Synopsis
Portrait documentaire de Nidoïsh Naisseline, grand chef coutumier
kanak de l’ile de Maré en Nouvelle-Calédonie. Il partage avec nous sa
vision du point de vue de son statut clanique sur l’évolution
contemporaine de la société kanak en évoquant son parcours depuis la
période de mai 68 à Paris, jusqu’à aujourd’hui.
Nidoïsh Naisseline
Nidoïsh Naisseline est un grand chef coutumier, la plus haute
autorité dans la société kanak. C’est une des personnalités kanak de
cette génération qui a opéré une transformation majeure dans l’histoire
de la Nouvelle-Calédonie. Né en 1944, il a grandi dans une région qui
n’était pas encore perçue comme un pays à part entière, mais comme une
colonie de peuplement sous la tutelle de la France où des communautés
d’origines très diverses cohabitaient tant bien que mal.
En tant que Kanak, il appartient au peuple originel qui occupait déjà
l’île au moment de sa colonisation, et dont la culture est profondément
enracinée dans les terres. Dans la seconde moitié du XXème siècle, ce peuple est devenu minoritaire et une ségrégation à son égard s’est banalisée par la force des choses.
Héritier d’une culture ancestrale et destiné à être chef, Nidoïsh
Naisseline est parti en France pour faire une maîtrise en sociologie. À
son retour en 1969, le jeune kanak est devenu militant révolutionnaire
de gauche. Il veut lutter pour la reconnaissance de son peuple et de sa
culture, qui était alors considérée comme une civilisation sur le
déclin, comme un frein à la modernisation. Ses prises de positions lui
valent des procès et l’emmènent à plusieurs reprises en prison dans les
années 70. Dans les années 80, il incarne un courant politique plus
modéré, réformiste et légaliste, au sein du Parti de libération kanak
(le Palika).
Nidoïsh Naisseline a toujours affirmé sa volonté de faire partie à la
fois de sa culture et de son temps. Il a été membre de différentes
institutions administratives et politiques, président d’une compagnie
aérienne de tourisme, acteur d’associations locales…
Proche de Jean-Marie Tjibaou, il signe « les Accords de Matignon » en
1988, et participe aux discussions préalables à l’Accord de Nouméa. Il a
été de ceux qui ont œuvré à donner au pays la perspective d’un « destin
commun » et le choix de l’indépendance qui doit faire l’objet d’un
référendum au cours des trois prochaines années.
Toute sa vie, Nidoïsh Naisseline a été porteur d’une vision : un
avenir où la culture kanak et la modernité pourraient se mêler
harmonieusement et s’enrichir mutuellement.