On arrive à la 4ème journée commémorative initiée par le Comité des 30 ans,
cette fois-ci c’est le 1er décembre 1984 qu’il aura fallu se rappeler.
Célébrée cette année à la place du Mwâ Kââ, le 1er décembre 2014, une
date marquante pour notre peuple en quête de reconnaissance face à
l’administration coloniale. Une date à inscrire dans les annales de
l’Histoire des peuples colonisés par l’Etat français comme pour toutes
les autres dates commémoratives, et à ce titre le comité organisateur
continue de commémorer les dates jalonnant le combat du peuple kanak et
ce jusqu’au 12 janvier prochain, date à laquelle les vieux Eloi Machoro
et Marcel Nonnaro ont trouvé la mort face aux balles des forces de
l’ordre. Engagement pris par le Comité des 30 ans du FLNKS et
avec l’aide des comités locaux de l’Union Calédonienne, des dates
importantes ont été volontairement choisies pour commémorer et se
souvenir des moments douloureux de notre histoire mais aussi permettre à
la jeunesse de ce pays de se l’approprier ; ainsi le 24 septembre a
été fêté à Nouville chez le clan Betoe dans l’aire Djubea Kapome, le 18
novembre dans la région de Xârâcùù à Thio, les 29 et 30 novembre à
Ouégoa dans l’aire Hoot Ma Whaap, le 5 décembre 1984, date à laquelle où
deux frères de Jean-Marie Tjibaou ont laissé leurs vies trente ans
plutôt avec huit autres membres de la tribu de Tiendanite dans cet
épisode douloureux que l’on appelle communément l’embuscade de
Tiendanite où 10 kanak ont été sauvagement abattus par des colons de la
région de Hienghène. Bien plus tard, les assassins des frères de
Jean-Marie Tjibaou ont fait l’objet d’un non-lieu. Le 12 janvier 2015,
on se souviendra de la mort précipitée d’Eloi Machoro et de Marcel
Nonnaro …
A présent, il faut se replonger trente ans plutôt, le 1er décembre
1984 à la tribu de la Conception au lieu dit Tiati, là où le premier
drapeau aux couleurs du pays a été hissé en présence de l’enfant de
Tiendanite, Jean-Marie Tjibaou qui deviendra une figure emblématique de
la lutte du peuple Kanak. Un leader charismatique dont le rayonnement a
été reconnu sur le plan régional et international particulièrement par
ses pairs œuvrant pour l’émancipation des peuples autochtones.
Pendant l’écoute du discours de Jean-Marie Tjibaou enregistré par les
soins de la RDK, un temps de silence lui a été accordé en sa mémoire.
Discours de Jean-Marie Tjibaou au moment de la proclamation du Gouvernement Provisoire de la République de Kanaky : « Kanaky est entrain de naître. Aujourd’hui nous relevons le défi, nous levons ce drapeau. Le vert symbole de Kanaky, le vert du pays Kanaky. Le rouge symbole de notre unité, unité du FLNKS, symbole de notre unité, unité du FLNKS, le projet d’unité avec tous ceux qui accepteront la République de Kanaky avec sa constitution. Le bleu de la souveraineté. Le soleil est aujourd’hui au rendez-vous, au rendez-vous de l’Histoire du peuple Kanak. Merci au soleil. Merci à nos ancêtres d’être là qui ont suivis péniblement le chemin de l’humiliation, des coups de pied au derrière, ceux qui ont baissé la tête parce que à chaque qu’ils ont levé la tête, ils se sont fait humiliés. Les revendications de nos pères ont toujours trouvé en face l’administration coloniale, les gendarmes. Pour leur dire que parce qu’ils étaient kanak ils avaient tord, quels que soient leurs droits. Aujourd’hui nous disons que notre droit, il mourra avec nous (silence) en tant que président du Gouvernement Provisoire, je salue l’emblème national de Kanaky. Je déclare constituer le Gouvernement Provisoire de la République de Kanaky. Que Kanaky vive. (Applaudissements)»
Discours de Jean-Marie Tjibaou au moment de la proclamation du Gouvernement Provisoire de la République de Kanaky : « Kanaky est entrain de naître. Aujourd’hui nous relevons le défi, nous levons ce drapeau. Le vert symbole de Kanaky, le vert du pays Kanaky. Le rouge symbole de notre unité, unité du FLNKS, symbole de notre unité, unité du FLNKS, le projet d’unité avec tous ceux qui accepteront la République de Kanaky avec sa constitution. Le bleu de la souveraineté. Le soleil est aujourd’hui au rendez-vous, au rendez-vous de l’Histoire du peuple Kanak. Merci au soleil. Merci à nos ancêtres d’être là qui ont suivis péniblement le chemin de l’humiliation, des coups de pied au derrière, ceux qui ont baissé la tête parce que à chaque qu’ils ont levé la tête, ils se sont fait humiliés. Les revendications de nos pères ont toujours trouvé en face l’administration coloniale, les gendarmes. Pour leur dire que parce qu’ils étaient kanak ils avaient tord, quels que soient leurs droits. Aujourd’hui nous disons que notre droit, il mourra avec nous (silence) en tant que président du Gouvernement Provisoire, je salue l’emblème national de Kanaky. Je déclare constituer le Gouvernement Provisoire de la République de Kanaky. Que Kanaky vive. (Applaudissements)»
René Waikédré (près du micro), membre du P.T et secrétaire général de
la fédération Industrie de l’Ustke désigné comme le porte-parole de la
délégation indépendantiste (UC, DUS, PT, USTKE), a remis la coutume de «
bonjour » au comité organisateur.
« C’est un grand jour par rapport à notre drapeau. Nous vous
remettons ce geste. Nous sommes solidaires avec vous, que ça soit pour
aujourd’hui, demain et après-demain. Pour que nos enfants puissent se
préparer à prendre le pays en main. Nabwé. Merci. », a souligné Anselme
Poaragnimou, un vieux militant indépendantiste de l’aire Païci, ancien
responsable de la fédération BTP de l’Ustke, en s’adressant au comité
des 30 ans.
Sylvestre Néwédou du Comité 150 ans après, Joachin Boano du comité organisateur ainsi que Christian Tein ont remercié le geste. «… C’est une fête nationale comme d’autres fêtent le 14 juillet, et bien pour nous le 1er décembre c’est une fête. Il faut que chaque kanak dans ce pays, chaque calédonien doit prendre en compte ce jour ! C’est vrai que c’est un jour de la semaine. Il faut avoir un peu d’humilité pour nos vieux qui sont tombés… A chacun d’entre-vous, merci encore une fois d’être présent ici !... », a scandé Christian Tein qui est à la tête du Comité des 30 ans.
Le drapeau « Kanaky » avait été hissé pour la première fois à la place
du Mwâ Kââ le 15 juillet 2010 au côté du drapeau tricolore, il a été
officialisé le 17 juillet 2014 lors de la venue de François Fillon, 1er
ministre sous la présidence de Sarkozy où ils avaient été hissés en même
temps au Haussariat, marquant la reconnaissance de l’Etat pour notre
emblème. Notre drapeau flotte à présent quasiment devant toutes les
administrations, les collectivités locales, « en tous les cas il flotte,
il ne redescendra plus jamais » a dit l’un des intervenants lors des
prises de paroles.
Les interventions des politiques et des responsables d'association ont ponctué la fin de la matinée.
Aloïsio Sako, leader du RDO, membre du Bureau
Politique du FLNKS, élu Front Indépendantiste et Progressistes à la
province Sud depuis les dernières élections : « … L’enjeu qui a
déclenché au niveau de la droite, c’est le drapeau. C’était en 2010, le
RUMP de Frogier avec beaucoup de courage, ils ont pensé pour aller dans
le sens de la réconciliation et dans la construction du destin commun,
il fallait donner et faire un geste fort. Par conséquent : lever le
drapeau Kanaky en même temps que le drapeau français. C’est ce qui
s’était réalisé et donc, le 1er ministre Fillon va faire le déplacement
pour lever officiellement au Haussariat mais aussi sur tous les frontons
des établissements publics le drapeau de la Kanaky. A cela, il ne
faudrait pas prendre le risque sur le plan politique. Pourquoi ! Parce
que Calédonie Ensemble va se saisir de l’aubaine pour exploiter cette
levée du drapeau, pour dire à l’opinion calédonienne : voilà la
trahison ! Il va fallu acter la trahison du RUMP car il avait été acté
au Comité des Signataires de 2010. Lorsque le Rump va annoncer son
projet de monter le drapeau de Kanaky, Paul Néaoutyine va interpeller
la droite locale : le drapeau de Kanaky, une fois monté, il ne
redescendra pas, il ne redescendra plus ! Qui d’entre vous prendrez le
risque de le redescendre. Il y a eu un silence dans la salle ! Et, c’est
le 1er ministre qui va mettre fin à ce silence en faisant l’éloge du
courage politique de la droite locale mais aussi en direction des
signataires indépendantistes. Lorsque les élections vont arriver en 2012
concernant les législatives : Calédonie Ensemble (C.E.) va exploiter au
maximum ce geste politique fort de la réconciliation pour traduire ce
geste en trahison et il va enlever la mise, et il va avoir deux députés
C.E. Alors le contenu dans cette affaire, dans les promesses
électorales, ils vont dire ceci : lorsqu’on sera député, le 1er geste
politique que nous allons faire, c’est de descendre le drapeau … On se
pose donc tous cette question : qu’est-ce que vous attendez pour
descendre le drapeau ? Et bien, ils ne l’ont jamais descendu, ils n’ont
jamais pris ce risque ! En mars 2014, ils vont exploiter ce fond de
commerce avant les élections provinciales. Le cocu dans cette affaire :
c’est l’opinion calédonienne, ce sont les citoyens calédoniens parce que
plus jamais, et je vous prends comme témoin car plus jamais le drapeau
ne redescendra !… Notre combat, c’est bien de descendre l’autre pour
demain, pour l’avenir de nos enfants, pour le pays…. C’est ce qu’ont
voulu nos ainés, en tous les cas ce qu’a voulu Jean-Marie Tjibaou que ce
drapeau soit le symbole de l’unité du peuple kanak mais aussi avec ceux
qui les ont accueillis dans ce pays. Merci, Malo. »
Sylvain Pabouty, chef de file de la DUS, élu Front
Indépendantiste et Progressistes à la province Sud, elu UC-FLNKS et
Nationalistes au congrès de la N-C : « …Aujourd’hui, on se retrouve au
Mwâ Kââ, un lieu symbolique non seulement pour le peuple kanak mais
c’est aussi avec le Comité 150 ans après, on a fait des appels
aux autres communautés pour qu’ils comprennent la revendication légitime
et historique du peuple kanak ici en Kanaky. Mais au lieu de s’opposer
à une marche irréversible historique et vers une émancipation de plus
en plus importante de ce pays et vers sa pleine souveraineté, au lieu
de s’opposer de manière inutile mais au contraire, de contribuer et de
faire en sorte que tout le monde soit responsable de ce pays du
Pacifique. Un petit pays qui regorge de ressources naturelles notamment
minières importantes. Afin qu’elles puissent à un moment donné être
valorisées et faire en sorte que ce pays puisse vivre dignement parmi
les pays du Pacifique indépendant depuis des années et parmi les pays
indépendants et souverains du monde entier…C’est un drapeau
effectivement à l’initiative du FLNKS mais c’est un drapeau pour tout le
pays, la Kanaky. La Kanaky, ce n’est pas uniquement les kanak, la
Kanaky c’est le peuple légitime, c’est le premier occupant mais aussi
les autres peuples qui à un moment ont choisi de venir ici et de vivre
ici. Et que demain, on les appellera « kanak », des gens de nationalité «
kanak » qu’ils soient d’origine wallisienne, océanienne, européenne ou
d’ailleurs…Je crois que c’est tout ce projet de la mouvance nationaliste
a essayé de défendre de 84 à aujourd’hui. »
Les couleurs du drapeau
« Quand on parle de drapeau, on pense aux couleurs. Quand on regarde les couleurs, les jeunes qui sont présents ici sur le site aujourd’hui, ils doivent intégrer mais aussi les citoyens non-kanak qui hésitent encore à adhérer à notre projet indépendantiste, ils doivent se dire que les couleurs représentent des orientations politiques constituant notre projet de société…Le bleu, c’est l’Océanie c’est-à-dire notre contexte Pacifique. Le vert c’est la terre car nous sommes issus de la terre, le peuple kanak se définit par rapport au lien à la terre… Le rouge, c’est le sang versé par tous nos vieux d’Ataï à aujourd’hui, en passant par Eloi mais aussi le sang versé par les non-kanak mélangé avec le socialiste parce que notre projet de société se rapproche du socialisme, plus de partage, plus d’égalité, plus d’équité…Le jaune, c’est l’espoir, le soleil…. Il y a toujours cet espoir dans nos discours. Le fond de notre revendication, de nos positions ne doit pas changer… Même si on a remarqué qu’aux dernières élections beaucoup de kanak votent à droite et dont certains sont des élus de droite. On va dire qu’ils se sont trompés de parcours. Ils ont été attirés par les chants des sirènes….L’espoir qu’on puisse proposer aux jeunes de ce pays, c’est un projet de société qui concerne pas uniquement les kanak mais tous les citoyens de ce pays. Cet espoir est toujours là. Evidemment, la flèche faitière, c’est l’identité kanak… Il est temps d’affirmer que la culture kanak ce n’est pas uniquement la coutume, le chant, quelques manous. L’identité kanak, c’est une civilisation millénaire… C’est à nous de faire le travail dans l’économie, dans le droit, dans un certain nombre de choses. On pense que ce n’est pas uniquement réservé au droit occidental et autre… L’identité kanak c’est la civilisation kanak. Il faut que l’identité kanak irrigue tout l’ensemble de la société… »
« Quand on parle de drapeau, on pense aux couleurs. Quand on regarde les couleurs, les jeunes qui sont présents ici sur le site aujourd’hui, ils doivent intégrer mais aussi les citoyens non-kanak qui hésitent encore à adhérer à notre projet indépendantiste, ils doivent se dire que les couleurs représentent des orientations politiques constituant notre projet de société…Le bleu, c’est l’Océanie c’est-à-dire notre contexte Pacifique. Le vert c’est la terre car nous sommes issus de la terre, le peuple kanak se définit par rapport au lien à la terre… Le rouge, c’est le sang versé par tous nos vieux d’Ataï à aujourd’hui, en passant par Eloi mais aussi le sang versé par les non-kanak mélangé avec le socialiste parce que notre projet de société se rapproche du socialisme, plus de partage, plus d’égalité, plus d’équité…Le jaune, c’est l’espoir, le soleil…. Il y a toujours cet espoir dans nos discours. Le fond de notre revendication, de nos positions ne doit pas changer… Même si on a remarqué qu’aux dernières élections beaucoup de kanak votent à droite et dont certains sont des élus de droite. On va dire qu’ils se sont trompés de parcours. Ils ont été attirés par les chants des sirènes….L’espoir qu’on puisse proposer aux jeunes de ce pays, c’est un projet de société qui concerne pas uniquement les kanak mais tous les citoyens de ce pays. Cet espoir est toujours là. Evidemment, la flèche faitière, c’est l’identité kanak… Il est temps d’affirmer que la culture kanak ce n’est pas uniquement la coutume, le chant, quelques manous. L’identité kanak, c’est une civilisation millénaire… C’est à nous de faire le travail dans l’économie, dans le droit, dans un certain nombre de choses. On pense que ce n’est pas uniquement réservé au droit occidental et autre… L’identité kanak c’est la civilisation kanak. Il faut que l’identité kanak irrigue tout l’ensemble de la société… »
Appel au Congrès de l’unité du FLNKS
« … En tant que militant de la Dynamik Unitaire Sud, je demande aux grands frères des partis composants officiels du FLNKS : tout d’abord faites le congrès de l’unité au mois de février et aller dans le sens de renforcer l’unité de la mouvance nationaliste car notre peuple va dans ce sens là. Merci. Nabwé. »
« … En tant que militant de la Dynamik Unitaire Sud, je demande aux grands frères des partis composants officiels du FLNKS : tout d’abord faites le congrès de l’unité au mois de février et aller dans le sens de renforcer l’unité de la mouvance nationaliste car notre peuple va dans ce sens là. Merci. Nabwé. »
Philippe Ajapuhnya, secrétaire général adjoint de
l’U.C. : « … Nous avons fait notre congrès il y a 15 jours – trois
semaines, nous avons une motion politique dans laquelle nous disons pour
la structure FLNKS, il nous faut l’agrandir. Nous ne pouvons plus
fonctionner de cette manière là, avec les quatre groupes de pressions
qui sont le Palika, le RDO, l’UPM et l’U.C. à fonctionner avec un B.P
(Bureau Politique) doté d’une gouvernance à l’horizontal (c’est-à-dire
que personne ne dirige donc chacun fait ce qu’il veut !). Voyez un peu
la cacophonie qu’il y a au sein du FLNKS ! … Cette gouvernance à
l’horizontal a démontré ces limites, il nous faut aller vers une
gouvernance à la vertical avec un président. Chose que l’Union
Calédonienne a proposé dans sa motion politique. A savoir : un président
du FLNKS et de l’agrandir. Nous pensons à la DUS, au P.T., à l’Ustke,
aux associations notamment à l’Eglise de Kanaky-Nouvelle-Calédonie etc…
Nous sommes à la première année de la dernière mandature, il nous faut
être uni. C’est connu quand est uni, on a plus de force !... A la
demande de la DUS, tâchons de travailler ensemble… »
Sylvestre Néwédou, représentant du Comité 150 ans après a invité les responsables politiques indépendantistes à s’unir face à la jeunesse. Un appel du pied : « … Si on est solidaire, si on est uni, si on a qu’une seule parole. La réponse est chez nous. Une seule parole, ça veut bien dire ce que ça veut dire !... Il faut adopter une ligne de conduite qui permet d’aller ensemble. Il faut motiver la jeunesse. Cette jeunesse n’a pas vécu un certain nombre de choses et c’est pour cela qu’ils sont en décalage. Ce n’est pas de leur fait, ni de leur faute. Certainement qu’on a fait beaucoup de choses pour que notre jeunesse se désintéresse de l’intérêt de notre pays.… »
Yvette Danguigny, 4ème adjointe au maire de Ouégoa, militante de l’U.C. Les élus indépendantistes au nombre de 15 (majorité absolue) ont décidé un mois après les élections municipales de travailler sur la levée des deux drapeaux. Difficile de faire accepter la levée du drapeau Kanaky notamment au sein de la population caldoche : «…Ouégoa, c’est le pays du non-dit et des histoires taboues. On a décidé de la mise en place d’une commission de la citoyenneté que je préside. Donc mener une réflexion sur la levée des deux drapeaux. Il est très difficile à Ouégoa que les caldoches acceptent les couleurs de notre drapeau. Ils ont leurs raisons. Ils ont leur histoire. On va dire qu’ils n’ont pas de culture politique. C’est juste qu’ils ne nous aiment pas, nous les kanak ! Avec la majorité absolue, ils ne peuvent pas gober que ce soient des kanak qu’ils soient à la tête de la mairie et il n’y a plus d’opposition. L’opposition, c’est une personne de Calédonie Ensemble… On a programmé des réunions avec eux. On s’est adressé à nos structures politiques respectives. Nos frères nous ont dit : ce n’est pas la peine de faire des réunions dans les tribus car la cause est acquise. C’est plutôt eux au village qu’il faut convaincre. Alors on a prévu six réunions avec eux. La difficulté pour eux, ce sont les évènements. L’horloge de leur vie, leur temps s’est arrêté à la date du 30 novembre 84 parce que nous les indépendantistes nous avons descendu l’un des leurs ! Et ça, ils ne l’acceptent pas depuis 30 ans. Ils n’ont toujours pas fait le deuil. Ils n’ont toujours pas compris qu’on doit construire ensemble. Et que ce pays est le nôtre et que nous les avions accueillis. Eux ce sont les victimes de l’histoire ! Soit ils ne comprennent, soit ils font semblant de ne pas comprendre ! Nous leur avons dit que vous le vouliez ou non, nous allons lever les deux drapeaux, nous allons aussi lever le vôtre !...ça été très difficile…A la 4ème réunion, ils nous ont dit que notre bout de chiffon est tâché du sang des hommes et des bêtes ! Alors je leur ai répondu, mon grand-père a été à la guerre de 14-18 parce que vous n’avez pas été capable de courser les allemands qui sont juste à côté de vous ! Alors mon grand-père a fait 22 000 km pour vous sauver ! Alors moi, c’est une longue histoire, alors que vous c’est une histoire de 30 ans !... »
Rock Wamytan, chef du groupe UC-FLNKS et Nationalistes au congrès de la N-C, élu du groupe du Front Indépendantiste et Progressiste à la province Sud, président du FLNKS de 1995 à 2001. Rock Wamytan a une fois de plus dénoncé la présence française dans le Pacifique et a invité les indépendantistes à plus de vigilance durant les trois prochaines années : «... Félicitations au travail associatif, à toutes ces femmes qui s’impliquent comme la commission politique et citoyenneté FLNKS/P.T avec Mado Ounou etc..., c’est le travail au niveau des syndicats, c’est tout ce que vous faîtes chaque jour pour que notre Etat de demain ait une consistance….Voilà le travail qui nous attend, à ceux qui sont au congrès, ceux qui sont au gouvernement etc… Les décisions qu’ils prennent chaque jour contribuent à construire notre Etat. Mais, il ne faut pas se tromper ! Parce que j’entends déjà depuis quelques jours, depuis quelques mois : Pourquoi pas une association avec l’Etat français et qu’on laisserait à celui-ci les compétences régaliennes. Et le futur Etat exercera les autres compétences. Attention ! J’ai entendu le président du Fer de Lance le dire qui est aussi le président de l’UPM le dire à la télé ! Je ne suis pas d’accord ! Notre Etat serait un Etat océanien, serait un Etat mélanésien, c’est un Etat du Pacifique. On ne va pas s’amuser à aller faire des liens avec un Etat qui nous a colonisé pendant 161 ans et qui nous a foutu dans la … ! (applaudissements). A chacun sa place ! …. Qu’est-ce qu’il a dit Mitterrand ! La France n’a pas d’amis, elle n’a que des intérêts ! Alors, ce n’est pas pragmatique ça !... Nous, il faut qu’on reste accrocher à nos fondamentaux. Il faut qu’ils nous rendent notre liberté ! Il ne faut pas écouter les sirènes ! Ces grands pays, ce sont des pays qui sont spécialisés dans la domination des peuples ! L’Etat Français a rendu en esclavage des millions de gens. Elle a colonisé des millions de gens ! Ce n’est pas à nous des petits kanak (on n’est même pas 100 ou 150 000 personnes) qui allons leur donner des leçons ! Il ne faut pas sous-estimer ce que représente l’Etat Français ! Il ne faut pas leur donner les compétences régaliennes alors que c’est dans leurs intérêts de les garder pour assurer leur présence dans le Pacifique. Nous, on est pris dans ce tourbillon dans le Pacifique parce que c’est dans cette zone que se crée la richesse au niveau mondial. C’est pour cela que les grandes puissances affluent vers le Pacifique. Regardez la grande bagarre que mène la Chine avec les Etats-Unis … »