Samedi 18 octobre 2014 tribu de Xepenehe
Atelier jeunes hommes
Les personnes présentes à l’atelier sont venues pour comprendre le problème du suicide et trouver des solutions.
* Premier constat : c’est déjà bien d’en parler. Etre là et pouvoir en débattre ensemble, c’est déjà une bonne chose.
*
Deuxième point : donner une définition du mot suicide. Le mot pour dire
suicide existe en drehu (hno jua). Si le mot existait avant la
colonisation, c’est que c’est un problème ancien. Par contre, il y a eu
une forte évolution ces dernières années (années 2000). La problématique
est récente.
Quelles sont les raisons liées au suicide ?
1.
Les gens n’ont plus peur de rien. Ils n’ont plus peur de la mort, ce
qui peut pousser à différentes conduites pouvant être dangereuses et
pousser au suicide.
2. En même temps, ils ont peur d’affronter
la vie. Avec des difficultés liées au travail, à la société, au couple.
Les jeunes se mettent en couple très jeunes, des séparations peuvent
avoir lieu.
3. Solitude du jeune et manque de partage. Le
problème de la solitude est lié à la culture kanake, dans laquelle on ne
s’exprime pas toujours, on n’ouvre pas toujours son âme et son cœur, et
on garde pour soi. La société kanake autour n’aide pas. Face aux
autorités coutumières, on ne peut pas forcément dire ce qu’on pense. On
affronte les autorités religieuses, les vieux, les papas, les mamans,
les grands frères. Les jeunes de l’atelier ressentent une impossibilité
de dire leurs problèmes à qui que ce soit. Quand ils ont des
problèmes, ils préfèrent les garder pour eux. => Dérive drogue et
alcool, on n’a plus peur, et on peut franchir le pas plus facilement.
Les jeunes de l’atelier considèrent que c’est tout l’environnement qui
fait qu’on ne peut pas parler et qui pousse aux conduites addictives
(drogue, alcool, kava) et éventuellement au suicide.
4. Les
différences intergénérationnelles, en particulier les événements des
années 1980. Un intervenant né en 1975 a expliqué que, adolescent dans
les années 1980, face aux événements pour l’indépendance du pays, on lui
disait que c’était lui qui allait porter le message, faire des études,
représenter et être l’avenir du pays. Il y a eu plus de jeunes qui
partaient sur Nouméa ou en métropole pour faire des études, et il y a
donc eu plus de coupure avec la culture. Il y a aussi une pression
assez tôt, puisque le jeune représente l’avenir du peuple. Et par
conséquent, plus de difficultés face à l’échec : Comme dans la culture,
non seulement on ne peut pas en parler mais en plus on se retrouve
porte-drapeau, on sent qu’on n’a pas le droit d’échouer, et on se
retrouve au final dans une sensation d’échec encore plus grande.
5.
La culpabilité est omniprésente parmi ceux qui restent. Le regard
extérieur est fort. La tribu est une grande famille, on est très
proches. Donc quand une personne se suicide, il y a une forte
culpabilité pour ceux qui restent, de ne pas avoir joué le rôle du grand
frère, du cousin, du papa. Cette difficulté du rôle peut aussi être en
lien avec les départs sur Nouméa, la Grande Terre ou hors du territoire.
Dans ces départs, on se coupe du lien avec la tribu, on est loin, et au
retour 5 ou 10 ans après, on n’est plus en phase avec les jeunes restés
ici, et le lien est quelque part rompu. Les jeunes expriment un
sentiment de culpabilité à cause de ça.
> Face à ces problèmes, la solution n’est pas à l’extérieur, elle est ici, en interne. Les solutions proposées :
* Il faut faire un pas vers les autres, ce qu’on ne sait pas toujours faire.
*
Les réponses ne viennent pas des institutions, de la commune, de la
province, de spécialistes. Tout le monde peut accompagner.
Pour
conclure, il faut noter que des personnes plus âgées dans le groupe on
dit à la fin de l’atelier qu’elles étaient en opposition avec ce
qu’avaient dits les jeunes.
Atelier des enfants
6-11 ans
Représentations du suicide chez les enfants. Les thématiques suivantes sont ressorties, comme causes du suicide :
* Cigarettes
* Alcool
* Cannabis
* Faire des bêtises
Quand
on a demandé aux enfants comment on faisait pour se suicider, les
réponses des enfants étaient plus précises. Moyens pour se suicider :
* Pendaison
* Se tuer : avec le couteau
Avec
les adultes qui étaient présents, nous nous sommes en suite questionnés
pour essayer d’aller un peu plus loin. Même si les enfants ont des
représentations du suicide, les adultes se posent des questions :
*
Dans les tribus, là où la vie communautaire est encore d’actualité, on
se demande pourquoi on rencontre des phénomènes suicidaires, en
particulier chez les jeunes. La vie communautaire devrait nous permettre
de partager et dire les choses.
* Pourquoi le suicide existe-t-il, alors que nous avons nos traditions coutumières ?
Les explications proposées :
* Changement de repères
* Mais aussi, on a l’impression que :
o Les jeunes n’écoutent plus les aînés, les vieux. L’écoute ne fait plus partie de l’actualité de la vie communautaire.
o Les comportements ont changé.
o
Banalisation du mot suicide. On le dit facilement maintenant. Il suffit
qu’il y ait un conflit entre deux personnes pour qu’on évoque le
suicide. Cf. les chansons du chanteur Itra qano de Bethela.
Résultat : dans nos tribus, les gens sont démunis face à cette situation (parents, coutumiers, institutions, etc.).
Propositions :
*
Dédramatiser l’image de la profession de psychologue. Actuellement, le
psychologue est associé au fou et au malade. On refuse d’aller voir le
psychologue car on croit que c’est pour les fous.
* Informer la
population sur le rôle du psychologue. Le psychologue doit présenter son
image et dire qu’il ne travaille pas forcément avec les malades et les
fous, mais qu’il travaille avec tout le monde et que son rôle est d’être
à l’écoute.
* Faciliter le contact entre le psy et la population
en mettant en place des espaces de parole, des lieux d’écoute dans les
tribus, dans les institutions scolaires, etc.
* Créer de
véritables réseaux de partenariat, avec tout le monde, y compris avec
les associations. L’équipe de foot, le club de boulistes de la tribu, se
sont aussi des partenaires.
* Encourager les initiatives des
jeunes dans la création artistique pour s’exprimer (musique, théâtre,
danse, sport, médias jeunesse, etc.). Les jeunes ont aussi besoin de
décrire ce qu’ils veulent, dans quelque chose qui leur appartiennent.
Les journaux actuels sont écrits pour les adultes, il n’y a pas de média
pour les jeunes.
* Sensibiliser dès le plus jeune âge par rapport au thème du suicide.
Ateliers femmes mariées
Beaucoup plus de questions que de réponses autour des causes du suicide des jeunes.
* Un sentiment de peur
* Il y a eu des questions autour de la recherche identitaire.
* Beaucoup ont souligné que chacun peut être une personne ressource. On peut être amené à être sollicité par des jeunes.
* La question centrale : qu’est qui a changé ?
On constate que quelque chose a changé, mais on se demande quoi :
o Mode de vie ?
o Place de la femme ?
o L’espace pour le jeune, dans ce monde actuel ? Quel espace est offert au jeune pour s’exprimer ?
o La communication ?
o Qu’est-ce qui a changé de la structure de la famille ? de la communication dans la famille ?
o La tradition/modernité
Le
temps était insuffisant pour traiter un sujet aussi difficile. Il
faudrait refaire une autre journée sur le suicide des jeunes et sur le
mal être des jeunes.
* Les jeunes sont inscrits entre deux mondes :
o Appréhension maman
o Problème de la place des jeunes
Adoption
: le jeune ne trouve pas sa place dans sa famille adoptive. Conséquence
: souffrance de part ses manques de repères, d’amour, il faut se sentir
« aimé ».
Manque de communication
Accompagnement nécessaire de l’enfant dans sa nouvelle famille : l’échange es important
Dans la souffrance l’Humain cherche un sens.
La dévalorisation de l’enfant à l’école : les bulletins scolaires, l’humiliation,…
Atelier des papas et des pépés
Constat : avant, il y avait moins de suicide. Maintenant, il y en a de plus en plus.
Face à ce constat, remise en question :
* la responsabilité adulte : il y a de multiples organisations autour de l’enfant (scolaire, religieuse…)
* Responsabilité société : addictions, alcool, kava… Tout ce qui tourne autour du problème de la jeunesse.
* Place de l’enfant, qui semble au cœur du problème du suicide.
o
Quelle est la place qu’on accorde à notre propre enfant dans la famille
(y compris les relations avec les frères et sœurs, les parents, les
cousins) ? L’adulte a la responsabilité de se demander si, en tant que
parent, suffisamment de temps est accordé à l’enfant dans la famille.
o
La place de l’enfant dans la tribu : les papas accordent-ils un moment
pour parler de la souffrance de nos enfants ? Il se trouve que certaines
organisations dans la tribu donnent une place au jeune et à l’enfant.
Mais on se pose la question de savoir si cette place existe vraiment.
Par exemple, l’école du dimanche existe, mais l’enfant investit-il
vraiment cet espace ?
o La place de l’enfant dans la société :
accorde-t-on bien une place à l’enfant dans la famille, l’école, la
tribu, et, en général, dans le pays ? Au niveau de la religion, on
n’entend peut-être pas assez l’enfant. Au niveau de la coutume,
peut-être encore moins. Les papas se demandent si c’est la différence
d’âge qui fait que l’enfant ne parle pas assez. Il y a des référents
coutumiers dans les cérémonies coutumières, et dans ces moments-là,
l’enfant et le jeune se retrouvent soit dans les cuisines, soit un peu à
côté, et il ne peut pas prendre la parole.
Questionnements des papas et pépés : Comment vit l’enfant dans sa famille ?
* Communication, écoute :
Pour
ramener le débat dans sa tribu, il faudrait sans doute que chacun
s’exprime sur sa façon de vivre avec son propre enfant. Est-ce qu’il
aborde vraiment les problèmes concernant son adolescent ? Est-ce que le
temps de partage autour de la table de la cuisine et autour du feu se
pratique toujours ? Est-ce qu’on ne serait pas plutôt pris à droite et à
gauche, ce qui ferait qu’on n’accorderait pas de temps pour cet
enfant-là ? Par exemple, il arrive qu’un jeune pose une question à ses
parents, mais comme ceux-ci sont trop occupés par le travail à eika ou
ailleurs, ils lui répondent
à la hâte, et pas comme le voudrait
l’enfant. Le problème c’est que cet enfant reste avec cette réponse
donnée. Le temps d’écoute est peut-être écourté et l’enfant n’a pas
entendu ce qu’il voulait entendre de son papa. Alors il construit son
image dans sa tête.
Pourquoi cette communication est rompue :
est-ce que c’est les enfants qui n’écoutent plus ? ou bien est-ce que ce
sont les papas qui n’arrivent plus à transmettre et à s’adapter aux
jeunes ?
* L’évolution des formes de l’habitat :
Avant,
on vivait dans la case, où il n’y a qu’un seul espace où tout le monde
dort. Maintenant, dans les villas, l’enfant a sa chambre et ne dort plus
avec ses parents. Il y fait donc un peu ce qu’il veut. Un papa a par
exemple rapporté en plaisantant qu’il ne savait pas ce qu’était la
tablette d’une enfant de 8 ans, soulignant ainsi le grand décalage entre
cette tablette et le niveau de connaissance des papas concernant le
high-tech. Cette enfant va alors vivre avec sa tablette dans sa chambre
et communiquer avec elle-même. Le fait que l’enfant soit pris dans cette
tablette ne serait-il pas un élément perturbant pour l’enfant ?
Un
papa a fait remarquer que la plupart des enfants à Lifou sont sur
facebook et ils y écrivent leurs difficultés. Mais il n’y a pas de
parents pour encadrer ça et pour apporter une réponse. Cet espace de
liberté est à la fois salutaire pour les jeunes, et en même temps
dangereux car personne ne le contrôle. Peu de parents et d’éducateurs
vont voir ce que leurs enfants écrivent sur la page facebook. Une maman a
souligné qu’il fallait que les enfants gardent cet espace de
communication pour eux.
Un papa a proposé de mettre en place internet à la maison commune pour que les jeunes expliquent facebook à leurs parents.
Après
les événements, les papas se sont partagés la province, ont fait leur
politique et ont laissé tomber les jeunes. Il n’y a plus personne pour
s’occuper des jeunes. Parfois on leur distribue des instruments de
musique, maintenant des ordinateurs, mais on ne forme pas des jeunes à
animer tout ça. Il n’y a pas suffisamment de psychologues et
d’assistantes sociales pour gérer les difficultés. D’autant plus qu’il
est difficile pour une assistante sociale d’entrer dans les tribus.
* Les rythmes de vie :
o
Rythme de vie scolaire : l’enfant prend le bus à 6 heures du matin, va à
l’école et quand il revient à 17 heures, il est fatigué, maman cuisine,
papa revient peut-être du kava, et on n’a alors plus le temps de
discuter. Est-ce que l’école ne prendrait pas trop de temps à nos
propres enfants ?
o Enfant-parent : L’enfant a-t-il le temps de
discuter avec ses parents comme autrefois ? Maintenant, entre l’école et
les organisations religieuses et coutumières des parents, on n’a plus
le temps, et l’enfant ne trouve pas sa place. Quand l’enfant pose une
question, le parent donne une réponse furtive car il est préoccupé par
l’organisation de ce qui se passe en dehors de la maison.
Les
parents n’ont plus de temps à accorder à leurs enfants, pour diverses
raisons : maman est au bingo, papa est au nakamal. On passe peut-être
trop de temps dans les mariages, au détriment du temps à consacrer aux
enfants.
De plus, les jeunes sont les bras de tous les vieux :
on leur demande de faire le travail pour tout ce qui est religieux et
coutumier. Dans ces organisations, le jeune n’a alors peut-être pas le
temps de se reposer et de partager ses difficultés avec les adultes.
Comme il ne peut pas s’exprimer dans ces moments, il reste dans son
coin, à la cuisine.
* Niveau scolaire :
Il y a
un grand décalage avec les parents. Sur le plan scolaire, les enfants
ont un niveau plus élevé que les parents, ce qui fait qu’ils ont souvent
réponse à tout. Alors, même quand le papa essaie de donner des réponses
ou de s’imposer, l’enfant se cache derrière son intelligence scolaire
pour dire à son père qu’il fait partie de la vieille génération. Les
papas se sentent alors déphasés quant aux réponses qu’ils pourraient
apporter : ces réponses sont celles que leurs propres parents leur ont
données dans le temps, et qu’ils ont acceptées, mais que le décalage
rend inaudible.
Un papa a proposé que dans les familles, les
tabous soient levés : quand un enfant ne va pas bien et qu’on constate
qu’il ne parle pas, il faut oser aborder tous les problèmes
d’adolescence ou la sexualité. Ce n’est pas facile, mais il faut
peut-être avoir le courage d’aborder ces questions, en laissant de côté
les questions de moralité. Ce n’est pas forcément à l’école d’aborder
les questions de sexualité, et il est peut-être préférable de les
aborder à la maison.
* Addictions : alcool, kava, cannabis----signe précurseur
Ces
problèmes-là, y compris le suicide, sont des problèmes qui viennent de
l’autre côté, et qui, s’ils arrivent ici à drehu, c’est que nous l’avons
choisi. C’est peut-être à nous de nous décider si l’on mange ça ou pas ?
Pour conclure, une jeune a dit qu’en dépit de tout ça,
l’important est que l’amour reprenne entre l’enfant et ses parents,
parce que c’est ce que demande l’enfant : que son papa et sa maman
l’aiment.
Autres points soulevés par des papas :
* Il faut rappeler que le paradis est ouvert aux suicidés : car il faut déculpabiliser la question du suicide.
*
Il faut faire attention à comment on parle à nos enfants. Certaines
insultes peuvent faire très mal. Il ne faut pas utiliser des insultes
entre nous, se traiter de puaka par exemple. Comment donner confiance à
nos enfants si, sur le coup de l’énervement, nous parlons comme ça ?
*
Un papa pense qu’il faudrait laisser moins nos enfants aux
grands-parents parce qu’ils écoutent ce que les grands-parents disent.
C’est d’abord aux parents d’éduquer les enfants.
Ateliers QATR FÖ
Les qatr fö de cet atelier étaient proches des dernières personnes qui se sont suicidées à Lifou.
*
Lien avec l’environnement familial : la personne suicidée s’inscrit
dans un lien social très fort et élargi, la famille, le clan et même
au-delà.
* Essayer de comprendre le geste du suicide et comment
le prévenir. Ces jeunes ne révélaient pas de signes de mal-être
apparents. Comment comprendre pour pallier au suicide ?
* Rôle
des parents pour éviter d’en arriver aux actes : Certaines mamans se
sont demandé si, dans l’éducation et l’apprentissage de tous les jours,
elles n’étaient pas en train de passer à côté de l’essentiel ?
* On constate que beaucoup de jeunes ne travaillent pas. Quelles solutions pour faire face aux problématiques de la jeunesse ?
*
Une grand-mère a noté que l’Antenne Médico Psychologique était la seule
structure existante actuellement, et qu’elle était essentielle dans la
prévention du mal-être et du suicide.
* On constate aussi que les
jeunes se confient plus à leurs amis de la même génération qu’à leurs
parents. Ce sont les amis qui font le lien avec les parents.
Malheureusement les parents se retrouvent souvent démunis : que dire ?
que faire ? Une grand-mère dit qu’elle a pu aider sa fille, car elle a
eu le chance de croiser le chemin d’une personne de l’AMP.
o Circulation de la parole.
o
Le ressenti est primordial : il faut poser des questions, car la parole
est essentielle. On est une communauté orale, la parole devrait
circuler facilement.
* Par rapport à l’AMP, la cellule d’écoute n’est malheureusement pas assez connue de la population.
o Il faut privilégier la première écoute, qui est essentielle.
*
Nécessité d’avoir des personnes de confiance avec qui les mamans
peuvent discuter sans que tout le monde le sache. Ce n’est pas facile de
trouver une personne de confiance à qui l’on puisse se confier et qui
reste là.
* Quels sont les signes précurseurs ?
o La souffrance est vécue différemment selon les personnes.
o L’ensemble du groupe peut entendre.
o L’importance de l’écoute.
o Le groupe n’exclut pas la solitude.
o Le suicide provoque aussi de la souffrance.
o Plusieurs causes du suicide.
o La dévalorisation de l’autre
(par ex. le système scolaire par le biais des bulletins, ou la honte
infligée à un enfant, contribuent au mal-être de l’enfant).
Autres points :
*
Les personnes ressources (rôle de régulateur dans la communauté) qui
existaient autrefois au sein de l’environnement familial et social ont
disparu. Avant, l’enfant n’appartenait pas qu’au papa et à la maman. Il
appartenait à la famille, au clan, et à la tribu. Où qu’il soit, la
tribu avait un regard sur lui et s’il faisait une bêtise, une tantine
pouvait le réprimander. Aujourd’hui, personne ne réagit s’il fait une
bêtise, et au lieu de le reprendre et de l’engueuler, on va dire des
mauvaises choses (ragots) sur le jeunes qui vont le déstabiliser et le
dégrader.
* Un papa a rappelé le rôle de la fête de l’igname, ce
n’est pas que pour partager l’igname, faire la fête, et boire. C’est
aussi le moment pour faire le point des familles : ils partagent
l’igname, qui est un fruit de la terre, mais en même temps ils parlent
des projets de la famille. Le lendemain, la famille ou le chef de
famille amène son igname vers le chef de clan, et il fait un
compte-rendu de sa famille à son chef de clan. C’est aussi à ce
moment-là que l’on va parler des problèmes que rencontrent les enfants
de notre famille. Quand une personne évoque plusieurs fois son envie de
se suicider, il faut qu’à un moment la famille et
le clan se rassemblent pour trouver une solution au problème. Il faut
alors se demander pourquoi il veut se suicider : peut-être qu’il n’a
pas de travail, peut-être qu’il a un problème avec sa copine.
Aujourd’hui, c’est à nous de retravailler cette structure qu’est la fête
de l’igname.
* Avant, quand on astiquait un enfant c’était pour
éviter qu’il fasse une bêtise qui allait faire s’opposer deux clans et
risquer de se terminer par un suicide ou par la prison. Le clan qui a
fait la bêtise va demander pardon au clan à qui il a fait du tort. Notre
mode de vie ici fonctionne, il suffit de bien le mettre à sa place.
*
L’inscription des jeunes entre deux mondes questionne les mamans, qui
se demandent comment elles peuvent éduquer au mieux leurs enfants.
Maintenant, on ne peut plus porter la main sur l’enfant, car il risque
de porter plainte contre ses parents.
* Une situation d’adoption
a été abordée : une grand-mère a parlé d’une personne adoptée au sein
d’une autre famille, mais qui était plus en souffrance dans cette
famille et n’arrivait pas à y trouver sa place. Elle en voulait alors à
ses parents biologiques et adoptifs. => souffrance
provoquée par les manques de repères et d’amour. Le sentiment d’être
aimé à sa place est primordial. Un accompagnement de l’enfant dans sa
nouvelle famille est nécessaire.