
 
Depuis 2011, grâce à la pression exercée par les Îles Fidji, l'Indonésie a obtenu le statut d'observateur au sein du Groupe mélanésien Fer de Lance. Une organisation régionale qu'aimeraient rejoindre les indépendantistes papous. Ils ont déposé une nouvelle candidature, qui est examinée en ce moment.