Eloi Machoro avec son compagnon de route, Marcel Nonnaro auront tout
 juste voulu mettre un terme au colonialisme d’antan, c’est ainsi qu’ils
 parcouraient  les environs, les chemins de Canala vers Thio ou de 
Canala vers La Foa. Partout, où ils passaient avec les leurs, la route 
leur était ouverte mais cette fois-là aux aurores, ils n’auront pas eu 
le bonheur de connaître le lendemain. Ils tombèrent sous les balles du 
GIGN 30 ans plutôt le 12 janvier 1985.
Mia, la tribu de Marcel Nonnaro
C’est là-haut perchée à près de 300 mètres d’altitude que toute la 
petite tribu de Mia et les chefferies des vallées environnantes 
accueillirent le 12 janvier 2015, les délégations du Sud, celles venant 
du Nord particulièrement les habitants de Wa Wi Lù à Kohné, la 
délégation du Bureau Politique du F.L.N.K.S., également la DUS et nos 
organisations dont l’Ustke menée par Mélanie Atapo, 2ème vice-présidente
 et celle du P.T avec son chef de file, Louis Kotra Uregei. Le temps de 
s’échanger des mots, les portes paroles des délégations accompagnèrent 
leurs gestes à leurs paroles, les étoffes sont ainsi disposées au côté 
des gerbes qui seront déposées plus tard au cimetière des deux « vieux »
 Marcel et Eloi. Rassemblées devant le grand faré sur le site même 
dominant la baie de Canala, toutes les délégations se dirigèrent vers 
les dignitaires de la tribu de Mia et de ses représentants.  Un silence 
de cathédrale a accompagné les gestes, les pas comme si le temps s’était
 arrêté. Le porte-parole des délégations, Eloi Boewa ancien maire de Wa 
Wi Lù donna le ton devant les vieux de la région de Canala.  Il montra 
le geste du « bonjour »  et  désigna les piles des bouts de tissus 
apportés pour l’occasion,  une offrande pour demander la permission de 
fouler les  lieux, une opportunité aussi pour souhaiter  la « bonne 
année ». Marque de respect, d’humilité les paroles se joignirent aux 
gestes, ainsi la foule amassé devant cette cérémonie d’échanges se 
rendit jusqu’au cimetière situé en contrebas du site d’accueil de la 
tribu, et surplombant la cascade de Ciù. Là, où le vieux Marcel dort à 
présent depuis 30 ans maintenant. Après une minute de silence, les 
remerciements et les témoignages vinrent des représentants de l’UC et du
 RDO. On retiendra ceux de Gérard Régnier : « Merci Marcel, tu nous a 
montré le chemin. Merci de nous accueillir… Nous avons à préparer notre 
jeunesse. Nous devons passer nos égos pour aller plus loin. La lutte 
doit continuer pour 2018… », et ceux d’Aloïsio Sako : « Oui, nous avons 
mis un pied dans l’indépendance pour la lutte et la conscience du 
peuple…Sur le champ social, il y a beaucoup à faire… Merci pour ton 
sacrifice ». Quand à Rock Wamytan a rappelé le sens du sacrifice dans 
l’esprit de la chrétienté donné par les deux combattants de 84. « Merci 
de rendre grâce au sacrifice d’Eloi, de Marcel, de tous les anciens qui 
ont donné leur vie pour le salut du peuple kanak ». Basile Pérényou, 
membre de la chefferie de la tribu de Mia tout comme un des ses 
compagnons de route d’Eloi, Simon Naaoutchoué, alors ministre de 
l’Education à l’époque du  Gouvernement provisoire de Kanaky ont aussi 
apporté leurs témoignages.
Gélima, la tribu de Léopold Jorédié
Dans un ton moins solennel mais tout aussi chaleureux, c’est la halte
 faite autour de la tombe de Léopold Jorédié dans sa tribu à Gélima, 
située en contrebas de la tribu de Mia. Sa tombe avec son apparence 
originale, sculptée avec du bois prenant la forme d’une grande pirogue a
 été recouverte de gerbe, de fleurs tropicales lui donnant un ton très 
coloré et à la fois symbolique.  « C’est sa maison. Ça peut l’aider lors
 de son voyage dans le monde des esprits. Il peut se reposer quand il 
est fatigué »,  a indiqué Teddy Diaké, sculpteur et connu pour ces 
œuvres originales. Deux danses guerrières relatant la généalogie des 
clans de l’endroit, chants  et discours ont marqué cette deuxième étape 
avant que toutes les délégations ne se rendirent en début d’après midi à
 la Mission de Nakéty. C’est à la demande des coutumiers de Canala que 
cet arrêt fût organisé en concertation avec les membres et les clans de 
la tribu de Gélima. « Il faut qu’on vive cette unité indépendantiste. 
C’est bien d’avoir honoré la mémoire de papa Léo *. Il a aussi marqué de
 son emprunte dans la lutte du peuple kanak. Il a eu son parcours au 
sein de l’U.C même si à un moment donné il a eu une démarche 
avant-gardiste en menant une alliance avec le RPCR », a exprimé la 2ème 
vice-présidente de notre Organisation, originaire de Canala de part sa 
mère, issue de la famille Kénon qui est également apparentée avec à la 
famille Jorédié. Elle a également salué le travail, les efforts faits 
par les habitants de la tribu. « C’est une manière de lui rendre hommage
 », a-t-elle souligné. Après cette halte bien rafraîchissante, un 
cocktail de fruits frais est offert aux personnalités et aux nombreuses 
personnes ayant suivies le cortège car le soleil de plomb ne se voilait 
guère. Chapeaux, casquettes, manous et boissons fraîches étaient bien 
utiles ce jour-là.
La Mission de Nakéty, la demeure d’Eloi Machoro
Une fois que toutes les délégations prirent part à leur place autour 
de la stèle d’Eloi Machoro, les discours furent brefs tant le soleil 
cognait et les nuages gris au loin indiquaient de fortes pluies à une 
dizaine de kilomètres de là. «  Il y a une belle parole qui a été dite à
 Mia. On n’oublie un peu nos étiquettes, on les laisse de côté. On parle
 de Peuple Kanak. C’est la dernière ligne droite. J’appelle un peu tout 
le monde à avoir cette idée, cette pensée. De mettre un peu de côté le 
Palika, l’UC, l’UPM et tout ça…Et de parler de l’objectif qui est là ! 
Ces frères qui sont morts, ils ne sont pas morts pour rien ! », a clamé 
Eloi Boéwa en désignant la pile des bouts d’étoffes pour adresser « le 
bonjour » et souhaiter la « bonne année » à tous les gens de Nakéty. Une
 offrande venant de toutes les délégations du pays. Après cette 
allocution, le remerciement d’usage est fait par le représentant du 
Comité Elmar. Louis Kotra Uregei a précisé que c’est un moment chargé 
d’émotion, et que le souvenir n’avait pas sa place par contre cette 
commémoration représentait davantage un devoir de mémoire : « Eloi, 
c’est notre héros. Je me souviens en 1985 quand on est arrivé ici,   il y
 avait des jeunes qui étaient là avec les fusils. Ils pleuraient sur sa 
tombe. Ce sont des moments que l’on n’a pas oublié. Des moments qui ont 
toujours été présents dans nos esprits. Lui, il a toujours été présent 
dans nos cœurs… J’ai un fils que j’ai appelé Eloi.  C’est pour qu’à côté
 de moi, il y ait toujours la mémoire de mon frère….». Rock Wamytan a 
rappelé le sacrifice d’Eloi tout comme il avait fait le matin même à Mia
 en rendant hommage à son compagnon. « Nous commémorons ces 30 ans de 
son assassinat et de celui de Marcel. D’abord et avant tout nous rendons
 grâce à Dieu pour les bienfaits qu’il nous donne parce qu’il nous a 
donné Eloi. Il a donné Eloi à son peuple. Marcel et les autres à la 
Nouvelle-Calédonie, à la Kanaky, à cette terre. Il convient demain de 
libérer du joug colonial. Voilà le charisme qu’il a eu et dont il a 
bénéficié depuis sa naissance. Il est parti en remettant cela entre les 
mains de Dieu …» Invitant ainsi l’assemblée à faire son devoir de 
mémoire : déposer les gerbes et les nombreux bouquets de fleurs poser à 
même le sol devant la stèle d’Eloi Machoro et les mettre sur sa tombe.  
Rencontres avec Jean-Pierre, Myriam, Coralie et Félix. Impressions. 
Jean-Pierre Iéwi, 48 ans, originaire de Maré. C’est la 1ère fois qu’il se rend à Canala pour cette commémoration. 
A la suite du dépôt des gerbes au cimetière de la tribu Mia, quel est votre impression ?
A la suite du dépôt des gerbes au cimetière de la tribu Mia, quel est votre impression ?
Jean-Pierre Iéwi : « Là nous sommes sur le site de 
la mission de Nakéty, c’est la 1ère fois que je viens ici. Ça me  fait 
chaud au cœur et ça me fait rappeler le combat qu’ils ont mené. A cette 
période là, je ne m’intéressais pas à ça. C’est ce matin (NDLR : lundi 
12/01/15) à Mia que j’ai vu l’importance de ces deux grands leaders avec
 les discours des politiques. Ils ont lutté pour qu’on accède à  notre 
indépendance ici en Kanaky. »
Myriam Koindredi, 49 ans, originaire de Païta. Elle s’était rendue pour les obsèques des deux leaders en janvier 1985. Elle nous raconte.
Myriam Koindredi : « Je suis venue ici pour les 
obsèques d’Eloi et Marcel en janvier 85. On était venu avec toute une 
délégation de Païta. On avait très peur car les coutumes se sont faites 
en pleine soirée. Et là, je reviens 30 ans après. Le calme est revenu 
mais c’est comme si c’était hier.»
Vous rappelez des moments précis quand vous êtes arrivés ici, il y a 30 ans ? 
M. K. : « On était arrivé en pleine nuit comme je vous 
le disais. Ce n’était pas évident. Il y avait toute la population de la 
Calédonie qui était venue avec leurs coutumes. Donc, c’était très 
émouvant. Pour moi personnellement, j’avais très peur. Je ne suis plus 
revenue depuis cette date. Et là, je reviens 30 ans après, on voit que 
la paix est revenue. »
Au cimetière de la tribu de Mia, quel a été votre ressenti ? 
M.K. : « On voit qu’il y a un apaisement par rapport à 85. On voit que les gens sont soudés et forts. »
Coralie Kona, 24 ans, originaire de Canala, étudiante en 3ème année de LCO (Langue, Culture, Océanienne) à l'UNC (Université de la Nouvelle-Calédonie). Elle vient tous les ans avec ses parents et sa famille mettre des fleurs sur les tombes des deux leaders indépendantistes.
Etant originaire de la région, ce n’est pas la 1ère fois que vous venez ici ? 
Coralie Kona : « Je viens tous les ans avec mes 
parents, ma famille. Ça fait chaud au cœur de voir du monde sur le site 
de la mission de Nakéty, surtout des jeunes. Ils sont motivés. Pour 
nous, Eloi et Marcel sont des leaders. Ce sont des gens importants. Ça 
nous motive en tant que jeunes. Eloi, c’est quand même quelqu’un qui 
s’est battu pour l’indépendance, pour la liberté. C’est important d’être
 là aujourd’hui pour l’avenir de notre pays. »
Félix Midja, membre du Comité Elmar (Eloi Machoro), 2ème adjoint du maire de Canala.
Comment vous vous êtes organisés ? 
Félix Midja : « C’est depuis vendredi (NDLR : vendredi 
09/01/15) qu’on a mit en place les choses notamment au niveau de la 
logistique pour que ces 3 jours soient une réussite. Ça a commencé 
vendredi où toute la région de Canala s’est retrouvée pour rassembler le
 manger. Samedi (NDLR : samedi 10/01/15), on a débuté avec un tournoi de
 sport. Un tournoi de football, de volley, cricket et la pétanque. Donc,
 c’était plus consacré à la jeunesse. Dimanche, on a fini les matchs qui
 ont débuté la veille et c’était plus une journée culturelle avec les 
groupes de musique. Aujourd’hui, (NDLR : lundi 12/01/15) c’est plus une 
journée politique avec les interventions de chacun et le dépôt des 
gerbes sur les tombes. »
Quel est vote bilan à la dernière journée ?  
F.M. : «  Je constate qu’il y a une mobilisation de 
tout le pays. On voit les gens du nord, des îles, du sud. C’est surtout 
que Eloi était quelqu’un de très actif sur le terrain. Je suis satisfait
 de cette organisation. La jeunesse a répondu présent notamment à 
travers le sport  et au niveau du travail en cuisine. C’est eux qui ont 
porté les activités à la cuisine. C’est très positif. »
Le gâteau d'anniversaire
Pour fêter ce trentième anniversaire, un grand gâteau aux couleurs du
 pays a été partagé et apprécié de tous. Egalement très appréciés, les 
boissons fraîches et les fruits de saison.
Une manière d'interpeller les habitants de l'aire Xârâcùù sur la 
préservation de la langue maternelle, Marie-Adèle Jorédié  (au centre) 
avec son atelier " Bébé Lecture ". Ici ce sont les enfants de Nakéty 
interprètant une comptine de la région.
Biographie  express de Léopold Jorédié
(*) : Léopold Jorédié est un homme politique indépendantiste kanak, né à la tribu de Gélima en 1947, mort le 8 septembre 2013 à Nouméa. Il fut président de la province Nord de la Nouvelle-Calédonie de 1989 à 1999, maire de Canala de 1989 à 1995 et vice-président du Gouvernement collégial de 1999 à 2001. Après la mort d’Eloi Machoro le 12 janvier 1985, il est choisi lors du congrès de Nakéty de février comme « ministre de la Sécurité » dans le Gouvernement provisoire de Kanaky présidé depuis le 1er décembre 1984 par Jean-Marie Tjibaou. (source : http://fr.wikipedia.org/)
(*) : Léopold Jorédié est un homme politique indépendantiste kanak, né à la tribu de Gélima en 1947, mort le 8 septembre 2013 à Nouméa. Il fut président de la province Nord de la Nouvelle-Calédonie de 1989 à 1999, maire de Canala de 1989 à 1995 et vice-président du Gouvernement collégial de 1999 à 2001. Après la mort d’Eloi Machoro le 12 janvier 1985, il est choisi lors du congrès de Nakéty de février comme « ministre de la Sécurité » dans le Gouvernement provisoire de Kanaky présidé depuis le 1er décembre 1984 par Jean-Marie Tjibaou. (source : http://fr.wikipedia.org/)
« Machoro est d'abord un homme de terrain. Souvent torse nu, 
casquette de broussard sur la tête, c'est lui qui a organisé le blocus 
de Thio, devenant ainsi un véritable épouvantail pour la communauté 
européenne », une description que l’on retrouvera imprimer sur les 
tee-shirts blancs portés par les habitants de la région de Xârâcùù 
(Canala), de Cöö mè Kumôô (Thio), les invités, les personnes venues avec
 les délégations issues de tout le pays.
Biographie express d’Eloi Machoro
Eloi Machoro, né en 1945 dans la tribu de Nakéty (Canala) et mort le 12 janvier 1985 près de La Foa, est un homme politique indépendantiste kanak de l’UC (Union Calédonienne), un des partis politiques composants le FLNKS. Formé au séminaire de Païta, il devient instituteur en 1974 jusqu’en 1983. Il a succédé à Pierre Declercq au poste de secrétaire général de l'Union calédonienne, lorsque ce dernier a été assassiné en 1981. Engagé au sein de l’UC qui se positionne officiellement pour l’indépendance au congrès de Bourail en 1977 sous la conduite de Jean-Marie Tjibaou. Le 18 novembre 1984, le FLNKS en remplacement du Front Indépendantiste appelle au boycott des institutions et des élections. Eloi Machoro fracasse une urne d’un coup de hache dans la mairie de Canala et il dénonce ainsi le système électoral qui selon lui avantagerait les anti-indépendantistes. Sous le Gouvernement provisoire de la République socialiste de Kanaky proclamé le 1er décembre 1984, Eloi Machoro devient le « ministre de la Sécurité ». Le 12 janvier 1985, Eloi Machoro et Marcel Nonnaro sont tués par deux tireurs du GIGN à Dogny près de La Foa. (source : http://fr.wikipedia.org/)
Eloi Machoro, né en 1945 dans la tribu de Nakéty (Canala) et mort le 12 janvier 1985 près de La Foa, est un homme politique indépendantiste kanak de l’UC (Union Calédonienne), un des partis politiques composants le FLNKS. Formé au séminaire de Païta, il devient instituteur en 1974 jusqu’en 1983. Il a succédé à Pierre Declercq au poste de secrétaire général de l'Union calédonienne, lorsque ce dernier a été assassiné en 1981. Engagé au sein de l’UC qui se positionne officiellement pour l’indépendance au congrès de Bourail en 1977 sous la conduite de Jean-Marie Tjibaou. Le 18 novembre 1984, le FLNKS en remplacement du Front Indépendantiste appelle au boycott des institutions et des élections. Eloi Machoro fracasse une urne d’un coup de hache dans la mairie de Canala et il dénonce ainsi le système électoral qui selon lui avantagerait les anti-indépendantistes. Sous le Gouvernement provisoire de la République socialiste de Kanaky proclamé le 1er décembre 1984, Eloi Machoro devient le « ministre de la Sécurité ». Le 12 janvier 1985, Eloi Machoro et Marcel Nonnaro sont tués par deux tireurs du GIGN à Dogny près de La Foa. (source : http://fr.wikipedia.org/)
Biographie express de Marcel Nonnaro
Marcel Nonnaro, né le18 novembre 1940 à la tribu de Mia (Canala), mort le 12 janvier 1985 à La Foa. Il fut notamment président du conseil des anciens de la tribu de Mia, président du comité local de Canala, délégué Union Calédonienne de la région de Xârâcùù, membre fondateur de la Maison Familiale Rurale de Canala. (source : http : //unioncaledonienne.com/)