Camarades, nous ne pouvons pas permettre à quelques individus de se
jouer de tout le peuple, faire condamner le Cnr dans notre Patrie et
auprès des peuples qui jusque-là respectent notre lutte. Nous ne pouvons
pas et ne devons pas laisser quelques éléments irresponsables faire
planer sur notre Révolution, le spectre des déchirements tels ceux du
Yémen. Nous ne pouvons et ne devons les laisser pervertir cette
révolution avec des conséquences telle l’impasse de Grenade. Nous ne
pouvons pas fermer les yeux ou nous embarrassé devant les manquements de
quelques intrigants lorsque tout le pays est menacé par la guerre
civile à la manière du Liban et du Tchad.
Nous sommes responsables devant notre peuple, mais aussi responsables devant le mouvement progressiste international du devenir de cet espoir qu’a suscité la Révolution du 4 août 1983.
...Cessons de nous lamenter à quatre ou devant une situation nationale si triste. Notre sincérité n’excuse pas notre coupable sentiment d’impuissance qui traduit plus le défaitisme. Je comprends que nous soyons choqué d’être qualifié de ce que nous ne sommes pas, d’être accusé de ce que nous n’avons pas fait.
Je propose :
1° / Que nous allions aux masses pour leur démontrer notre cohésion par des meetings de dénonciations et de condamnation des courants divisionnistes, en ridiculisant, comme ils le méritent, ceux qui jusque là ont prêché avec plus ou moins de bonheur dans les eaux de la Révolution troublés par eux. Il y a urgence que nous sortions, que nous parlions, que nous rassurions notre peuple. Il y a urgence.
2° / Eliminons de nos rangs les fauteurs de troubles. Toutes les luttes sociales ont connu des aventuriers frauduleusement introduits. L’histoire immédiate ou 1 histoire lointaine se sont changées de les éliminer. Notre révolution avancera en se purifiant. Nous ne perdrons rien à assumer le carnage révolutionnaire sentimentalement ressentis, dans le cas d’éventuelles séparations ne sera jamais rien par rapport à ce que nous endurons en ces jours, ni ce que notre peuple souffre en ces circonstances.
Je proposerai des sanctions.
3°/ Dans les meilleurs délais, il nous faudra mettre en place :
• Les statuts du Cnr, corrigés au regard de ce que nous enseignent nos difficultés présentes et prévisibles, l’acceptation et l’assimilation de la plateforme et des récents du Cnr seront un critère éloquent à l’adhésion à sa ligne.
• Le programme économique, politique, social et militaire du Cnr autour duquel nous rassemblerons les révolutionnaires sur la base de leurs mérites à contribuer au bonheur réel de notre peuple.
• Le Code d’éthique révolutionnaire qui décrira la conduite sociale la plus exemplaire vers laquelle chacun de nous devra s’efforcer de tendre.
A l’aide de ces éléments et grâce à une vie organisationnelle qui devra se départir de l’amicalisme, par un fonctionnement plus efficace de la Commission de vérification, par des bilans périodiques sur ce que notre action a apporté ou non au peuple, nous parviendrons à faire du Cnr actuel et de toute autre forme que prendrait la Direction politique nationale, un véritable Etat-Major où n’entrent les meilleurs des meilleurs, les révolutionnaires les plus sûrs.
La Patrie ou la mort, nous vaincrons.
Thomas SANKARA.
Nous sommes responsables devant notre peuple, mais aussi responsables devant le mouvement progressiste international du devenir de cet espoir qu’a suscité la Révolution du 4 août 1983.
...Cessons de nous lamenter à quatre ou devant une situation nationale si triste. Notre sincérité n’excuse pas notre coupable sentiment d’impuissance qui traduit plus le défaitisme. Je comprends que nous soyons choqué d’être qualifié de ce que nous ne sommes pas, d’être accusé de ce que nous n’avons pas fait.
Je propose :
1° / Que nous allions aux masses pour leur démontrer notre cohésion par des meetings de dénonciations et de condamnation des courants divisionnistes, en ridiculisant, comme ils le méritent, ceux qui jusque là ont prêché avec plus ou moins de bonheur dans les eaux de la Révolution troublés par eux. Il y a urgence que nous sortions, que nous parlions, que nous rassurions notre peuple. Il y a urgence.
2° / Eliminons de nos rangs les fauteurs de troubles. Toutes les luttes sociales ont connu des aventuriers frauduleusement introduits. L’histoire immédiate ou 1 histoire lointaine se sont changées de les éliminer. Notre révolution avancera en se purifiant. Nous ne perdrons rien à assumer le carnage révolutionnaire sentimentalement ressentis, dans le cas d’éventuelles séparations ne sera jamais rien par rapport à ce que nous endurons en ces jours, ni ce que notre peuple souffre en ces circonstances.
Je proposerai des sanctions.
3°/ Dans les meilleurs délais, il nous faudra mettre en place :
• Les statuts du Cnr, corrigés au regard de ce que nous enseignent nos difficultés présentes et prévisibles, l’acceptation et l’assimilation de la plateforme et des récents du Cnr seront un critère éloquent à l’adhésion à sa ligne.
• Le programme économique, politique, social et militaire du Cnr autour duquel nous rassemblerons les révolutionnaires sur la base de leurs mérites à contribuer au bonheur réel de notre peuple.
• Le Code d’éthique révolutionnaire qui décrira la conduite sociale la plus exemplaire vers laquelle chacun de nous devra s’efforcer de tendre.
A l’aide de ces éléments et grâce à une vie organisationnelle qui devra se départir de l’amicalisme, par un fonctionnement plus efficace de la Commission de vérification, par des bilans périodiques sur ce que notre action a apporté ou non au peuple, nous parviendrons à faire du Cnr actuel et de toute autre forme que prendrait la Direction politique nationale, un véritable Etat-Major où n’entrent les meilleurs des meilleurs, les révolutionnaires les plus sûrs.
La Patrie ou la mort, nous vaincrons.
Thomas SANKARA.
Discours de Thomas Sankara en direction de le jeunesse, 14 mai 1983 à Bobo-Dioulasso
La restranscription
de ce discours a été assurée au Burkina Faso par Abdu Wahad Zoungo,
Joseph Sawadogo, Ludovic Yigo et Inoussa Ouedraogo. Qu’ils soient ici
remerciés. Il manque quelques phrases à la fin qui étaient effacés dans
l’enregistrement. Thomas Sankara sera arrêté 3 jours après
« Un chat est un chat »
Une jeunesse mobilisée est dangereuse, une jeunesse mobilisée est une
puissance qui effraye même les bombes atomiques. Il y en a qui possède
les bombes atomiques et qui ont des problèmes avec d’autres peuples qui,
eux, ne possèdent pas la bombe atomique, mais pourquoi ils n’osent pas
l’utiliser ? Parce qu’ils savent très bien, parce qu’ils savent très
bien, que dans ces peuples que osent les attaquer, ils trouvent une
jeunesse mobilisée, une jeunesse à mourir. Et nous, nous vous disons,
jeunesse de Haute Volta, mobilisez vous ; l’ennemi est à nos portes,
l’ennemi est chez nous et l’ennemi passera par des méthodes violentes,
l’ennemi passera par toutes sortes d’actes crapuleux. Nous connaissons
les débarquements fascistes qui ont été organisés ça et là contre des
peuples mobilisés. Nous connaissons aussi des crimes abominables qui ont
été organisés contre des peuples mobilisés. Jeunesse Voltaïque, ou bien
vous vous mobilisez et vous avez l’ennemi en face, ou bien vous faites
la politique de la collaboration avec l’ennemi et il ne vous attaquera
pas mais il vous exploitera. Mobilisez vous ! Attaquez-le !
Mais la jeunesse c’est également tous ceux qui sont prêts à prendre les fusils contre l’ennemi extérieur (applaudissements).
Jeunesse Voltaïque, si un jour ces mercenaires que nous attendons de pieds fermes venaient ici,
Seriez-vous prêts à prendre les fusils ? Oui ! (réponse de la foule) ;
Seriez-vous prêts à combattre l’ennemi ? Oui ! (réponse de la foule) ;
Seriez-vous prêts à combattre les valets locaux de l’ennemi ? Oui ! (réponse de la foule) ;
Jeunesse Voltaïque, c’est ça la mobilisation ; la mobilisation, ce
n’est pas coudre des uniformes (…) folles et organiser des banquets. La
mobilisation c’est savoir combattre ses ennemis, c’est savoir les
dénoncer, c’est savoir mourir pour une cause. Nous avons fait un choix,
nous avons fait une option.
Nous savons qu’aujourd’hui, en Haute Volta même, sont en train de
trembler tous ceux qui ont peur d’une jeunesse mobilisée. Qu’à cela ne
tienne, nous irons de l’avant. Qu’à cela ne tienne, nous ne connaîtrons
jamais l’échec parce que le jour où l’ennemi aura eu raison de nous,
c’est que nous ne sommes plus en vie. Tant que nous serons en vie, nous
connaitrons le succès.
Jeunesse Voltaïque, nous pensons que la dénonciation de l’ennemi
extérieur et la dénonciation de l’ennemi intérieur, passent également
par des actes concrets. C’est pourquoi nous vous avons conviés à des
réalisations d’actes concrets, tenant compte des besoins réels du peuple
Voltaïque. Nous avons décidé de lancer un certain nombre de chantiers.
Ces chantiers sont pour l’instant des théâtres populaires qui vous
permettront d’organiser de manière libre et dans des conditions
décentes, des représentations théâtrales, des conférences, des meetings,
des projections cinématographiques, et ces théâtres populaires seront
également les lieux de rencontres de discussions et de débats, d’échange
d’idées, de critiques et d’auto critiques ; c’est-à-dire de volonté
d’aller de l’avant (…) qui de volonté de comprendre la situation
politique les impératifs idéologiques ; nous vous avons également
conviés à des travaux tendant à organiser dans nos villes des places de
meeting. Sur ces places de meeting vous, jeunes de HV vous construirez
des monuments dédiés au peuple voltaïque en marche pour sa libération.
On nous dit que ces chantiers ne sont pas prioritaires, c’est vrai
ils ne sont pas prioritaires ; mais nous avons décidé de commencer par
là parce que nous savons également que ces chantiers n’entrainent
aucune charge récurrente, nous savons qu’avec ces chantiers il n’est pas
besoin d’études longues, de dispositions financières budgétaires
d’entretien. Nous voulons qu’a travers ces chantiers nous puissions
tester notre capacité d’organisation, notre capacité de mobilisation,
notre capacité de réalisation. Mais après ces chantiers, faites nous
confiance, si le succès est acquis, nous lançons des opérations
ambitieuses ; ces opérations, ça sera la construction de centaines et de
centaine d’écoles ; ces opérations, ça sera la construction de
centaines de dispensaires ; ces opérations, ça sera la construction de
centaines de kilomètres de route ; ces opérations, ça sera la
construction de dizaines de barrages ; pour ne citer que les actes
concrets, pour ne citer que les actes physiques (….)
Mais la jeunesse voltaïque aura également l’occasion de s’engager
vers d’autres combats, vers d’autres réalisations. Et en attendant donc
que nous ouvrions des chantiers pour construire les écoles, les
dispensaires, les barrages, les routes,… les ministères techniques
intéressés et concernés au plus haut point, s’attellerons, et certain
si attèlent déjà, à faire les études nécessaires, à faire les études
correctes, pour que les chantiers démarrés, le succès soit total. Cela
sera pour nous l’occasion de montrer que nous pouvons doubler,
quintupler le taux de scolarisation en l’espace d’un an sans
intervention impérialiste, sans intervention néocolonialiste, sans
tentative de domination (applaudissements).
C’est ça la libération ! La libération ne se mesure pas au projet
que l’on réalise après avoir parcouru 25 pays capitalistes,
impérialistes et dominateurs pour collecter des milliards. C’est de
l’inconscience, c’est de la collaboration, c’est un attentat contre le
peuple. Et nous sommes contre les attentats. La libération c’est d’abord
prendre en main son destin sur son propre sol, (…) l’intérêt du peuple
voltaïque.
C’est dans ce cadre que nous avons osé négocier avec certains pays
qui ont été qualifiés de peste. Nous avons négocié avec la Libye, nous
avons négocié avec la Corée (du nord) ; et camarades , c’est donc avec
ces pays que nous allons commencer les premières réalisations ; c’est
avec également les expériences des autres peuples, c’est avec également
les expériences des jeunesses des autres peuples que nous allons
continuer ces chantiers en étant sûrs, en étant certains que nous
Voltaïques à partir de maintenant, nous aurons également des leçons,
nous aurons également à apprendre aux autres peuples et notamment leurs
jeunesses ce que c’est que la liberté et la responsabilité.
Lorsque donc nous avons engagé ces négociations avec ces pays amis,
nous avons eu des réponses favorables en fonction de ce qui est pour
nous l’alpha et l’oméga, le début et le commencement, le TOUT, c’est
dire l’intérêt du peuple voltaïque. Nous avons dit que nous tenions le
peuple voltaïque pour responsable, le peuple voltaïque pour sujet et
objet et c’est dans ces conditions que nous attendons des millions à
investir en Haute Volta. En tenant compte aussi de la liberté et de
l’indépendance du peuple voltaïque, nous attendons des matériaux venus
de Corée, venus de Libye pour nous aider et aider le peuple voltaïque,
en tenant compte des aspirations de ce peuple, en tenant compte de sa
liberté à se définir, à prendre son destin en main. Cela a été pour nous
une occasion très enrichissante et je sais que très bientôt la
jeunesse voltaïque sera représentée à la fête de la jeunesse qui se
tiendra à Tripoli.
(…) Nous irons a Tripoli pour apporter la note de la jeunesse
voltaïque pour dire que la jeunesse voltaïque vient de se libérer, la
jeunesse voltaïque à qui on avait interdit hier le droit de penser, de
réfléchir et de dire ce qu’elle avait du fond du cœur, cette jeunesse
voltaïque aujourd’hui, a pris son destin en main et sur la scène
internationale, elle entend situer sa place et donner son mot.
Prolongeant donc ce que vient de dire le camarade dans la salle , à
savoir que la jeunesse voltaïque doit être représentée dans les
organisations officielles en haute volta, je dirais même plus, la
jeunesse voltaïque doit avoir sa place sur la scène internationale
(applaudissements).
Nous sommes reconnaissants à tous ceux qui nous ont aidés jusque là
et à tous ceux qui voudrons bien nous aider. Nous savons que certains
pays nous aident sur la base de l’incitation crée par d’autres aides ;
tant mieux ! Le peuple voltaïque en profitera.
Nous savons que certaines aides ont pour objectif de nous détourner
de nos réels objectifs et pour intentions profondes de nous récupérer ;
tant pis ! Le peuple voltaïque se chargera de ses ennemis. Ce n’est pas
le CSP qui va s’en occuper ; c’est le peuple qui va s’en occuper et
c’est pourquoi ils ont peur actuellement, c’est pourquoi ils attendent
la fin du meeting pour ce regrouper en petit cellule et recommencer à
dénigrer. Demain vous entendrez que le meeting a été un échec, mais
aujourd’hui ils n’oseront jamais le dire, demain vous entendrez qu’il
n’avait que des petits enfants des curieux ; aujourd’hui ils n’oseront
pas le dire, aujourd’hui ils se taisent ; Peut être même qu’ils sont
entrain d’applaudir(…) parce qu’ils sont obligés d’applaudir. Que
voulez-vous ?
Pour combattre les ennemis du peuple il n’y a pas deux chemins, il
faut allez directement. J’ai essayé… au CSP nous avons essayé de
ménager l’ennemi, de le combattre de manière détournée ; c’est pas
possible, il faut le combattre directement : un chat est un chat.
Camarades, je ne voudrais pas être long ; je pense que je n’ai pas
été long. Parler du peuple suffit à remplir la vie d’un homme, par
conséquent parler du peuple, ne serait-ce que dans sa portion qui
s’appel la JEUNESSE, suffit à nous occuper tout le long de notre vie ;
parce que nous serons toujours jeunes. Jeunes parce que nous allons
continuer à dénoncer ; jeunes parce que nous allons continuer à
combattre ; au lieu de ces personnes qui n’ont peut être que 18 ans,
mais qui déjà parlent de résignation, parlent de sagesse, parlent de
ménager, parlent de compromis ; il n’est pas question de compromis.
Je voudrais vous dire, je voudrais dire à la jeunesse voltaïque à
travers vous qui êtes ici présents, que les chantiers que nous avons
entrepris de réaliser qui commencerons dès que vous-mêmes, jeunes de
haute volta, vous vous serez organisés librement et démocratiquement et
sur des base anti impérialistes, nous y tenons, ces chantiers seront
lancés avec les moyens que le CSP pourra mettre à votre disposition ;
ces moyens nous les avons rassemblés ; ces moyens, nous attendons que
vous-mêmes vous exprimiez le besoin pour qu’ils soient utilisés ; et ces
moyens iront à ceux qui auront été les plus organisés.
Bobo-Dioulasso, Ouagadougou auront peut-être leur chantier les
premiers, mais les 9 autres départements suivront et peut être
devanceront Bobo-Dioulasso et Ouagadougou. En tout cas nous le
souhaitons. Et je voudrais vous dire que le CSP n’a pas fait de choix
particulier pour favoriser Bobo Dioulasso ou Ouagadougou. Nous estimons
que ces villes sont égales aux autres villes de haute volta ; nous
estimons que la jeunesse de Bobo, la jeunesse de Ouaga sont des
jeunesses égales aux autres jeunesses.
Il n’y a que la résolution, la détermination qui comptent. Et cette
résolution, cette détermination, nous pensons la trouver partout en
Haute Volta.
Jeunes de Haute Volta avant de vous quitter je voudrais rappeler
ceci, je voudrais rappeler que le combat que nous commençons, n’est pas
seulement le combat de la jeunesse ; c’est le combat de tout le peuple
voltaïque. Si aujourd’hui nous avons choisis de s’adresser à la jeunesse
c’est parce que nous savons que demain nous nous adressons à d’autres.
C’est le combat de tout le peuple voltaïque et le succès appartient à
tout le peuple voltaïque. Les ennemis du peuple voltaïque seront les
perdants ; il faut qu’ils soient perdants ; il faut qu’ils soient
perdus ; il faut qu’ils soient écrasés.