PARTI TRAVAILLISTE

KANAKY

samedi 11 avril 2015

« Plus le temps de se désoler »

A l’occasion de l’ouverture du congrès annuel à Lifou, le patron du Parti travailliste a évoqué hier des raisons ayant conduit aux revers électoraux de 2014. Outre la cuisine interne, l’argument de la « fraude » dans les suffrages refait surface. 
« Nous avons la foi en l’accession de notre pays à l’indépendance, souligne LKU. Il est temps. On s’est préparé pour cela. »
« Nous avons la foi en l’accession de notre pays à l’indépendance, souligne LKU. Il est temps. On s’est préparé pour cela. »

«Bienvenue en Kanaky. » Déployée sur un vieux mur, près de la salle commune, une large banderole donne le ton. A deux pas, en haut de mâts, des drapeaux au cercle jaune flottent au vent de Lifou. Lancé hier à la tribu de Kumo, le VIe congrès du Parti travailliste est « un moment important », selon des participants. Parce que les enjeux à venir sont colossaux. Parce que l’événement annuel est aussi le premier rendez-vous d’envergure après la déroute de la formation politique aux élections, municipales et provinciales, l’an passé (notre édition de vendredi). « La lutte n’est pas un long fleuve tranquille », a remarqué le président Louis Kotra Uregei dans son discours d’ouverture, qui a appelé à produire « un bilan, en toute objectivité ».

Le patron a fourni quelques appréciations en pays drehu. Tout d’abord, sur le slogan immanquable « Kanaky 2014 », inauguré le 1er mai 2011. « Bien sûr, on a exploité cela contre nous en disant : « Voilà le Parti travailliste qui se lance dans des chimères », a noté LKU. Pour nous, l’objectif, à travers les élections, c’était de gagner la majorité au Congrès. On n’est pas passés loin. » L’écart s’est réduit, boulevard Vauban : 25 indépendantistes face à 29 loyalistes.
Copains. Reste à isoler maintenant les foyers de l’échec, en interne. « Si nous n’y sommes pas arrivés, c’est parce que nous n’avons pas assez bien préparé les choses. » Et puis, argument déjà invoqué, le Parti travailliste est une jeune organisation politique, fondée en 2007. Image cocasse, le mouvement « c’est comme un bébé qui apprend à marcher, juge Louis Kotra Uregei. Et de temps en temps, le bébé tombe, mais il apprend, et petit à petit, il prend de l’assurance, il se met debout, et il marche de plus en plus haut, de plus en plus vite. » Une question est cruciale aujourd’hui : l’enfant a-t-il perdu des copains, autrement dit des militants, dans sa course ? Les résultats électoraux, indicateurs de popularité, amènent à répondre par l’affirmative. Le VIe congrès fera les comptes.

Recours. Une dernière raison du revers rejoint un combat politique d’une chaude actualité. « Pourquoi n’a-t-on pas pu avoir cette majorité (au Congrès) ? Parce que les élections ont été truquées », soutient le leader du Parti travailliste dans son allocution, à la tribu de Kumo. « Plus de 4 000 personnes ont été indûment inscrites sur les listes. L’Etat colonial continue à perpétuer cette situation. » Des cadres, en concertation avec des dirigeants de la DUS ou encore de l’Union calédonienne, ont multiplié les recours. Et, LKU en est convaincu, « les choses sont en train de changer ».
Tous le reconnaissent, la déception des résultats électoraux a généré un certain abattement. Mais « on n’a plus le temps de se désoler », poursuit l’élu. Car, si le parti veut regagner sa place sur l’échiquier politique, des dossiers majeurs doivent être épluchés, tels que la situation politique du pays et le référendum de sortie. Ces thèmes donneront lieu à deux ateliers ce week-end. « Il n’y a plus la place pour le découragement. » Ce congrès devrait définir l’état de santé actuel de la formation indépendantiste.
L’ouverture du FLNKS, un leitmotiv
Une motion du 45e congrès de l’Union calédonienne, en fin d’année dernière, était révolutionnaire : le plus vieux parti calédonien proposait la réactualisation de la charte du FLNKS, ou encore l’ouverture de l’organisation aux mouvements indépendantistes et nationalistes. L’idée est bien entendu arrivée à l’oreille de Louis Kotra Uregei, qui a hier encore applaudi à l’évocation de cette possibilité. « A l’approche du référendum de sortie, il y a une volonté qui se répand de plus en plus, c’est celle de se réunir, de former une grande union, a observé le président du Parti travailliste. Mais malheureusement, pour l’instant, cela reste en l’état, car certains bloquent de l’intérieur ». LKU pense sans doute, notamment, au Palika qui plaide, lui, avant tout, pour « la cohérence et la qualité des actions pour la décolonisation ».

source