Cuba
est à proximité des industries nord-américaines de l'acier inoxydable.
La fin probable de l'embargo américain n'est pas une bonne nouvelle pour
le métal calédonien.
© HANS-JOACHIM ELLERBROCK/BILDERBERG/AFP Un paysan cubain prend la pose, avec, en arrière-plan, l'usine de nickel de Moa (photo octobre 2011)
Le nickel de Guantanamo menace Nouméa et le Koniambo. La région autour
de la base américaine de Guantanamo où sont détenus les prisonniers
d'Al-Qaida regorge de nickel, mais aussi de cuivre, de zinc, et de
chrome. Avec le tourisme, le nickel est la première source de devises
étrangères pour Cuba.
Avec le tourisme, le nickel est la première source de devises étrangères pour Cuba
Les
réserves de nickel de Cuba figurent parmi les plus importantes au
monde. Comme la Nouvelle-Calédonie, la grande île de la Caraïbe possède
environ le quart des réserves mondiales (800 millions de tonnes de
réserves confirmées et 2 milliards de réserves probables). L'entreprise
d'État Cubaniquel associée au canadien Sherrit International pourrait
donc poser un très sérieux problème aux producteurs calédoniens de
nickel. Le métal cubain, produit à bas coût, pourrait se tailler des
parts de marché considérables en Amérique du Nord et en Europe.
Le nickel cubain pourrait inonder le marché américain
Dans
le centre de la Havane, au ministère de l'Economie et de l'Industrie,
les analystes cubains consultent chaque jour l'évolution des cours
mondiaux du nickel à la bourse des métaux de Londres (LME). Cuba se
hisse en effet au cinquième rang mondial en tant que producteur avec
près de 70.000 tonnes de métal produites en 2014. Et le nickel, qui vaut
16.000 dollars la tonne, est la première source de devises du
gouvernement cubain. Les plans d'investissement prévoient de porter la
production à 120.000 tonnes d'ici 2020.
Avec la fin prévisible de l'embargo américain, Cuba pourrait donc inonder le marché du nickel et fournir les usines métallurgiques de la "Belt Rust", la ceinture des usines d'acier inoxydable de la vallée de l'Ohio. À quelques centaines de kilomètres de côtes américaines, Cuba serait un concurrent redoutable pour le nickel calédonien dont la longue route emprunte le canal de Panama. Le métal de nickel "SLN 25" du groupe Eramet est déchargé à Savannah ou Baltimore, sur la côte Est des Etats-Unis. Le nickel calédonien a parcouru 13.000 kilomètres, le nickel cubain, si l'embargo était levé, serait à moins de 1000 kilomètres des ports américains.
Avec la fin prévisible de l'embargo américain, Cuba pourrait donc inonder le marché du nickel et fournir les usines métallurgiques de la "Belt Rust", la ceinture des usines d'acier inoxydable de la vallée de l'Ohio. À quelques centaines de kilomètres de côtes américaines, Cuba serait un concurrent redoutable pour le nickel calédonien dont la longue route emprunte le canal de Panama. Le métal de nickel "SLN 25" du groupe Eramet est déchargé à Savannah ou Baltimore, sur la côte Est des Etats-Unis. Le nickel calédonien a parcouru 13.000 kilomètres, le nickel cubain, si l'embargo était levé, serait à moins de 1000 kilomètres des ports américains.
Le nickel et Cuba, une vieille histoire américaine
Les
premières extractions de nickel dans l'île remontent à 1900. La
première usine fut construite en 1945, et déjà, par les Américains
associés au Canadien Inco depuis racheté par Xstrata et Glencore. La
production de nickel de Cuba s'est effondrée au moment du départ des
Soviétiques en 1990 avant de reprendre avec l'arrivée du canadien
Sherrit International. Les métallurgistes cubains ont été formés sur
place, mais aussi en Russie, chez Norilsk, le plus grand producteur
mondial de nickel. La main d'œuvre cubaine est donc particulièrement
compétente et compétitive... pour les salaires. Toute la région autour
de Guantanamo contient d'énormes quantités de nickel. Des quantités
comparables voir plus importantes que celles du Koniambo en
Nouvelle-Calédonie.
La fin de l'embargo va relancer la compétitivité du nickel cubain
La fin de l'embargo va relancer la compétitivité du nickel cubain
C'est
la principale difficulté pour les exportations cubaines de nickel :
l'embargo américain interdit jusqu'à présent l'utilisation du métal
cubain. L'acier inoxydable produit au Canada ou en Europe ne doit pas
comporter le moindre gramme de nickel en provenance de la Havane ou d'un
autre port de l'île. Une zone grise existe donc autour des exportations
cubaines. Difficile voire impossible de connaître les clients européens
ou canadiens du nickel cubain. Avec les centres miniers et
métallurgiques de Pinares, de Nicaro et de Moa, Cuba possède trois
grandes entités industrielles en devenir... Tout comme la
Nouvelle-Calédonie. A Londres, les traders du marché londonien des
métaux ont anticipé cette offre supplémentaire en nickel made-in-Cuba.
Le cours du métal est en forte baisse à 15.427 dollars la tonne.