La question foncière est l’un des enjeux majeurs du scrutin du 4 novembre qui décidera de l’avenir de l’archipel.
Le président du Sénat coutumier de Nouvelle-Calédonie, Pascal Sihazé, a qualifié la rencontre d’« historique ». « Depuis
la prise de possession, il n’y avait pas eu, à ma connaissance, de
véritable échange entre les Kanak et les éleveurs et agriculteurs [européens] »,
s’est-il félicité, le 3 juillet, à l’issue d’une rencontre entre les
membres de l’institution où siègent les autorités traditionnelles kanak
et une délégation de broussards, réunis pour discuter de l’ultrasensible
question des revendications de terres.
« Nous avons fait la coutume [offrande] pour montrer notre respect et ce premier contact a été très positif. On a vécu les événements, on ne refera pas ça »,
rapporte Gérard Pasco, le président de la chambre d’agriculture,
expulsé en 1988 de la propriété familiale à Pouembout, à l’ouest de la
Grande Terre, qui était revendiquée par des clans kanak. Aux coups de
fusil, incendies de maisons et massacres de bétail qui ont émaillé
quatre ans de guerre civile entre 1984 et 1988 se sont substituées,
trente ans plus tard, « des discussions franches et de grande qualité ».
Les fantômes du passé
A quatre mois du référendum sur l’indépendance, prévu le 4 novembre,
les broussards, ruraux descendants de bagnards ou de colons libres, sont
inquiets de la multiplication des revendications « un peu confuses et désorganisées » qui surgissent et ressuscitent les fantômes du passé. « Un des derniers propriétaires fonciers importants de la côte est [majoritairement peuplée de tribus kanak], à Poindimié, a reçu une lettre de revendication et des Kanak du coin sont venus l’interpeller. On ne peut pas laisser faire »,
assène Guy Monvoisin, le président du syndicat des éleveurs. Installé
dans l’ouest, où les modes et les codes de vie broussards s’apparentent à
ceux des stockmen australiens, l’éleveur estime que le monde agricole blanc a déjà largement apporté...